lundi 16 novembre 2009

L'espoir fait vide ... Marie-Ange

"... Franck,
Tu ne me connais pas, mais j'aimerais tant...

Je t'ai remarqué il y a longtemps, maintenant. Dès que tu es entré en salle de permanence. Ton allure m'a tout de suite attiré. Ton style m'a plu tout de suite.
Tu m'as regardée juste une seconde en passant. Tu t'es installé à la table du troisième rang.
Tu ne l'as pas remarqué mais je t'ai observé tout le long. Et depuis, je ne peux pas m'empêcher de penser à toi.
Tu sembles si détaché, si plein de maîtrise de toi-même, que tu me donnes l'impression d'être le seul vrai garçon digne de ce nom que j'ai vu jusqu'à aujourd'hui.
Je n'ai pas résisté à parler de toi à mes copines. Elles étaient mortes de jalousie. Elles aussi t'avaient remarquées, depuis plus longtemps, même, et j'ai rougis lorsqu'elles m'ont avoué qu'elles savaient secrètement que nous étions faits toi et moi l'un pour l'autre.

J'aimerais que tu rêves de moi, comme je rêve de toi. J'aimerais que tu me désires autant que moi je te désire.
J'aurais tout donné pour recevoir une lettre de toi me disant ce que je te dis, mais je n'en pouvais plus d'attendre... j'ai besoin de savoir si tu ressens pour moi ce que je ressens pour toi.

Depuis que je t'ai vu plus aucun garçon ne m'intéresse. J'ai lâché tout ceux qui me tournaient autour, parce qu'ils n'en valent pas la peine. C'est certain, maintenant.

J'aimerais avoir le courage de venir te voir si seulement je ne craignais pas que tu me rejettes.
Tu es très secret et ça m'intimide encore plus... je ne sais pas si cette lettre n'est pas déjà trop. Peut-être que tu as une petite copine. Peut-être même plusieurs. Non, pas plusieurs... tu n'es pas comme ça. Tu es de ces garçons rarissimes qui sont beaux jusque dans leur âme. Mais tu as probablement beaucoup de filles formidables qui te tournent autour. Comment pourrais-tu être amoureux d'une fille comme moi, qui n'est rien en dehors de l'école?

Enfin. Ça y est. Si tu as trouvé cette lettre dans ton sac c'est que j'ai eu le courage de l'y glisser. Je l'ai écrite tant de fois... j'ai tourné autour de ton sac autant de fois juste avant que le courage ne me manque mais si l'ai fait aujourd'hui, j'espère que ça te permettra de te rendre compte que tu es en train de rêver Franck puisque tu sais très bien qui je suis, la fille que tu trouve la plus jolie de toute l'école et la plus populaire aussi... pourquoi une fille comme moi te remarquerait ? Sauf pour te glisser des mots doux passionnés dans ton sommeil ? Si tu ne dormais pas tu te trouverais toi aussi à cet instant complètement..."

- Alors, dis-moi Franck, tu as une petite copine... ?
- ... Non.
- ...tu dois bien en intéresser une ? Moi quand j'avais ton âge...
- Ça ne m'intéresse pas, papa. Et puis je ne suis pas obligé de tout vous raconter...

Les céréales de Franck crépitaient.
Comme pour lui rire au nez...