mercredi 29 décembre 2010

mardi 28 décembre 2010

Une demi-heure trop tard mais merci...

Tout le monde est agité. Les caissiers, les clients. Aujourd'hui c'est normal.
Les collègues sont plus souriants, et ce n'est pas un mystère. On le leur a permis. On leur a m^me proposé de s'habiller en costume du dimanche et certains ont saisis l'occasion pour sortir de leur garde-robe les plus beaux habits. Ceux qui les mettent vraiment en valeur. Parce qu'en réalité, ils ne sont pas dans la vie comme à leur travail. Et aujourd'hui, une permission spéciale de la direction va leur permettre de montrer à leurs collègues qui ils sont vraiment. Délurés, riants, naturels. Bref, tellement plus sympathiques. Merci.
Les jeunes femmes sont un peu plus fardées. Elles se sentent plus élégantes et en règle générale, elles le sont. Certaines toutefois ne sont pas dans leur éléments naturel ainsi fagotées, et on sent les heures de tests de maquillages, les vêtements qui s'empilent au fur et à mesures des essais peu convainquant. Elles sont un peu moins jolies qu'à l'ordinaire et cette maladresse les rends touchantes. Certaines on mis un peu plus de noir sur les yeux, comme si quelqu'un venait d'avoir dix-huit ans. Et certaines d'entre elles commettent l'affront d'être encore plus ravissantes qu'elles ne l'était déjà. Cette indifférence profonde sur laquelle repose ce maquillage exceptionnel en dit long sur la beauté naturelle de ces jeune femme.
Une journée toute exceptionnelle, donc, en tout point de vue puisque les hommes aussi, en majeur partie, on fait des efforts. Parce qu'ils sont beaux en fait. Parce qu'en fait, ils ont la classe mais malheureusement, le genre de petit boulots minables qu'ils occupent ne leur laisse pas le loisir d'exprimer toute cette prestance qu'ils possèdent. Heureusement qu'il existe des jours comme celui-ci, donc. Franck rentre chez lui pour faire la fête également.

Un certain temps après le début de la soirée, les cadavres de multiples bouteilles de bière haut-de-gamme gisent sur le sol à côté de son lit. Il est entrain de manger pour reprendre des forces. La soirée n'est pas terminée et il a encore plusieurs paquets de gâteaux apéritifs en réserve. Il a prévu pour l'occasion une alimentation de marque parce qu'en certaines occasions c'est dommage de lésiner sur la qualité. Donc ce soir c'est raviolis Barilla. Ceux avec du jambon dedans. C'est un peu cher mais c'est une soirée spéciale.
Le deuxième film est en route et il va pouvoir commencer un bouteille d'alcool fort qu'il a acheté là encore pour l'occasion. Soirée spéciale...
Pendant le film il fait un tour sur les réseaux sociaux pour ce qui s'y passe.
Pas grand monde naturellement. C'était juste pour voir. Ça le rassure presque. Lui reste plus qu'à aller voir sur sa boite mail pour s'assurer qu'il ne passe pas à côté d'un de ces messages qu'on envoie parfois pour l'occasion. Rien. Rassurant... Il entame sa bouteille en toute quiétude en s'envoyant une rasade. Il va pouvoir commencer enfin à s'amuser pour ce soir. Génial.

Le deuxième film est sur le point de finir alors qu'il est dérangé au moment critique par son téléphone qui vibre. Un message.
"Joyeux noël tout le monde".

mercredi 22 décembre 2010

Les poussins bleus

Les nuits sont froides en cette période de l'année. Et pour l'avoir déjà fait, Franck sait que deux pulls ne suffiront pas. Il a prévu pour commencer de passer le début de soirée dans un pub à boire de bonnes bières. Ils ne vont pas trop abuser parce que la soirée ne s'y prête pas. Il s'agit de passer le temps, et de tenir, jusqu'au matin. Quelques bières fortes donc, juste pour se réchauffer un peu. Un maximum avant de continuer dans un autre bar qui fermera un peu plus tard.
Ils restent tout les deux assis au chaud à discuter tranquillement pour en profiter un petit peu. Ils ont toute la nuit pour discuter mais tout à l'heure ça sera beaucoup moins drôle. Parfois, dans le bar, ils regardent dehors. Par ce froid, impossible de dormir.
Franck à un petit sac à dos plein à craquer. De pulls. Parce qu'elle n'en a pas d'assez chaud, parce qu'elle n'a pas de gros pulls, les pulls qu'il faut pour passer la nuit dehors. Et en y pensant, Franck non plus.
Pendant la soirée (la vraie. Au bar...) elle est restée égale à elle-même. Tendre et gentille. Pleine d'elle-même pour qui Franck pourrait faire ça autant de fois que nécessaire. Comme ce soir, et comme il y a quelques jours. Parce qu'il faut gagner le droit de se voir. Parce que les choses parfois ne sortent pas d'un scenario de Walt Disney.
Franck ne discerne à aucun moment cette impudique reconnaissance que pourrait avoir la jeune fille, parce qu'ils en ont déjà parlé. Et que ce qu'ils vont faire ce soir, après avoir bu toutes ces bières, n'est rien. Rien d'autre que trouver un succédané de lit conjugale sur le bitume des trottoirs de la ville.

Ils reprennent la route. Le bar doit fermer. C'est le début de la nuit qui commence. La fois précédente ils avaient repéré un petit coin sympa au coin d'une petite place pour y poser leur barda. À aucun moment ils ne se sont arrêté de parler. Il y a des habitudes que l'on prend vite. Comme certaines évidences qui s'imposent dès le début.
Ils sont dans les bras l'un de l'autre et ils tremblent. Un nuage de fumée autour d'eux qui sort de leur bouche les feraient repéré à vingt mètre. Franck sort un premier pull de son sac. Et puis il les sort tous. La nuit va être longue. Le froid enlève toute notion esthétique de la tenue vestimentaire. Notion que Caroline possède pourtant de façon certaine, d'habitude. Mais le froid...

Ils sont tellement recouverts de multiples couches qu'ils ressemblent tout deux à deux Bibendum chamallow. Les bras presque à l'horizontal. Ils font d'ailleurs des pieds et des mains pour rester collés l'un contre l'autre. Par envie. Et par besoin aussi. Quand tu es recouvert de trois gros pulls et d'un manteau, il faut une force physique d'endurance étonnante pour garder quelqu'un dans tes bras longtemps. Et puis ils tremblent tout deux tellement. Non, c'est certain qu'ils ne dormiront pas. Ils rient une minute de se voir comme ça mais ne parlent pas des six heures qui les attendent et qui se profilent lentement devant eux, que le froid sur leur visage rend lointain. Six heures. Ça passe vite parfois, et parfois, promis, c'est interminable.
Elle ne demande rien. Franck la blotti contre lui pour qu'elle dorme un peu. Il pense à ce connard de père qui ferme la porte à clef. Drôle de pédagogie qui n'apprendra à aucune fille à rentrer avant la nuit. Et puis son travail ce soir s'est terminé après le couvre-feu, la condamnant de fait à la punition. Franck à tout un tas d'idées qui lui passe par la tête. Tout un tas de motivations à sa colère. Tout un tas de révoltes qu'il pourrait mené à bien.
Caroline essaie de s'endormir pendant que Franck, en lui, prépare de toute pièce la révolution contre toute forme d'hégémonie. Si Caroline pouvait lire dans ses pensées, elle le trouverait adorable. Mais à cette instant, elle doit probablement plutôt penser à une des robes que portait sa mère, pour se réchauffer les idées (notre affecte se raccroche à des choses un peu bêtes des fois). On fait ça quand on a très froid, souvent. On s'accroche à des souvenirs.
Franck arrête sa montée au pouvoir imaginaire et regarde Caroline. Il préfère rester ici finalement, dans la rue, avec elle, plutôt que renverser n'importe quelle dictature. Il songe qu'il se révolte de tout plein de choses que Caroline à déjà due digérer par la force. Alors il fait taire sa tête et il lui propose doucement, comme si la rue vide les écoutait, de prendre un super petit déjeuné demain matin. Dès que la boulangerie du Poussin Bleu ouvrira. Ils iront acheter des chocolatines et des croissants au beurre. Et ils iront place de la Trinité pour prendre un chocolat dans ce salon de thé super bon. Elle fait un "Hmmmm...!" qui suffit à lui seul à chasser toutes mauvaises pensées.
Il reste six heures.
L'alcool redescend. Et même si une grand partie de l'ivresse a été balayée par le froid glacial du dehors dès qu'ils sont sortis, le peu qu'il restait était le bienvenue. Ne reste à présent seuls, que leurs pulls et leur manteaux. Et le froid commence réellement à arriver, et les murs commencent à céder les dernières forces du soleil de la journée.

Parfois Franck, parfois Caroline, va demander à l'autre de quitter les lieux. En espérant que dans une autre rue le soleil se lèvera plus vite. Mais il n'en est rien. Et ils ont fait comme ça toute la ville. En six heure. Parce que quand tu as froid, le temps passe beaucoup plus lentement. Franck porte un gant. Caroline porte l'autre, un peu trop grand pour elle.
Une autre fois, c'est lui qui aura oublié les siens.

dimanche 12 décembre 2010

Autel California

Il m'est arrivé une fois de parler de mariage. Ce ne fut pas à la fin d'un bon repas en tête à tête, les yeux dans les yeux, parce qu'on est trop bien et qu'on voudrait que ça dure toujours. Parce qu'on se voit avec trois enfants et un chien et qu'on s'imagine montrer la photo de nos enfants à tout ceux qui s'en branleraient d'ailleurs au plus haut point. Ce ne fut pas parce qu'on était sûr à présent, parce qu'on se connait depuis longtemps et que maintenant, plus rien ne pourrait défier nos liens. Non. Justement. Ce que nous étions était entrain de mourir.
C'était pour s'enchainer l'un à l'autre. Pour mourir vite fait, bien fait. Parce qu'on sentait qu'on était entrain de se tuer et que peut-être que tant qu'à faire, autant mourir tout les deux. Parce que c'est ce qui nous restait.
Ce que nous étions était entrain de disparaître et peut-être que là, tout de suite, on voulait disparaître ensemble. Fort du lien indestructible des formulaires indélébiles de l'administration française et du poids culturel de la religion et de sa belle robe blanche avec l'orgue qui joue une musique superbe.

Ça puait le sauvetage de dernier recourt.

C'est pourtant ce soir là que je me suis réconcilié définitivement avec l'idée du mariage.

jeudi 9 décembre 2010

Parfois, en regarant les publicités à la télévision je pense à un Bisounours sodomite et c'est beau.

Je vois des gens qui ont tellement l'air de réussir... Ils ne sont pas riches. Ils ne sont pas puissant, et pourtant ce qu'ils font semble si important voir essentiel pour eux qu'on en vient à douter de la légitimité de notre propre existence.
Non, à part dans leur domaine précis, à leurs yeux, rien n'a d'importance. Et moi qui me croyais une somme d'expériences diverses, le fruit de divers enseignements, moi qui ais cherché tout au long de ma vie à me parfaire, comme tout un chacun, je suis tombé sur une personne comme ça. Qui te donne l'impression de t'être tromper.
C'est l'impression que m'a faite Éloïse.
L'empathie à quelque chose du suicide de soi. Accepter d'aller jusqu'à s'abandonner soi-même (pour "l'empathe" le plus chevronné) pour laisser les arguments d'un autre prendre possession de notre corps, c'est une forme de renonciation de nous-même. C'est beau.
Le problème? La conscience que l'on a de cette mécanique. Sauf qu'on a pas tellement le choix au final, parce que je l'ai dit, il y a des gens qui vivent tout entier pour leur unique cause. Alors quand tu croises quelqu'un qui vit quelque chose comme ça, tu ne te poses même pas la question de savoir si tu vas adhérer à sa cause ou pas puisque tu sais et vous savez tout les deux que c'est tout ou rien. Inexorablement. Il y a des gens qui donnent cette impression.
Éloïse m'a donné l'impression de s'intéresser à quelque chose que je trouvais par ailleurs tout à fait essentiel. D'où mon acceptation toute entière de cette chose.
Ça a été douloureux de me sentir plus clairement au fur et à mesure extérieur au sujet. Et de sentir qu'avec ou sans moi, pour Éloïse ça ne ferait pas beaucoup de différence.
Je me revois dans différentes relations que j'ai pu avoir à la place d'Éloïse. Laissant involontairement l'autre m'observer dans ma quête quelconque. Je me doutais de ce qu'elles pouvaient ressentir, mais je ne m'étais jamais trouvé dans cette situation. Alors quoiqu'ait pu me dire Éloïse, qui parfois est très perspicace au demeurant, lorsqu'on en a parlé, à sa place on sent parfaitement que l'autre n'est pas essentiel, et on sent qu'il le sent aussi.

J'étais en quête de quelque chose de fort avant de la rencontrer. C'est pour cela que je me suis oublié beaucoup et longtemps. Profondément. Le hic c'est  que je suis tombé sur quelqu'un d'attachant qui me laisserait par la suite un peu plus qu'une simple succession d'expériences. J'ai laissé quelqu'un prendre possession de ma barque et ça a eu pour effet à long terme de me mettre en échec à chaque fois que je me suis posé la question de savoir qui j'étais pendant les multiples ruptures de secours qui nous servaient de soupapes à elle et moi.
Aujourd'hui, si j'ai fait un peu de chemin, c'est avant tout grâce à la certitude que personne ne pourra répondre aux questions que je me pose. Parce que personne ne sait plus que moi. Je serais donc un peu moins empathique. Juste à l'écoute.

Et puis un petit nuage reviendra comme il le fait des fois, pour me rappeler malicieusement que "tu t'es trompé, Franck, ta vie ne sert à rien, regarde celle Éloïse...".
Je chercherais alors frénétiquement des pilules dans mon sac à main, contre la migraine, en me répétant que si, ma vie sert aussi à quelque chose, juste que pendant un moment j'ai oublié à quoi et que m'en souviens plus.

C'est tout cela qui me vient en mémoire, cette empathie excessive que j'ai, quand je tombe sur ce film un peu NSFW et que je vois l'éjacula misérable sortir de la queue surdimensionnée de l'artiste alors que la jeune femme mise à mal a un regard réellement transcendé, celui-là-même que je n'aurais peut-être jamais.
Je ne peux m'empêcher alors de penser que tout cela est très ridicule, ce mythe que je construit de je ne sais où autour de leur bonheur supposément suprême. Une jouissance d'une seconde qui n'est rien d'autre qu'un orgasme. Un délicieux orgasme, comme j'en ai peut-être déjà eu. Mais pourtant, malgré tout, en secret, j'ai toujours parfois l'impression qu'Eloïse et les siens, ou encore cette étalon de film X ont compris un truc plus important que tout, chacun dans son domaine. Un truc qui me passe ostensiblement au dessus de la tête.
Parce qu'il y a quelque chose de noble chez cet acteur de porno trash, à consacrer sa vie à ce petit instant de paradis. Et quand une part de moi par moment comprend ça par un support ou un autre, je ne peux m'empêcher dans ces mêmes instants de penser que tout le reste de moi c'est du flan. Que je me suis trompé dans ma vie. Qu'elle ne sert à rien.
Une réminiscence de ce petit suicide de moi auquel je me suis attelé il y a longtemps.

lundi 6 décembre 2010

Princesse Franck

Bien sûr que ces bon quand tu te perds quelques seconde au creux de ta bite qui expire son dernier souffle. Et les instants d'avants aussi sont délicieux. Même que ça pourrait durer très, très longtemps que tu ne trouverais rien à redire sur le sens de ta vie (joie des hormones). Bien sûr aussi que je trouve ça délicieux cette sensation de sentir le monde entre mes mains quand par hasard, n'importe où, à une soirée, dans le métro ou même chez moi, je me sens entièrement possesseur de moi. De moi. De mon pouvoir, en entier. De mes choix, lorsqu'à cet instant très exactement, je pourrais les assumer entièrement. C'est l'ivresse que d'avoir sa vie toute entière entre ses mains et de pouvoir la regarder sans être ratatinée par la frousse. On l'oublie souvent mais il y a l'exacte opposé de la dépression. Et dit comme ça, ça paraît logique. Et je ne parle pas de drogues.
Parfois, on se sent surpuissant. Et cette euphorie peut durer quelques jours. On dira pour toi que c'est temps mieux, alors. À cet instant, oui, c'est formidable.
Et de la même façon que tu fumes un pétard pour accompagner la descente de champi, quand tu sens cette immense pouvoir que tu as eu quelques instants te filer entre les doigts, tu peux prendre une clope, juste parce que t'es pas en rade de ça, déjà, et tu peux l'allumer. Et la première latte que tu ingère est énorme. Parce que tu veux un dernier shoot.

Quand l'euphorie est belle et bien partie tu attends de terminer ta clope pour te reposer la question (histoire de pas gâcher les dernières lattes de plaisir) et après ça tu constates. Tu ne retombes pas de l'autre côté. Là où tu aurais convoité la solidité du mur ou celle de ton crâne. Tu n'en es réellement plus là. C'est rassurant. Tu n'es plus le maitre du monde, mais tu ne te mets pas à pleurer. Un pincement que tu connais bien qui mettra longtemps à partir est revenu depuis cinq minutes et pour le reste, ta vie va suivre son cours.
Le pincement? C'est parce que je suis une princesse. Mais il semble que personne ne l'ai remarqué. Et que quand je vois un film asiatique de merde où le héros est avec cette nénette sur le bord du fleuve devant un beau couché de soleil, je me moque de leur gueule, un peu cynique parce que je suis pas naïf et que je connais la vie tu vois, et que je suis rock'n roll et tout ça, même que moi j'ai tout un tas d'opinions sur la futilité de leur rapports à ce mec et cette nana. Je me dit qu'il y a quelque chose de très immature dans cette vision idyllique de l'amour.
Oui. N'empêche que ça doit être bien. Et que parfois je me souviens qu'avant j'aimais bien ça, être naïf et immature. Et que eux, ma fois, ils ont quand-même l'air pas mal heureux tu vois.
Alors à ce moment là je remonte la tête au fond de moi. Menton haut, épaule descendues sans toucher le dossier de ma chaise. Et j'attends que le prince charmant arrive pour m'amener sur un beau destrier mais j'ai rien d'un pédé mec. T'as pas compris. C'est juste qu'il n'y a pas de schéma correspondant pour les mec. Parce qu'aucune femme va venir nous délivrer de notre tour d'ivoire, à nous. Aucune femme va venir sur son cheval, le regard fort et volontaire, et aucune femme ne bravera les dragons pour nous. Ça n'existe pas dans les contes de fée.
Alors j'attends moi aussi le prince charmant. J'en suis là.
Tu trouves ça drôle?
Bah vas-y. Ris.

dimanche 28 novembre 2010

Situation fragile qui pourrait tendre par mégarde à une réaction en chaine de fusion nucléaire totalement incontrolable

Franck senti un diablotin en sucre d'orge se dissimuler derrière son regard...

Franck se sentait fatigué. Dans un état d'esprit un peu particulier, comme celui qui t'incite à ne pas sortir de ton lit pour continuer à glander. Il est d'ailleurs un peu mou parce qu'il n'est pas encore tout à fait réveillé. Mais puisqu'il est là maintenant, il va se resservir un verre, même si en vrai il rentrerait bien chez lui. En fait il pourrait tout à fait rentrer. Rien ne l'oblige à rester. Mais lorsque Franck se déplace dans une soirée alors qu'il avait prévu de passer une journée entière à se lamenter en vidant le fond d'une bouteille d'alcool de mauvaise qualité, ce n'est pas pour quitter la soirée à une heure raisonnable.
Pourtant il y a du bruit et plein de gens... Alors pourquoi reste-t-il?

Il attend.
Il attend qu'il se passe quelque chose. Pas n'importe quoi, quelque chose de bien particulier. Parce qu'il connait l'état dans lequel il est à cet instant et il sait que ça va arriver. Dans ces moments où il aurait préféré rester dans le duvet, il est conscient de ne pas être dans de bonnes dispositions pour mettre l'ambiance. Pas assez de good vib dans son karma, ou un truc comme ça. Alors quand il est de sortie quand-même, entrainé un peu par quelques amis bien intentionnés, c'est bien caché au fond de ses tripes qu'il prends avec lui juste avant de partir de chez lui sa queue fourchue et ses cornes rouges.
Et c'est ça qu'il attendait.

Au rythme des pulsations de la musique électronique, Franck sent sa tête tourner... au fond de sa tête, comme pris dans le tourbillon très lent d'une spirale qui ferait des cercles de plus en plus grands. Et à mesure que les verres contenant devers boissons se suicident entre ses lèvres, Franck sent aussi quelque chose venant de ses tripes remonter jusque derrière ses yeux. L'alcool et l'ivresse. Mais pas que.
Quelque chose de comparable à un bien être chaotique et profond qui éveillerait fidèlement en lui une crainte intangible. Un bien être un peu effrayant, comme si Franck avait en sa possession le pouvoir magnifique de s'imposer la paix de l'esprit sous la menace de quelque chose de bien pire.
Un remède pire que le mal, voilà ce qui vient de venir: le diablotin en sucre d'orge que Franck sent se dissimuler derrière son regard.
Assis dans un coin de la pièce, il n'est plus du tout fatigué. Il sourit dans le vide et se met à chantonner pour lui-même guidé par une euphorie singulière "...coucou hibou, coucou hibou, coucou hibou coucou...". Il se redresse et à la fille qui est assise à côté de lui, celle-là même qui l'a fait boire pour qu'il s'amuse, il dit que ça y est. Qu'il se sent bien.
"… Dans la forêt lointaine, on entend le coucou..."
Coucou hibou.

Ses amis à présents vont y aller. Il est tard et ils sont fatigués. Lui va rester un peu. Il se sent bien. Il a scanner la pièce et a prévu de finir la soirée. On lui dit alors de bien en profiter, après quoi il répond par un "ça va très bien aller" un peu ambigüe.
… Du haut de son grand chêne, il répond au hibou...
Franck se lève. Balaie la pièce d'un regard lent. Il s'approche d'une jeune femme qu'il trouve attirante pour entamer la conversation.

mercredi 24 novembre 2010

Les nouveaux végétariens

Franck attend la sentence depuis une seconde. Une seconde qui a semblé une heure. La jeune femme le regarde et fait une moue rigolote. Ils ont entamé la disussion après que Franck ait jouit. Il y a une minute à peine.
Étourdi encore par l'orgasme qu'il vient d'avoir il ne trouve pas de mots convainquant pour se disculper.
Il cherche un mouchoir parce qu'il est répandu sur les seins et le ventre de cette femme. Elle attend qu'il s'exécute sans rien faire comme pour ajouter du poids à son regard. Ce qu'il fait. Il est un peu navré, ils avaient dit qu'ils feraient ça ensemble. Ça avait été un sujet de discussion récurrent entre eux depuis quelques temps.
Le temps de s'affairer, il voudrait trouver les mots justes pour se justifier mais rien ne vient. Il a eu l'occasion... il l'a senti sur le moment... ou même, sur le coup, il pensait que ça ne serait pas si grave.
Le fait est là. Il ne l'a pas attendu.
" Tu as mangé des légumes sans moi....
Elle utilise le ton de femme trompée.
- mais... j'en avais besoin. J'en ai mangé hier soir. Mais on pourra en manger aussi..." Lui prend le ton du coupable honteux. Sous l'effet durable du bien-être post-orgasmique, il a vraiment une défense minable.
C'est vrai que Franck ne mange pas de légumes et elle le charrie depuis plusieurs mois pour qu'il en mange plus.

Re-moue contrarié de la jeune femme. Franck a fini d'essuyer sa semence sur ce corps allongé et détendu et s'apprête à s'allonger sur elle avant quoi il la regarde. Elle lui sourit. Franck s'allonge à son tour. Il sourit et elle semble heureuse de lui avoir donné du plaisir il y a cinq minutes.

lundi 22 novembre 2010

L'immobilier. C'est l'avenir, mec...

Franck parfois se sent absolument modelable. Pas vraiment modelable, mais... adaptable.
Parfois quand il est dans cet état où tout lui importe, il explore des différents comportements pouvant être adopté face à une situation. Il fait des expériences.
Parce que tout les nouveaux éléments lui importe à cette instant, il n'a plus ni préjugé, ni même de jugement, ni dignité...
Il se moque de presque tout parce qu'il est un peu vide. Alors parfois, Franck donne l'impression de se prostituer.
Et c'est un peu ce qu'il fait. Il le fait de très loin, à l'extérieur de lui-même. Et il devient quelqu'un qu'il n'aimerait pas être, peut-être, s'il avait à ce moment là tout son jugement...

Pourquoi faire ça si on sait au font de nous-même que ce n'est "pas" nous.
Qu'est-ce que ça apporte à Franck de jouer ainsi son personnage consensuel?
La compagnie.
Voilà tout.
Dans la tête de Franck viennent quelques notes. Starmania. "Besoin d'amour".

Franck pense à tout ceux qui fumes des pétards, seuls chez eux le soir, pour donner à leur vie un intérêt quelconque. À ces gens qui baisent à tire larigot pour se sentir exister. À ceux qui boivent tout le temps jusqu'à perdre la notion d'eux-même. À ceux qui travaillent avec un acharnement suspicieux dans des associations qui aident les plus démunis.
La vérité c'est qu'on tient tous comme on peut quand on a peur de voir le vide devant nous. Et si ce n'est pas vraiment nous-même au plus profond qui est aux commandes de ce que nous faisons, ça ne fait rien, parce qu'on s'arrange toujours à notre manière pour faire taire cette petite voix qui nous demande ce qu'on est entrain de foutre là. Ça nous permet d'agir. Ça nous permet de nous droguer, chacun à sa sauce.
Pourquoi?
Pour tenir un peu. Le temps que ça s'arrange.
Le temps que ça s'arrange, Franck? Et quand est-ce que ça va s'arranger?
Quand tu tires la gueule parce que tu te rends compte que la réalité est loin de l'image que tu te donnes à voir, c'est déjà un bon début sans doute.Tirer la gueule, c'est être sûr qu'on s'en est un peu rendu compte.

L'image de nous même qui vient après constat est souvent beaucoup moins flatteuse.

Avant Franck se sentait bien. Dans sa petite bulle de coton. Il connaissait la douceur de son foyer. Un foyer qu'il louait depuis son adolescence.
Et c'est dur d'avoir à déménager dans un nouveau logement que tu ne connais pas, parce que tu t'es rendu compte que ton chez toi en fait était infesté de termite et que la baraque allait vraiment s'effondrer sur elle-même.
On peut toujours se rassurer en se disant que la maison ne s'est pas écrouler pendant qu'on faisait à manger un soir de semaine, sans prévenir.
Maigre consolation, parce que là tout de suite Franck est dans la rue du coup. Il fait nuit, il a froid et il n'est pas encore arrivé dans son nouveau chez lui.

mardi 16 novembre 2010

Un peu comme le K (sans Buzzati)

Ça y est. Franck fait une "Erreur Cyclique", ou une Erreur 404. Il est au bout de sa réflexion. Voilà la limite de son intelligence.

Là il se sens comme un macaque tournant de long en large dans sa cage, un macaque sujet à un stresse primaire.
Il avait une idée en tête, qu'il a arrosé pendant un quart d'heure, puis il lui a fait prendre le soleil vingt minutes pour créer des émulations, des ramifications dans son cerveau bouillonnant après l'échauffement, pour voir comment cette idée se comporte en société, face aux attaques des diverses opinions de Franck sur le sujet. Comparer cette idée aux autres, c'est comme ça qu'on voit si ça tient la route.
L'idée s'est arrêté en chemin, a sorti son plan de la ville de FranckInHead pour se repérer, a trouvé un chemin, a continué à avancer... Mais là c'est bel et bien fini. Franck se sent limité. Il sent que cette idée tourne en rond. Il revient toujours aux mêmes questions sans réponse. Alors il retourne au problème de base qui le ramène toujours à cette idée pour finir. Il a bien cherché à corriger sa route entre temps mais cette idée, la problématique la plus évolué qu'il arrive à sortir de son esprit, semble bien être le meilleur aboutissement de la collaboration entre ses neurones. Et après cela, rien. Une simple question qui reste à présent sans réponse. Pourquoi? Parce que tu ne peux pas répondre simplement comme ça puisqu'il y a une autre donnée, là-bas, à prendre en compte. Bah oui.

C'est toujours comme ça quand Franck tombe sur une de ces limites intellectuelle. Il a toujours la même impression. L'impression d'être inapte à la réflexion, à cet instant, et c'est en parti dû au fait  qu'à force de réflexion, il ne ressent plus, d'un coup, viscéralement, les argument qu'il oppose les uns aux autres.
C'est justement ce décrochage viscérale qui lui donne l'impression d'être à la limite de son intelligence. Il ne ressent plus la problématique dans son bide. Il a trop tourné. Il pourrait bien tergiverser des heures durant, à partir de maintenant, sur des concepts abstraits, sortis de toute réalité ressenti... ça oui! Il pourrait. Il pourrait laisser cette méthode prendre la relève. Juste pour s'enorgueillir d'avoir mener à bien "théoriquement" une réflexion. Mais la résolution intellectuelle d'un problème pour le simple fait de résoudre un problème ne représente pour Franck aucun intérêt. Tout raisonnement élaborer doit, selon lui, garder un contact avec une connaissance viscérale, ressentie du problème. Tout le monde ne fait pas ainsi mais comme toutes les questions qu'il se pose trouve leur essence dans la matière concrète de la vie, y répondre en changeant la source du problème serait aberrant. Cela reviendrait à vouloir résoudre un problème de math avec une métaphore littéraire.
Certains physiciens pratiquent ce changement de repères pour débloquer un problème très abstrait de physique, mais sois sérieux Franck... tu n'as pas ce niveau de recherche.
En tout cas... apparemment, puisque tu te retrouve bloqué, là, avec cette question sans réponse.

Ce qui énerve beaucoup Franck, c'est que demain, il aura perdu au levé du jour cette petite nuance qu'il touche du doigt maintenant et qui fait toute la balance dans sa réflexion actuelle. Cette nuance qui le bloque. Alors oui, demain il trouvera une réponse bien formulée à son problème de maintenant. Solide et ouverte à des idées extérieures.
N'empêche qu'il aura zappé le plus important. Cette petite nuance qu'il ressent ce soir et qui lui posait un sacré problème. Nuance qu'il aura laissé partir pendant la nuit parce qu'il n'a pas l'intelligence pour construire un filet adapter à sa capture.
C'est rageant. Et frustrant. Pour cette fois, il a perdu.

Ne pas pouvoir aller au bout de son idée. C'est comme ça que ça s'appelle, Franck.

dimanche 14 novembre 2010

C'est drole ou c'est triste (un peu comme quand tu te lattes une fesse et que t'as envie de rire et de pleurer en même temps)

… mais un soir, comme ça, brutalement, j'ai perdu quelque chose en moi. Et Éloïse a cessé d'exister.
Plus de souffrance. Plus de fantasme dont je restais esclave. N'est resté d'elle que cette jeune femme aux multiples facettes avec qui j'ai tenté en vain d'entreprendre malheureusement une relation vouée à l'échec.
Une grosse erreur. Ne venant ni d'elle ni de moi. C'est juste nous qui étions une erreur.
Dommage. Mais ça fait du bien. Et si un soir un passant, j'ai lâcher beaucoup de moi sur la route, si ça peut me permettre de vivre un peu mieux alors temps mieux.
Je regrette de ne pas avoir gardé cette amour affectueux que j'aurais aimé lui réserver. Je regrette de ne plus regretter tout ce que nous aurions pu être tout les deux. Un couple flamboyant.
Je regrette d'avoir jeter toutes les belle images d'Épinal qui étaient objectivement extra. Un super-sucre d'orge comme t'as jamais vu. Hé bien je ne vois plus tout ça.
J'ai juste le souvenir que tout ceci a tenté d'exister mais je ne le ressens plus.Plus exactement comme ça. Tout juste un no man's land où je peux enfin me poser avec un fauteuil à bascule, reposé par la certitude qu'il n'y aura plus de guerre ici.
Et c'est bon de se poser avec son Orangina bien frais. Il n'y a pas encore d'ombre ou je peux me cacher du soleil parce qu'il n'y a rien qui en donne ici. Mais j'envisage de construire un porche où je pourrais m'asseoir de temps en temps. Et commencer à réfléchir à ce que je vais pouvoir faire de tout cet espace.
Et puis, maintenant que je sais, j'aurais moins peur la prochaine fois que j'entendrais les bombes menacer ma petite ville. Je la remettrais sur pied tout pareil.
Ça prend juste du temps mais qu'importe. On fini toujours par se plaire, n'importe où, même s'il n'y a rien. Tant que c'est enfin chez soi.
C'est cela que je redécouvre aujourd'hui. Ma tête qui m'appartient.

Je ne peux m'empêcher de penser que c'est un peu triste. Mais c'est tellement bon de ne plus entendre le grondement des tornades, c'est tellement bon que quelque soit le paysage, on a qu'une seule envie: sortir et regarder dehors. Parce que c'est juste bon, même si c'est triste un peu tout cet espace vide.

vendredi 12 novembre 2010

Un verre à soi.

Franck se tient avachi par terre, les mains collées à la porte de chez son ex-tendre. .
Depuis vingt longues minutes qu'il est là, il a bien essayé de garder son calme et ce qu'il croit être de la dignité. Mais rien n'y fait., elle n'a pas ouvert, alors il a bien été obligé de mettre les bouchées doubles.
Elle n'a même pas prononcé le moindre mot derrière la porte depuis qu'il squatte là. Peut-être même qu'elle n'est pas chez elle et là il aurait l'air bien con. Enfin... dès fois que ça soit pas déjà fait. Et puis il a entendu des bruits de verres et de vaisselle. Elle doit probablement faire exprès de s'occuper à des choses concrètes comme le rangement ou le ménage juste pour ne pas entendre ses jérémiades.
Il pleure lamentablement depuis cinq minutes, le front sur la porte et la bouche ouverte comme un bébé avec, tu sais, dans sa bouche grande ouverte le file de bave reliant la langue au palais. La complainte esthétique de l'impudeur de l'âme.
S'il avait été un nourrisson, on aurait dit qu'il braille.

Et il braille en effet. Entre deux sanglots, il n'arrête pas de geindre, demande à Éloïse de revenir avec lui. Dit aussi qu'il pourra la rendre heureuse tu verras Éloïse.
Et re-sanglots.

Il renifle et ferme la bouche dans un silence soudain. Mais trop tard, le voisin du 4ème qui rentre chez lui l'a vu.
Il dit à Éloïse de regarder comme il se tourne en ridicule, que c'est bien la preuve qu'il fera tout pour elle.
J'avoue que ça donne envie mais curieusement, toujours pas de réponse.
Le voisin du dessus vient de fermer sa porte et Franck profite de cet instant pour laisser s'exprimer son cœur:
"Ouiiinnnnn!... Ouiiinnnnn!..." (Le malheureux ouvre si grand la bouche, la tête qui se laisse tombée, qu'un file de bave coule délicatement sur la moquette du couloir).

Il n'en peut plus... la douleur est trop grande. Une douleur incompréhensible venant de sa frustration. Il veut Éloïse. Et elle ne veut pas. Il ne comprend pas qu'on lui refuse cela.
Il tombe au sol et gratte à la porte d'une main alors que l'autre main, de façon incontrôlée, s'approche de son visage. Il se cache? Par pudeur? Non. Son pouce sort de sa main comme un appendice qu'il loge dans sa bouche. Il pleure encore avec son pouce dans la bouche, encore un peu, puis il se calme. Il a une envie incompréhensible de lait. Il veut qu'Éloïse lui donne le sein. Il veut le lait maternel. Il veut sentir la douceur de la poitrine de maman et il ne comprend pas pourquoi on ne lui donne même pas cela.
Il se recroqueville pour attendre qu'une grande personne s'occupe de lui.

De sa main libre Franck prend sa main fermée devant sa bouche. Il ramène ses genoux contre son ventre et commence à émettre de petits gémissements.
Tout va bien. C'est bébé qui se calme. Un vilain caprice. Mais vous savez, si on commence à leur céder maintenant, ils finiront par faire de nous ce qu'ils voudront quand ils seront grands.
Franck s'endort paisiblement. Il sait que demain on viendra le chercher pour le ramener chez lui. Tout au fond du ventre de maman.

Une vieille dame passe dans le couloir. Elle a un couffin vide qu'elle pose au sol. Elle y loge le bébé et s'en va en clamant tout haut que c'est une honte de laisser un bébé seul ainsi. La dame rentre chez elle sur le pallier et ferme la porte.

jeudi 11 novembre 2010

J'aime pas les hypocrites les mythomanes les paranos (...même si c'est drôle parfois)

Je suis en cuisine. Ça sent la graisse de steak haché, la graisse de friture, la graisse de nuggets, la graisse des corps...
Ça sent la graisse.
On se précipite, on sort les pains du four, on étale une déjection sur-dosé de sauce non-identifiable dessus. On se croise, on manque de se rentrer dedans, on s'évite. On est douze en cuisine, dans neuf mètres carré et on croirait une chorégraphie de danse contemporaine parfaitement orchestrée sur la chanson de Benny Hill.
J'entends geindre la nouvelle sous prétexte que tout le monde s'en prend à elle, encore. Les sons qui sortent de sa bouche raisonnent en moi sans accrocher le moindre neurone de mon cerveau. Ils raisonnent, juste. Cette fille a cette effet sur les gens. Elle raisonne. Comme un bruit de fond. Chez tout le monde. Mais personne ne l'écoute vraiment. Pas assez intéressant.

La pauvre, elle n'a pas une vie facile. Elle a perdu son père il n'y a pas longtemps. Et je peux comprendre, quand j'ai une seconde pour réfléchir en cuisine et que je l'entends par inadvertance, qu'elle se plaigne exagérément. Une espèce de recherche d'affection j'imagine. Même si objectivement, elle laisse toujours une empreinte un peu déplaisante chez presque tout le monde, comme celle que laisse les gens pitoyables.

Et puis personne ne l'écoute... alors tu comprends moi je veux juste être gentille mais personne ne m'aime... ou un truc du genre.
Si Caliméro avait eu une tête plus antipathique et de plus gros seins, il aurait été elle.
A part la toute récente disparition dans sa vie, je ne connais pas vraiment son histoire. Elle a l'air d'en chier. C'est tout ce que je sais. Parce que c'est ce que tout le monde s'accorde à dire. Je soulève in extremis le plateau de sandwich pour qu'un mec ne se le prenne pas et ne fasse pas tout valdinguer. Si ça tombe, tu refais tout et en vitesse. Et c'est chiant tu sais. Mais je bosse là depuis assez longtemps et j'ai des réflexes pas trop mauvais.

Elle entre en cuisine. Chier. Elle est assez lente. Du genre de cette lenteur qui te gonfle parce que c'est presque involontaire. Trop occupée à penser à tout ses malheurs la gonzesse, sans doute.
On gaz.
Devant c'est le rush et dans ce genre d'endroit si tu perds un client parce qu'il a attendu trop longtemps, tu sens que le patron se mettra à pleurer de petites larmes en pièces d'or.
Alors tu gaz. Et tu fais d'autant plus vite que pour pas laisser échapper le client devant, aux caisses, ils prennent les commandes, ils encaissent et ils mettent les clients sur le côté. Le con ne va pas se barrer maintenant qu'il a payé. Et puis il le veut son putain de hamburger. Il est venu là pour cet art de la table que savent si bien créer ces restaurants.

Pas le temps de l'écouter. Personne ne l'écoute plus vraiment... On la connait tous. Moi j'évite même de la regarder parce qu'elle affiche en permanence une expression sur le visage, tu sais, les sourcils surélevés de la fillette super, mais super malheureuse, comme si une douleur lui tiraillait le ventre constamment. Elle a les yeux toujours mouillés comme si elle était toujours prête à chialer. Et pour finir avec son personnage, sa bouche forme toujours une grimace comme la bouche d'un nourrisson qui pleure pour son lait.
Toujours sur le qui-vive, prête à se plaindre à la moindre occasion.
Pourtant je fais le mec gentil et plutôt agréable. Qui sait, il y a des choses dans la vie qui peuvent te transformé en ça, parfois. Je sais pas. Alors je ne vais pas la condamner. Et puis un jour je serais peut-être comme elle. Alors la pitié, non, mais je me répète tout le temps à son contact que "n'en rajoute pas... n'en rajoute pas Franck, même si elle te gonfle avec ses enfantillages exacerbés" (bon, je le dis pas exactement comme ça).

Elle a eu son heure de gloire il y a quelques jours. Et de ça, je suis vraiment content. Même si je ne l'aime pas vraiment. Je sais pas... J'ai peut-être craqué, peut-être que j'ai eu un peu pitié, là, ou une espèce de sollicitude. Elle a ramené fièrement au taf une lettre très officiel l'informant qu'elle était reçu au concours de magistrature.
Depuis le temps qu'elle nous bassine avec ça, on a beau ne pas se connaître ou ne pas vraiment s'aimer, quand on bosse cinq heure par jours dans des conditions comme ici, travaillant en équipe, suant tous pareil, quand il arrive quelque chose à l'un de nous, on se sent malgré tout un peu tous concernés. Et puis elle n'a déjà pas eu beaucoup de chance. Et rien de tel que cette nouvelle pour éventuellement la remettre sur les rails. J'ose espérer qu'elle était quelqu'un d'autre avant la perte de son père. Je me dis qu'elle va reprendre du poil de la bête avec ce succès tout récent. Et puis, on les attendait tous un peu ces résultats. Non pas que ça nous intéressent fondamentalement, mais elle nous en a tellement parlé qu'on attendait un élément concret. Et puis, je vous l'ai dis. L'équipe...

C'est en Août, je crois, quelques jours après la superbe fête qu'elle a apparemment donné pour son concours, fête à laquelle elle a invité plein de collègues du FatFood, un après midi, je me souviens, qu'une cliente se présente au comptoir. Une jeune du genre pas baisante, le visage fermé et tu sens qu'elle va pas rigoler à tes vannes alors tu t'abstiens et tu lui propose de menu maxi. Mais non. Elle veut rien. Elle veux voir Annabelle.
Je suis derrière, en cuisine, encore (parce que je ne vend pas assez bien pour être devant, en caisse).
Je fais mes sandwich tranquillement puisque l'après-midi c'est calme et j'ai le temps de me dire que la fille au comptoir doit être une de ses copines, même que vu l'expression de la meuf, Annabelle devrait se choisir d'autres fréquentations.

Quand Annabelle se présente à la caisse on voit qu'un truc va se passer parce qu'elle fait une tête entre l'effroi et la crainte de se faire prendre en plein vole de bonbons à la boulangerie quand t'es gosse.
L'autre ne dit pas bonjour. Au premier mot qu'elle balance on voit qu'elle n'est pas venue pour discuter et que non, Annabelle ne pourra pas en placer une.
"C'est quoi cette connerie de concours de la magistrature? Depuis quand tu fais du droit, toi? Et ces quoi toutes ces conneries que tu racontes sur notre famille? C'est quoi cette vie? Et pourquoi tu dis à tout le monde que papa est mort?..."

C'est pas souvent dans les FatFood qu'on arrête la production. Quand ça arrive, on s'en souvient longtemps. Hé bien là, ce jour-là, je peux te dire qu'on doit encore s'en souvenir aujourd'hui parce que de tout les côtés, clients et employés, c'est un silence de mort qui vient de s'installer. Le manager est en retrait, la caissière d'à côté s'est discrètement souvenue qu'elle avait un truc très important à faire, heu... là-bas.
Et moi je prends un plateau vide que je soulève et que je repose. Plusieurs fois. Juste pour faire du bruit. Ça ne sert à rien. Mais on ne m'engueule pas. Parce que ça arrange tout le monde à cette instant. Ça permet de faire croire que le temps ne s'est pas arrêté.



[Spéciale dédicace à Raggasonic pour le titre... on se marre comme on peut]

C'est pas gentil d'être méchant (et c'est pas agréable)

Dans ses histoires d'amûr, Franck est un pro des décisions à la con. Ouai, parce que le truc c'est que si on s'écoutait, en amour, viendraient des situations où on avancerait plus. Comment continuer à avancer dans des situations inextricables? Franck à la solution: souvent il fait l'inverse de ce qu'il veut profondément, sous prétexte que c'est surement une solution plus raisonnable. Et aussi parce qu'il trouve qu'on ne doit pas jouer en amour (certain ne seront peut-être pas de cet avis, et c'est effectivement un point de vue très discutable).
L'amour est un truc si intense que Franck trouve qu'il ne devrait pas être confier à l'intensité d'émotions incontrôlables...
(...Quoi?... c'est Franck qui vient de penser un truc pareil? Vraiment? L'amour ne devrait pas être confier... aux émotions? merde alors...)

N'empêche, fort de sa volonté un peu débile, Franck a déjà jeté un diamant à la mer, jugeant que la pauvreté lui serait plus profitable pour un temps... à une époque. Et il l'a fait contre tout élan du coeur. Il l'a fait froidement. Calmement.
Et voilà que dernièrement, Franck à prié violemment son ex-tendre Eloïse de dégager irrémédiablement de sa vie. Parce que tu comprends, il ne supporte pas ce contact... Alors que c'est, là encore, tout l'inverse qu'il aurait voulu au plus profond de son ventre.
Et c'est peut-être pour cela que oui, même si c'est une idée effrayante, oui, parfois on ne doit pas confier ses élans à son ventre.
"Tu veux dire que tu mens... juste pour faire quelque chose que tu n'as pas envie de faire...?
- Ouai, j'avoue que dis comme ça, ça à l'air un peu con... mais je te promets que ça tiens la route vu de l'intérieur.
- Ou pas..."

mardi 9 novembre 2010

Le travail c'est la santé

Elle a commencé à se maquiller du jour au lendemain.
Attention, je parle du pur maquillage, le maquillage en mode Ripolin.
Avant, il y avait du raffinement dans son Khol, dans le rose de ses pommettes. Aujourd'hui elle a derrière son regard toujours une flopée de larmes prêtes à couler. Qui ne coulent jamais. Sauf une fois, quand je lui ai demandé comment s'étaient passées ses vacances.

Aujourd'hui, elle a toujours le sourire. Un sourire de Ripolin, comme son maquillage, pour cacher, comme la peinture, les fissures de son âme.
Elle a beau n'être qu'une collègue de travail, je repense souvent à la mort de sa mère.

T'es un bon soldat. Soit fier.

 "… tu m'as manqué, Franck." Et Eloïse se jette dans mes bras maladroits pour exprimer son affection de franche camaraderie. Et si j'ai perdu l'équilibre une seconde, c'est parce que ce n'est pas elle que je reçois dans mes bras. C'est cette immense vague de réminiscence. Le souvenir de quelque chose d'énorme. Quand on était pas que des potes. Quand on essayait d'être autre chose.

Alors oui, j'ai beaucoup compter, oui je suis quelqu'un de particulier. Et ces aveux qu'on ne fait que lorsque tout le reste est bien mort sonnent comme un glas chez moi. Un truc que j'avais réussi à ranger quelque part à côté. Alors c'est re-la-fin? Ou... encore plus, je sais pas? Je vais devoir recommencer ma thérapie? C'est à ça un peu que je pense, là.
Ça me fait une belle jambe lui dis-je parce que je peux difficilement être adroit, tout de suite.
Merci pour le service rendu à la Nation, Franck.

Nous te feront un hommage à titre posthume. Promis.
Si on y pense.

lundi 8 novembre 2010

... et je me balade avec tout mes amis.

Je serais bien sorti, ce soir.
Afin d'agrémenter ma santé mentale sur le déclin de quelques épices voluptueuses à coup de bulles de champagne et de tout le reste. Mais mon téléphone est resté sourd à toutes mes attentes.
Alors c'est vers un heure du matin que j'ai invectiver ma volonté, lui demandant de me reprendre en main. Une petite main froide et mécanique pour m'assurer le minimum vital. Ce qu'elle fit.

Dehors me fouette d'un froid doux mais coupant. Comme une multitude de petites lames de couteaux qui me déchirent les mains et les joues. Mais leurs attaques répétées n'ont pas atteint mon coeur enfoui trop loin au fond de ma poitrine.
Mon carnet d'adresse téléphonique s'est dispercé dans la nature à mesure que les propositions ne fusent pas des masses. Pas de refus, juste aucune réponse.
Si Rémi avait eu un portable sur les routes avec Maitre Vitalis, il ne lui aurait pas moins servi que le miens, ce soir.

Arrivé sur place, donc, l'endroit est presque désert. Une ombre est dehors qui fume une cigarette et me propose de le suivre pour une bière gratuite à côté, offerte par un autre patron d'un autre bar.
Non merci.
Ce n'est pas vraiment sa compagnie à lui que je cherchais. Je me roule une cigarette.
En l'allumant, je sais instantanément que ce n'est pas vraiment elle non plus que je cherchais.
Pendant que je me fais pénétrer par une fumée de cigarette presque sexuelle (le froid glacial rend toujours la fumée de cigarette plus entreprenante avec moi) je pense au vide autour de moi, à cet instant. Un vide physique. Ce mec à côté. Personne derrière. Personne à droite. Et jusqu'au bout de la rue, personne.

Au bout de mes doigts alors je sens un fourmillement bien connu me gagner le corps. Je crains d'être dans les prochains jours à nouveau attirer par les mondes souterrains. Ceux qui existent exactement sous le bitume des trottoirs. Les mondes dans lesquels tu peux plonger quand tu es totalement déliquescent à cause d'une trop grande absorption d'alcool.
J'ai un peu peur. Mais voilà, il est une heure et demi, et si je ne fais pas quelque chose pour me mettre K-O la nuit va être longue.
Les fourmillements me reprennent de plus belle.
Le mec réitère sa proposition avec un sourire malicieux lorsqu'il parle de la gratuité de ses bières. Le sourire du mec qui a définitivement trouvé la combine du siècle.
Formidable. Je suis content pour toi. Mais décidément, ce n'est pas toi que je voulais voir ce soir.
Je décide de rentrer chez moi.

Sur la route, on m'appelle Monsieur, roule sa clope et répète Monsieur avec un au revoir respectueux.
Sauf que là, sous mon costume d'homme, bien caché, il n'a pas remarqué mes guêtres et mon pantalon bleu. Ma chemise blanche, mes deux chien et mon singe...
Il n'a pas remarqué que je j'étais un sans famille.

Si tu veux commencer la basse, travaille la ligne de basse du générique, mec. Elle est pas mal.

Parce que Franck, lui, c'est un mec qui ose dire les choses.

"… Putain mais j'en ai trop marre! Les gens te lâchent tout le temps. Tous! On est toujours tout seul! Et moi finalement je voudrais crever pour pas devenir comme tout le monde. Personne ne me comprend, alors que moi je souffre et que les autres, tout les autres préfèrent rester dans leur petit confort de bourgeois racistes. Les parents te disent quoi faire mais ils ont rien compris à ce que c'était la vrai liberté. La liberté de l'âme tu comprends. Sauf qu'ils sont trop centrés sur eux-même! Et moi alors, hein??? Tout le monde s'en fou que je souffre abominablement. Tous des salaud, tiens. Et ceux que tu croyais tes amis en fait ils te tirent dans le dos. Tous les mêmes...! J'aimerais bien rencontré quelqu'un comme moi...
Putain de système à la con. Parce que crois-moi, il faut tout faire sauter. C'est pourtant simple. Mais ils sont tous lâches et personne ne se bougera le cul. Moi si je dis ça c'est pour faire bouger les choses. Parce que la solitude de mon âme perdu dans les limbes est trop dur à supporter. Et que tout le monde s'en fou parce que c'est tous des enfoirés..."

"Ah ouai,... et aussi, vaut mieux crever seul, tiens..."

T'as l'air révolté, mec. Ça sent trop la galère, sans déconner. Tout ce que tu dis est tellement à fleur de peau. C'est magnifique Franck. Tu es un poète maudit. Ce que tu dis, ça sent la souffrance...
Mais un conseil, juste parce que j'ai rien compris à ce que t'as dit. La prochaine fois, mets des flêches quand tu parles. On te suit plus.

"Ouai, mais toi ta gueule, sale bourgeois..."

samedi 6 novembre 2010

Cassé, fraaaanck !

"... juste ça que je crois. Que quand ça va bien, il faut pouvoir le dire. C'est important.
- Mais ça passe tellement vite quand ça va bien... ça ne dure jamais longtemps. Et à peine on prend le temps de le dire que ça va re-mal. Très mal, des fois. Alors quand ça va bien, au final, tu flippes juste. Tu flippes de l'instant d'après qui va être pire. Les choses passent si vite que finalement tu passes ton temps à ne penser qu'au moment où tu vas douiller. Histoire de se préparer, je sais pas...
- Mais Franck, c'est justement parce que ça passe si vite qu'il ne faut pas perdre une seconde pour le dire..."

L'alinéa. Sur fond bleu... tout pareil.

« … je dis juste que, c'est vrai que ça doit pas être drôle de se faire castrer par une nana...
- Moi, apparemment, j'ai un côté castrateur... je sais pas. Il était jeune, en même temps... il assurait pas grand choses...
- Ouai... ça doit être l'expérience... mais ça me dirait bien de connaître la sensation d'avoir été avec une nana qui m'a castré, au final... je crois que ça me dirait bien si t'en es capable avec moi... juste pour savoir ce que c'est...
- Non... tu n'aimerais pas ça. C'est terrible...
- Hm... je sais pas... » Franck à le regard espiègle qu'on lui connait. Lorsqu'il voit un défit lui passer sous le nez. Un défit qu'il n'a jamais relevé...



Maintenant, y a une moitié de moi qui est comme un macabé. Pour l'autre moitié ça va être très dur...
« … non, tu vois, se prendre un nion dans la gueule, au final, c'est comme une façon de déplacer la douleur. Un peu comme si tu te latte la jambe en te débrouillant pour que la douleur soit plus intense que celle que t'as dans le bide, tu vois... »
Franck sourit.
Elle sourit aussi. Jaune.
« ...mais t'inquiète. Ça gaz. »
Mouai.
Franck a la pêche. Il assure grave. Tout le monde est là, et il rit avec sa court. De nobles seigneurs sont dans la salle, alors il se doit de faire bonne figure. Tellement bonne figure qu'elle lui dit qu'il a l'air en forme. Parce que tout à l'heure il lui a demandé comment elle allait. Et elle lui a répondu avec cette franchise amoureuse de la vérité qui la caractérise. Ça va super bien.
Alors comme il semble bien aller, elle lui dit. C'est vrai qu'il a l'air d'avoir la super forme. Parce que la court. Bah oui.
Quand elle lui dit ça, cependant, il songe à l'ironie du sort, et ne trouve qu'à répondre, un peu pris au dépourvu «... des fois, pour avancer il faut juste mettre les trucs de côté quand on ne sait pas quoi en faire. Alors là tu vois, j'avance parce que j'ai mis une couille à côté, là, sur la table, là... Elle est là. Ça va bien se passer. Et j'avance. Quand ça ira mieux, je la reprendrais. C'est qu'une question de temps mais faut pas abuser... là elle est quand-même à côté... On fait comme on peut... »

Hé ouai Franck. On fait juste comme on peut.

Je vous prie, madame, d'agréer l'expression de mes sentiments distingués.

lundi 25 octobre 2010

L'île Mystérieuse

Parfois, Franck se réveille avec un gros poids au fond du ventre.
Toutes ces choses qu'il n'arrive pas à mettre en forme...

Parfois, il s'endort reposé, en trouvant le sommeil du juste. Comme s'il était le médecin de Franck le malade. Prenant soin de lui.

Parfois il a juste envie de tout casser chez lui. Parfois il a envie de se pendre à l'envers, lui et tout ses meubles et de regarder, pendu comme une chauve-souris, toutes les assiettes et toutes les tasses qui encombre les étagères tomber au sol dans un fracas tonitruant.
Dans ces moments là il s'en va de chez lui. Ferme la porte à clef. Envoie quelques message. Et se retourne plutôt la gueule. Et c'est dans son cerveau qu'il entend la vaisselle de la soul kitchen se rompre contre les murs de sa mémoire qui défaille. Il se sent mieux.

C'est drôle parce que des fois, il est juste bien. Sans tout ça. Parce qu'il oublie tout ce qu'il ne sait pas dire.

samedi 23 octobre 2010

La copine d'Eurydice

Une liqueur amère coule au fond de la gorge de Franck. Il renifle par petits coups secs. Comme un tic. Il est assis sur une chaise et son corps est dans l'espace sonore tout entier. Mais rien en lui ne bouge.
Il fait un petit peu froid.
La musique techno lui enfonce la cage thoracique au rythme du beat, son regard tourne autour de la pièce avec grâce à la recherche d'une âme charitable qui voudrait bien lire en lui son ivresse.
Juste pour partager.
Il s'arrête sur quelqu'un. "ça va?...", bien sûr. Tout va bien.
Il est temps de boire un verre n'est-ce pas?

mercredi 20 octobre 2010

La javanaise couleur café

« Tu veux un café...? »

Le café n'est pas bon. Objectivement, il a le goût de flotte... mais dans cette nouvelle cafetière, il fait moins de bruit... et elle le prépare avec sa façon. Et elle l'a regardé avec un telle sourire quand elle lui a fait remarqué que t'as vu...? ça fait aucun bruit quand-même...
Alors oui. Bien sûr. Franck prendra son petit café. Juste parce que c'est elle qui le fait. Juste parce que c'est un moment en plus qui ne coûte rien.
C'est stupide. C'est immature de s'accrocher à des détails de ce genre. Et plus jamais Franck ne le fera. C'est certain. Parce que tu comprends, on ne fait pas une vie au travers des détails si instables...
Mais c'était bien quand-même.

On pourrait s'acharner sur la qualité du café... Franck lui-même qui n'a aucune expérience en matière de cafetière éléctrique a pensé plusieurs fois à mille façon de faire un café meilleur, surement. Mais peut-être qu'elle ne l'aimerait pas comme ça, et de toute façon, il est trop fatigué pour dire quoi que ce soit.
Alors comme c'est son moment à elle, et comme c'est sa fatigue à lui aussi, il pense au sketch de ce comique qui rêve de tuer sa femme mais qui ne le fait pas juste pour ne pas voir la photo de cette dernière en première page de la rubrique Faits Divers de son quotidien préféré lorsqu'il prend son café crème à la terrasse de chez Lulu (son moment qui lui permet de tenir dans la vie...).
Alors Franck lui laisse son moment à elle... et Franck lui laisse sa fatigue à lui quand elle lui prépare tout entier son petit café. Savamment dosé parce qu'elle a l'habitude maintenant.

Et juste ça... juste qu'elle lui prépare sa dose à lui... c'est tellement bon qu'il ne changerait ça pour rien.

Un café peut être tellement bon des fois.
La marque?
Laisse, mec. On s'en fout.

mardi 19 octobre 2010

Franck à l'Actor Studio

Franck a réalisé quelque chose il y a quelques jours. Ça arrive souvent, oui, mais comme à chaque fois, il se demande dans quelle mesure cette nouvelle donne va influer sur son comportement. 

Il se demande dans quelle mesure il calcule la portée de ses actes, leur répercutions et dans quelle mesure il laisse place à une certaine spontanéité.
Franck sait assez vite parfois ce qu'il est de bon ton de dire et de ne pas dire. Franck souvent a la sensation de savoir exactement ce qu'on attendrait du garçon modèle ou du provocateur. Et s'il ne le fait pas parce qu'il n'en a pas envie, et alors il est souvent sous le joug de la question de savoir s'il ne le fait pas simplement pour surprendre...
Comme s'il voulait de façon un peu subtile et insidieuse frimer devant une assemblée déroutée par ce comportement qu'elle n'avait pas prévu. Est-ce lui qui est surprenant ou bien n'est-il que le pantin de son orgueil qui se flatte de paraître original?
Surprendre. C'est facile quand on sait ce que l'autre attend.
Parfois Franck a la sensation de lire l'envie des gens. Alors il leur donne tanto ce qu'ils veulent, et tanto l'invers. Pour les surprendre...

Mais il a la sensation d'être malgré tout d'une confondante banalité derrière cette maitrise partielle des situations. Il sait que souvent on a la possibilité de choisir ce que les autres pensent de nous. Pas toujours, mais souvent. Alors il se dit parfois que ce que les autres pensent n'a pas d'importance. Oui... parce qu'il a la sensation de choisir ce qu'ils vont penser. Et il se dit un peu bête, alors, que ça n'apporte pas d'information sur ce que l'on est... Il se demande dans quelle mesure il montre à son entourage sa vrai personnalité et dans quelle mesure il se joue d'eux de façon méprisante.
Méprisante, oui...
Le jeux de la séduction, en quelque sorte...

Il se souvient avoir simplement résumé les choses ainsi, disant que oui, on joue avec le vocabulaire que l'on a et les armes que l'on apprend mais que la seule chose à faire est d'essayer de bien faire...

Maigre résumé.
Parce que Franck est devant son petit déjeuner et qu'il est sept heure du matin. Et Franck qui est entrain de sentir son bol de chocolat chaud refroidir se dit à l'instant qu'il avait prévu tout ce qui vient de se passer.
Le fait de réfléchir de bon matin. Le fait de savoir qu'il utilise du temps pour cela. Le fait que le temps passe mais que malgré tout il est assez égocentrique pour utiliser son temps pour s'enorgueillir plutôt que pour se dépêcher pour ne pas être en retard à l'école...
Il se souvient le goût de cette petite pensée en trame de fond, lui rappelant pendant qu'il était dans ses pensées que son chocolat refroidissait et qu'il serait obligé de le boire presque froid à la fin. Mais ce n'est pas tout. Est passée dans la tête de Franck l'idée, également, qu'il s'en enorgueillirait de boire un chocolat froid, conséquence si possible de sa capacité d'abstraction... Son chocolat froid comme témoignage de son intelligence.  De sa faculté à se poser des questions que (espère-t-il) personne ne se pose à son âge...
Pendant qu'il réfléchi, ou juste pendant un court instant, il s'est vu réagir exactement comme il l'a fait à l'instant de façon pourtant semble-t-il tout a fait spontanée. Il met un doigt dans son bol et il fait la moue parce qu'il est froid, son chocolat. Mais voilà, du coup, sa moue spontanée est gachée par la sensation de jouer la comédie, de fait.
Il se demande pourquoi il fait quelque chose qu'il savait qu'il allait faire. Il se demande pourquoi il n'a pas pris le contrepied de cette réaction qui rend le scénario de sa vie si ennuyeux. Si Franck savait la fin d'un film, n'en chercherait-il pas une autre...?
Pourquoi réagit-il comme ça?

Franck pense qu'on ne peux pas dire d'un comportement prévu qu'il est spontané, et c'est tout son problème. D'un point de vu tout à fait interne à soi. Si l'on agit comme on sait qu'on allait agir, on se singe. Ni plus ni moins.
Franck a la sensation de se singer. Souvent.
Et de la même façon, Franck ne sait pas comment retrouver une spontanéité dans une situation dont il peut voir la mécanique.
Parce qu'on ne peut pas oublier une impression nouvelle que l'on vient d'apprendre. Alors comment ne pas devenir un salaud d'esprit calculateur.

Franck a déjà pris le contrepied de tout ceci, en agissant différemment de tout ce qu'il avait déjà fait, lors de situations données. Il a fait ça il y a longtemps.
Il s'est arrêté pour une question de santé mentale, mais il sait que l'on peut, simplement avec une volonté toute intellectuelle aller à l'inverse de tout ce qu'on a déjà fait. Alors on apprend d'autres choses. Que l'on ingurgite. Et encore... et encore.
Franck se dit qu'on a beau aller à l'inverse de nous même, on fini toujours par se singer. Et Franck qui voulait répondre spontanément à des questions sur lui même en faisant comme les sportifs qui se dépassent se retrouve avec une somme de question plus importantes que celles qu'il avait au départ.

Et après...?

Après...? Franck se retrouvera probablement dans quelques années, devant un bol de chocolat froid entrain de faire semblant de râler spontanément sur son bol qui a refroidi le temps de sa réflexion. Et il fera probablement ce qu'il a déjà fait alors. Il se parle tout seul à haute voit. Pour se dire d'arrêter de jouer la comédie, qu'il a vu son bol refroidir pendant qu'il réfléchissait et qu'il n'est pas un acteur, alors qu'il assume d'avoir laisser son bol refroidir juste pour le plaisir de boire un chocolat froid.
Symbole de la sublime intelligence de Franck.
Un calculateur.

jeudi 14 octobre 2010

Dieu dans son infinie mansuétude...

Franck, fort de sa grandeur d'âme, tint les propos suivant à l'auditoire:
"Tu m'as fais beaucoup souffrir... mais je suis disposé à te pardonner. Reprenons où nous en étions pour que je te prouve ma bonne foi...".
Le ton sentencieux de sa proposition témoignait de la noblesse de sa largeur d'esprit. Largeur d'esprit qui manquait malheureusement d'à propos.
"Je te propose d'oublier tout mes maux et de repartir... à zéro." [note au lecteur, ç'aurait dû être un poème en vers, mais le talent, parfois, se crispe au moment d'agir. Considérons cela comme il se doit, donc: un poème qui n'a pas voulu se mettre en forme. Le salaud]

La réponse ne se fit pas attendre. Mêlant une gêne à demi et une douce certitude:
"... "oublier", Franck...? Hm... non. Bien sûr que non. C'est gentil mais non.
A plus tard, Franck... Je pense qu'il ne faudrait pas se voir pendant un certain temps...
- Ha?..."
Franck reparti. Bredouille. avec dans sa poche une petite leçon bien à lui ( :"je suis sûr que c'est mon pull. Elle a pas kiffé la couleur").

Cette histoire s'appelle "Dieu dans son infinie mansuétude" et c'est une fiction. Parce que Dieu dans son infinie mansuétude lui a épargné cette débâcle...

mercredi 6 octobre 2010

Le sincère écueil...

Franck pensait vivre les choses avec sincérité.
Le plus possible, en tout cas.
Il avait des qualités et des défauts. Parfois il faisait des erreurs, aussi. Et des fois il les voyait viscéralement.
Franck avait mal au ventre d'autres fois, tordu par les douleurs normales d'un certain quotidien. Comme tout le monde. Franck s'est demandé aussi parfois jusqu'où on est sincère en amour et ou commence la fierté...
Franck a eu le coeur dans un étau d'autres fois, écrasé par le poids du regard de cette fille.
Mais cette fille a parlé.
Franck est Entier... en opposition aux gens qui sont Sincères. Et elle, elle ne supporte pas ça, les gens qui sont entiers. Entiers/sincères: probablement qu'il se trompe, alors, sur le fait d'avoir ressentir tout cela.
Non. Tout ce qu'il a vécu n'existe pas. Pas avec sincérité en tout cas. Les seules choses qu'il a vécu sont la fidélité et la loyauté semble-t-il. Et il s'est contenté de vivre tout cela honnêtement apparemment.
Mais pas sincèrement.
Parole d'évangile, selon Franck, qui croit beaucoup ce que lui dit cette fille.


Franck est blessé.
Franck a dit des horreurs aussi. D'ailleurs, fait curieux pour lui qui est entier, quand il a dit ces choses, elles n'étaient ni honnêtes, ni loyales, ni fidèles.
Par contre elles étaient sincères. Dans leur erreur, dans leur cruautés et dans leur tourments.
Franck est parfois rigide, intransigeant ou borné, mais il est sincère

Comme Franck sait ce que c'est que de dire des horreurs, ça lui permet d'essayer de se rappeler que ça ne compte pas, des fois. Il voit en revanche que ça fait mal. Même si ce n'est pas vrai. Même si ces choses n'existent pas.
Alors parce que ce sont pour lui des horreurs comme les siennes, il se dit que ces horreurs qu'on lui a dites n'existaient peut-être pas non plus finalement.
On juge les autres comme soi-même. Des fois ça sauve.
Juste ça, peut-être...
Mais Franck suppose aussi quand-même un peu que ce qu'on lui a dit est juste, parce que Franck est comme ça. Quand il décide d'être Entier il choisi aussi de croire tout ce qu'on lui dit.
Mais... tu confonds, Frank. C'est être naïf, ça. Pas être Entier.
Hé merde lui répond l'orgueil.

Des fois on souhaite juste s'endormir avec le seul souvenir d'une bonne leçon... juste pour ne pas l'oublier.
Parce qu'on aimerait bien simplement pouvoir se dire qu'on a réussi à faire de belles choses avec toutes ce qui va devenir des souvenirs le lendemain.
Ça rendrait les choses tellement plus faciles.
Et des fois on s'endort juste. La belle leçon s'est faite trop attendre. C'est juste de l'amertume à la place qui est venue.

C'est quoi la prochaine étape? ... la prochaine étape, tu l'as dans le cul.

Je suis déjà là, à me morfondre, et juste pour pousser le vice de mes réflexions je me rappelle que si t'as été avec quelqu'un, c'est aussi pour quelques excellentes raisons.
Et merde...

Des fois je me dis que ça l'aurait fait si je me l'étais joué le genre de mec qui assure parce qu'il considère qu'une rupture c'est pas la fin du monde. Que ce n'est pas la fin de tout et la personne avec qui on a été n'en est pas moins tout à fait intéressante et qu'il serait dommage de se priver de sa compagnie après la séparation...
Tout ça est un peu vrai, alors j'aurais pu me la jouer comme ça. Comme ce mec là.

Mais non.

Je lui est dis au début pour lui expliquer mon état affectif que ça serait pour le moment très dur pour moi de la voir, ou de lui parler les quelques fois où l'on serait amené à se croiser.
Puis (pour être sûr) je l'ai harcelé avec des messages lui demandant prestement de ne plus jamais de la vie re-rentrer en contact avec moi.
Et enfin, pour ne pas abuser (?!...), j'ai fini en lui écrivant à nouveau. Juste pour lui expliquer Pourquoi je ne voulais plus jamais de la vie la contacter et que bref je ne voulais plus la voir alors qu'elle m'oublie.
Ce qu'elle fit.
Merde (encore, oui...).

Je revois le gosse qui casse son jouet, des fois que ce dernier décide un jour de ne plus jouer avec lui. Je serais bien tenté d'expliquer à ce gosse, fort de ma profonde sagesse, que le seul  qui sera puni par cet acte sera lui-même. Le gosse. Et que le jouet, lui, se fera assez rapidement à sa nouvelle condition de jouet cassé. Je me vois bien lui dire un truc comme ça avant de lui dire pour finir "...aller, va t'amuser petit bonhomme...".
Je rougis. Parce que quelqu'un va profiter sans doute de toutes les petites qualités de cette personne que je ne verrais plus, quelqu'un verra toutes les petites choses qui font d'elle une personne à part. Mais ça ne sera plus jamais moi. Parce que je le lui ai demandé. Parce que je ne suis pas le mec qui assure de tout à l'heure, parce que moi j'en serais tout simplement incapable.

C'est là que j'en suis à présent. Mon intellect qui se la ramène tranquillement me dit que c'est quand-même con, parce qu'au delà de tout ça, elle avait tout de même une certaine personnalité mon petit Franck...
Salaud d'intellect.

Et...! mais c'est quoi la solution?
Le reste a aussi existé. Tu te souviens que t'as aussi vomi tes tripes, mec? Plusieurs fois... Alors c'est quoi maintenant la solution pour toi?

La solution?
Franck... il n'y en a pas. C'est ça oublier quelqu'un. Pas "arranger" une relation ou... "changer" ou je ne sais quoi encore.
Oublier.
Quand t'as rompu avec quelqu'un que tu avais dans la peau, c'est con.
C'est tout.
...
J'espère au moins que mon intellect aura la décence de fermer un peu sa gueule. Mon orgueil, merde...

mardi 5 octobre 2010

Appelez-le Franck La Bite

Elle se demande souvent pourquoi il est avec elle. Il a bien essayé de lui dire tout plein de choses mais fort heureusement elle a fini par comprendre tout ce qu'il n'arrivait pas à dire et qu'il ressentait.
C'est beau.
Elle qui avait une faculté toute différente à communiquer n'a jamais cessé de lui dire ce qui l'attirait chez lui.
C'est ainsi que lorsqu'à son tour il se posa la question (une fois qu'il fut trop tard) et après avoir répondu lui-même à cette question par un laconique "pour rien, j'imagine", il entrepris de reprendre sa réflexion, jugeant qu'il n'était pas allé assez loin pour répondre correctement.
Les réponses qu'il trouva ont successivement été qu'il était sexy, qu'il était super sexy, qu'il avait l'intelligence des rapports humains en société, qu'il était sexy et que oui, il était sexy (ce qu'il a fini par croire d'ailleurs).
Un instant, le peu de richesses que lui apportent ces réponses fruit de son investigation rétroactive le mènent à penser qu'il aurait bien, lorsqu'il était temps, joué un peu à la gonzesse et posé la question fatidique de qu'est-ce que tu me trouves.
Il a manqué d'à propos. Ou il a eu peur de la réponse.
Enfin bref, poursuivant un peu plus loin sa réflexion, il en vint à l'amour. L'amour, qu'ils faisaient très bien. Au début. Et aussi, quand il parlait, elle l'écoutait.
Franck en déduit qu'il ne devait pas être inintéressant, donc.
Parfois elle regrettait qu'il ne soit pas assez démonstratif verbalement, jusqu'au jour (trop tard, encore) où elle a accepté que simplement il l'aime. Curieusement mais certainement.
Lui aujourd'hui se demande finalement pourquoi elle, elle était là au lieu de préférer être ailleurs.

Mouai... il a une certaine intelligence de la conversation. Mais bon. Il est pas capable de dire en temps voulu pourquoi il est avec quelqu'un.
A part ça, tout va bien. Il est sexy.

samedi 2 octobre 2010

Quelle est la chose la plus terrible que tu ais fait par souffrance?...

Je ne sais pas très bien combien de graduations possède l'immense règle de la souffrance, celle qui est collée au mur, juste là.
Le mur n'est pas haut du sol au plafond. Il n'a pas l'air en tout cas. Deux mètres trente, deux mètres cinquante à tout péter. Alors cette règle graduée qui monte jusqu'au plafond ne peut pas être si grande que ça. En tout cas, pas plus grande... Cette longue règle fine qui monte jusqu'en haut. Cette règle toute noire... ne te méprends pas.
Ne te méprends pas, car si tu t'approches, si tu t'approche suffisamment près, petit à petit tu verras se dessiner ne minuscules espaces blancs.
Tu découvriras alors que cette règle toute noires qui ne voulait rien dire est alors belle et bien graduée. Et le noir qui la recouvre entièrement, tu découvrira qu'il n'est que l'ensemble de toutes ces graduations donnant l'échelle de la souffrance.
Et là, deux mètre cinquante ça va te paraître immense.
Alors quand tu ne sais pas vraiment où tu en es, tu prends un peu peur. tu as peur de n'en être qu'à l'échelon trois. Trois sur les quelques milliers qu'elle possède encore...
Ou bien tu es au milieu. A hauteur des yeux, et tu vois tout le chemin que tu as parcouru... Et tout le chemin qu'il te reste à parcourir.
Et tu as peur aussi...
Tu pourrais perdre toutes tes journées, restant devant cette règle graduée à te rendre malade de ne pas savoir où tu es dans cet amoncellement de petits, tout petits très noirs. Tu as d'ailleurs déjà ressenti cette douleurs violente qui te vient du ventre, qui vient de tes boyaux qui se tordent et se nouent sous l'effet de la peur.
Et après?
Que se passe-t-il après cette douleur? L'intensité va-t-elle augmenter, encore et encore, à mesure que les étapes sont franchies?Cela peut-il ne jamais s'arrêter?
Qu'elle est la chose la plus terrible que tu es faite par souffrance, Franck?...

La chose la plus terrible que j'ai faite par souffrance?
Aimer. Aimer encore plus. Plus que je ne l'ai fait jusque là.
Parce que je ne veux pas mourir, et que je ne peux pas tuer la personne qui m'a fait si mal.
Alors à chaque fois, à chaque instant où j'ai ressenti une souffrance telle que je me suis dit que je perdais la tête, et à chaque fois que je me suis dit "trouve une solution... trouve une solution... trouve une solution, je t'en prie" à mesure que je sentais la souffrance qui ne cessait de monter en moi, à chaque fois il s'est passé quelque chose.
Et encore aujourd'hui j'ai vécu cela.
La chose la plus terrible et la plus vindicative que j'ai fait par souffrance?
J'ai aimé. Parce que je ne saurais rendre coup pour coup.
Et que je ne veux pas mourir.

jeudi 30 septembre 2010

Franck!... à la niche!

T'es là, toi... à fouiner dans tes boites mails juste pour savoir si tu ne sens pas avec ta truffe l'odeur de ta maitresse... T'es là, le petit toutou qui reprends ses vieilles habitudes dès qu'il entend quelqu'un siffler. Et t'es là...snif!snif!... à sentir le cul des grand-mères qui t'écrivent sur internet, à sentir les vieilles nouvelles...snif!snif!... qu'on t'a envoyé du frères qui vient d'avoir une fille ou du cousin qui va se marier... alors que tout ça tu t'en branles... comme le petit toutou bien excité par l'odeur de sa maitresse...
Tu t'en branles.
Parce qu'elle t'as sifflé... et que t'as pas eu le courage de fermer ta gueule comme le ferait l'homme que tu aurais voulu être. Bah non. T'as répondu... t'as répondu en aboyant.
Mais du calme toutou. Elle siffle comme ça. Cette fois-ci c'est pas pour toi, t'excite pas. Les gens siffles aussi comme ça. Sans pour autant vouloir te voir ramener ta gueule. 

Et puis en plus, toi t'aboies mais t'as toujours pas compris qu'elle comprends pas quand tu jappes. Alors arrête de jouer au chien. Rentre dans ta niche, et réfléchis encore. T'en as besoin.

lundi 27 septembre 2010

Une after chez Franck ce soir? Non... probablement pas.

Un mégot de joint collé sur le sol fera bien l'affaire. Juste une cigarette pour réchauffer ces poumons froids. Et ces mains.
Un petit bruit de scratch quand je le prends. Il est sec.
La fête a battu son plein, les rires et l'alcool se sont incrustés dans les murs et sont devenus fossiles. Des fossiles glacés.
Aucun souvenir des festivités. Juste une question qui me revient.
Je ne sais pas à quoi tu sers Laurent. Arrête de me poser la question, tu risquerais de découvrir que tu n'as servi à rien. Alors amuse-toi bien. Tu t'imagines qu'elle fait la fête? Fais comme elle. Fais la fête.

Et Laurent y va de son couplet sur les billes qu'il a fait tomber de son sac. Toutes ces billes qu'il a semer, s'allégeant de toute sa personnalité éparpillée aujourd'hui au gré du vent.
C'est un risque à prendre.
Laurent se sent plus léger aujourd'hui. Trop léger. Capable de tout. Il sent qu'il pourrait même sauter et toucher le plafond de l'appartement avec sa tête à cause de son poids trop faible. Son front le percuterait. Son crâne s'ouvrirait et c'est un Laurent mort qui retomberait au sol.
C'est ça aussi de s'alléger.
Les émotions sont diffuses alors Laurent veut les réchauffer. Ces émotions sont profondes, alors Laurent veut aller les chercher très loin au fond de lui.
Ces émotions sont douloureuses alors Laurent voudrait les enrober de quelque chose de doux.

Je passe le mégot à Laurent qui se met à fumer, à peine réveiller de sa nuit un peu trop curieuse. La fumée pénètre dans ses poumons. Voilà la douceur. Un tabac froid fera l'affaire.


Franck pense pareil. De toutes ces émotions, il ne ressort à la fin qu'une grosse bouffée de cigarette.
Franck est un économiste, et lorsqu'il perd toutes ses billes dans une relation, il n'est pas content. Il veut réouvrire le dossier mais ses supérieurs hiérarchiques lui intiment l'ordre de continuer parce qu'on est pas dimanche et que Wall Street est ouvert aujourd'hui, jeune homme. Alors mets-toi au boulot mon petit Franck, y a des billes à placer aujourd'hui!

Franck s'assoie donc à son bureau. Un immense bureau au vingt-septième étage d'une grande tour. Il se recroqueville sur ce grand fauteuil en cuire.
Franck est un économiste. Un grand docteur en économie. Et quand il a perdu ces billes par une opération boursière qui lui a échappé, il a envie de passer les bras autour de ses genoux et de se mettre à pleurer.

samedi 18 septembre 2010

Répète, j'ai pas compris... le sourd qui ne veut pas entendre.

Parce que même en lâchant l'affaire, y a toujours la question de qu'est-ce qui s'est passer qui revient comme une litanie. D'où on passe de l'amour avec le mariage et les gosses au sentiment le plus neutre qui soit, empreint d'une légère amitié pour sauver les meubles?

De toute évidence la roue tourne. Et le couple que nous formions ne se devait qu'à une histoire de cycle, bêtement. Et la roue a tournée. Et voilà.
Ce qui s'est passé? C'est ça.
Si je ne comprends pas, moi, c'est parce que je pensais que les choses avançaient. Comme pour le temps. Pour moi les choses ne faisaient qu'avancer, les causes entrainant des conséquences. Sauf que pour l'autre, un moment il se passe un truc d'un coup et je l'ai vu dans ses yeux, faut plus chercher. Ça y est. Y a plus moyen. C'est la roue, Franck. C'est la roue. Elle a tournée. La roue? Quelle roue?

Et plus de colère. Plus de chagrin. Plus de ces regards. Plus d'amour. Ne cherche plus tout ça Franck. C'est mort on te l'a dit.
On te l'a dit, Franck...
Oui mais ça c'est vachement dur à admettre.





Note pour plus tard: ne jamais reporter au lendemain ce qu'on aurait dû dire le jour même.

mardi 14 septembre 2010

Franck voudrait hurler atroce connasse.

Comment est-ce qu'elle ose se pointer là, encore, après ce qu'elle m'a fait ? Comment est-ce possible...?
Et puis, pour se donner de la contenance, elle, mime le mépris, voir une certaine colère à mon égard depuis. À chaque fois qu'elle me voit. Comme si j'étais, moi, responsable de ce qu'elle a fait.
Quand on fait un jour, sans l'avoir prémédité, quelque chose que l'on trouve terrible, c'est toujours dur de vivre avec. On préfère l'ignorer, souvent, et on se met à vivre dans le déni. Ou bien, quelques fois encore, on rend quelqu'un d'autre responsable de notre atrocité. Classique. Pour vivre avec.
Mais là c'est fort. Quand elle passe chez moi, elle fait la distante, alors qu'avant c'était sourire de miel et regards appuyés. Elle joue l'hautaine, même, un peu. Les gens qui font des crasses qu'ils n'assument pas font souvent ça: ils font comme s'ils ne t'en avaient pas vraiment faite une sous le tout nouveau prétexte qu'on est pas vraiment proches. Du genre “ on se connait pas, alors j'ai pas de compte à te rendre. Je te dois que dalle... ”.
Les gens qui te font une crasse font ça souvent. Ça leur sert à atténuer la culpabilité qu'ils éprouveraient à avoir tromper un proche.
La garce...

Elle pouvait faire autrement, après ça. Elle pouvait faire... je sais pas. Comme si elle m'avait simplement tromper. La jouer tranquilou. L'occasion fait le larron bonhomme, tu peux comprendre... Se comporter en humain. Elle a eu une opportunité, voilà tout. Enfin, on aurait pu lui trouver tout un tas de circonstances atténuantes. Mais non. Sa réaction de rejet témoigne de sa propre impression qu'elle a eu de son horreur. Si abominable qu'elle la rejette. Élevant sa manigance au plus haut degré de l'hypocrisie et de la trahison.
Alors voilà. Elle n'a que ce qu'elle mérite. À elle d'assumer son geste.

Mais qu'elle se pointe, là, devant moi, qu'elle attende à côté, qu'elle passe juste devant moi, avec de temps en temps, dans ses yeux, une étincelle de cette colère factice qu'elle veut garder pour ne pas culpabiliser...
Qu'elle ose se ramener là, à ma caisse, alors que j'ai bien vu moi que cette salope s'est barrée sans payer ses courses il y a une semaine...
Connasse...

“ - Tu fermes ta caisse et vas en pause, Franck...
- Ouai... ”

lundi 13 septembre 2010

Talons Aiguilles

Elle trouve que les talons lui vont bien. Elle n'a pas tord. Ça lui donne l'occasion de modifier très légèrement son maintien. Et ça lui permet surtout de se comporter comme elle n'oserait pas si elle n'avait pas ces dix centimètres au bout des pieds. Dix centimètres qui lui galbe les jambes et courbent sa chute de reins.
Elle voudrait bien avoir l'air comme ça tout le temps sans doute, parce qu'elle se trouve un peu grosse. C'est vrai qu'elle l'est un peu. Boulotte. C'est son amie de longue date qui lui dit ça ainsi.
Elle se trouve un peu grosse mais avec ces dix centimètres supplémentaires et son bassin qui tangue un peu plus, elle trouve que ça lui donne une côté plus sensuelle.
Marie a déjà pensé faire un régime mais comme elle trouve qu'elle n'est pas très bien faite physiquement, elle craint que ça ne fasse que mettre en valeur un corps aux formes trop timides. Un bassin pas très large et une taille qu'elle ne trouve pas très fine.
Lorsqu'elle se regarde parfois dans la glace de sa salle de bain, elle reste assez longtemps sur le bas de son ventre. Elle n'a pas des seins très beaux mais ce qu'elle n'aime pas, mais pas du tout, c'est l'agencement entre les différentes parties de son corps. Différentes parties qui n'aurait pas dû pour elle aller sur un même corps.
Parfois, certains jours, après s'être regarder un moment comme ça, on peut la surprendre lâcher un “ salle patate ” avant de passer sous la douche.
Elle a été plus mince et puis en se rendant compte que la nature dans sa bienveillance lui avait donné de stoker la graisse exclusivement sur ses hanches et ses fesses, elle a décider de se garder comme ça. Plus grosse.
Il y a des femmes qui souffre de voir la taille de leurs jupes augmenter. Elle en fut réjouit la première fois.
Alors faire un régime... ça lui enlèverait ces rondeurs qui apportent tant à son corps. Elle pense qu'à défaut d'avoir un corps aux mensurations parfaitement équilibrées, ce trop de rondeur dans les hanches lui donne un côté pulpeux qu'elle aime beaucoup. Ça la rassure. De temps en temps, même, elle se trouve “ bonne ”.
Une chose est sûre c'est que depuis qu'elle se trouve respectablement séduisante, elle a osé quelques fois regarder les hommes qui passaient à son niveau dans la rue. Pas les trop beaux, simplement, parce que les hommes beaux ne manqueraient de voir en elle une grosse pas très bien foutue qui se croie belle. Elle regarde les hommes qui semblent plus à sa porté.Les hommes moyens. Ces hommes qui pourraient quand-même la rendre heureuse.

Elle n'avouera jamais se préférer grosse (et en vérité il y a plein d'autres choses qu'elle n'avouera pour rien au monde). À personne, même à sa meilleur copine. Pourquoi l'avouerait-elle? Pour expliquer ensuite qu'elle est tellement mal foutue qu'elle préfère cacher cela sous de la graisse? Ça ferait pitié... ça serait un peu faux aussi. Sauf les jours où elle ne va pas très bien. C'est jours-là c'est entièrement vrai. Comme la couleur de ses cheveux ou son regarde qu'elle trouve d'une niaiserie... Les jours où elle ne vas pas bien Marie trouve qu'elle est irrécupérable.

Tout le monde comprendrait Marie si elle parlait franchement, seulement Marie n'est pas à l'aise avec son corps.
Elle a travaillé une démarche sublime pendant très longtemps pour être sûr de son effet. Et elle a raison puisque que même si on voit qu'elle est ronde, Marie, sa démarche délicatement chaloupée aujourd'hui semble la faire flotter juste au dessus du sol, et ne laisse aux hommes intéressés qu'une seule chose à voir pour se bercer le regard.
Elle aime porter des talons parce que ça la rassure. Porter des talons, et son travail. Deux choses que font les femmes selon Marie.
Le travail de Marie l'oblige à faire ses courses le soir. Tard, vers 21h. Les femmes qui ont un vrai travail important font ça. Et elle aime y penser.
Marie pourrait être éreintée de sa journée et passer à la caisse en laissant tomber sur le tapis roulant et ses courses et son maintien, mais non. S'il y a une chose que Marie aime plus que tout, c'est qu'on la regarde s'en aller. Elle et sa démarche chaloupée. Elle se négligera chez elle, ce soir, parce qu'elle est fatiguée. Mais pour le moment il est question de remballer rapidement, pour que personne ne s'impatiente. Et puis après avoir payer, elle dira “ bonne soirée ” négligemment mais pas trop et se tournera pour partir.
Un peu plus loin, elle fera deux ou trois pas plus pressés parce que Marie arrive très bien a courir en talons. Avec grâce. Alors parfois, juste parce qu'elle trouve ça jolie, elle se gratifie de ce genre de départ. Pour ajouter à l'harmonie de sa démarche qu'elle reprendra un peu plus loin... Comme les femmes dans quelques publicités pour du parfum.
Moi je la regarde partir de ma caisse où le client suivant attend d'être servi.
Et elle a raison Marie. C'est très jolie.

samedi 11 septembre 2010

En même temps, si tu sais pas, ne dis rien, c'est aussi bien, non?...

"-... Nan mais tu vois, c'est pas vraiment question de ça en fait. C'est juste, je sais pas... pour être encore là. C'est comme un viole quand-même, je le savais bien, mais des fois je n'arrivais pas, tu vois. Je peux pas. Simplement je pouvais pas me tenir cinq minute. 
-... mais pourquoi tu gueulais? pourquoi tu cherchais pas à parler simplement...? Ça t'aurait permis d'avancer avec elle...
- C'est pas question d'avancer, mec... c'est juste question de rendre supportable quelque chose d'insupportable, tu vois?..."

Franck ne saisi pas très bien ce que Laurent essaie de lui dire. Et son comportement aussi. Rompre c'est pourtant une règle simple de base. Ne plus voir l'autre. Tu vas voir que ça va passer. C'est pas sorcier. Mais Laurent à commencer par rester là, à surveiller les faits et gestes de cette fille. Et Franck se dit que si Laurent ne voulait pas rompre il n'avait qu'à pas le faire. Alors pourquoi chercher à la revoir.
Franck n'est pas un très bon ami.
Laurent explique à Franck qu'au début il aurait bien passé ses journées à espionner son ex. Franck à trouvé ça moche. Ô combien condamnable. Il avait envie de lui dire que putain, garde ta dignité, mec, je sais pas, occupe toi!
Mais il n'a rien dit. Il a continué à l'écouter. Un peu perplexe.
Et Laurent lui a avoué qu'au début c'était insupportable pour lui de supposer tout ce qu'elle faisait et de voir qu'elle existait sans lui. Parce que Laurent est comme ça. Il est entier et impulsif. certains diront un peu stupide. Ceux qui ne savent pas.
Et il y est allé de son couplet sur sa souffrance insupportable. Et que c'est pour ça qu'il a voulu la partager avec elle. Et c'est pour ça encore qu'il a passé toute sa journée à se poser des questions, à lire ses messages. Laurent aurait fait plus, au début, s'il avait pu. Et s'il avait été plus endurant.
Parce que c'est épuisant de vouloir continuer à vivre avec l'autre tout seul. Mais on ne peut pas se résoudre au début.

"... Ce que je veux dire c'est que maintenant j'ai plus qu'à fermer ma gueule et attendre. Mais je ne sais même pas quoi.
-... ça va être plus facile après..."

Franck n'est pas un très bon ami. Il aime beaucoup Laurent, mais il commet l'erreur de ne pas comprendre. Et c'est une erreur impardonnable dans ces cas-là.
Il aimerait bien lui venir en aide, mais comme Laurent le rend parfois mal à l'aise - parce qu'il faut dire que Laurent est le genre de mec un peu taré, du genre à te sortir des trucs de nul part ou à avoir des réactions super viscérales - Franck des fois hésite à dire les choses qu'il voudrait dire. Et puis Franck a toujours eu l'impression que Laurent avait compris plus de truc que lui sur la vie et tout ça. Ce qui fait qu'il a toujours eu l'impression de dire des conneries.

Mais là, Franck aurait juste envie de dire à Laurent que peut-être que c'est dur pour elle aussi. Et que peut-être qu'il n'est pas tout seul à souffrir. Et aussi que si Laurent se rendrait compte de ça, ça serait sans doute plus facile à supporter, juste de savoir qu'on a pas compter pour du beurre. Franck aimerait bien aussi lui dire que tu vois Laurent, t'es quelqu'un d'un peu tordu et tout, mais il ne faut pas penser que pour les autres les choses sont toujours plus simples.
Il aurait envie de lui dire que peut-être qu'elle souffre d'une autre façon. Et qu'il ne le voit pas parce qu'ils ne sont plus ensemble justement.
Il voudrait juste lui dire que peut-être que ce n'est pas plus dur pour lui que pour elle.

Mais à chaque fois que Franck essaie de dire un truc à Laurent, il a toujours l'impression que c'est une bêtise.
C'est pour ça qu'il ne le dit pas.
C'est pour ça et aussi parce qu'il se dit que lui non plus ne la voit pas, son ancienne petite-amie. Et qu'il ne sait pas comment elle se porte.
Et il se dit que Laurent est toujours extrême, mais que peut-être qu'il y a une infime chance pour qu'il ait raison. Et qu'elle s'en foute, elle.  Il y a toujours une partie d'orgueil extrêmement moche dans les ruptures. Parce que ce n'est jamais agréable de savoir que l'autre à compter pour nous alors qu'on ne sait pas vraiment si l'inverse est vrai.
Là, tout de suite, Franck n'aura qu'un cran mitigé et ne sortira à Laurent que des banalités. Il lui conseillera de sortir avec ses copains. De mater des films. Et de ne pas chercher à rentrer en contacte avec elle, c'est plutôt simple, ça, bordel !

Franck n'est pas très courageux avec Laurent. Ca aurait pu aidé Laurent de savoir que l'autre souffre tout autant, que l'autre aussi a mal. De la même façon.
Mais Franck se demande si l'autre souffre vraiment de la même façon...
Et puis de tout manières, Franck n'est même pas sûr que pour cette fille la rupture soit si compliquée à gérer.
Alors Franck se tait.
Il trouve quand-même le comportement de Laurent un peu nul et un peu vil. mais ça...

Franck n'est pas particulièrement stupide.
D'ailleurs, un jour malheureusement, il saura.




Ouai, c'est aussi bien.

mardi 7 septembre 2010

Petit traité sur l'antropologie viscérale.

Le problème à gérer en couple c'est le rapport privilégié.
Sans rapport privilégié, pas de couple, à ma connaissance.
Il est important d'instaurer, assez rapidement, une cellule intime pour solidifier cet union dont on va essayer de faire quelque chose de tout à fait spécial. Si le couple n'a pas cette cellule plus importante qu'une autre pour l'un des deux, ce couple est de fait moins en position d'intimité que dans laquelle l'un des deux partenaires se retrouvera avec quelqu'un d'autre.
Quand l'une des deux personnes du couple n'arrive pas à toucher du doigt le privilège qui lui est fait, ou quand au contraire elle n'arrive pas à garder un privilège pour l'autre personne spécialement, la cellule privilégiée est rompue.

ça donne la sensation d'une inexistence d'une quelconque cellule de couple, d'un quelconque privilège, ce qui a pour effet de noyer la personne qui n'a pas accès à la sensation de privilège dans le sentiment qu'il est aux yeux de l'autre l'opposée de la singularité. Elle se sentira remplaçable. Elle se sentira dénuée d'un intérêt assez fort pour éveiller la particularité. Elle se sentira accéder à l'indifférence.

Peut-être que le privilège auquel on fait référence ici peut-être appelé intimité, peut-être qu'il peut être appelé secret... toujours est-il que pour certaines personnes ce privilège ne semble pas nécessaire. Ou sous des formes différentes.
Des confidences, des secrets, des conversations, des points communs...
Si tout les éléments de l'intimité d'une personne sont trop dispersés spatialement et socialement, on se retrouve souvent sans cellule particulière. D'où, pas de couple.
Le soucis vient quand cette cellule se construit sur des éléments systématiquement incompréhensibles pour l'autre. Qui les verra de fait inexistants.
C'est triste de faire exploser une cellule pour des raisons de langages différents. Il semble que l'on remonte là à la nuit des temps où une simple différence de langues faisait que deux êtres humains se regardaient avec méfiance, avant de reculer chacun de leur côté et de prendre la fuite.

lundi 6 septembre 2010

Soirée

Je serais bien arrivé avec le sourire. Tout le monde m'attend et je suis déjà très en retard, juste parce qu'il y a des soirs où il faut vraiment que des mains extérieures nous sortent du lit. Il est 23h et le bus qui vient me chercher me donne une boule au ventre. Gratuitement. Sans savoir.
Des fois j'ai mal.
Des fois j'ai peur.
Toujours sans savoir.
On me saute au coup. Elle sourit. A moi. Elle m'emmène dans un endroit sombre juste pour qu'on soit tout les deux.
Mes yeux sont vides. Mes envies sont vides. Et j'ai peur. Toujours sans savoir. Je n'ai envie de rien, elle le voit, elle dit "ah..." et on rentre. Je dis bonjour. Je greffe un sourire sur ma bouche.
J'ai peur.
Sans savoir pourquoi.

À l'école de Franck.

À l'école de Franck, Qui aime bien châtie bien. A l'école de Franck point de diplomatie, de  pédagogie. A l'école de Franck l'éducation est dite “ de cœur ”. On insulte, on condamne à l'école. Mais point d'indifférence. Uniquement de la maladresse. De la maladresse et beaucoup d'attention. Beaucoup d'amour.
À l'école de Franck, l'école d'où il vient, on a appris à être très démonstratif par des égards curieux. Mais quand on y entre à l'école de Franck, on se passerait bien de toutes ces démonstrations d'affections.
Franck s'en serait bien passé aussi. Et pendant longtemps il griffonner sa colère sur piles entières de feuille de papier vierge qu'il remplissait d'injures à l'adresse de ses professeurs. Et d'être resté dans cette école trop longtemps, d'avoir appris à lire, à écrire et à compter là-bas, puis d'y être aller pour son collège et pour son lycée, Franck a pris le plie de cette éducation en internat.
Une fois son diplôme en main, il a compris son devoir. Transmettre le savoir de cette école partout dans le monde.
Comme tout les adolescents qui sortent de leurs écoles respectives, Franck est parti sur les routes avec sur son dos le bagage de son enseignement à dispenser sous le regard bienveillant des doyens. Des doyens marqués eux aussi au fond de l’œil par la virulence de leur éducation de cœur.
Plus il a voyagé dans la vie, plus il a dû jouter contre beaucoup de jeunes promus infiniment plus carriéristes que lui, dans le seul but de savoir quelle enseignement était numéro 1. Avec toujours la même envie secrète, cachée au fond de lui. Vider un peu son sac à dos, estampillé de l'écusson de son École pour y mettre à la place les jolies pierres précieuses qu'il trouva en chemin dont il ne connaissait pas l'existence.

jeudi 2 septembre 2010

Le masque africain.

Franck est assis sur son lit, les yeux grand ouverts. Le regard dans le vide.
Il ne bouge pas.
Depuis un long moment.
Le dos contre le mur, les jambes en tailleur, bras ballants.

Moi je suis son côté qui cherche un peu d'aide à l'extérieur. Assis pas loin. À la fenêtre.
Et je l'observe, depuis tout à l'heure.

Le bouquet de pissenlits dans le vase est mort depuis quelques jours. Un vase un peu design qui ressemble à ces trucs dont le but est d'apporter à l'intérieur d'un appartement un peu de moderne mais toujours dans l'intention de rendre reposant la pièce dans laquelle il se trouve.
Les pissenlits ont eu le temps d'y moisir sans que Franck n'ai eu la force de faire quoi que ce soit. Il est comme ça depuis quelques jours aussi. Avant même que les pissenlits ne soient morts, en fait.

Moi je reste là à le regarder, songeant à ce qu'il était ces dernières semaines. Ce qu'il a essayé d'être. De faire. De comprendre. Son faux optimisme auquel il a essayé de croire, sa toute nouvelle alimentation et ses nouvelles occupations, pour une vie plus saine. Et je regarde autour de moi pour voir ce que l'on avait essayé de faire de cet appartement.
Je regarde les pot-pourris dans les étagères... les cadres où l'on a glissé quelques photos médiocres montrant les moments simples mais heureux de notre existence, des amis, un peu de famille. Deux cadres.
Et là, le livre sur cette fameuse Zen-attitude étalé sur le sol ouvert à une des pages centrales. Combien on a payé ça déjà...?
La seule lampe qui éclaire la pièce est une petite lampe de chevet. On en a acheté deux. Il trouvait que ça rendait l'endroit plus chaleureux. Elle est à l'autre bout de la pièce. Elle doit être brûlante parce qu'elle est allumée depuis au moins quinze heures.
Franck ne bouge pas. Il est dans la même position que lorsqu'il s'est arrêté de parler. Après ses derniers mots. “ Des fois on arrive pas... ”. Il ne soupir pas. Il ne souffle pas. Pas un geste non plus. Il s'est arrêté sur ces mots et puis rien. Il ne réfléchi peut-être même pas. Comme s'il s'était éteint à la fin de ses dernières paroles.

Ses yeux ne regarde rien. Un rien qui est en face de lui. À à peu près cinquante centimètres au dessus du sol, parce qu'il est assis sur le lit qui est à même le parquet flottant. Et il est un peu avachi. Alors oui, c'est à peu près ça. Cinquante centimètres. C'est à cette hauteur que son regard va bien au delà du mur d'en face.

Il se tient comme s'il était un torchon usé jusqu'au plus profond de ses fibres par des années de bons et loyaux services, des années de lessives à quatre-vingt-dix degré, abîmé par la passion de sa fonction. Essuyant tout et le pire parce qu'il n'est pas une serviette. Non. Un torchon. Un torchon qui ne tient entier,aujourd'hui que par le fait du hasard. Alors quand on le pose quelque part, il s'effondre sur lui-même en disant à son propriétaire excusez-moi pour mon allure peu distinguée. Un torchon qui puera dans pas longtemps mais qu'on ne lavera pas parce qu'il est mort. On laisse toujours ces torchons à la dernière place où on en a eu besoin. Et si un jour, des années après on tombe dessus en revenant sur les lieux, couvert de poussière depuis, on le balayera d'un revers de main et il tombera doucement par terre. Un torchon sec, gris et moisi sur les bords.

Franck semble s'être mis en pause. Une pause d'une longueur indéterminée, en attendant de savoir s'il va ou non se relever.

Moi je suis à la fenêtre. Je suis à l'écoute. Je passe le temps comme si je me trouvais petit garçon dans la salle d'attente d'un dentiste pas commode. Je ne bouge pas. Je ne fais aucun bruit. Je ne veux pas parler non plus. Les mots ricocheraient contre les murs, s'amplifiant dans un brouhaha qui deviendrait terrifiant. Je suis assis à la fenêtre et je réfléchi pour deux. Je ne suis pas loin, pas comme lui. Et pourtant sans sa volonté, sans son envie, moi je ne suis pas grand chose. Je reste là en silence à regarder autour de moi dans cette salle d'attente parce que maman m'a dit doucement la première fois que j'ai ouvert la bouche “ chute ”. Et si même maman parle doucement c'est que la sentence est sans appelle.
Cet appartement semble, tout de suite, avoir été traversé par un typhon qui est bien loin aujourd'hui.  Les vestiges d'un appartement qui a vécu. Et avant cela, si vous l'aviez vu. Un appartement ranger de façon harmonieuse pour, encore une fois, être bien dans sa tête.
Je me doutais que ça ne marcherait pas.
Et Franck devait s'en douter aussi.
Mais à partir d'une période, il y a quelques semaines, il a craint beaucoup pour sa santé. Mentale, aussi. Alors il a essayer la vie en mode Ikea.
Moi je pensais bien que ça ne marcherait pas. Et lui aussi, sans doute. Mais il a essayé. Et ça, essayer de faire ça, de changer sa vie par crainte pour soi-même, en venir là, ça doit être effrayant.
Alors j'espérais quand même un peu que ça marche. Pour lui, au moins.
Mais aujourd'hui, cette fois, j'admets que j'ai un peu peur.

Franck tourne doucement la tête vers moi pour me regarder dans les yeux. Il a bougé sa tête sans bouger une quel qu’autre partie de son corps. Immobile. Et ses yeux plongent au fond de moi pour me parler.
À présent, tout ce qu'il est, tout ce qu'il veut est dans ce regard. Ce que je lis c'est un Au Secours muet. Rien d'autre. Il me regarde juste longtemps. Moi.
Pourquoi moi? Il pense peut-être que je peux l'aider. Mais je ne peux rien pour lui et j'aimerais qu'il me foute la paix et qu'il arrête de me regarder.
Mais non. Il insiste. Silencieux. Son âme qui ne me lâche pas alors que je n'ai pas la réponse. C'est cela que j'ai envie de crier. Que je n'ai pas la réponse.

Il a dû m'entendre. Il vient de passer sur son visage le masque de l'amertume. Une profonde amertume à mon égard. À l'égard du monde et de tout ceux  qui ne sont pas ici, dans cette pièce pour lui dire comment faire maintenant.
Moi aussi je veux des réponse, même s'il ne le sait pas. Et moi non plus ne vais pas très bien. Et je n'ai comme seul ami que le regard amer d'un fantôme avachi sur son lit. Alors pris à la gorge par l'atmosphère irrespirable d'ici, je descends de ma fenêtre et je quitte la pièce.
Le fantôme-Franck me suis un instant du regard, puis repart très loin on ne sait où, quelque part à côté de lui-même. Les yeux replongeant dans le mur d'en face.
Moi je me réfugie dans la seule autre pièce existante ici. Les toilettes.
Je m'y assoie pour attendre. Et j'entends qu'à côté quelqu'un pleure doucement.
Comme dans ces cas-là on fait tous comme on peut, je le laisse pleurer. Parce que je n'ai pas la solution.
Je me mets à sourire. Dans le noir de mon placard, je souris, sans les yeux. Seulement avec mes lèvres. Un grand sourire distendu. Parce que je ne sais pas quoi faire. Alors je souris gravement.
Et j'attends. Amer.
Et en même temps, je sens sur mes pied la douceur de la couverture qui est sur mon lit.