dimanche 27 février 2011

La vieille femme aux chats

Franck ne peut pas toujours chercher les réponses à ses questions dans le fond de sa casserole de pâtes bolognaises. Lesquelles d'ailleurs ne parlent pas beaucoup. Il se dit que tout de même, tout ça c'est bien joli, mais il a cru entendre un miaou... dans son appartement, et il réalise.
Franck en a assez des sujets récurrents qui bercent son esprit. Son ex-tendre Eloise et lui on eu une folle passion destructrice qui a mené Franck ici aujourd'hui, devant une casserole, et il se demande s'il n'est pas venu le temps d'aller un peu plus loin.Un peu plus loin qu'une simple casserole.

Franck a pris sa décision. Franck plait. Franck a toujours eu, contre toute attente, le contacte facile avec les femmes, alors Franck va se sortir un peu. Et Franck va rencontrer des filles. Juste pour le plaisir de rencontrer des femmes avec qui ce n'est pas toujours compliqué, avec qui on ne se déchire pas. Franck va rencontrer des femmes avec qui il est agréable de passer le temps. Franck va jouir un peu. De tout. D'agréable compagnie qu'il ne connait pas, de situations faciles, de gens faciles. Ça fait décidément trop longtemps que le temps passer en délicieuse compagnie n'est pas passé de façon délicieuse et il se rend compte que malgré ses quelques aventures de ces derniers temps, il a oublié ce que c'est que d'être bien. En lui même.
Il est temps aujourd'hui.
Franck ne voudrait pas ressembler à cette vieille femme aux chats.

Oui, ça doit être agréable de rencontrer quelqu'un. Et même si c'est pas pour la vie. Il n'y a pas de raison qu'il soit resté là à attendre qu'une âme charitable lui raconte ce qui se passe à l'extérieur du monde pendant que lui essayait d'imaginer.

samedi 26 février 2011

Ne lis pas ça.

Lire la lettre d'une ancienne amante. D'une amie. Lire cette amie qui me parle d'Elle, pas d'elle. Elle qu'elle ne connait qu'au travers tout les mots que je lui ai dit. Lire mon amie qui me parle de sa passion pour ses textes à Elle, et les miens. Lire mon amie qui me parle de Nous. Lire sa lettre cette lettre qui me parle de Notre histoire. Lire comme elle regrette pour moi. Lire qu'elle trouve ça beau. Lire qu'elle n'en voudrait pas. Lire qu'Elle et moi sommes sans doute allé un petit peu trop loin. Lire qu'elle aime Elle et moi.
Et être touché. A nouveau. Cette histoire que te raconte cet étranger, ce baroudeur, cette amie qui a tout vu, de loin. Etre touché par cet étranger qui te raconte une histoire qu'il a lu. La tienne.

vendredi 25 février 2011

Morituri Te Salutant

Anne est trempée. Anne semble bien. Anne est toujours comme ça quand je la vois. Je l'appelle Anne mais bien sûr, j'ignore son nom.
Anne est toujours accompagnée de sa bouteille d'au et de son coupe-vent d'une marque de professionnels pour ceux qui font du sport par tout temps. C'est surement son cas.
Je l'ai toujours vu en short cycliste. En été son tee-shirt est en sueur, en hivers, elle est rouge. Et tout le reste du temps, hé bien ma fois, le reste du temps s'il pleut elle est trempée.
Il émane toujours d'elle l'impression du travail dur mais juste enfin accompli. Et quand elle s'est pris la rincée, elle semble encore plus satisfaite parce qu'on a rien sans rien, alors là elle aura bien mérité ce qu'elle cherche avec acharnement.
La question que je me pose à chaque fois que je vois Anne qui achète des barres de céréales Qu'est-ce qui peut pousser quelqu'un à cette souffrance physique?
Qu'est-ce qu'elle cherche à se prouver autant?
Des gouttelettes d'eau perlent au bout des bouclettes de ses cheveux cours. Ils sont d'un blond vénitien très prononcé., et ça lui donne un air quelconque de caniche. Elle n'est pas vraiment laide, seulement elle ne sait pas bien agencer les différents traits physiques qui l'astreignent. C'est ce qu'au delà de sa fierté je vois dans ses yeux lorsqu'elle a la tête dans les nuages. Le regret. Celui de devoir, elle, se tuer le corps tout les jours pour espérer en tirer une compensation que la nature semble lui avoir refuser. C'est cette sorte de revanche que je lis lorsque je la vois après son jogging. Trempée. Ou en sueur. Mauvais calcule pour faire des rencontres. Peu importe pour Anne, puisque la revanche est un agrément bien largement supérieur à toute autre compensation.
Cette revanche du travail accompli.

Elle est mince, très mince. Presque trop. C'est déjà ça que la nature lui ait concédé cela, alors il ne sera jamais dit Anne est un peu grosse je trouve. Ça, jamais. Il y a de cela dans ses yeux quand elle pense qu'on ne la voit pas. Cette volonté et la fierté de se gagner
Qu'est-ce qui pousse quelqu'un à se faire subir tout ça? Elle est presque maigre. Impossible pour elle de grossir de toute évidence. De grossir au point d'être obèse. Alors que veut-elle éliminer de ce corps?
Elle attend son tour dans la file d'attente en faisant nerveusement un pas en avance un pas en arrière sur place. Les muscles des jambes aux aguets. Je me demande ce qu'elle fuit à courir ainsi. Sa fausse laideur ou sa beauté médiocre, son manque de talents esthétiques ou encore quelque chose qui lui appartient plus. En baissant les yeux je longe son cycliste et remarque dépassant de la finesse de sa silhouette une bien légère culotte de cheval.
Et quand on est une battante, comme Anne, on ne tolère pas les moqueries impertinentes de ce corps que l'on soumet.
Je suppose que c'est pour cela qu'elle court. Parce que tout les matin devant sa glace, et tout les soirs avant de se changer, cette petite culotte de cheval lui fait promettre de plier son corps parce que si des choses on pu dicter leurs lois à Anne, son corps lui ne lui imposera rien. Sur ma volonté je le jure, tu plieras avant moi.

samedi 19 février 2011

Le point Godwin

Elle a s'occuper de toi?
Sans déconner... Quoi???
Syntaxe caricaturale, un accent asiatique sorti tout droit d'un sketch de Michel Leeb.
Sauf que là c'est aps un sketch, c'est ma collègue de travail.
Bordel.

(Je me vois déjà balancer fièrement que ha mais ces étrangers qui s'insèrent pas dans no'te culture et qui parlent pô no'te langue, qu'est-ci qui viennent me faire chier c'est révoltant même. Et voilà que je me vois avec un béret, la pipe à la bouche et le fusil en bandoulière, puant la vinasse et voulant dégommer un sanglier en chérissant mes Épagneuls plus que ma propre femme. C'est drôle, parfois, quand je me permets des raisonnements à la con je m'imagine à l'ouverture de la chasse avec des camarades).

Ahhh...
Hmmm... Regard réprobateur.
Bon... Hhhh...!
Le problème à cet instant précis c'est que jai oublié de demander sa carte de fidélité à une cliente et qu'elle cherche par tout ses petits moyens à me le faire payer. Mais elle n'y arrive pas, alors après avoir ranger ses courses elle pousse un grand soupir ostentatoire et s'en va.
Je ne voudrais pas être son mari qui mangera ce soir un mauvais rôti de porc parce que je n'ai pas demandé la carte à son épouse cet après-midi.
Tu toi plendle le hon... client paki suit?
Quoi???
Si j'ai fait...? Du skie...? Elle répète. J'avais rien compris.
Je me sens comme le Professeur Tournesol.
Un professeur Tournesol à la chasse.
Vinasse, Épagneuls... toussa.
Ma collègue ne parle pas vraiment, vraiment mal. Juste petit nègre. D'un autre côté, avec ce travail, ça me paraît difficile d'apprendre à parler comme Luchini.

Chic. Un vieux me fait comprendre depuis cinq minutes que je suis ridicule de lui réclamer les un centimes qu'il me devait parce que ça lui fait casser un billet je crois, et que c'est embêtant. Sa pétasse, qui a dû mouiller au temps jadis passe sa ménopause sur moi semble-t-il. Ils m'explique tout deux à quel point j'abuse de considérer quelque chose d'aussi insignifiant. Je leur rappelle que c'est eux qui me tiennent la grappe depuis cinq minutes pour ce truc insignifiant. Ils s'offusquent.
Ils s'en vont. Ils n'en resteront pas là.

Une japonaise très jolie qui ne parle pas vraiment le français paie en rougissant et en baissant les yeux. Re coup d'oeil, et re elle baisse les yeux. Comme elle fait tout le temps.
Y a pas à dire. S'ils sont les maitres dans les jeux de la domination, c'est qu'ils ont ça dans le sang.

Une vieille (encore...) range les courses dans son caddy en observant d'un mauvais œil de jeunes hommes qui discutent à côté, et elle se sent obligée de me dire pourquoi. Parce que si deux d'entre eux ont bien l'air d'avoir un grand-père qui est vaguement né en Afrique du Nord, il semble que ça lui suffise à la vieille pour les suspecter d'un très prochain vole avec violence sur sa personne. Elle m'explique d'ailleurs en détail de quelle façon Ils lui ont déjà dérobé son sac à main tu comprends.
Je me permets donc de lui rappeler un vieil adage de grand-mère expliquant qu'il ne faut pas mettre tout ses œufs dans le même sac à merde, et qu'elle généralise peut-être un peu, là. Elle m'explique que non et puis elle me rappelle au travers des preuves irréfutablement scientifiques qu'au fond ces gens-là sont poussés au vice de façon naturelle et que...

Mais le problème qui va se poser c'est que je n'ai presque pas dormi depuis quelques jours, que je supporte difficilement les vieux cons, quelle a en plus pris vachement de sacs pour un usage personnel et que surtout, surtout, ma passion, bien connue de mes supérieurs hiérarchiques, c'est précisément de me coller au mur les connards qui racontent des trucs à la con. C'est ça le problème, mais la pauvre ne le sait pas. Alors je compte lui faire la surprise et je me contente de lui demander poliment si je peux me permettre de lui dire ce que je pense de ses conneries...

C'est avec une joie non dissimulée que je vois, lorsque ma supérieur m'arrête, la mine déconfite de la petite vieille qui s'est rendu compte qu'elle a assisté a son exécution sommaire. Et en publique.
Vous allez en pause, Franck, s'il vous plait.

mardi 15 février 2011

Expliques-moi lorsque tu remue tes hanches devant mon visage, je ne comprends pas.

Franck, en bon dandy qu'il sait être parfois, garde un sourire charmant aux lèvres. Manière la plus délicate qu'il connaisse d'éconduire subtilement une jeune femme lorsqu'il la connait à peine. Il commande une autre bière ce qui laisse à la demoiselle le temps de se recomposer une allure, puis il poursuit où ils se sont arrêtés. Elle ne semble d'ailleurs pas dérouté par la conversation qui a repris comme si de rien n'était.
Ils sont dans un bar un peu cosy. Le genre d'endroit à la mode. Le genre de lieu dans lequel Franck est certain qu'il ne rencontrera personne. La jeune fille est objectivement une jolie fille, c'est vrai, et il se demande d'ailleurs en passant ce qu'elle peut bien lui trouver. Question qu'il s'est posé à chaque fois qu'il s'est trouvé dans les bras d'une femme. Allant comiquement jusqu'à envisager de leur part la prise d'une drogue inconnue. Une drogue qui a systématiquement fait tomber ces femmes shootées dans les bras de Franck plutôt que dans ceux d'un autre. Il se dit cela depuis le premier baiser qu'on lui a pris, attribuant toutes ses formidables expériences à un misérable concours de circonstance, se trouvant au bon endroit au bon moment.
Il attend presque comme un juste retour des choses le jour où il n'aura plus cette chance insolente de ne jamais avoir fréquenter de femme quelconque.
Il attend le jour où il devra se contenter d'essayer simplement de ne pas mourir seul.
Le temps passe, Franck. Et tu vas mourir.

Cette idée de tout cet amour qui échappe à sa sphère de compréhension le poursuit comme le crocodile du capitaine Crochet. Tic tac! Tic tac...! Le temps passe Crochet et le crocodile te trouvera. L'amour échappe à la sphère de compréhension de Franck et ça le fait trembler, comme une menace permanente.
Un jour tu vas mourir, Franck. Et seul. Juste parce que tu ne comprends pas l'amour et que le temps ne s'arrête pas, lui.

Pour se rassurer, il traine avec lui le souvenir de ces femmes qui l'ont aimé. Pour se dire qu'il n'est pas si seul finalement. Sauf qu'au fur et à mesure, de ses femmes tantôt qui finissent par avoir des enfants, tantôt qui finissent par se marier, ne reste qu'un souvenir de plus en plus lointain de lui et d'elles. Parce qu'il n'a pas su à l'époque où une-tel aurait aimé le conduire à l'Autel ou une autre à la maternité. Ou juste le conduire sur un lit où ils pourraient rester quelques temps allonger et regarder passer les saisons.
À chaque fois la même question un peu en suspend dans le cerveau de l'enfant-Franck: la prise de drogue, et un hasard qui l'a conduit sur leur route, lui plutôt qu'un autre. Cela à commencer le jour où la plus jolie fille du collège a jeté son dévolu sur lui. C'est certain, Franck n'a fréquenté que des femmes droguées, avec dans sa poche un hasard extra-ordinaire. Et à force d'attendre le réveil des princesses, Franck n'a pas appris à parler le mensonge de l'amour.
À présent, avec des fantômes plein la tête, Franck attend le jour de leur réveil. À toutes.
Il court, il court le furet...

Franck est hanté par le souvenir d'une jeune femme. Il sifflote pendant un instant de silence entre lui et la fille qui est en face de lui. Elle s'absente une minute, elle retourne voir ses copines. Ok.
Franck se dit que de toute façon, même s'il se laissait l'opportunité d'être intéressé, il suppose fortement qu'il aurait fini par tout saboter. À cause des fantômes. Et aussi parce qu'ils semblent tous parler un langage qu'il n'est pas certain de comprendre. Ce qui ne l'empêche pas du reste de tourner les yeux vers la jeune femme lorsqu'elle lui fausse compagnie. Vers elle et les délicieuses vagues que produit son déhanché. Elle se retourne et l'a vu.
Elle sourit.

Du coup Franck calcule leur chances, leur viabilité. Dans un endroit comme ici, ça a tendance à chuter assez vite. Et de toute façon, les fantômes de Franck rôdent pour saboter subtilement ses entreprises.

Un jour ça arrivera, Franck, c'est certain... Tic tac! Tic tac...! Et alors, quand il se dit ça, parfois, une profonde fatigue s'installe dans la tête de Franck.
Et il est tenté parfois de se laisser aller à s'endormir ivre de tout cela, une nuit, sur le porche d'une maison inconnue, rafraichi par la neige qui tombe sur son visage.Vierge.

lundi 14 février 2011

Le rêve

Franck en est déjà à sa septième clope depuis une demi heure. Le papier se plie un peu alors il est obligé de s'y reprendre à deux fois pour la rouler. L'alcool l'aide un peu dans sa débâcle. Les clopes est toujours moins propres si tu les fais pas en un trait. Il écoute son pote qui lui parle d'un morceau qu'il ne connait pas. D'ailleurs il va brancher son téléphone sur l'ampli pour lui faire écouter et Franck se dit cool. Il tasse son embryon de cigarette sur son téléphone portable, une habitude qu'il a, et il l'allume. Le son monte à ses oreilles. Une pétasse que ni l'un ni l'autre ne supportent en général. Mais Paul est toujours sûr de son effet quand il met une chanson à burne. Encore une fois il a raison. C'est en se disant cela que Franck prend une grosse bouffée de sa clope à deux balles.
Il jauge son verre qui se remplie au fur et à mesure d'alcool en tout genre. Peu importe ce qui s'y loge, son verre est un excellent allié. Il se rassoit sur le simili fauteuil de bureau qui grince à chaque fois qu'on s'enfonce dans le dossier. Il repose sa tête. Le présent disparaît peu à peu. La soirée avait déjà commencée curieusement.
Une fin de pétard qu'un mec inconnu lui a proposé à la sortie d'un bar dans lequel il avait rendez-vous avec un autre mec. Juste pour parler de choses et d'autres. Entre autre des merdes que produit Franck parfois. Même qu'il s'en doutait Franck et même qu'il y est quand-même allé les mains dans les poches, et même que comme un bleu il a prit plaisir à se faire surprendre.
T'as fait le con Franck. C'est ça l'ordre du jour semble-t-il. Franck n'a rien trouvé de génial à dire pour se défendre. Alors un ouaip, mec, d'un certain point de vu semble être une bonne réponse standard. Son pote a continuer en le rassurant de différentes façons assez efficaces mais pour Franck ça ne fait pas grande différence.
C'est donc à la sortie de ce bar, quand ils se disent au revoir que Franck et son pote se voient remettre en main propre une fin de joint qu'un autre a ramené du pays. Et tu comprends mec, c'est du gâchis de jeter ça, mais comme je dois aller boire ma bière je te le laisse. Alors merci et à bientôt.
Le mec rentre en ajoutant que tout excès est dangereux, ce à quoi Franck répond que hé tu sais mec, c'est ce que je dis tout le temps. Mais le mec s'en branle, il est déjà rentré.
Sur la route, il dépose chez une fille un ou deux truc. Des répliques déliquescentes de tremblements de terres datant de jadis.
Chez lui Franck se rend compte qu'il a fait de la merde dans son travail. Mais il est content quand-même puisqu'il s'est quand-même remis à travaillé. C'est toujours ça de pris.
On sonne. Paul est en bas.

Après une bouteille de vin, plusieurs bières "d'ivrogne" selon Franck, à fort taux alcoolique et quelques bières plus décentes, Franck commence à ramasser dans son cendard les mégots de vieilles clopes pas finies. Un réflexe qu'il a pris de quand il a pas de tunes pour s'acheter des clopes et qu'il est obligé de faire les fonts de cendriers. Il a de la chance, dans le tas il y en a un qui doit dater d'aujourd'hui. Il l'allume en pensant que c'est du gâchis d'éteindre une clope à la moitié (et il se souvient de la promesse qu'il s'était faite, pendant cette même période de disette tabacologique, de garder au maximum de mégots le plus long possible dans son cendrier, des fois que les temps se durcissent. Alors il se pardonne son gâchis qui part d'un bon fond). Il le fini complètement et l'écrase vraiment cette fois-ci - non sans avoir réfléchi à deux fois, du coup, des fois qu'il y aurait deux dernières lattes à en tirer la prochaine fois.

Et puis à force de parler peut-être que je finirais la gueule dans le trou des chiottes. Ouai, c'est bien possible. Ou alors bouffer par les moisissures qui gagneront mon appartement, parties de ma conserve de ravioli froid que j'aurais oublié de foutre au frais. Je sais pas. Finir n'importe comment, mais pas connu, pas célèbre. Mort avec mon talent qu'on se cherche tous. Avec juste des gens autour de ma dépouille pour dire qu'au fond bah j'étais quand-même sympathique.
Pas mal déjà. 

Franck va décuver. Mais avant, il espère qu'il n'aura pas à dormir sur un matelas de merde toute sa vie. Et en même temps, avoir un super matelas, de beaux vêtements et des restos chics, il s'en fout aussi si c'est pour finir comme une merde quand-même.


ps: la pétasse en question c'est Diana Krall et la chanson c'est Temptation.

Analyse psychiatrique en une étape

Parce que quand il fait trop sombre aucun regard n'est possible pour comprendre...


Franck se trouve dans son appartement où jamais il n'y a eu une telle ambiance. Entre le calme d'un dimanche après-midi, lorsque toute la famille est affairée ailleurs et qu'on a la sensation d'être tout seul et une nervosité mal contenue qui semble sortir des murs. Il est avec Caroline. À côté d'eux plusieurs personnes regardent religieusement la télévision.
Ils parlent assez bas lui et elle. Il y a une gravité dans l'instant. Une gravité incompréhensible, encore à l'heure où je te raconte cela. Il semble que Franck ait pris la décision à contre cœur de "lui" parler. Une personne non identifiée. Un homme, il semble. Caroline semble aussi peu rassurée que lui par cette décision. Comme forcé par une main impitoyable à accomplir son destin Franck se lève en prenant soin de ne déranger personne en chercher ses affaires. On dirait qu'il part dans un pays dont il ne reviendra pas. Nul ne sait à qui il va parler à par Caroline qui sait tout comme lui l'inéluctabilité de ce qui va se passer.
À côté deux, à deux mètres à peine, les téléspectateurs ressemblent à une milice de zombie dont l'âme tout entière est absorbée par leur film. Et dans l'appartement règne le délicat parfum de la fatalité sur le point de s'accomplir.
Ceux qui connaissent le Franck sur le point d'avoir une conversation sauront que le plus terrible à cet instant, c'est la singularité de son regard. Franck a peur. Réellement. Pas intensément, mais il a le regard d'un prisonnier résigné à entendre sa condamnation, peu importe ce qu'elle sera.
Caroline ne dit rien de superflue, ne donne son avis concernant les remarques de Franck qu'à l'aide de quelques rares mots. Elle qui n'a jamais froid aux yeux, elle qui ne se laisse jamais dépasser, elle qui est toujours prête à aider Franck dans l'adversité, elle aujourd'hui n'a rien à dire. Elle a peur. Comme Franck.

Franck cherche quelque chose. Elle lui demande ce qu'il fait. Il prend un couteau à la lame recourbée et lui montre. "C'est pour si la discussion dérape" et il fait signe d'enfoncer la lame dans un cou. Pas n'importe où. Juste là, entre l'omoplate et la clavicule, directe dans le coup. Franck sait qu'il va probablement tuer quelqu'un tout à l'heure. On ne sait pas pourquoi en venir là, mais il n'y aurait pas d'autre alternative. Caroline, légèrement plus sombre depuis un instant acquiesce. Elle sait aussi le mystère qui conduira peut-être à cela. Fatalement. Elle n'est pas étonnée, juste un peu moins rassurée. On devine que Caroline aurait voulu reporter ce moment le plus longtemps possible.
Franck quitte l'appartement, et il a peur d'avoir à tuer un homme.
Un homme si étrange qu'il retourne l'estomac de Franck rien qu'à l'idée d'aller lui parler.

II


Franck est dans un corridor assez long. Rouge.
Aux murs, des tableaux dans les tons rouges également, tous sans exception. Un rouge profond. Rouge roi, rouges sombres et rouges très lumineux. Les murs sont recouverts de velours de même couleur, ou bien est-ce une superposition de différentes teintes de peintures rouge aussi, à même le bois et le plâtre du mur, passant derrière les tableaux accrochés.
Derrière lui, au fond du couloir, une pièce ouverte très éclairée par la lumière extérieure.
De l'entre-bâillement de la porte s'échappe l'intense éclat blanc du soleil. Dans la pièce, Franck le sais, une jeune femme est attachée. Elle essaie avec une hystérie maitrisée de défaire les liens de ses poignets. Franck le sait. Il ne l'a pourtant jamais vu. Ni la pièce dans laquelle elle se trouve. Ni ce corridor. Mais Franck sait pourtant tout cela. Il la voit même, les jambes légèrement écartées et pliées  comme lorsqu'on veut remonter le plus haut possible sur le matelas.
Elle est adossée au montant du lit. La fatigue apparente laisse penser qu'elle est dans cette position depuis plusieurs jours. L'avidité avec laquelle elle tente de manger ses liens n'a rien à voir avec la faim mais plutôt avec l'espoir.
Elle le sait, c'est la première et dernière fois qu'elle a l'occasion de tenter une fuite alors qu'un sentiment funeste gagne Franck, dans le corridor, qui observe cette femme par la pensée. Il sent que l'homme est ici. Qu'il va entrer de l'autre côté du couloir.
Elle est très nerveuse à présent. Elle l'a entendu approcher.
De l'autre côté la porte s'ouvre.

C'est très étrange, pense Franck à cet instant, d'entendre monter dans l'air le Canon de Pachelbel  en même temps que les jambes de l'homme pénètrent dans le couloir. Franck qui est plus une présence immanente à présent qu'un réel personnage, ne sait pas quel rôle jouer ici. Il entend le Canon qui berce immédiatement toutes la violence qui aurait voulu se projeter aux murs, lui donnant une consistance ouaté. L'homme lentement referme la porte par laquelle il vient d'entrer. Franck a essayer de distinguer ce qui se trouvait de l'autre côté pour y voir la preuve d'un monde extérieur Or, derrière la porte rien. Du noir. Un noir profond. Il semble que l'homme soit venu tout droit des ténèbres.
À peine a-t-il ouvert la porte qu'il a annoncer très haut un satirique "Chérie, je suis rentré...!".
Franck sent monter en lui une sensation étrange. Il le sait à l'instant. La femme attachée sur le lit dont l'avenir ne présage rien de bon est la sœur de cet homme. Et c'est bien à elle qu'il s'adresse avec humour.
Il a dans la main un gourdin. Ses grosses chaussures font un bruit d'éperons sur le sol à chacun de ses pas. Sur ses deux cuisses, cousus sur son pantalon, de gros sourires au dents pointues et des yeux carrés au regards méchants.
L'homme va en terminer aujourd'hui avec cette jeune femme. Franck suppose même que cette entrée qu'il a fait est une mise en scène. Un petit rituel juste pour eux deux. Le portrait effrayant d'une bonne famille.
Franck se réfugie dans la chambre qu'il essaie de fermer alors qu'une forme s'en échappe. C'est une femme. Une autre, venue libérer la première. Elle ressemble à ces femmes qui ont du cran, ces femmes courageuses, entreprenantes, qui n'ont jamais froid aux yeux. Elle ressemble à ces femmes qui osent. Qui osent vraiment.
Franck a fermé la porte et la maintient. Il voit dans le couloir que l'homme est malheureusement secondé. La femme, telle une guerrière intrépide, porté par la conviction de la justice est bien décidé à arrêter l'homme. Avec un manche à ballet en bois.
L'homme et son acolyte rient de bon cœur en lui assenant des coups violents de gourdins en fer. Franck les voit petit à petit se courber sur un corps de plus en plus replié sur lui-même pour s'acharner avec délectation. Les barres de fer s'abattent encore quelques instants sur la dépouille ensanglanté de la bienfaitrice avant que l'homme ne lève la tête en direction de la chambre, se rappelant l'objet de sa convoitise.
Sa sœur qui est encore attachée se laisse maintenant aller complètement à sa peur, les liens encore entre ses dents comme si d'un coup ils allaient céder. Comme si d'un coup, elle pourrait s'enfuir par la fenêtre.

Par la fenêtre d'ailleurs, Franck regarde l'extérieur. Il semble que cette lumière, il semble que le soleil et le ciel n'existent pas vraiment. Et le Canon de Pachelbel est si beau...
L'homme va entrer. Franck commence à regretter d'être venu.



Il est des endroits sombres où la logique ne peut pas entrer pour essayer de comprendre.
Franck n'est pas à l'aise. Il vient de se réveiller calmement et a peur de se poser la question du sens. Du sens de ce rêve.

samedi 5 février 2011

Juste une seconde de plus

"... parce que addiect... pas poss... souffouè...et que dure... pas possible d'aill que... Mais merci Franck. Pour."
C'est le dernier message que j'ai reçu d'Eloise. Ce matin. Dans un rêve.
Pas moyen de donner un sens à ces fautes de frappe. Pas moyen de donner un sens.
Et encore cette crainte d'irréversible.