jeudi 31 mars 2011

Quand ton frère veut te foutre une beigne, serre les dents, et ferme les yeux. Ça va passer très vite.

Il y a des choses que l'âge n'arrange pas. Que le temps fige même, comme un fossile qui plus jamais ne se modifiera. Par exemple, si l'on me demande si j'aime les betteraves, je réponds un non certain et simple, comme pour souligner l'évidence. Mon cerveau n'a toujours pas assimilé que les quelques dernières fois où j'en ai mangé je n'ai franchement pas trouvé ça dégueulasse.
Une impression de vapeur brûlante passait sur mes joues il y a encore quelques années quand le ton se mettait à monter. C'est aussi probablement une des raisons de ma fréquente apathie lors de conflits familiaux.
C'est délicat de se voir réduit au silence sous la pression d'une dictature, c'est honteux et révoltant. Honteux... pour soi. Je me tais malgré toutes mes imprécations, parce qu'ici, la dictature n'est pas un concept. Il n'y pas de certaine distance entre soi et la police de la pensée. Non. Ici, la seule distance qu'il y ait c'est environ le mètre cinquante, la largeur de la table, qui nous sépare de ce chien fou au regard impassible. Un mètre cinquante c'est peu lorsque le bras au bout de ces yeux peuvent s'abattre sur soi en une fraction de seconde. Ne dis plus rien Franck. Ça n'a pas d'importance de toute façon puisque depuis dix minutes que le ton a monté, ce n'est plus vraiment une idée que tu as défendue, mais un arrangement à l'amiable. En faire passer le plus possible avant de céder.
Le problème ici est que tu as un bon argument, un truc imparable que tu songes à sortir pendant un bref instant de silence. C'est toujours pendant ce temps que l'air ambiant change et tes frère et sœur observent en espérant que tu vas t'arrêter à temps. Le syndrome de la femme battu. On ne le dit pas, mais tout le monde espère que tu fermeras ta gueule sans quoi le grand frère va encore exprimer sa colère. Toi, pendant ce laps de temps tu penses que tu en as définitivement assez d'être réduit au silence par la force et tu songes qu'aujourd'hui c'était la dernière fois, et tu sens la fièvre d'une petite révolution monter en toi, en même temps que tu sens malgré tout tes joues qui se réchauffent. Parce que l'être humain est con. Parce que non, tu ne veux pas te taire.
Mais tu verras que tu vas te taire, Franck.

Tes joues sont chaudes de colère, de peur aussi un peu. Elles doivent être rouges. Le frère et la sœur regardent (impossible de travailler maintenant, trop d'électricité dans l'air). Le climax est proche. Tout le monde le sait et surtout toi. Parce que le grand frère te dis lentement d'une voix chantante vidée de toute émotion: "Attention Franck... Attention...". Il sert un peu les dents. Tu ferais mieux d'en faire autant. Pourquoi? Parce que tu t'apprêtes à déborder. Le credo habituel à ce moment du conflit. Une étape délicate que cette phase de la discussion, trouver le temps de te révolter à voix haute contre cette menace indicible et sournoise. Tu veux prendre les devants. Mais sous quel chef d'inculpation? La recommandation de faire attention?
C'est toujours très difficile de se révolter contre une menace qui n'a pas corps. On est obligé de procéder à la tâche honteuse d'exprimer notre peur. Juste une peur.

Si tu ne crains rien, tu n'as pas peur de ce qui peut arriver. Tu ne mets rien en avant. Le problème ici, c'est le procédé psychologique figeant la peur dans une sorte de fantasme parce que l'élément sur lequel se repose la peur sus-dite n'a pas encore été exprimé clairement.
Il te laissera imaginer. Puis il te laissera nommer ta crainte. Il ne la nommera pas pour toi, non. S'il y a un problème Franck, tu es invité à parler ouvertement. Parce qu'ici mon cher Franck, autour de cette table, on ne voit pas ce qui te pose un problème.
C'est honteux de parler spontanément de sa crainte d'un châtiment corporel précis qui n'a même pas encore eu lieu. Parce que c'est avouer au monde que cette chose en particulier nous obsède depuis peut-être dix minutes ou un quart d'heure. C'est aussi avouer indirectement l'emprise que l'autre a sur soi depuis autant de temps. C'est avouer qu'on en a peur.
Comme tu ne supportes plus toute cette pression, tu t'avances sur cette question. Tu n'es jamais sûr que c'est le bon moment, peut-être est-ce trop tôt au quel cas tu risques de passer pour un trouillard alors voilà, tu prends toujours le risque d'avouer ta peur à un mauvais moment et de perdre autre chose que ta dignité déjà bien abîmée. La joute rhétorique.
Si tu entames trop tôt la litanie de la menace sous-jacente qui est intolérable, tu prends le risque de te sentir vraiment peureux, mais aussi, tu prends le risque de voir les témoins songer au fond d'eux-même il exagère, on en est loin, là. Il se sent vraiment menacé pour un rien lui. Ce qui te fera perdre l'avantage inhérent au statut même de victime que tu possèdes à cet instant (avec du recule je remarque la mécanique psychologique classique qui s'est installée ici et qui est présente dans toutes les situations de menaces quotidienne qu'exerce un individu sur un groupe d'individus). On a donc décidé il y a une seconde de s'avancer sur la question de cette menace insidieuse. Ici, pendant les dix prochaines secondes, ce qui va se passer est très clair.
Tu évoques cette bouffe que tu vois arriver à grand pas, donc, légère perte de dignité normale ; là il faut malgré tout garder ses positions - tu as fini par l'apprendre c'est une étape essentielle, quand tu étais plus petit tu te mettais à pleurer submergé par l'émotion, et tu n'avais pas le temps pour la suite... tu ne te déconcentres pas, donc - pour enchaîner le plus vite possible sur... sur quoi...? Contente toi de dire que tu en as assez de ces claques à chaque fois qu'il y a un désaccord. Commence comme ça. La prochaine fois tu seras plus inspiré c'est pas grave.
La prochaine fois... Parce qu'à peine tu as commencé à ouvrir ta gueule, le coup est parti te la refermant aussi sec.
...Et la chaleur brûlante sur les joues...

J'espère que tu as eu le temps d'en placer un peu avant de te taire. C'est tout ce qui compte.

L'instant qui suit :
Parfois tu vas filer loin de cette pièce où on t'a bafoué. Parfois tu vas pleurer en même temps et tu vas tourner en rond dans la maison.
Et puis parfois tu vas rester à ta place, même pas tellement secoué par l'émotion. Tu sais que c'est passé. Tu vas juste te remettre au travail avec la dernière honte de cette après-midi : une joue enflée exposée à la vue de tous. Et en plus tu leur as pratiquement avoué il y a cinq minutes à quel point cette claque te faisait peur. Dans dix minutes tu pourras quitter la table avec une nonchalance à peu près crédible pour enfouir ton honneur dans les draps froissés de la seule pièce qui soit sûr où tu pourras enfin vomir ta haine.

mardi 29 mars 2011

Se réveiller d'un long voyage dans les limbes, j'imagine que ça doit faire à peu près ça...

Voilà deux fois que je rêve d' Éloïse. Encore, oui. Voilà deux rêves que je fais, mais deux rêves particuliers. Attends, je vous explique, parce que vous n'y êtes pas...
Dans le premier rêve elle était venue me voir pour parler de quelque chose. Et au fur et à mesure qu'elle n'arrivait pas à exprimer ses idées une sorte de stress montait en elle. Et moi j'écoutais. Calmement.
Dans le deuxième rêve elle m'a suivi dans une sorte de restaurant self-service. J'ai cru l'avoir aperçue quand elle me rattrape dehors. Pour rétablir le contact.

J'ai d'abord vécu le premier rêve comme un formidable bon en avant. Pas de noirs desseins ici. Plus de querelle, plus de plans immondes visant à une éradication totale de nos deux êtres dans une ambiance de film noir sans possibilité de retour. Non, ici, une prise de contact... et surtout, un Franck serein. Et ça, vous ne vous en rendez pas compte, vous, mais là... je savais que j'avais compris. Un beau rêve (compte tenu du back ground de mes rêves avec Éloïse, c'est même un miracle) aux relents de comédie romantiques avec en trame de fond la souffrance résorbées et la reprise de contact...
Mais surtout, un Franck bien dans ses chaussettes oniriques. Et ça... Je vous explique.
Et puis ce deuxième rêve dans lequel elle surmonte son stress et me dit plein de choses. Sur la belle fille que j'ai regardé une seconde, sur elle par comparaison perdue d'avance à l'entendre et puis sur moi.
Et puis silence. On va pouvoir parler. En paix, encore. Re-bond en avant. Ce n'est donc pas la maladie qui m'a prêté des rêves qui n'étaient pas les miens.
Et toutes ces tentatives de communications pleines d'optimisme.

Si je veux? Si je veux lui parler? La revoir?
Je souris... je souris parce que vous n'y êtes pas.
Laissez moi vous expliquer:

Ce matin, Tchouc! un micro flash devant mes yeux. Il fait donc tout noir le temps que mes yeux se réhabituent à la lumière ambiante et je vois apparaître devant moi doucement un mot. Projection (un concept de psychologie). Serait-ce mes propres envies que j'attribue à Éloïse dans ces deux rêves...? Ai-je souffert de ne pouvoir lui dire certaines choses?Voudrais-je lui parler? Peut-être.
Et pourtant je ne suis pas troublé. J'ai rêvé d' Éloïse et je regarde en moi. Ça va bien.
Peu importe le reste.
C'est tellement bon de ne pas se déchirer. J'avais...
J'avais oublié. Je sais aujourd'hui que j'avais oublié.


J'espère que vous comprenez.



samedi 26 mars 2011

L'homme qui aimait les femmes

Ne m'en veux pas de tout ce que j'ai pu dire. Ni de ce que je dirais. Il n'y a pas de mensonge, à aucun moment. Juste une profonde envie. Un désir qui en devient parfois ingérable. C'est que tu n'imagines pas ce qui se passe en moi lorsque tu t'approches et que je sais que tu poseras une main sur mon bras. Bien sûr, toi... mais pas que. Je ne peux pour le moment pas grand chose. Je suis...

Un peu dans la peau de John Wayne qui entre dans un saloon. Quand j'entre dans une pièce c'est toi que je vois en premier. Et c'est probablement toi que je regarderais en dernier partant, après avoir disperser mes formules magiques aux quatre vents sans me soucier de l'effet qu'elles ont eu. On ne s'essaie pas à la magie pour y gagner quelque chose mais pour flirter avec elle. J'ai mille façons de déclarer mon amour. Quand on aime on ne compte pas. Et moi je ne compte jamais. Parce qu'une femme ou mille, peu importe. C'est toujours la dernière. Je suis...

Une masse informe et gélatineuse qui rampe au sol et se cache dans les coins ne semblerait pas si différente. Note toutefois que je me suis apprêté d'un costume sur mesure. Et d'une gestuelle qui me sied comme un gant. De gant d'ailleurs je ne porte jamais, ne cherche pas. Si je touche ça ne sera jamais autrement qu'avec la bouche. Comme le serpent chassant par le biais de sa langue fourchue, je suis...

Navré mais tu ne devrais pas te réfugier dans l'idée qu'il m'a fallu créé un décorum honteux pour t'avoir. La vérité est que tu aimes certains bijoux et que je le sais. Et que je les portes justement ce soir. Comment l'ai-je su? Va savoir. Je ne le sais pas moi-même. Peut-être est-ce toi qui me l'a dit. Peut-être cherchais-tu quelqu'un qui pourrait te prendre au piège. Ou prendre le contrôle de ta situation.
Tu m'auras sans doute envoyé un pli cacheté dans lequel il y a ta photo, ton nom, des bijoux et un parfum. Tu sais que je suis...

mercredi 16 mars 2011

Une façon comme une autre d'en arriver là. D'en arriver où d'ailleurs...

Brother...?
-...?
- il faut que tu répondes sister, Franck, si non, c'est chiant...
Clarisse et Franck se serrent la main. Leurs doigts s'emmêlent. Ils se
prennent dans les bras l'un l'autre.
-en même temps tu donnes à la fraternité une couleur tout à fait
incestueuse que j'adore...
- t'es chiant... Pourquoi tu m'as pas dis ça l'autre fois...?
Je lui ai proposé tout à l'heure de lui rouler une pelle.
Le problème vois-tu c'est qu'elle trouve qu'elle est sure que ça aurait été extra tous les deux parce qu'elle a la sensation qu'au niveau de la baise on s'entendrait trop bien. Je suis de cet avis et je lui dis que ce n'est pas grave parce que peut-être que ce n'est que partie remise et que si non, ça ne fait rien. Elle me regarde d'un air un peu frustrée. Elle m'explique que en même temps, j'ai la sensation qu'on se ressemble beaucoup et alors ça serait terrible de coucher ensemble, mais après...?
Après?
Après ça serait surement super explosif... et j'ai peur que ça gâche tout.
Pas faux
Mais t'es con de pas m'avoir dit ça l'autre fois...
C'est clair. Mais tu sais, je pensais juste au plaisir, là tout de suite. J'ai pas réfléchi. C'est vrai. Je n'ai pas réfléchi en lui proposant ça tout à l'heure. En plus, Clarisse ce soir est accompagnée. Mais sur le coup, je n'y ai même pas pensé. Comme si tout m'était égal au delà des dix prochaines secondes. J'ai juste vu ses lèvres pulpeuses et j'ai voulu croquer dedans. Quand je lui ai demandé, elle a paru soulagé...
Ça me fait super plaisir que tu me dises ça, Franck, parce que déjà l'autre fois j'ai senti qu'il y avait un truc, et [moue désolée] c'est con que tu me l'ais pas demandé à ce moment là. Ça passait trop bien, je me disais qu'on se ressemblait beaucoup. Mais, même ça serait invivable... Elle sait me rembarrer gentiment Clarisse. Fortiche. Mais vraiment...
Je lui dis que sincèrement je ne voulais pas la lancer sur un sujet délicat. Que j'ai juste pensé à mon plaisir de l'instant et que...
Elle est tenté. Et pour cesser là le processus de frustration elle m'attrape la main et me tire vers elle pour m'embrasser. Assez chastement. Juste pour goûter, jauger un peu ce qu'elle a perdu, probablement. C'est malin tiens... Pourquoi j'ai jamais pensé à faire ça? Juste comme ça. Un baiser pour goûter.
Parce que tu serais capable de faire ça, toi, Franck?
Mouai... pas sûr.
Je n'aurais pas dû la mettre dans cette situation. Je me dis que j'ai peut-être brisé quelque chose. Et puis au fur et à mesure de la soirée je me dis que probablement pas. On se connait assez bien. On s'aime bien et on n'est pas trop trop gênés par ce genre de chose.
Alors on se quitte en Brother et Sister. Tranquillement.
Et au fond de moi, le lendemain, je me demande seulement si ça n'était pas une pirouette pour contenir sa gêne. J'aurais voulu lui faire comprendre qu'il n'y avait pas de malaise à avoir. Que je l'aimais bien et que c'est juste que ses lèvres m'ont données envie.


C'est que... Franck doit se chercher un peu dans cette liberté. Et il veut en explorer les éventualités qui ont l'air délicieuses. Seulement s'il y a des gens qui tombent amoureux après avoir coucher avec quelqu'un, systématiquement, si c'est bien, Franck ne sait toujours pas dans son cas s'il tombe amoureux après ou juste avant d'envisager cette situation.
C'est probablement pour cela qu'il a fait vœux d'abstinence sexuelle pendant quelques temps. Même s'il meurt d'envie de goûter à toute cette liberté. Et même si ce vœu va du coup être de toute évidence très dur à respecter...
Oui... ce vœu va être très dur à respecter...

Contre le mercantilisme de la vie à deux

Être avec quelqu'un, être en couple, c'est quoi...
ça veut dire avancer avec quelqu'un. Ne plus être solitaire. C'est quoi l'intérêt d'être à deux... C'est s'offrir un peu à l'autre et accepter de l'écouter. Réellement. Surtout lorsque c'est dur. Je ne suis pas n'importe qui, et par les pouvoir que tu m'as conférés, j'accède à ta volonté de m'accepter en ton sain. Parce qu'il ne suffit pas de baiser pour être un couple. Même bien, ça ne suffit pas. Laisser l'autre entrer, ça ne se fait pas systématiquement par la bite. Même si c'est important.
C'est quoi être en couple? C'est accepter d'écouter l'autre. Même que souvent ça fait un peu moins mal qu'avec quelqu'un d'autre, parce que c'est juste lui et pas un autre. Être en couple c'est écouter et le supporter. Ou pas d'ailleurs. Mais être en couple c'est préférer se prendre une claque d'une personne plutôt que de centaines d'autres. Parce qu'on sait que l'autre n'est pas notre ennemi. Les autre peut-être, mais pas lui.
Et quand j'y pense...


Elle pensait que je voulais me la jouer héros qui voulait la sortir de sa merde. Et elle trouvait cela insultant. Elle me prenait pour ce mec qui lui tend la main plein de condescendance. Et elle me répétait qu'elle n'avait pas besoin de moi, surtout. Qu'elle pouvait chercher toute seule. Et puis elle repartait avec son boulet. Comme on en traîne tous.
Elle peut se débrouiller toute seule. Et surtout, elle n'a pas besoin de moi. Alors il faut que j'arrête de jouer les sauveurs... et moi, les mains le long de mon corps, je reste là... à me demander à quoi je sers. À part baiser ou jouer le prince charmant en plastique qu'on sort de sa boite à volonté. Je voulais lui dire que je ne peux pas rester là à ne rien faire. Mais sa solitude était plus forte que sa volonté d'être à deux. Et surtout, je n'ai pas besoin de toi dit-elle, là où moi je ne me contenterais pas d'être en couple. Deux par deux, en se tenant par la main, mais avec une certaine distance. Moi quand j'ai peur de l'autre je cours vers lui. Moi, quand je déteste l'autre je l'assaille de ma colère. Moi quand je vois l'autre seule j'entre de force dans son appartement. Parce que pour moi, si quelqu'un peut le faire, c'est juste l'autre. À condition que l'autre soit ma compagne. Alors je suis prêt, totalement, à lutter pour deux. Non pas avec condescendance. Mais quand je tiens quelqu'un dans mes bras, je suis comme une louve.
Alors aujourd'hui je me regarde parfois dans la glace et je vois un petit prétentieux qui va aider la veuve et l'orphelin et j'ai la sensation d'une injustice. J'aurais dû lui hurler plus fort que tout que si je lui tendais le bras, ce n'est pas parce que j'étais un super héros. C'est juste qu'on était ensemble et que je ne voulais pas la laisser toute seule.
Mais si pour elle être avec quelqu'un ça veut dire être deux, avec chacun ses problèmes et une barrière très solide de pudeur pour ne pas laisser l'autre entrer, alors effectivement, je n'avais tout simplement rien à faire là. Elle voulait que je la laisse régler ses problèmes. Elle voulait que je lui laisse de l'espace autour d'elle pour ne pas se sentir oppressée. Pour ne pas qu'elle se sente trop approchée. Elle voulait être en couple avec quelqu'un qui la laisse correctement seule. Et surtout, surtout, me disait-elle, elle n'avait pas besoin de moi et de mes remarques.
J'avais d'ailleurs moi aussi quelques choses que je trainais et j'aurais bien eu besoin d'un coup de main.
C'est ce que je me dis parfois en me regardant dans la glace pour m'enlever de la tête l'idée que j'aurais pu faire preuve d'une pitié que j'aurais comme elle trouvé intolérable.

dimanche 13 mars 2011

Le charmeur de serpent

Franck est au pied du mur.
Il a respiré trop de moisissures, celles de son appartement et elles se développent dans ses poumons à présent. Il peut les sentir lui souffler des mots à l'oreille. Un peu comme une conversation téléphonique avec un serpent venimeux qui ne parlerait pas sa langue. Un serpent très convainquant, lové dans ses poumons. Il entend un bourdonnement venant de son propre corps, tout au fond, dans ses entrailles. Il entend aussi les termites qui grouillent à l'intérieur des murs. Il tourne la tête pour localiser les sons mais dans ses poumons on lui dit de ne pas le faire alors il obéit. Il se retourne et regarde le mur.
Sans trop savoir pourquoi il pense aux insectes croquants.
Il se souvient de ces conversations interminables dont il ne ressortait rien. Dans une vie, on ne pense pas assez à la foultitude de conversations, des kilomètres de bandes enregistrées de conversations qui ne serviront jamais à rien. Parfois, il en extrait un mot ou une phrase et il joue avec. Et il se demande un peu comment certaines choses ont pu lui échapper à l'époque alors qu'elles paraissent limpides aujourd'hui.
Il a peur de perdre toutes ces bandes sonores. Et en même temps, on ne peut pas accumuler éternellement les informations. Il est assis, il passe une main sur son ventre nu pour sentir un peu la douceur de la peau de cette fille dont il a rêvé cette nuit. Deux filles, collées serrées l'une en face de l'autre contre sa main sur leur ventre. Il se souvient d'avoir pris soin de poser la paume de sa main sur le ventre de la première parce qu'elle comptait plus. Tout simplement. Les jambes en tailleur, les genoux qui lui font un peu mal et la fumée de cigarette qui tente désespérément de tuer l'insalubrité qui règne dans ses poumons à coup de chaleur douce et de goudron poisseux. Mais les moisissures ont du passer dans son sang. Il sent son cerveau qui commence à se remodeler. De l'intérieur. Il entend dans sa tête des bruits obscènes de chair froide et gluante. Il reste conscient et attend juste que son nouveau cerveau lui apporte de nouvelles idées. Mais rien.
Il faut du combustible à présent. Ça prend beaucoup d'énergie de réfléchir. Il pense aux insectes. Les termites sont des insectes. Il les entend.
Il tire sur un coin décollé du papier peint du mur. Un tout petit bout. Qu'il arrache. Et qu'il met dans sa bouche.
Il dégluti.
Il finira bien par mettre à jour les termites. Il lui faut de nouvelles idées.
Il recommence.
Son nouveau cerveau devrait lui en donner s'il mange bien. Il remercie les moisissures de son appartement d'avoir gagner son corps. Et n'oublie pas de remercier également le serpent venimeux, celui qui est au bout du téléphone.

samedi 12 mars 2011

Pourquoi j'aime ma montre à gousset? Parce que j'ai la sensation que c'est toute la Vie qui tient à l'intérieur.

Encore aujourd'hui je ne sais pas ce qui me fait espérer qu'on voit les choses comme moi. Espérer? En fait non. 
Éloïse ne voyait pas, de toute évidence, les choses de la même façon. Et à chaque fois que quelque chose me donnait à penser qu'il y avait une "lueur d'espoir" pour qu'elle se comporte comme je le concevais moi-même je me sentais mieux. Même après notre rupture. Pourquoi?
Elle m'a déjà raillé parce qu'il lui a semblé que je me prenais pour son sauveur. Je suis de ceux qui pensent qu'on ne fait pas quelque chose pour quelqu'un contre sa volonté, mais il est tout à fait vrai que j'éprouvais un besoin quasi viscéral de lui faire entendre raison. Ma raison. Lui "faire entendre raison"? Non. Plutôt une méthode pour entrer en contact avec elle, en quelque sorte. J'ai cherché, moi, dans mon coin. J'ai tenté d'aller où elle se trouvait, malement, parce que je n'avais pas de plan, ni de mode d'emploi. Je me suis écrasé. Plusieurs fois.
Aujourd'hui, cette maudite question tourne dans ma tête comme les aiguilles d'une montre à gousset ancienne. Une montre qui fait tic tac... Une montre bien huilée mais qui va s'arrêter un jour prochain parce que personne ne l'aura remontée. Et j'ai peur que les choses s'arrêtent pour moi sans que j'ai compris. Sans rien d'autre.
Pourquoi vouloir plier quelqu'un toujours à son propre point de vue?
Non... La question est Pourquoi moi je me sentais mieux lorsqu'Éloïse semblait prendre une direction que je comprends? Ou... que j'accepte.
Parfois je me demande si le plus dur au lieu d'accepter une rupture, n'est pas plutôt d'accepter la réponse à cette question.

Ne t'inquiètes pas Franck, c'est bientôt fini.
Je le sais, et c'est cela qui me fait peur... parce que je suis un peu comme le Petit Prince, je ne renonce jamais à une question une fois que je me la suis posée.

vendredi 11 mars 2011

Je ne suis pas mauvais... je suis juste dessiné comme ça.

Petite Fleure pose son cul sur un vieux canapé sans forme pendant que Franck lui sert un verre qu'elle prend avec plaisir. Il flotte ici une odeur de permission considérablement intensifiée par le soleil d'un bel après-midi. Une vodka pomme à température ambiante en attendant qu'au détour de la conversation l'alcool fasse son petit effet.
Adonis est parti en laissant à Franck un petit quelque chose. Bonne journée mec. Franck jette un coup d'oeil sur le compact disque qui semble lavé de tout soupçon, blanc comme neige. Ivre qu'il est d'alcool et autre, il cherche l'objet de ce petit quelque chose le long des jambes exquises de petite Fleur puisqu'elles se trouvent dans la continuité de son regard. Et comme c'est l'été, mais comme elle est pudique, elle les a couvertes... de bas résilles. Avachie dans le sofa, elle s'encre au sol, jambes écartées, grâce à des talons incroyables qui viennent se planter au sol.
Une musique un peu rock vient cracher dans les enceintes l'histoire d'un roi pourpre et ça semble mettre petite Fleure en émoi puisqu'elle entame un sujet de conversation des plus intéressants. Les femmes, et Franck et elle aussi. Franck prend sa carte bleu et du papier disposé à côté du compact disque et entame sa petite cuisine alors qu'il l'écoute.
Le plaisir érotique n'a de limite que le corps, enchaîne Franck, puisqu'il semble que c'est bien là que petite Fleure voulait en venir. Encore faut-il l'avoir vidé de ses propres à priori. Elle acquiesce en sortant deux cigarettes. Franck lui donne la pochette du disque laser puis allume sa clope en attendant que petite Fleure reprenne où elle en était. Il la regarde plonger le nez dans ses idées et pense que bien entendu, elle est de cet avis. Il y a des femmes qui entreprennent merveilleusement leur conditions d'être de chair et de sang et petite Fleure en fait parti. Elle n'a pas besoin d'expliquer plus avant ses propos qui passent en général par les pores de sa peau. Comme pour illustrer son propos, en jetant la tête en arrière, elle se caresse les cuisses. On fait tous ça lorsque l'on sent une volupté très violente gagner son corps.
Petite Fleure fait partie de ses femmes qui veulent être apprises avec attention. C'est dans ce but qu'elle se révèle, avec un brun de malice, en observant Franck qui regarde ses photos de nus. Elle veut son point de vue, à lui. Franck se sent un peu comme un maître d'école, autorisé à administrer des corrections à l'envie, s'il juge cela nécessaire.

La discussion tourne autour du plaisir et se laisse choir lorsque Franck baisse la tête à nouveau au dessus du disque de Lisa Ekdahl. Il s'allonge et renonce à toute argumentation. Lui vient un mot en bouche, qu'il laisse échapper lentement. Le plaisir.
Elle porte son doigt à sa bouche pour ne pas perdre les dernières gouttes d'alcool et commence à lui parler d'elle. Elle s'allonge à côté et leur allume à tous deux une énième cigarette. Franck la flatte sur son haut à fleur et n'oublie pas le bas, dont elle doit probablement être assez fière. Elle doit être entrain de rougir puisqu'elle est un peu comme ça. Il lui laisse donc un peu de temps avant d'ajouter que les jeunes femmes les plus désireuses sont souvent celles qui rougissent le plus facilement...
Elle fini par lui offrir du bout des lèvres un c'est vrai comme s'il s'agissait de la boîte de Pandore qu'il venait d'ouvrir.
Une troisième considération de ce magnifique album de Lisa Ekdahl leur donna le départ. Une soirée se profile et il est temps d'y aller.


Ne te couvre pas trop petite Fleure, ça serait dommage.
Si tu veux, d'accord.

mercredi 9 mars 2011

Pense à sa chute... de rein.

Franck lime comme un acharné. Il lime en faisant de petits cris aiguës de filles tellement ça lui demande des efforts. Ses reins sont éprouvés et s'enflamment mais il n'arrêtera pas avant d'en avoir fini totalement avec cette femme. Avec la logique méticuleuse d'un acteur pornographique.
Bim! Bim! Bim! Le rouge au front. Gouttes de sueur et petits coups de reins rapide comme un lapin ou un de ces caniches dont les pâtes arrières ne touchent plus le sol une fois sur la femelle. Il se sent puissant et viril. Petits cris de fillette. Lui aurait bien aimé un peu plus de tendresse, ou bien un sourire ou bien avoir du temps mais... Au suivant.
Au suivant.

Derrière elle, sa bite enfoncée dans le trou prévu à cet effet, il se sent comme le caniche qui perd l'équilibre. Poum! Il se cogne la tête contre l'armoire à côté, ses genoux ne touchent pas le sol. Et re-poum!, il se cogne la tête contre la penderie de l'autre côté, comme dans un cartoon. Mais il ne perd pas sa concentration. Le rideau qui tient mal lui tombe dessus. La sueur lui pique les yeux et il a des bosses sur la tête. Ne débande pas Franck, ne débande pas! Elle te dira que ce n'est pas grave! Parfois les caniches doivent regretter de ne pas avoir de mains parce que Franck, lui, la toucherait bien. Délicatement. Mais non. Alors il mate. Cette chute de rein.

Bim! Bim! Et re-bim! Ils baisent. Il font très peu l'amour. Ils baisent en général. Ne débande pas, Franck! Après, Franck se sent tout nu dans une serviette qui lui sert de pagne. Et il entend qu'on lui cri Au suivant.