Tu en doutais? Il l'a fait...
"- Ta gueule, Franck.
- Pfff... "
Fin.
lundi 24 octobre 2011
dimanche 23 octobre 2011
Franck s'est roulé mal-
adroitement une dernière cigarette avec ce qui lui restait de miettes d'un tabac sec qui provenait d'un vieux paquet retrouvé par mégarde. Au fond d'un sac en plastique qui devait être une poubelle. Il l'a roulé comme s'il avait la polio (une expression qu'il aime bien). La moitié est tombé sur le lit, sur le clavier d'ordinateur ou dans un vieux bol de riz.
Il a fumé trois lattes puis plus de tabac. Alors il fait les cendriers à la recherche d'un mégot respectable.
Chouet. En voilà un.
Il a bien mangé et va pouvoir continuer à fumer une bonne cigarette pour digérer. Parfois il aimerais bien que fumer soit une action bien plus contraignante pour se donner une raison d'arrêter.
Il ne regarde par l'écran de son ordinateur. Il ne regarde pas non plus les emballages qui s'amoncellent tout autour de lui. Les volutes de fumée encadrent magestueusement son visage.
Il ne regarde rien.
Il ne fait rien.
Il attend juste.
Que la fumée de cigarette.
Pénètre.
Dans.
Son.
Ventre...
Il a fumé trois lattes puis plus de tabac. Alors il fait les cendriers à la recherche d'un mégot respectable.
Chouet. En voilà un.
Il a bien mangé et va pouvoir continuer à fumer une bonne cigarette pour digérer. Parfois il aimerais bien que fumer soit une action bien plus contraignante pour se donner une raison d'arrêter.
Il ne regarde par l'écran de son ordinateur. Il ne regarde pas non plus les emballages qui s'amoncellent tout autour de lui. Les volutes de fumée encadrent magestueusement son visage.
Il ne regarde rien.
Il ne fait rien.
Il attend juste.
Que la fumée de cigarette.
Pénètre.
Dans.
Son.
Ventre...
samedi 22 octobre 2011
Sur le coup, ça m'a paru la meilleurs idée. Sur le coup.
La première fois que j'ai vu Caroline le temps s'est arrêté par alternance mais je ne m'en rendais pas compte.
Physionomiste que je suis je ne trouve au début rien d'autre pour me souvenir d'elle que sa paire de lunette. Un peu stylée. Elle a un look bien à elle.
Il faut dire que j'ai toujours eu des problèmes pour me rappeler du visage des gens.
Parfois, dans la rue quelqu'un venait de derrière moi pour me dire hey, Franck, mais qu'est-ce que tu fous à me snober? Ma sœur. Je venais de la croiser sans l'avoir reconnu.
Assez vite je dois me rendre à l'évidence qu'un mini boxeur sonnait à la porte dans ma poitrine pour me foutre une petite pêche en plein dans le ventre à chaque fois que je travaillais à côté de Caroline.
Je l'ai rencontré à l'occasion d'un petit boulot.
Ce boulot est comme à chaque fois dans ces cas là le seul endroit où on peut se côtoyer.
Alors tu profites comme dans un film à l'eau de rose. Je fais un détour vachement plus long dans les cuisines du faTfood pour prendre tel ou tel truc parce que j'espère simplement qu'elle sera sur ma route.
Alors tu profites comme dans un film à l'eau de rose. Je fais un détour vachement plus long dans les cuisines du faTfood pour prendre tel ou tel truc parce que j'espère simplement qu'elle sera sur ma route.
Des fois elle l'est et des fois non.
Quand c'est pas le jour, qu'elle n'est pas là, je m'arrêtais au milieu de la cuisine qui grouille d'employés et sous le regard médusé de tout mes collègues je cris en moi d'un air grave pourquoi mon Dieu!!! Pourquoi elle est pas là où qu'elle devrait être parce que mon petit cœur souffre de son absence!... Et puis snif. Et je retournais livrer tes sandwich.
Caroline c'est comme ces gens qui n'ont pas l'air, même que tu crois être le seul futé à les avoir remarqué. Sauf que le jour où t'en parles tout le monde te dis que c'est clair, mec! Et là tu sais que bah non, ça se voit effectivement.
Mouai. Y a des gens qui envoient donc effectivement plus le steak que les autres. Et quand je te dis ça, je veux pas parler des sandwichs. Y a des gens comme ça.
J'ai eu un pote à une époque. Il ne m'énervait pas seulement parce qu'il était à l'aise dans toutes les situations ou qu'il ne manquait jamais d'à propos, ni de culture. Il m'énervait surtout parce qu'il était réellement sympa.
Enfoiré.
Il avait un sourire d'Apollon ce qui le rendait très irritant parce qu'alors, tu te mettais bêtement à sourire aussi.
Ce mec est de mémoire l'exemple type qu'il n'y a pas toujours d'égalité entre les gens.
Il était beau, grand, viril, ouvert d'esprit et la seule fois où j'ai passé une soirée avec lui et ses potes là j'ai compris l'ampleur de l'injustice.
Je les écoute parler tranquillement; ça discute de la partie de basket ball hebdomadaire qu'ils se sont fait (parce qu'évidemment, c'est un sportif), on l'a charrié sur la trempe qu'il avait mis à un de ses potes (à cet instant, il se retourne vers moi pour me préciser gentiment que oui... parce que je fais du judo. Ceinture noir, je l'apprends une minute après), et un moment plus tard, ils se mettent au défis de plonger dans une crique magnifique (il fait de la plongée sous-marine) mais pas tel jour, parce qu'il pilote un avion alors un autre jour ça l'arrange.
Moi je n'ai plus rien à boire, je lui demande s'il sait où il y a un distributeur pas loin du bar. Il sort un billet de sa poche et me dit que ce soir c'est pour moi, tu me les rendras demain.
Ce mec est de mémoire l'exemple type qu'il n'y a pas toujours d'égalité entre les gens.
Il était beau, grand, viril, ouvert d'esprit et la seule fois où j'ai passé une soirée avec lui et ses potes là j'ai compris l'ampleur de l'injustice.
Je les écoute parler tranquillement; ça discute de la partie de basket ball hebdomadaire qu'ils se sont fait (parce qu'évidemment, c'est un sportif), on l'a charrié sur la trempe qu'il avait mis à un de ses potes (à cet instant, il se retourne vers moi pour me préciser gentiment que oui... parce que je fais du judo. Ceinture noir, je l'apprends une minute après), et un moment plus tard, ils se mettent au défis de plonger dans une crique magnifique (il fait de la plongée sous-marine) mais pas tel jour, parce qu'il pilote un avion alors un autre jour ça l'arrange.
Moi je n'ai plus rien à boire, je lui demande s'il sait où il y a un distributeur pas loin du bar. Il sort un billet de sa poche et me dit que ce soir c'est pour moi, tu me les rendras demain.
Enfoiré, donc.
Il y a des gens, quand tu rentres chez toi après les avoir vu, tu te dis que c'est pas possible y a un cours sur la Vie que t'as du louper.
C'est le cas avec Caroline. Il faut que je lui propose de sortir un soir.
Elle accepte.
Oh putain.
Caroline, très vite, est comme une classe de rattrapage pour moi.
Y a des gens qui ont le dont de t'intimider. Pas elle. On passe quelque chose comme cinq heures à discuter la première fois. Un dimanche.
Tu vois un de ces films qui sortent pour la saint Valentin avec des beaux acteurs américains aux dents blanches? Moi quand j'en vois un et qu'on voit les deux tourtereaux discuter toute la nuit, je me moque pas. Parce que c'est vrai que dans ces moments-là le temps semble avoir fermé sa gueule, juste par politesse. Merci.
Alors ça y est, je me suis complètement métamorphosé pendant cette période en petite adolescente qui attend avec impatience l'heure de son prochain rendez-vous. Mais contrôle-toi Franck. Tranquille tavu. Penses à la chanson des Forbans et restes cool dans tes baskets.
"- ça boum?...
- oui et toi...?
- ouai...". J'ai les genoux qui tremblent en vrai. Quand elle reprend son travail j'essuie les gouttes de sueurs dans mon cerveau sans qu'elle le voit et je peux souffler en m'appuyant contre un mur.
Sois rassuré, un vrai Fanzie le petit Franck.
J'ai mal au ventre. Un gentil mal au ventre comme celui que tu as quand tu passes en voiture sur un petit pont de campagne.
J'ai mal au ventre. Un gentil mal au ventre comme celui que tu as quand tu passes en voiture sur un petit pont de campagne.
On se voit plusieurs fois comme le dimanche de tout à l'heure. On se voit parfois dès le milieu d'après-midi jusqu'à la nuit tombée.
Je garde pour moi tout les détails. Premier baiser. Première fois. Chacun de ces deux souvenirs sont rangés dans un petite boite bien au fond de ma poitrine.
Apprendre à se connaître, à connaître nos corps. J'aurais pris dix fois ou cent fois plus de temps s'il avait fallu. Le temps n'a aucune importance. Quand elle parle j'écoute tranquillement. Je répond un ouèp, c'est sûr. Quand je parle elle m'écoute. Puis elle répond bah...c'est débile tellement affectueux que je fini par répondre ouèp. C'est vrai qu'elle a souvent raison. Quand j'y pense, moi aussi j'ai souvent raison. En y pensant, je me demande comment c'est possible. Mathématiquement, ça tient pas la route. Et pourtant...
J'aime quand elle a raison. J'aime bien quand on s'engueule. J'aime bien avouer au bout d'une heure de dispute violente que c'est con se que je dis et qu'elle termine simplement par bah oui juste avant de me demander tranquillement de faire le riz.
J'aime bien aussi quand on est comme deux cons à presque hurler dans l'appartement. Parfois il arrive que ça me fasse marrer d'un coup. Parce qu'on est ridicule, et puis aussi parce que je me rend compte que même ce moment est agréable.
J'aime bien quand elle s'enflamme et que d'un coup elle s'arrête pour réfléchir à ce que je dis. J'ai même pas la sensation d'avoir gagner. J'aime juste parce qu'elle est comme ça. Elle n'est pas fière, elle essaie juste de ne pas être conne. Mais elle essaie plus que tout autre personne que j'ai connu on dirait. Et elle y arrive souvent mieux.
Parfois, quand on s'est mutuellement monté la tête depuis une demi heure et qu'elle fini par clamer que ce que je dis est complètement con, je souris parce que je pense qu'elle m'aime et que même là j'en doute jamais.
Tu crois qu'on s'engueule tout le temps? Tu n'y es pas. En fait, on ne se dispute jamais. Plus un sujet m'intéresse plus je parle fort. Et elle est passionnée. Alors le ton monte et à la fin on a envie de voir un film alors on s'arrête épuisé. Tout le reste du temps on parle de tout et n'importe quoi. Et ça aussi c'est bien.
Qu'est-ce qui ne va pas Franck? Parce qu'il y a toujours quelque chose qui ne va pas.
C'est vrai.
Je n'ai jamais ressenti ce que c'était d'aller au bout de soi. Tu sais ce que c'est que l'ivresse de la vitesse et la frustration infinie de ne jamais combler son envie d'aller plus vite?
Quand j'étais plus jeune dès qu'il m'était possible de me coucher tard, je le faisais. Sans raison.
Quand j'ai commencer à me saouler la gueule, je l'ai fait. Sans raison. Juste parce que je n'avais pas fait le tour.
Votre Curriculum Vitae est toujours aussi insatisfaisant monsieur Franck. C'est ce que m'a toujours dit mon instinct.
À chaque nouvelle expérience, toujours un quoi? C'est tout?...
Chaque trip que j'ai pu faire depuis que je suis adolescent m'a toujours semblé être la longue introduction d'une vraie expérience inconnue. La première fois que j'ai pris des drogues j'en ai trop pris. J'ai fait une espèce de petite overdose, je suis resté perché pendant vingt heures, en sueur, j'ai vomi, j'ai eu la chiasse, j'étais exténué puisque j'étais réveillé depuis trente six heure mais sans pouvoir dormir. J'ai cru que j'allais rester comme ça. Et quand le malaise est passé j'ai trouvé que c'était le meilleur trip de ma vie.
Et puis mon instinct a trouvé que ce n'était pas suffisant.
J'ai toujours eu la sensation que mon corps était unique. J'ai toujours eu la sensation que mon esprit était plus fort qu'un autre. J'ai toujours su que je pourrais encaisser plus que n'importe qui et que je devrais déployer plus d'effort que quiconque pour me satisfaire.
Tu sais ce que c'est toi que d'avoir toujours soif? Même si tu viens de boire six litres d'eaux. Encore soif. Une soif inextinguible. C'est ce que j'ai toujours ressenti.
Une soif de vie incontrôlable. Comme une fièvre pressée et impérative.
C'est ça que j'ai appelé mon gros nuage lointain dès l'age de treize ans et c'est ça qui m'a rattrapé quoi que j'essaie. Toujours.
Avec Caroline, j'ai connu un moment de répit parce que Caroline a changé beaucoup de chose.
Avec elle j'ai eu envie de changer. J'ai eu envie de faire mieux. D'être quelqu'un de meilleur. Même si ça ne veut pas dire grand chose en fait.
Peut-être juste que j'ai eu envie d'être un peu moins con. C'est elle qui m'a donné envie.
Avec elle j'ai eu envie de changer. J'ai eu envie de faire mieux. D'être quelqu'un de meilleur. Même si ça ne veut pas dire grand chose en fait.
Peut-être juste que j'ai eu envie d'être un peu moins con. C'est elle qui m'a donné envie.
C'est drôle ce que nous laisse les gens à la fin. Caroline reste la petite question que je me pose encore aujourd'hui quand je ne sais pas quelle ligne de conduite adopter. Comme une petite inspiration toujours présente.
On peut se tromper, tout le monde peut se tromper, mais j'ai vu de mes propres yeux que ça n'avait pas d'importance tant que tu essaies de ne pas être trop con. Et ça, ça donne un pouvoir immense. Ne plus avoir peur de se tromper. De dire une connerie.
Juste parce que ça arrive à tout le monde.
Juste parce que ça arrive à tout le monde.
Ça te paraît évident.
Oui.
Dit comme ça, je te l'accorde. Et pourtant pour un mec qui la ramène un peu trop, c'est équivalent à une révolution intellectuelle.
Oui.
Dit comme ça, je te l'accorde. Et pourtant pour un mec qui la ramène un peu trop, c'est équivalent à une révolution intellectuelle.
Je n'ai jamais totalement compris Caroline. C'est aussi pour ça que je ne l'ai jamais trouvé ennuyeuse.
Il y a des gens qui t'échappent toujours.
Pour moi, Caroline est toujours insaisissable parce qu'elle est capable de prendre le contre-pied de ce à quoi je m'attends, pour la simple raison que ça va mieux avec sa façon de penser la chose à cet instant précis (encore cette foutu indépendance d'esprit). Elle ne craint pas de me décevoir. Les gens cohérents sont comme ça.
Je ne me vexais jamais quand elle me surprenait par un nouveau point de vue. Je m'accordais. Parce qu'on était ensemble et qu'on était bien. Même si je n'avais aucune idée de ce qu'elle allait penser de tel ou tel chose.
La première fois qu'elle m'a dit (très vite, d'ailleurs) après une assertion bien sentie de ma part bah!... c'est débile, dans mon cœur il s'est passé quelque chose. Ce qui me permit par la même occasion de découvrir cet organe comme jamais je ne l'avais senti. J'ai souri. J'étais bien.
Au fond de moi pourtant, alors que je l'avais oublié un peu, quelqu'un frappe à la porte. Pas le petit boxer dont j'aurais reconnu l'arrivée dès le premier coup de heurtoir.
C'est le gros nuage, Franck.
J'ai vraiment cru pendant un moment m'en être débarrassé. Il est pourtant revenu insidieusement par petits bouts pour ne pas se faire remarquer. Et puis un jour que son dernier organe a réussi a passer la frontière, j'ai ressenti que je n'en avais jamais été débarrassé.
Le gros nuage parfois se faisait ressentir. Sentiment que j'aurais aimé faire taire totalement.
Pourtant, malgré la réapparition de cette chose sombre j'avais encore des révélations au sujet de Caroline. Malgré ces moments où je me croyais condamné à répéter les échecs du passé avec mes précédentes relations, j'ai continuer à grandir grâce à Caroline.
Au bout de deux ans de vie commune, même avec cette sensation inexplicable d'insatisfaction dans ma propre vie, alors que je regardais des nanas bien roulées il me venais à l'idée que oui, je pourrais baiser, baiser et... et rien, parce que non, je voyais autour de moi et constatais qu'il n'y avait pas mieux que de s'engueuler avec Caroline.
Et ça c'était tout à fait nouveau.
Je me demande encore un peu parfois ce qui m'a pousser à franchir le pas mais encore aujourd'hui quelque fois je me dis l'air un peu con qu'il m'a fallu une bonne dose d'inconscience.
Ou de ras-le-bol.
Ou de ras-le-bol.
Si j'avais les mots je le dirais, mais non.
Rien de parfaitement défini ne vient. Juste que cette sensation d'insatisfaction bien connue de moi c'est un peu la guerre que je n'ai encore jamais mené et à laquelle, je le sais depuis de nombreuses années (bien avant Caroline et les autres) je ne pourrais me soustraire.
Rien de parfaitement défini ne vient. Juste que cette sensation d'insatisfaction bien connue de moi c'est un peu la guerre que je n'ai encore jamais mené et à laquelle, je le sais depuis de nombreuses années (bien avant Caroline et les autres) je ne pourrais me soustraire.
Une espèce de lutte pour un trophée d'une nature inconnue dont je sentais qu'il allait me couter beaucoup.
J'avais au fur et à mesure de mes diverses expérience de couple, expériences relationnelles de toutes sortes, de drogues ou autres, cherché une espèce de réponse au pourquoi de ce malaise qui me suivait à chaque fois pour saboter systématiquement toutes mes entreprises.
J'avais au fur et à mesure de mes diverses expérience de couple, expériences relationnelles de toutes sortes, de drogues ou autres, cherché une espèce de réponse au pourquoi de ce malaise qui me suivait à chaque fois pour saboter systématiquement toutes mes entreprises.
Avec Caroline m'est apparue l'une des premières vraies certitudes qui a compté dans mon existence - la précédente étant que j'aurais une vie "d'artiste" faite d'eau fraîche, de petit salaires et de pâtes au beurre.
Si une fille comme Caroline n'est pas la réponse à ce malaise, malgré les espoirs secrets que j'avais mis en nous, alors personne d'autre que moi ne le sera.
Toutes les ruptures que j'ai connu ont toujours été pour la même raison. J'ai un truc à faire avant, toussa... une connerie du genre vivre ma vie et partir à New York toute une nuit déconner.
Sauf avec Caroline.
Parce que je serais bien parti à New York toute une nuit déconner avec elle.
Et je me serais bien encore fait chier un peu avec elle les soirs où on avait rien à faire.
Et je me serais bien encore un peu disputé violemment avec elle pour l'entendre dire que c'est débile ce que je dis. J'aurais bien encore un peu écouté ses silences pudiques auxquels je ne suis pas sûr encore aujourd'hui d'avoir compris quelque chose.
Et j'aurais bien encore souris intérieurement, pour ne pas la gêner, en la regardant faire les trucs les plus basiques.
J'ai pris mon courage sous le bras et j'ai fais mon lâche. Je n'ai jamais réussi bien distinctement à expliquer pourquoi je devais être seul pour chercher la réponse à mon malaise existentiel de tu vois je suis malheureux.
Je crois que je devais être capable de disposer de tout mon corps. À la fois physiquement que mentalement.
Parce que partir à la recherche de soi ça nécessite une entière disponibilité d'esprit.
Et puis il faut s'éloigner un peu des gens qu'on connait aussi, parce que pour se chercher il faut se tester. Et se tester ça veut dire aussi parfois faire des choses qui ne sont pas nous. Surtout, faire des choses qui ne sont pas nous. Ça veut dire penser différemment. Ça veut dire aussi poser ses principes à côté, et adopter ceux des autres. En prenant soin d'oublier que ce ne sont pas les nôtres. Tout ça, on peut ne pas vouloir que les autres le voient. Parce qu'on peut soi-même détester ça parfois.
Mais j'avais pour faire ça une motivation en béton.
Je sais bien que je ne rencontrerais pas des femmes comme Caroline à tout les coins de rue. C'est pour cela que j'étais résolue à trouver une réponse, quel qu'elle soit, à ce problème d'insatisfaction constante et cyclique.
Comme pour me venger de ce nouvel échec, et me promettant que ça serait le dernier de la sorte, j'ai décider que je ne m'arrêterais pas de chercher ailleurs qu'en moi-même les réponses que je n'ai pas réussi à trouver.
Comme pour me venger de ce nouvel échec, et me promettant que ça serait le dernier de la sorte, j'ai décider que je ne m'arrêterais pas de chercher ailleurs qu'en moi-même les réponses que je n'ai pas réussi à trouver.
Cet électrochoc que j'attendais depuis longtemps.
Cet électrochoc, comme l'expérience ultime après laquelle je saurais qui je suis. Jute un truc plus fort, bien plus fort que moi. Un truc qui me clouerait au tapis. Dans le bon ou dans le mauvais sens, peu importe.
Le principal étant que je ne me relève pas, une bonne fois pour toute, persuadé que si j'en étais là aujourd'hui, c'est que je ne m'étais pas assez dépassé avant Caroline.Et que j'avais de fait gâché cette histoire.
Je sais bien et je savais déjà à cette époque qu'on apprend pas qui on est aussi simplement que cela. Mais peut-être qu'à me violenter un peu trop, ça me passera l'envie de chercher à tout prix une satisfaction ailleurs que là où je peux la trouver.
Faire taire cette sensation par tout les moyens. C'était un peu l'idée.
Juste pour si un jour je retombe sur Caroline, ou une Caroline. Juste pour arrêter de me saboter.
Rencontrer une Caroline, ça peut faire cet effet-là. Accepter de renoncer à une partie de soi qui n'en vaut pas la peine.
J'ai dit au revoir Caroline. Et j'ai commencé à semer ma personnalité aux quatre vent parce que le vice venait de là...
Et je me suis paré à toute éventualité, en espérant bien être surpris par une claque que je ne pourrait pas imaginer. C'était mon intention.
C'est dans ces conditions que je fis la connaissance d' Éloïse et de beaucoup d'autres.
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vendredi 21 octobre 2011
Les alcooliques anonymes
Il y a celui qui pose une canette d'extra-forte sur le tapis de caisse. Le visage rouge et les lèvres violacées. Les mains vigoureuse du travailleur mais le regard passé. "J'en ai dix comme ça", quatre ou cinq fois par semaine.
Il y a celle qui est aimable. Toujours un sourire. Les mains qui tremblent un peu, plus dû à un stresse quelconque qu'à ses soixante ans. Sans doute à cause de la gêne parce qu'être une femme qui achète plusieurs bouteilles de whisky avec par semaine avec du coca, c'est encore mal vu. Plus que si c'était un homme. Alors elle souris plus que les autres.
Il y a celui qui vient et dont tu sais qu'il reviendra peu de temps après dans la même journée.
Tu commences à connaître leurs habitudes. Et la quantité qu'il faut à chacun.
Tu sais que celui-ci a commencé à la bière. Tu sais qu'il reviendra tout à l'heure pour continuer à la bière. Tu verras le déroulement de la soirée à l'expression de son visage.
Celui qui a commencé à la vinasse va continuer à la vinasse.
Il y a l'arsouille qui dors dehors qui pue et qui se met minable pour préparer sa bonne nuit de sommeil.
Il y a le poivrot qui se la joue poivrot. Qui fait semblant de n'aimer personne. Qui est rustre et désagréable avec tout le monde dans la file d'attente. Que tu entends râler dans sa barbe contre personne en particulier. Et qui est très gentil avec toi si tu as la simple idée de lui dire bonjour quand-même. Il est parfois un peu con peut-être, mais il sera toujours un amour avec toi. Parce que tu lui a dit bonjour.
Il y a celle qui prend une toute petite voix. Elle te dit toujours pareil depuis deux ans. "J'en ai quatre autres comme ça" en se penchant vers toi pour ne pas le dire trop fort.
Ce sont des bières de mauvaises qualité et pas très chères.
Ça coûte de l'argent de boire.
Dans sa voix elle met un maximum de gentillesse pour cacher le stresse qu'elle vit quand elle arrive en caisse.
Parce que c'est toujours là qu'un alcoolique est vulnérable. Quel qu'il soit, quel que soit son apparence, la caisse ne te juge pas. Elle jauge.
La quantité d'alcool. Que tu achètes.
Aujourd'hui elle a bafouillé en se penchant vers moi. Comme un candidat pendant un entretien d'embauche qui a répété par cœur son texte avant. Elle savait combien elle avait de bières dans son caddy. Elle a toujours le même nombre. Depuis deux ans.
Mais elle a bafouillé en s'approchant de moi pour me le dire. Au point qu'elle a du s'arrêter et regarder dans le caddy pour les compter. Puis: "j'en ai quatre autres comme ça" en souriant un peu cette fois.
Ils ont beau avoir leurs habitudes, parfois, ils arrivent à une heure imprévue et déposent rapidement une flasque. De gin ou de whisky. Avec une petite bouteille de coca ou de jus d'orange.
Tous ont leurs habitudes. Tous.
Pourtant, les alcooliques sont les seuls clients qui feront toujours semblant que c'est la première fois. Et que c'est exceptionnel.
mardi 18 octobre 2011
Maintenant, je fumerais bien une cigarette
J'ai encore fait quelques uns de ces rêves qui sont si claires qu'on jurerait qu'ils se passent d'interprétation au second degré.
Encore.
L'un d'eux concernait la culpabilité d'avoir tuer mon ami. Un autre sur une femme que je ne comprenais pas et qui faisais de moi ce qu'elle voulait.
Puis parmi ceux-ci, un des derniers. C'est Éloïse qui est venue me rendre visite. On passait une après-midi à s'amuser comme des enfants.
Puis elle voulait qu'on aille chez elle.
Puis je n'ai pas voulu accepter. Mes rêves me surprennent très souvent.
Puis elle voulait qu'on aille chez elle.
Puis je n'ai pas voulu accepter. Mes rêves me surprennent très souvent.
La revoir m'a fait quelque chose. La revoir ne m'a pas laissé de marbre. Et à mon réveil le rêve était encore là.
Mes rêves ont presque toujours été plus clairvoyants que moi. Et comme je ne suis pas toujours très malin, ils ont toujours eu la délicatesse d'être assez clair.
Mes rêves ont presque toujours été plus clairvoyants que moi. Et comme je ne suis pas toujours très malin, ils ont toujours eu la délicatesse d'être assez clair.
Et pourtant.
J'ai la sensation d'avoir tout dit.
Chaque jour il se passe quelque chose de nouveau en moi qui déplace doucement et constamment mon centre de gravité. Encore. C'est comme ça pour tout le monde.
Je continue à être cette espèce de navire qui flotte doucement à la dérive, bougeant presque imperceptiblement.
Mais le lendemain de ce rêve, j'ai voulu le raconté. Et puis il m'est apparue que tout ce qui valait la peine d'être dit avait été dit.
Je crois maintenant que les choses sont en quelque sorte si lointaines et si mélanger à mon existence que je ne saurais avec certitude distinguer une chose de l'autre.
Il semble que j'ai plus appris Éloïse en prenant les chemins de travers que par à elle-même directement. C'est peut-être stupide. Ça a peut-être été nécessaire pour moi.
Il y a surement quelque chose que je cherchais que j'ai fini par trouver en partie. C'était moi avec moi-même. Ça a toujours été moi avec moi-même.
Dans cette situation, on a une sensation inexplicable d'aboutissement. D'aboutissement de quoi? De rien, concrètement. Quand j'y pense, j'ai encore beaucoup à dire. Sur beaucoup de choses. Sur beaucoup de gens.
Et je ne m'arrêterais probablement jamais d'ailleurs. Et pourtant, cette impression.
Comme un début d'accomplissement pas fini, mais assez entamé pour ne plus prétendre devoir être développer.
Non je n'ai pas tout dit parce que je n'aurais jamais fini de tout dire. On a jamais fini de tout dire.
Mais je crois avoir dit l'essentiel.
En me réveillant de ce rêve, j'ai ressenti une légère crainte préliminaire.
Check-up complet dans mon cerveau encore un peu retourné de ma nuit.
Situation GPS.
Latitude, longitude.
Et puis non. Ce rêve ne m'a pas perdu.
Comme si j'avais fait le tour à vue d'œil. Un tour un peu grossier. Sans en tirer de conséquences. Mais j'ai à peu près une vue globale de l'endroit où je suis.
Je sais à peu près ce qu'il y a devant.
Je sais à peu près ce qu'il y a derrière.
Et sur les côtés aussi.
Sur les côté...
lundi 17 octobre 2011
La femme de plastique
Le sexe permet une libération d'endorphine dans le cerveau. Qui permet de lutter contre la dépression.
C'est aussi une grande source de plaisir. Facile à prendre. À porté de main.
Mais la libido est une petite fleur fragile sous ses airs menaçant avec toutes ses petites épines. Le désire peut marquer la peau de n'importe qui si on le prend à bras le corps. Mais lorsqu'on pose sa libido dans un coin un peu trop longtemps, les épines sont inefficaces. Et on a tout le temps d'observer sa libido de loin. De la détailler sous toutes les coutures.
Il y a toujours un moment au début de l'abstinence où la petite fleur te griffe hystériquement les doigts quand elle voit que tu vas la lâcher. Alors tu sens tout son poids sur tout tes faits et gestes.
Tu as une envie de baiser qui devient pressante.
Toujours.
N'oublions pas que le sexe est une source de bien-être à plusieurs degrés. N'oublions pas, comme on le ferait pour un "devoir de mémoire". Parce que posée dans un coin, et après l'avoir observé durant plusieurs jour, cette petite libido innocente perd tout son attrait. Et elle devient un de ces petits objets qui meublent ton appartement et qui ne servent à rien.
On a tous plus ou moins vécu une période d'abstinence plus ou moins longue entrainant la perte momentanée du "besoin" de baiser.
Le devoir de mémoire, Franck.
J'ai toujours veiller à ne jamais la laisser poser trop longtemps. C'est pour ça qu'on se masturbe. Pour ne pas oublier et ne pas s'éloigner trop de la réalité. Cette réalité si stimulante.
J'en fait mon principe plus que tout autre. Sans plaisir, rien.
Donc je me masturbe.
Mais voilà qu'aujourd'hui j'ai fait face à une impression nouvelle.
(Penses au devoir de mémoire, Franck. Ne te laisse pas distraire.)
Je m'apprêtais à jouir sur les gros seins d'une femme étrange aux sourcils et à la bouche tirés à quatre épingles, qui effectuait assez grossièrement une fellation sur un homme dont seul le pénis en érection témoignait de l'excitation qui devait probablement l'assaillir. Sans doute.
Et puis j'ai vu que cette femme était en plastique. Un plastique imitation chair. Des seins gonflés à l'hélium prêts à s'envoler au premier dégrafement de soutiens-gorge XXL, un bouche pleine de cette matière injectée à la seringue, qui permet aux lèvres d'être pulpeuses tout en étant le plus naturelles possibles, un sexe béant qui attend en bon professionnel devant la pointeuse l'heure de badger pour rentrer chez lui...
… et des yeux qui rappellent ces deux petits organes ronds dont on se serre pour capter la lumière des objets et l'envoyer dans le cerveau. Deux yeux qui bougent frénétiquement à l'intérieur de deux globes oculaires. Ces yeux qui tentent parfois de sourire de plaisir en exprimant plutôt un malaise effrayant sous les coups de queue de ce cet homme si raffiné qui lui dit qu'elle aime ça sa grosse queue plait-il.
Deux être vivants se collant avec des bruits de chairs moites et qui cherchent semble-t-il, avec leur bouche et leurs yeux, à expliquer à la caméra à quel point ils prennent du plaisir.
J'ai jouis.
Sur ses deux gros seins, en imagination.
Pour le travail de mémoire. Parce que la libido est une petite chose fragile qu'il ne faut pas laisser de côté. Parce qu'à quoi ça sert de vivre si on éprouve plus le besoin de baiser. À rien.
On a pas le droit d'oublier le plaisir. Et parce qu'on a pas le droit j'ai jouis sur une femme en plastique.
dimanche 16 octobre 2011
Attendre. Rien.
Texto à maman. Je peux t'appeler tout à l'heure? Parce que je ne vais pas bien depuis longtemps et il faut que je fasse quelque chose parce que je n'y arriverais pas si non.
Parce que ce n'est pas normal de voir passer sa vie devant ses yeux sans avoir la force de tendre le bras pour l'attraper.
Et parce que non ce n'est peut-être pas normal finalement de rester au lit jusqu'à vingt et une heure et de peiner à se bouger le cul pour prendre sa douche et sortir.
Parce que même ce qui te fait grave kiffer d'habitude tu cherches à l'éviter, juste pour ne rien faire. Et surtout ne rien faire.
Encore.
Et surtout bouger le moins possible. Et continuer à voir passer sa vie devant les yeux. Et essayer de bouger encore moins. Pour ne pas qu'elle te remarque.
Parce que tu ne la suis plus depuis déjà pas mal de temps et que tu as un peu honte. Honte de ne pas avoir la force.
Ne pas répondre au téléphone.
Annuler systématiquement ses engagement.
Et espérer qu'on oublie que tu existes. Juste pour être tranquille dans ton absence d'existence.
Et ne pas bouger.
Faire le mort.
En espérant que la vie passe sans qu'elle te remarque.
Et être las de tout. Parce que les chose, vues d'ici, n'ont finalement plus la moindre espèce d'importance.
Et ne pas bouger. Pour ne pas déranger. Par respect pour ceux qui continuent à bouger, eux.
Comme un oisiveté qui s'alimente d'elle-même.
Juste garder assez d'énergie pour pouvoir prétendre ne pas être rien.
Juste ça.
Pour le reste, ne pas bouger. Juste pour ne pas créer autour de toi le moindre mouvement d'engrenages qui serait trop épuisant à gérer.
"- Allo maman?
- oui... dis-moi...
- Je crois qu'il faut que je fasse quelque chose parce que je n'arriverais pas si non..."
Il me semble que se rendre compte que ce n'est pas normal, c'est déjà quelque chose.
vendredi 14 octobre 2011
Et pourtant quand je suis en face de ce rayonnage, pour moi, ça n'a aucun sens
Je la regarde étirer ses lèvres pour se passer le rouge numéro cinquante-sept dessus. On dirait que pour elle personne n'existe quand son regard fixe avec attention dans la glace sa main experte dessiner le contour de sa bouche.
Ça me semble si intime comme scène que je la vois presque la serviette autour d'elle et les cheveux encore humides de la douche qu'elle vient de prendre.
Elle passe ses lèvres l'une sur l'autre pour harmoniser le rouge à lèvre.
J'ai honte de la regarder, comme si l'opération avait quelque chose d'impudique.
Une annonce micro appelle d'une voix monotone une caissière à son poste de travail.
Quand je travaille au rayon maquillage, j'ai l'impression d'être plongé au cœur d'un gynécée mystérieux en plein milieu du supermarché.
Une jeune femme se trouve belle en se regardant dans une glace alors qu'elle pose sur elle un pull qui ne l'inspirait pas beaucoup au départ. Elle est ravie et du coup, elle se tourne de trois-quart, puis de l'autre côté. Je la regarde faire comme si j'avais pénétré chez elle à son insu, caché derrière un rideau. Je crois que si nos regards se croisaient je rougirais honteusement.
Ici, les femmes sont chez elles.
Elle pose sur elle un autre pull. Reprend le premier. Comme si elle se préparait pour un rendez-vous galant. Un bel inconnu. Elle veut au milieu de son petit salon mettre toutes les chances de son côté pour le séduire et plus si affinité. Elle a cet air appliqué de la jeune femme qui ne veut commettre d'impair vestimentaire sous aucun prétexte. Tout comme ces jeunes femmes déjà ravissantes qui veulent faire tout de même un effort supplémentaire.
Et moi je suis là comme un étranger affecté à une tâche un peu vague. Encaisser des articles auxquels il ne connait rien sans avoir une idée de leur fonction, avec la seule conscience du fait que sur elles ça fait joli. Comme un enfant en bas âge qui trouve sa maman très belle. Aussi bête que ça.
La fille au rouge à lèvres s'en va. Je dois rebuter sous mes airs rustres d'homme mal dégrossi puisqu'elle va porter à une autre caisse ses articles. Une caisse tenue par une femme. C'est un milieu dans lequel je n'ai pas mes entrées.
Je voudrais lui signifier que si, je sais. Que si, je connais tout ce qu'elle a choisi parce que j'ai vu sur elle et que j'ai trouvé ça merveilleux, oui. Je voudrais lui dire que c'est bien la preuve que je peux entrer dans monde. J'aurais pu lui faire comprendre quand elle est passée devant moi pour régler ailleurs, mais peut-être par respect pour son savoir faire venant d'une autre dimension, je décide de la laisser partir sans sourciller.
Un appel micro à l'attention de la caissière qui est priée de rejoindre son poste de travail de toute urgence, merci.
Cette impression parfois de ne pas exister. D'être transparent. De ne pas compter parce que ce n'est pas pour nous qu'elles se font belles.
Ce message est adressé aux destinataires de tant d'attention dont ils ne sauront jamais rien.
dimanche 9 octobre 2011
Ferme les yeux, Franck.
ça fait longtemps qu'on ne s'est pas vu.
Oui, ça fait longtemps...
On ne devrait pas rester aussi longtemps sans se voir.
Oui, on ne devrait pas...
"On" c'est qui? "On" c'est tes frères et ta soeur que tu n'as pas vu dans la même pièce que toi depuis six ans. Qui ont fait sept cents kilomètres pour venir. "On" c'est les amis que tu connais parfois depuis quatorze ans qui sont venu de là-bas ou de tel pays pour te voir. "On" c'est ces personnes qui sont tout proche mais que les coeurs ont fini par tenir à une distance douloureuse. "On" c'est tout les autres qui savent qu'on ne peut pas toujours avoir le temps et qui le regrettent comme toi.
"On" c'est tout ces gens que tu n'auras peut-être plus l'occasion de revoir réuni ensemble à un même endroit au même instant. Ce moment que tu voudrais graver dans la pierre alors que tu es entrain de gérer le problème de l'absence de musique et que tu vas devoir aussi dans une seconde aller chercher quelque chose à boire parce qu'il n'y a plus rien sur la table. "On" c'est tout ceux qui viennent te voir tout au long de la soirée pour savourer un instant avec toi alors que tu as une liste énorme d'urgence là tout de suite et que tu en es approximativement au numéro trois dans l'ordre.
"On" c'est tout le monde que tu voulais voir ce soir et que tu n'as pas vu en fin de compte.
Ce "on" un peu triste c'est la soirée touche à sa fin et "on" doit rentrer. Parfois très loin. Parfois pour très longtemps. Parfois même sans savoir quand "on" se reverra.
Et quand il n'y a plus personne, que tout est fini, je me sens un peu plus seul qu'avant parce qu' "on" m'a rappeler qu'avant des gens m'entouraient. Des gens que je ne vois plus.
Merci d'être venu. J'avais oublié que ça faisait un peu vide sans "on".
Au petit matin j'observe le ciel nuageux et me demande comment j'aurais pu profiter plus du moment qui est passé là sans que j'arrive m'en rendre compte.
Oui, ça fait longtemps...
On ne devrait pas rester aussi longtemps sans se voir.
Oui, on ne devrait pas...
"On" c'est qui? "On" c'est tes frères et ta soeur que tu n'as pas vu dans la même pièce que toi depuis six ans. Qui ont fait sept cents kilomètres pour venir. "On" c'est les amis que tu connais parfois depuis quatorze ans qui sont venu de là-bas ou de tel pays pour te voir. "On" c'est ces personnes qui sont tout proche mais que les coeurs ont fini par tenir à une distance douloureuse. "On" c'est tout les autres qui savent qu'on ne peut pas toujours avoir le temps et qui le regrettent comme toi.
"On" c'est tout ces gens que tu n'auras peut-être plus l'occasion de revoir réuni ensemble à un même endroit au même instant. Ce moment que tu voudrais graver dans la pierre alors que tu es entrain de gérer le problème de l'absence de musique et que tu vas devoir aussi dans une seconde aller chercher quelque chose à boire parce qu'il n'y a plus rien sur la table. "On" c'est tout ceux qui viennent te voir tout au long de la soirée pour savourer un instant avec toi alors que tu as une liste énorme d'urgence là tout de suite et que tu en es approximativement au numéro trois dans l'ordre.
"On" c'est tout le monde que tu voulais voir ce soir et que tu n'as pas vu en fin de compte.
Ce "on" un peu triste c'est la soirée touche à sa fin et "on" doit rentrer. Parfois très loin. Parfois pour très longtemps. Parfois même sans savoir quand "on" se reverra.
Et quand il n'y a plus personne, que tout est fini, je me sens un peu plus seul qu'avant parce qu' "on" m'a rappeler qu'avant des gens m'entouraient. Des gens que je ne vois plus.
Merci d'être venu. J'avais oublié que ça faisait un peu vide sans "on".
Au petit matin j'observe le ciel nuageux et me demande comment j'aurais pu profiter plus du moment qui est passé là sans que j'arrive m'en rendre compte.
dimanche 2 octobre 2011
Comme une cigarette qui n'en finirait jamais.
Je tasse toujours trop mes cigarettes.
Je croyais qu'avec l'expérience je finirais par les rouler exactement comme j'en ai envie mais en fait je crois que mon expérience se résume finalement à toujours-trop-tasser-mes-clopes.
Voilà. C'est ça mon expérience.
Si si, je sais rouler. Mais je les tasses trop. C'est mon truc. Ma marque de fabrique. C'est drôle. Le fruit de ma longue expérience du roulage de clope se résume à mal les rouler. On peut finir par savoir faire parfaitement quelque chose... mal.
Des fois je tente une reprise en main. Je les tasse peu. Pas assez. Du coup ça lui donne un goût fort et dégueulasse mais je me dis que ça y est Franck, tu es sur la bonne voie.
Quand on ne dors pas la nuit et qu'on a l'impression qu'on y arrivera plus jamais, certains petits détails prennent une importance existentielle. Ce soir c'est le roulage de clope. Le mécontentement procuré par mon roulage de clope parfois rend mon insomnie un peu plus pathétique.
Je roule ma clope.
Je m'applique.
Je tasse. Mais pas trop.
Elle est prête.
Je l'allume...
Et voilà. Pas assez tassée. Je regarde l'écran de mon ordinateur qui passe un film lambda avec mauvais goût dans la gorge. Blasé de ne pas dormir.
Et cette connasse de clope qui me rappelle que j'ai autre chose à foutre qu'à rester là devant un ordinateur qui chauffe trop à huit heure du matin. Alors que je devrais dormir parce que dans trois heures je dois me lever.
Je commence à stresser.
Je suis un stressé. Mais ça ne se voit pas. Je stresse à chaque fois que le sommeil devient quelque chose de vital pour moi. Parce que je l'ai toujours eu de façon très aléatoire.
Le sommeil est vital et c'est quelque chose dont j'ai toujours manqué depuis que j'ai seize ans.
Et parfois un peu comme une amante qu'on traite avec un peu trop de légèreté elle s'en va réellement. Très loin. Et parfois on jurerait qu'il est possible qu'elle ne revienne plus jamais. Et la peur me monte dans le ventre parce que j'ai peur de ne plus jamais pouvoir dormir et par conséquent, de ne bientôt plus rien pouvoir faire de mon existence.
Monte alors en moi la sensation d'être pris en otage. D'être tenu par les burnes. Parce qu'on se remet du départ d'une amante, mais on ne se remet pas de ne plus jamais trouver le sommeil.
Et il me reste à faire une tonne de chose pour être content dans la vie. J'ai besoin de dormir.
S'il te plait. Reviens. Je n'arrive même pas à rouler mes clopes tu vois.
samedi 1 octobre 2011
Un peu comme Moby-Dick mais du point de vue de la baleine
Laurent s'en bat les couilles il dit.
De toute façon c'est pas vraiment important. C'est pas ça qui ébranle un couple. Pour lui un couple c'est plus que ça. Et puis ça, ça ne compte pas vraiment. Ça peut arriver à tout le monde d'aller voir ailleurs. Lui ça ne lui est jamais arrivé mais ça pourrait. Et est-ce que c'est pour ça qu'il n'a pas de sentiments? Non.
Il me demande une cigarette. Je suis un peu gêné parce qu'il ne fume pas. Pendant que je lui en donne une je ne pense pas à son mal-être je pense juste qu'il va se rendre malade avec. Il la tient nerveusement en tirant de toutes petites lattes dessus. Il fait beaucoup de bruit en ingérant la fumer loin dans ses poumons. Qu'est-ce que j'en pense? Je ne sais pas. S'il peut lui pardonner c'est bien parce que d'après ce qu'il dit elle avait l'air vraiment désolé. Et c'est vrai que les erreur ça peut arriver à tout le monde. Il me dit que oui ça peut arriver alors il ne voit pas pourquoi il en ferait tout une histoire. Il parle fort avec des gestes secs.
Il n'y en a pas beaucoup des nanas qui peuvent le supporter. C'est pas pour ça qu'il fera quelque chose qu'il n'a pas envie de faire juste pour pas être seul, mais ça veut bien dire qu'elle tient à lui. C'est bien la preuve. Et comme lui tient à elle aussi il ne voit pas pourquoi il devrait mettre un terme à leur histoire. Ça arrive à tout le monde de faire une connerie pas vrai?
Vrai.
Et puis la vie ce n'est pas toujours tout rose, hein. On va pas arrêter quelque chose de bien à la moindre embuche. Il faut se battre quand on croit à quelque chose, il sait qu'il a raison là-dessus.
Il a décidé qu'il n'allait même pas la lourder avec ça. Il ne va pas lui reprocher toute sa vie ce qu'elle a fait. Si on ne va pas de l'avant ça on va où?
Il parle vite et presque tout seul. On est assis sur un ban. Il revient de chez sa copine où elle lui a dit qu'elle l'avait trompé mais ça ne compte pas parce que je t'aime et ça j'en suis sure. Elle lui a dit désolé, aussi. Plusieurs fois. Et puis il est parti et il m'a appelé.
Il est spécial Laurent. Je le connais depuis longtemps. Il n'a pas eu beaucoup de petites copines et c'est probablement à cause de ça. Quand il était plus jeune il était encore plus singulier. C'est sûr qu'elle a dû tenir à lui jusque-là parce qu'elle semblait amoureuse d'après ce qu'il m'a dit. Lui c'est sa première vraie petite copine. Je veux dire que c'est la première avec qui il a coucher. Et il ne l'a jamais dit mais je sais que ça compte pour lui ça.
Ça, c'est certain donc, il ne lui en parlera plus. On repart à zéro. S'il décide de continuer ce n'est pas pour l'accabler de reproches. Il faut être cohérent. Il est sage dans son raisonnement Laurent.
Mais son attitude... il semble sur la défensive. Il a peur de quelque chose. Comme s'il voyait venir quelque chose au loin et qu'en disant tout cela il essayait d'éviter ce qui arrivait. Il tire de petites bouffées et les expire aussi vite.
J'expire profondément un ouai et mon souffle continue un peu pour laisser trois petits points à ma réflexion.
Je regarde les voitures passer dans la rue.
Une passante, sur le trottoir d'en face.
Mes yeux se perdent sur la devanture du magasin qui est de l'autre côté de la rue. Laurent est penché sur sa cigarette qui fume encore. Je crois qu'en fait c'est ce qu'il cherchait. Qu'elle le rende un peu malade. Parce que la chose qu'il redoutait semble être arrivée et il a encore toute sa tête.
Je le vois discrètement essuyer d'un geste vif les larmes qui coulent de ses yeux.
vendredi 16 septembre 2011
Ce beau matin.
... et c'est avec une moue de fille vexée qu' Éloïse déchire une photo que j'aime beaucoup d'une jeune femme que j'aime beaucoup avant de reposer le cadre vidé à côté d'elle. Elle vient de faire cela pour reproduire à l'inverse le geste que la fille de la photo a déjà eu après ma séparation d'avec Éloïse.
Je la vois reposer où elle l'a pris le cadre alors même que je viens d'être bafoué et je me rend compte que je l'ai regardé faire sans rien dire simplement parce que j'ai cru voir dans ses yeux son besoin d'être sûr de compter encore pour moi. Et pour moi, éprouver de l'affection pour Éloïse signifie un don de soi. Absolument et sans réserve. J'éprouve une amertume singulière en voyant que ma folie me conduit à nouveau là où je ne veux pas aller. Et alors? S'il faut cela pour qu'elle sache qu'elle compte pour moi, alors déchire tout les portrait que tu veux. Parce que oui, oui elle compte encore pour moi. Tu peux déchiqueter de ma vie ce que tu veux si c'est pour voir tout dans tes yeux que tu en a besoin.
Le rêve a commencé par inadvertance.
J'ouvre la porte d'un appartement dans lequel j'habite. C'est Éloïse qui vient me rendre visite. Elle que je n'ai pas vu depuis très longtemps. C'est d'ailleurs la raison de sa visite. Sans doute que ça serait agréable de se revoir après tout ce temps. Oui, sans doute. Mais la voir là ne me rend pas à l'aise. Oui du temps à passé. Oh oui, bien sûr que nous avons changé, cela va de soi. Non... non, aujourd'hui, tout va bien. N'empêche qu'en lui ouvrant la porte, mon ventre se serre. Ma vision périphérique se restreint et j'oublie ce que je tiens dans ma main - un petit objet je crois.
J'ouvre la porte d'un appartement dans lequel j'habite. C'est Éloïse qui vient me rendre visite. Elle que je n'ai pas vu depuis très longtemps. C'est d'ailleurs la raison de sa visite. Sans doute que ça serait agréable de se revoir après tout ce temps. Oui, sans doute. Mais la voir là ne me rend pas à l'aise. Oui du temps à passé. Oh oui, bien sûr que nous avons changé, cela va de soi. Non... non, aujourd'hui, tout va bien. N'empêche qu'en lui ouvrant la porte, mon ventre se serre. Ma vision périphérique se restreint et j'oublie ce que je tiens dans ma main - un petit objet je crois.
C'est ainsi qu' Éloïse entre dans mon appartement.
J'ai un peu bu avant sa venue. Pour me mettre à l'aise, pour me détendre et puis... non, pour rien d'autre. J'espérais que ça m'aiderait mais en réalité il vient de se passer quelque chose d'inattendu auquel j'aurais dû m'attendre. Tu savais, Franck, que tu aurais besoin de tout tes moyens.
Elle va bien?
Oui elle va bien. Et moi?
Oui, ça va.
Elle enlève son écharpe et la pose à côté d'elle avec une aisance que je viens moi-même de perdre dans mon propre appartement. Elle est gaie. Probablement contente de me voir un peu, ou contente de sa journée ou contente pour tout un tas de raisons qui ne me concernent pas. Elle sourit donc. Je ne sais pas pourquoi. Et moi je ne sais toujours pas ce que je tiens dans ma main et je n'ai toujours pas penser à regarder ce que c'est pour savoir quoi en faire.
Elle prend le cadre, déchire la photo qui s'y trouve et le repose. Son visage me laisse entendre que voir cette fille sur la photo lui fait de la peine.
Elle te fait de la peine Éloïse? Alors déchire-là. Tue-là. Je t'aiderais même si tu veux. Je suis l'esclave dévoué d' Éloïse.
Je lui propose de boire quelque chose. Je fouille dans mes souvenir pour lui proposer quelque chose qu'elle accepterait. Pour tout faire bien. Je ne veux pas la décevoir en lui proposant du thé alors qu'elle prendrait plutôt un café. Ou l'inverse. Ou l'inverse, oui c'est vrai. L'inverse. Réfléchis bien Franck.
Je sens déjà depuis quelques minutes poindre le bout de la queue du petit caniche d' Éloïse. J'ai peur de commencer à émettre d'ici quelques minutes des jappements stridents de caniche nain.
De son côté, tout va bien.
Il semble comme je m'y attendais que pour elle la vie ne s'est pas arrêtée.
Elle joue à me demander comment je vais. Elle joue évoquer notre passé. Et moi j'y replonge corps et âme. Elle joue à me poser des questions. Et moi qui nage majestueusement dans le fleuve à contre courant je ne veux pas gâcher cet instant. Je te donnerais tout ce que tu voudras Éloïse. Tout. Tu veux mon cœur? Je peux me l'arracher pour toi tu sais? Tu le sais? J'en suis capable. Si seulement tu pouvais m'aimer.
Je lui réponds des réponses à sa merci. J'essaie pourtant de me dire que c'est fini Franck. Tu n'as toujours pas compris?
Je me vois comme ce mec désespéré qui vient de perdre ce qui lui restait d'honneur en se parjurant lui et les siens pour une personne qui n'en a jamais valu la peine. Je n'oserais plus jamais regarder les miens dans les yeux, et pourtant, ils me le pardonneront encore comme ils me l'ont déjà pardonné.
Elle me demande si j'ai quelqu'un. Je lui dis que je n'ai personne. Je lui mens, mais sur moi Éloïse a tout les droits.
Plus d'ami, plus d'honneur. Plus rien, Franck.
Je lui retourne ses questions.
Elle va très bien. Elle, en revanche, elle a quelqu'un. Elle, elle est amoureuse. Et ça va très bien. Ça lui fait plaisir de me revoir. Ça faisait longtemps et elle craignait qu'on ne se parle plus jamais. Elle a plein de choses à me raconter et...
L'alcool me tord le ventre. L'alcool ou autre chose. Je prends une grande inspiration pour contenir toutes ces choses impétueuses en moi et à mesure qu'elle me raconte toute sa vie depuis notre séparation, avec cette sorte d'indifférence à mon égard que je lui connais bien, je sens que non, aujourd'hui c'était trop tôt. Je ne suis pas encore prêt. Pardon Éloïse, vraiment, pardon, mais je ne peux pas continuer. Je pense que ça serait mieux que tu partes, vraiment je suis désolé. J'aurais voulu continuer. J'aurais voulu qu'elle reste un peu. Pourtant, avec toute la volonté du monde, je vais craquer. Dans mon ventre, je sens les insectes manger mes entrailles.
Entendu. Sans difficulté elle se lève et commence à se rhabiller pour partir. Et je sais qu'elle va partir. Je sais aussi qu'elle ne reviendra plus jamais. Et surtout, je le sais parce que pour elle, tout ça n'a pas vraiment d'importance.
Je prends peur parce que je sais avec certitude que c'était pour elle un vulgaire travail de mémoire que cette visite. Je sais qu'il s'agit là d'une parenthèse dans sa vie. Et je sais que ce soir elle n'y pensera plus.
Je vois tout ça, pendant que je me me sens me vider de moi-même. Elle part aujourd'hui avec le peu qu'elle m'avait laissé avant. Je la vois prendre son sac et mes viscères qui jonchent le sol avec elle et partir sans que ça ne veuille rien dire pour elle. J'ai peur parce qu'à nouveau je me sens inexistant. Je vois à nouveau dans un futur proche les bouteilles d'alcool. Et je vois que tout ce qu'il me restait dans ma vie n'est que ça, quelque chose qui n'a pas vraiment d'importance et qu'on peut prendre avec soi sans s'en rendre compte avec son sac à main. Je la suis un instant pendant qu'elle s'en va en lui expliquant que j'ai un peu bu avant qu'elle ne vienne et que je n'ai pas tout mes moyens et que c'est pour ça que je n'arrive pas aujourd'hui à supporter ça, mais que j'aimerais bien remettre à plus tard notre conversation.
Mais ce n'est pas le genre de chose importante au point qu'on la remette à plus tard. Je sais qu'elle n'aura plus jamais l'occasion de trouver le temps pour moi. Je la vois partir impuissant et j'ai peur de la suite. Parce que je sens à nouveau la blessure de l'amputation.
J'ai toujours présumé de mes forces en partie grâce à l'inconscience du danger. Seulement aujourd'hui alors que je la vois partir et traverser la rue en me regardant affectueusement, j'ai des sueurs froides et j'ai peur. Parce que je sais très exactement ce qui m'attend à présent parce que je l'ai déjà vécu.
C'est la panique qui m'a fait ouvrir les yeux.
Je suis dans mon lit.
Ma respiration est restée en suspend.
Le jour est levé.
Et je comprends. Je n'aurais pas à repasser par là une seconde fois. J'expire de soulagement.
Et pendant que je souffle je réalise que plus personne ne me fera passer par là. Et que de toute façon je n'y arriverais pas.
Je prends une nouvelle inspiration. Profondément. Presque heureux.
mercredi 14 septembre 2011
Cette sensation
...inexplicable et un peu inepte d'avoir tout gâché.
Sans raison. Puisque c'était foutu d'avance.
Et puis ça aussi... Ce réflexe de chercher à me convaincre que c'était foutu d'avance...
Pour se rassurer.
Tu flippes Franck?
J'avoue.
mardi 13 septembre 2011
Une petite mort. Par inadvertance.
je crois que je vais avoir un accident de voiture. Je roule un peu vite.
Je devrais peut-être prendre cinq minutes pour faire mes adieu. Mais je surveille la route.
Ce n'est pas tout d'éviter les gendarmes pour ne pas se faire arrêter, il faut redoubler de concentration, ma voiture file de plus en plus sur l'asphalte.
Pendant tout ce temps, je ne comprends pas. Ça va trop vite.
Parfois je frôle d'un peu trop près le bord de la chaussée et dans l'habitacle monte un gros bruit sourd à cause des bandes blanches qui bordent la route. Ça me rend nerveux. Ce bruit rend tout le monde nerveux.
Contrôle rétro.
Contrôle angle mort.
Correction subtile de la trajectoire. Et me revoilà lancé au milieu de la route.
Les paysages défilent trop vite.
Garder ses mains à dix heure dix.
J'ai de plus en plus peur des virages à cause de la vitesse, même des longs et très larges.
Police. Mais personne ne rattrape Franck quand il est ainsi lancé comme un boulet de canon.
Personne.
Si ne suis pas obliger d'aller si vite. Si seulement je pouvais comprendre.
Je souris en pensant au début, il y a longtemps. Transcendé par l'ivresse de la vitesse. C'était il y a longtemps. Et je pédalais souvent pour aller plus vite.
À chaque accélération, une ivresse surprenante. À chaque changement de véhicule, la sensation du dépassement de soi. On pense qu'on va se planter. Et puis ça passe toujours. Plus je suis allé vite, plus il est devenu nécessaire de ralentir aux carrefours.
Aujourd'hui, je suis un peu victime de la vitesse. J'admets que devant un carrefour je n'ai aucun recours. Je vais trop vite. Je souris parce que je pourrais ralentir mais entre cent cinquante et cent soixante-dix kilomètres à l'heure, ça ne fera aucune différence sur ce qui va m'arriver. Ça me fait un peu peur. Je ne contrôle que très partiellement. Ma voiture tremble un peu. Oh, mais je peux encore accélérer. C'est une voiture puissante.
Seulement il devient impératif que je comprenne.
Je dois comprendre que les gens ont le choix. Il faut que je l'accepte.
C'est impératif que je comprenne, parce que je passe doucement la cinquième j'ai l'impression. Et ce n'est pas très bon.
lundi 12 septembre 2011
Interlude de trois minutes et deux secondes.
L'eau a une couleur. Quand je disais cela au lycée, les autres se foutaient de ma gueule.
Les cons. Et ça m'énervait. Je leur disais, c'est à cause de l'oxygène. L'oxygène est pas incolore. Et si le ciel est bleu c'est à cause de l'ozone pauvre con. Et l'ozone c'est quoi?
Trois atomes d'oxygène. C'est probablement à cause de mon manque de diplomatie légendaire que mon argumentation ne portait pas ses fruit.
L'eau a une couleur. Au point qu'à la natation il peut arrivé qu'en immersion on voit assez difficilement le bout d'une piscine immense.
J'arrive dans mon rêve en ouvrant les yeux au fond d'une piscine. Une gigantesque piscine. Je crois que je suis au fond depuis longtemps. En apnée. Aucun muscle de mon corps en mouvement, je suis délicatement posé au fond de l'eau par un poids imaginaire grâce auquel je n'ai pas à lutter pour rester ainsi. Quand tu tiens un certain temps en apnée tu finis par t'habituer à l'immobilité de tes poumons et c'est une sensation très agréable. Tu te mets à sentir chaque battement que fait ton cœur dans ta poitrine comme autant d'explosions puisque plus rien d'autre ne bouge dans tout ton corps. Quand tu tiens assez longtemps en apnée, tu as le temps de te sentir bien entre le début de cette soudaine immobilité et la fin où tu vas manquer d'air et où tu pratique la respiration interne - un massage de la ceinture abdominale pour tirer tout l'oxygène inutilisé de l'air contenu dans la trachée. Et entre ce début et cette fin, tu arrives si tu tiens suffisamment longtemps à une sorte d'état second. Bien. Terriblement bien.
Quand j'arrive dans mon rêve, je suis au fond d'une immense piscine. J'y suis depuis longtemps apparemment, et je me sens bien, donc. Je n'entends aucun son. L'eau de la piscine est moins bleu qu'elle ne devrait l'être, à peine bleuté. Je lève les yeux. Au dessus de moi, à six ou huit mètres, deux trois personnes nagent à la surface. Devant moi, à environ cinquante mètres, des gens nagent aussi dans le petit bain. Je les vois bien parce que l'eau est terriblement limpide.
Je me sens bien parce que je suis loin de tout le monde.Séparé d'eux par la barrière infranchissable de l'eau.
Quand j'allais à la piscine il y a des années, j'adorais me plaquer au fond du grand bassin, le ventre sur le carrelage pour être le plus profond possible et être sûr que peu de personnes viendraient me déranger ici. Dans ce rêve je n'ai apparemment pas eu besoin de me plaquer au fond de la sorte parce qu'elle est incroyablement profonde. Tout ce vide plein d'eau entre moi et le reste de l'humanité, c'est infiniment rassurant.
Je me souviens dans mon rêve être remonté de là avec la sensation d'avoir quitté une sorte d'Éden. Et alors que je remonte sur le bord, on me demande où j'étais. On me dit qu'on m'a cherché partout. Que je suis parti six semaines. On me demande comment ça va.
Je me rends compte à mon réveil que ça fait longtemps que je n'ai pas été bien.
vendredi 9 septembre 2011
Parfois je jurerais l'entendre chanter au loin Le Fantôme de l'Opéra...
PsychoMouse file rapidement aux bruits du clavier. PsychoMouse c'est la souris qui vient chez moi depuis plus d'un ans. Elle faisait peur à Éloïse. Je lui ai caché son existence pour la voir dormir quand-même chez moi.
Depuis plus d'un an elle s'incruste.
Parfois même je l'ai présenté tout à fait officieusement à mes invités. Comme on présente respectueusement un grand artiste qui fuit la foule médiocre alors qu'il traverse discrètement le salon pour fuir dans son atelier.
Rebecca, je te présente PsychoMouse.
PsychoMouse, Re... plus de PsychoMouse.
Aujourd'hui elle est un peu comme le fil d'Ariane Un fil d'Ariane en gruyère.
Juste un fil. Ce genre de fil qu'on ne se met pas à détester après une période, ou qu'on a pas envie de couper pour avancer dans la vie. Un fil indépendant de notre volonté qui est toujours là.
Couper ce fil? C'est qu'une souris merde. Ça voudrait rien dire. Ne sois pas ridicule.
On s'est observé plusieurs minutes sans bouger l'un l'autre il y a quelques jours alors que je venais de l'interrompre dans le mangeage d'un fil de gruyère râpé. Je ne voulais pas la faire fuir. Donc j'ai pas bougé. Et elle n'a pas bougé non plus. Ses petits yeux noirs tournés vers moi, essayant de percer la carapace de mon camouflage d'immobilité, plongeant au fond de mes yeux pour jauger de la dangerosité de ma personne.
Aucun.
Mouvement..
Une minute...
Une autre...
Durant la troisième minute je commence à percevoir la réelle nature tout à fait humaine de PsychoMouse. Je sais ce qu'elle fait. Elle m'observe.
Pendant toute la quatrième minute je commence à croire que la fourbe tente en réalité de me psychanalyser. Elle veut percer les secrets de mon âme. Elle semble me dire sans se cacher oui, je suis une souris... et maintenant, Franck, on sait toi et moi que je ne suis pas conne. Alors méfies-toi. Je ne suis pas comme celles que tu as déjà connu.
Normalement, les souris se cachent pour frimer. La plupart d'entre nous ne peuvent d'ailleurs prétendre avoir déjà vu crâner une souris. Elles sont pudiques.
Mais elle... Elle, pendant les cinq minutes qu'a duré notre duel psychologique, elle m'a très clairement fait comprendre qu'elle avait une très haute estime d'elle-même. Comment? En finissant très simplement par se retourner avec dédain pour continuer à manger son bout de fromage. Je me suis un instant trouvé moi, dans la position du ridicule. Celui qui vient de perdre la face.
jeudi 11 août 2011
Qu'on me rende mon inconscience qui la rendait supportable.
Quand j'étais adolescent je racontais que je voulais qu'on m'écorche vif. Parce que l'intérieur de ma peau me brulait.
J'avais la sensation qu'un feu sauvage et sourd consumait l'intérieur de ma tête. Et comme si ma peau l'empêchait de s'évader en dehors, j'attendais que cette peau sale qui me servait de rempart contre l'extérieur me soit arrachée. Juste pour pouvoir enfin respirer.
Je racontais ensuite que je voulais encore frais dégoulinant de sang être plonger au milieu des eaux de l'océan arctique pour qu'enfin la fraicheur me gagne l'intérieur du corps.
Quelques années plus tard, on m'apprenait que ça s'appelait des migraines. Je suis rassuré. C'est une pathologie. Ça porte un nom. Et aujourd'hui je dis juste que je suis migraineux.
Aujourd'hui je peux me plaindre. J'ai le droit de faire le malade. Cette douleur lorsque j'étais plus jeune faisait partie intégrante du monde dans lequel je vivais. Elle était alors objectivement supportable. Mais elle devint après ça une complainte en dehors de moi-même. Quelque chose de gênant et d'étranger.
J'ai commencé à vivre la chose plus mal alors qu'en même temps on venait de m'enlever toute la sensualité relative qu'elle contenait avant. Ça n'était plus qu'une douleur "intolérable parfois". Une douleur que "ah oui, je connais un mec qui est migraineux, il a très mal". Elle devint un simple regard entendu un peu compatissant de "je sais ce que tu vis mon vieux".
Plus de sensation de brûlure par des flammes insidieuses en mon sein. Plus de rêve d'océan. Plus de thérapie par le froid. Ce froid qui au contraire aujourd'hui me brûle la tête lors des crises.
J'ai toujours parfois la sensation de brûler de l'intérieur de tout mon corps. J'ai toujours parfois envie de m'ouvrir le ventre et le crâne pour y mettre des glaçons. Mais que je me rassure. Je suis migraineux.
Et j'ai une crise de migraine. Tout est normal.
mercredi 10 août 2011
le couteau dans une main, suspendu au dessus du beurre
"Comment ça va mec?
-Tranquille..."
En vrai je suis un automate. Je ne l'avoue pas parce que la douleur serait trop grande. Je ne dois pas perdre mon calme. Respire. Respire. Respire doucement. Et ne pense pas.
Je suis l'ombre de moi-même et lorsque je vois les films parfois j'ai peur parce que j'ai l'impression de me rendre compte que ça y est, je suis entrain de devenir fou - est-ce possible? - parce que je m'imagine moi dans la situation du personnage principal. Et l'amour qu'il croyait perdu à jamais revint comme par magie. Une magie si inattendu qu'il n'en cru pas ses yeux. Cette joie éprouvée, il l'avait espérée si intensément, du plus profond de son être, ce bonheur lui avait arraché les boyaux tant de fois à chaque réveil; son amour, il l'avait tant et tant de fois imaginé qu'il eut peur de se laisser aller. Peur de se tromper à nouveau, peur de se réveiller à nouveau au milieu du rien, comme il s'est réveillé déjà tant de fois. Alors il ne crois pas ce qu'il est entrain de vivre. Il ne crois pas que ça arrive. Alors il ne crois pas ce qui semblait être la réalité. Et alors que son corps lui tient le discours du réel, il sent sa tête fuir dans autre chose. Il se sent devenir fou. Fou d'un amour étouffé trop loin, trop intensément. Un amour qu'il ne peut plus laisser sortir.
J'ai rêvé de belles fins pendant de nombreuses nuits. J'en ai rêvé. Je me suis rincé la gorge à un alcool quelconque au petit matin parce que non, je viens de rêver. Plusieurs fois j'ai ouvert l'oeil au fond de mon lit, avec regret.
Regretter de se réveiller. Et boire une lampée pour faire passer ça.
En imaginant la fin de ce beau scénario je me rends compte parfois que je suis plus perdu que je l'ai cru au début.
Ça m'est arrivé, sans faire attention, de me répéter à moi-même "Mais qu'est-ce qu'il m'arrive?... qu'est-ce qu'il m'arrive?... Quand est-ce que ça va s'arrêter?...".
J'ai l'impression parfois que je serais capable de ne pas croire la réalité si elle se présentait sous mes yeux aujourd'hui, peut-être...si ce film se finissait bien.
Je me revois me dire que je perds la tête.
Je perds la tête.
Parfois je me revois m'être dit ça en boucle. Ce n'est pourtant que quand on perd la tête qu'on se dit ce genre de chose.
Comment en suis-je arrivé là?
C'est à peine croyable.
lundi 8 août 2011
Le mouchoir
Souvent, les gens que j'ai croisés sont des gens bien. Ou l'étaient.
Des gens qui donnent bien, honnêtement.
Souvent alors j'ai eu la sensation d'être un imposteur avec eux. Cette sensation de ne pas être soi-même quelqu'un de bien.
Et ne crois pas... C'est un constat froid et un peu réfléchi. Il y a des gens mieux que d'autres, et à mesure que le temps passe j'y pense. Je suis moins bien. Que lui, que elle. Je leur donne le change, je mens un peu. À moi-même et aux autres. Alors ils se sentent bien avec moi. Ou pas tellement d'ailleurs. Mais ils pensent que ça vaut le coup. Que j'en vaux la peine.
Je me sens un peu comme un imposteur. Un flibustier un peu Action Co avec le sourire communicatif et sincère pendant que je te propose de signer là, juste là, en bas de page, et tu auras enfin une assurance santé béton, plus chère et mieux que celle que tu avais avant qui te convenait d'ailleurs parfaitement mais que je ne t'avais pas vendu MOI.
Parfois, pris d'un excès d'une générosité toute personnelle aux accents singuliers je m'éloigne un peu pour laisser une personne respirer. Partager entre l'intérêt que je lui porte et le respect qu'elle m'inspire. Je m'éloigne de la personne et j'éprouve une sensation de soulagement.
Je ferais d'autres bêtises. Certainement. Un peu plus tard mais sans tarder. Mais là, j'éprouve la sensation un peu masochiste d'avoir bien agit.
Personne n'est parfait, et ça serait un crime dans ma situation de laisser passer une chance de vivre quelque chose de bien avec cette personne de laquelle je m'éloigne peut-être. Je le sais. Et puis je ne suis pas pire que les autres, sans doute.
Ne te fustiges pas, Franck. Ne fais pas dans le mélodramatique.
Parfois dans le doute, ma prudence et mon respect de l'autre, rare, me font du bien. C'est toujours ça. Toujours ça de pris.
Et peut-être juste que comme les autres, parfois j'en ai un peu assez de jouer le rôle du méchant.
"Tu aurais un mouchoir?
- Non, désolé...
- C'est pas grave."
samedi 6 août 2011
La publicité, c'est la vie
Je me souviens avoir eu une discussion avec mon grand frère quand j'étais plus jeune. Vers l'age de quatorze ans je me souviens juste après une publicité lui avoir dit très péremptoirement (mais sans certitude, comme pour lui demander son avis indirectement) que réellement, pour que dans un couple, pour que les deux s'aiment pareil, de la même façon... au niveau des probabilités, il était pratiquement impossible que ça soit faisable dans la vraie vie.
Pratiquement impossible.
Plus j'avance dans la vie, et plus je trouve que j'avais raison.
Et c'est exactement pour cette raison que les histoires d'amour sont toujours à la fois très compliquées et uniques.
C'est pour cela qu'on devrait finalement toujours se garder de parler des histoires d'amours des autres.
Il y a toujours de très infimes probabilités pour que les histoires d'amour des autres soient comme les nôtres.
Et pourtant. Il y a souvent des répétitions inaliénables entres toutes.
Et aussi, on trouve toujours, toujours le moyen de conseiller l'autre avec un super conseil que l'on avait oublié juste avant. Comme par hasard.
Je pense à la personne mature qui se garde de tout conseil, de toute phrase et de toute méthode à l'attention de son ou sa meilleur(e) ami(e), par maturité ou par sagesse. Et je ne peux pas m'empêcher d'y voir pourtant un peu de je-m'en-foutisme. Je ne sais pas pourquoi.
Mon frère m'a répondu que oui. C'était rare. C'est beau mais c'est rare.
Alors on a revu à la baisse nos exigences.
Trop. Je me demande toujours quand ça sera trop.
Trop. Je me demande toujours quand ça sera trop.
jeudi 28 juillet 2011
Soirée MonoThéma à la télévision
Quand je m'ennuie je me masturbe.
Quand je m'ennuie ou quand j'ai le spleen. Ceci afin d'éviter depuis quelques temps son expression à tendance monothématique.
Le spleen s'exprime par le biais de beaucoup de choses. Un rien peut devenir l'objet d'une réflexion mélancolique dans ces instants et hors mis tout jugement de valeur sur la réflexion en question, lorsque l'on est devenu monothématique, on est bien obligé de regretter le moment où l'on pouvait parler de plein de choses (sur le même ton pathétique, soit) et où on ne savait pas où allait nous conduire notre réflexion.
Aujourd'hui, je regarde derrière moi ce qui semble être tout une année ou plus de thérapie littéraire avec un peu de lassitude. Toujours le même sujet récurent. Un ton plus ou moins détaché, parfois quelques sujets qui changent de la routine de Franck, mais somme toute, une récurrence un peu ennuyeuse.
Plein de gens passe par les mêmes moments que moi. Pourquoi je me sens obligé moi d'en faire quelque chose. De tourner autour. De gratter à la porte. De retourner une question qui n'existe pas pour trouver une réponse que j'ai déjà de toute façon.
Parce qu'il y a des choses qui accaparent tant d'énergie que ça serait con de ne pas l'amortir au maximum.
Peut-être.
Beaucoup de gens n'arrivent pas très facilement à faire l'impasse sur quelque chose. Et pourtant il semble que tout le monde rebondi.
Je n'ai pas envie d'être le seul à ne pas rebondir. Me vendre ici sans fin comme un gigolo cérébral. Alors quand je me retourne sur moi-même et que je constate que je tourne en rond, j'ai mal à mon orgueil. Alors je m'insulte tout en me disant que tu es relou Franck. C'est bon. Change de disque.
Et à chaque fois que je change de sujet, c'est une petite victoire. À chaque fois je m'approche un peu plus du moment où je serais apte à parler d'autres choses.
Les gens monothématiques ont un pas flagrants dans une tombe de connerie. Une sorte d'obsession ennuyeuse qui les fait devenir pires qu'un vieux con: un jeune devenu insidieusement quelqu'un d'absolu ment inintéressant.
mardi 26 juillet 2011
Interlude télévisuelle
"… Il a fait semblant de m'aimer. Personne m'avait jamais aimé avant..."
Putain, on en apprend tout les jour. Aujourd'hui c'est South Park.
Franck, Le mec qui apprend la vie dans les Télétubbies.
lundi 25 juillet 2011
Je suis le fruit de l'amour, finalement.
Je ne sais pas ce qui pousse les gens à tuer. Sans doute n'est-ce pas pour des raisons aussi évidente que la simple pulsion. Ou bien on tue une fois, ou deux. On ne tue pas dix fois pour des raisons si basiques. Avec une méthodologie ennuyeuse. Lorsqu'on s'apprête à commencer quelque chose comme le meurtre en série, il faut trouver en cela une motivation assez riche sans quoi on ne serait pas tenté de recommencer.
J'ignore ce qui pousse quelqu'un à rêver de meurtre. J'ignore encore plus ce qui pousse quelqu'un à rêver de tuer une personne qu'il ne connait pas et qu'il voit pour la première fois dans son rêve. Sans doute, et il m'a semblé toucher du doigt cette impression la dernière fois que j'ai rêver de cela, la personne en elle-même n'a aucune importance. Sa personnalité, ses goûts, tout ça importe peu. J'ai choisi mes victimes au travers des critères plus subjectifs. "À cet instant précis, voilà ce que cette personne est, et c'est ce qui me pousse à la choisir elle plutôt qu'une autre".
Mais je me trompe, peut-être.
Je ne sais pas pourquoi j'ai rêvé que je tuais beaucoup, beaucoup de gens. Mais sans doute, quelque chose me paraissait trop sain, trop normal dans ma façon de procéder. Et c'est sans doute pour ça que je me suis retrouvé une nuit dans la peau d'une créature un peu difforme, légèrement attardée mentale, qui était sur le point de se mettre à tuer plein de gens.
Pour connaitre l'origine un peu tordue de ce qui m'a poussé à tuer.
Pour connaitre l'origine un peu tordue de ce qui m'a poussé à tuer.
Le sexe de cette personne n'a que peu d'importance, puisque si j'étais un homme, je crois, je n'étais émotionnellement rien d'autre qu'un enfant sans véritable sexe, acculé par le poids de ma grand mère. Je n'étais ni garçon, ni fille. J'étais un petit garçon. Et surtout le produit de grand-maman (qui n'avait rien de commun avec mes vraies grand-mères, il me semble).
Je me souviens m'être demander ce qui allait bien pouvoir me pousser à tuer, et puis j'ai cherché. Et puis on m'a répondu. Parce que je t'ai fait pour cela entre autre. Tu es le fruit des pires immondices qu'une personne sans aucune morale a créée. J'aurais presque pu entendre les mots de cette grand-mère dans ma tête alors que je me pose la question de mon rôle dans l'humanité. Je l'entends presque me dire à peu près cela en ajoutant à la fin un affectueux Mon petit garçon adoré...
Pendant que raisonne approximativement cette obscure raison dans ma tête, je me dirige vers une porte fermée où il se passe des choses étranges. Où j'ai la sensation de pouvoir trouver l'origine de ce que je suis et ce qui va déterminer mon avenir de tueur.
On peut tuer de sang froid, on peut avoir plusieurs raisons de tuer des gens par dizaines. Sans doute dans mon rêve précédent, je me trouvais trop normal. Sans doute ai-je voulu être de ces tueurs en série que l'on met tout une vie à comprendre puisqu'alors que j'ai ouvert la porte, j'ai effectivement découvert le fruit atroce que j'étais, avec une acuité qui m'a rassuré. Personne d'autre que moi ne pourra savoir ce qui m'a poussé à faire cela. Personne. Et oui, ils mettront tout une vie à savoir ce que j'avais dans la tête. Grâce à Grand-Maman.
L'œdipe est le liens émotionnel le plus fort que je connaisse. Et l'amour que ma grand-même me porte a gagné. J'ai ouvert la porte et oui, je vais me mettre à tuer. Sans relâche. Pour exprimer un malaise.
Éclairée par la douce lumière d'un feu de cheminer, dans une odeur de chair chaude et écœurante, je vois ma tendre et ignoble grand-mère forcer ce qui semble être un tout-petit garçon difforme à pénétrer une petite fille tout aussi mal formée. D'autres enfants, bébés, filles et garçons, jonchent le sol, épuisés pour la plus part par leur effort récent.
Ma grand-mère force les mouvement de chacun des enfants de ses mains rudes et le bébé horrifié par ce qu'il fait fini par éjaculer dans sa sœur. Frères et sœurs... ils le sont tous ici. Ma tendre grand-mère se tourne vers moi sans plus de surprise de me voir ici un rictus aux lèvres à cause de l'effort physique.
Je viens de là. Ceux qui sont étendu là sont mes frères et sœurs. Et mes parents. Tu es le fruit de ça. De génération en génération je jette ce qui sont le moins immondes. Tu es le fruit de cette atrocité répétée d'innombrables fois. Voilà la raison. Ce sont tes frères et sœurs et je les fais baiser entre eux.
Voilà la raison... Son voilà la raison sonne de façon ambiguë. Comme si elle avait fini par réussir à me rendre service, "Voilà la raison dont tu peux te servir pour enfin devenir un tueur que l'on mettra tout une vie à comprendre", et en même elle y avait pris beaucoup de plaisir.
Je comprends que la terreur qu'elle m'inspire depuis le début n'est pas non plus un hasard. Sans me demander quoi que ce soit, elle a pris un jour la décision de faire de moi une horreur bel et bien totale. Sans quoi, que ne serait-je respecté pour mes propres atrocités...?
J'entreprends de m'enfuir. Elle m'intime l'ordre de revenir mais je ne l'écoute pas. En quittant la maison, je m'arrête. L'air frais. Je réalise que jamais de ma vie je n'ai passé le pas de la porte d'entrée. Jamais je n'ai respiré le dehors.
À l'entrée du jardin je sais qu'elle est à la fenêtre du premier étage à attendre simplement. Attendre que je rentre. Je ne suis jamais allé à l'extérieur. Et j'ai peur. Peur d'elle. De sa colère. Et de dehors.
Je me réveille alors que j'étais entrain de faire demi-tour pour rentrer dans la maison.
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