lundi 25 octobre 2010

L'île Mystérieuse

Parfois, Franck se réveille avec un gros poids au fond du ventre.
Toutes ces choses qu'il n'arrive pas à mettre en forme...

Parfois, il s'endort reposé, en trouvant le sommeil du juste. Comme s'il était le médecin de Franck le malade. Prenant soin de lui.

Parfois il a juste envie de tout casser chez lui. Parfois il a envie de se pendre à l'envers, lui et tout ses meubles et de regarder, pendu comme une chauve-souris, toutes les assiettes et toutes les tasses qui encombre les étagères tomber au sol dans un fracas tonitruant.
Dans ces moments là il s'en va de chez lui. Ferme la porte à clef. Envoie quelques message. Et se retourne plutôt la gueule. Et c'est dans son cerveau qu'il entend la vaisselle de la soul kitchen se rompre contre les murs de sa mémoire qui défaille. Il se sent mieux.

C'est drôle parce que des fois, il est juste bien. Sans tout ça. Parce qu'il oublie tout ce qu'il ne sait pas dire.

samedi 23 octobre 2010

La copine d'Eurydice

Une liqueur amère coule au fond de la gorge de Franck. Il renifle par petits coups secs. Comme un tic. Il est assis sur une chaise et son corps est dans l'espace sonore tout entier. Mais rien en lui ne bouge.
Il fait un petit peu froid.
La musique techno lui enfonce la cage thoracique au rythme du beat, son regard tourne autour de la pièce avec grâce à la recherche d'une âme charitable qui voudrait bien lire en lui son ivresse.
Juste pour partager.
Il s'arrête sur quelqu'un. "ça va?...", bien sûr. Tout va bien.
Il est temps de boire un verre n'est-ce pas?

mercredi 20 octobre 2010

La javanaise couleur café

« Tu veux un café...? »

Le café n'est pas bon. Objectivement, il a le goût de flotte... mais dans cette nouvelle cafetière, il fait moins de bruit... et elle le prépare avec sa façon. Et elle l'a regardé avec un telle sourire quand elle lui a fait remarqué que t'as vu...? ça fait aucun bruit quand-même...
Alors oui. Bien sûr. Franck prendra son petit café. Juste parce que c'est elle qui le fait. Juste parce que c'est un moment en plus qui ne coûte rien.
C'est stupide. C'est immature de s'accrocher à des détails de ce genre. Et plus jamais Franck ne le fera. C'est certain. Parce que tu comprends, on ne fait pas une vie au travers des détails si instables...
Mais c'était bien quand-même.

On pourrait s'acharner sur la qualité du café... Franck lui-même qui n'a aucune expérience en matière de cafetière éléctrique a pensé plusieurs fois à mille façon de faire un café meilleur, surement. Mais peut-être qu'elle ne l'aimerait pas comme ça, et de toute façon, il est trop fatigué pour dire quoi que ce soit.
Alors comme c'est son moment à elle, et comme c'est sa fatigue à lui aussi, il pense au sketch de ce comique qui rêve de tuer sa femme mais qui ne le fait pas juste pour ne pas voir la photo de cette dernière en première page de la rubrique Faits Divers de son quotidien préféré lorsqu'il prend son café crème à la terrasse de chez Lulu (son moment qui lui permet de tenir dans la vie...).
Alors Franck lui laisse son moment à elle... et Franck lui laisse sa fatigue à lui quand elle lui prépare tout entier son petit café. Savamment dosé parce qu'elle a l'habitude maintenant.

Et juste ça... juste qu'elle lui prépare sa dose à lui... c'est tellement bon qu'il ne changerait ça pour rien.

Un café peut être tellement bon des fois.
La marque?
Laisse, mec. On s'en fout.

mardi 19 octobre 2010

Franck à l'Actor Studio

Franck a réalisé quelque chose il y a quelques jours. Ça arrive souvent, oui, mais comme à chaque fois, il se demande dans quelle mesure cette nouvelle donne va influer sur son comportement. 

Il se demande dans quelle mesure il calcule la portée de ses actes, leur répercutions et dans quelle mesure il laisse place à une certaine spontanéité.
Franck sait assez vite parfois ce qu'il est de bon ton de dire et de ne pas dire. Franck souvent a la sensation de savoir exactement ce qu'on attendrait du garçon modèle ou du provocateur. Et s'il ne le fait pas parce qu'il n'en a pas envie, et alors il est souvent sous le joug de la question de savoir s'il ne le fait pas simplement pour surprendre...
Comme s'il voulait de façon un peu subtile et insidieuse frimer devant une assemblée déroutée par ce comportement qu'elle n'avait pas prévu. Est-ce lui qui est surprenant ou bien n'est-il que le pantin de son orgueil qui se flatte de paraître original?
Surprendre. C'est facile quand on sait ce que l'autre attend.
Parfois Franck a la sensation de lire l'envie des gens. Alors il leur donne tanto ce qu'ils veulent, et tanto l'invers. Pour les surprendre...

Mais il a la sensation d'être malgré tout d'une confondante banalité derrière cette maitrise partielle des situations. Il sait que souvent on a la possibilité de choisir ce que les autres pensent de nous. Pas toujours, mais souvent. Alors il se dit parfois que ce que les autres pensent n'a pas d'importance. Oui... parce qu'il a la sensation de choisir ce qu'ils vont penser. Et il se dit un peu bête, alors, que ça n'apporte pas d'information sur ce que l'on est... Il se demande dans quelle mesure il montre à son entourage sa vrai personnalité et dans quelle mesure il se joue d'eux de façon méprisante.
Méprisante, oui...
Le jeux de la séduction, en quelque sorte...

Il se souvient avoir simplement résumé les choses ainsi, disant que oui, on joue avec le vocabulaire que l'on a et les armes que l'on apprend mais que la seule chose à faire est d'essayer de bien faire...

Maigre résumé.
Parce que Franck est devant son petit déjeuner et qu'il est sept heure du matin. Et Franck qui est entrain de sentir son bol de chocolat chaud refroidir se dit à l'instant qu'il avait prévu tout ce qui vient de se passer.
Le fait de réfléchir de bon matin. Le fait de savoir qu'il utilise du temps pour cela. Le fait que le temps passe mais que malgré tout il est assez égocentrique pour utiliser son temps pour s'enorgueillir plutôt que pour se dépêcher pour ne pas être en retard à l'école...
Il se souvient le goût de cette petite pensée en trame de fond, lui rappelant pendant qu'il était dans ses pensées que son chocolat refroidissait et qu'il serait obligé de le boire presque froid à la fin. Mais ce n'est pas tout. Est passée dans la tête de Franck l'idée, également, qu'il s'en enorgueillirait de boire un chocolat froid, conséquence si possible de sa capacité d'abstraction... Son chocolat froid comme témoignage de son intelligence.  De sa faculté à se poser des questions que (espère-t-il) personne ne se pose à son âge...
Pendant qu'il réfléchi, ou juste pendant un court instant, il s'est vu réagir exactement comme il l'a fait à l'instant de façon pourtant semble-t-il tout a fait spontanée. Il met un doigt dans son bol et il fait la moue parce qu'il est froid, son chocolat. Mais voilà, du coup, sa moue spontanée est gachée par la sensation de jouer la comédie, de fait.
Il se demande pourquoi il fait quelque chose qu'il savait qu'il allait faire. Il se demande pourquoi il n'a pas pris le contrepied de cette réaction qui rend le scénario de sa vie si ennuyeux. Si Franck savait la fin d'un film, n'en chercherait-il pas une autre...?
Pourquoi réagit-il comme ça?

Franck pense qu'on ne peux pas dire d'un comportement prévu qu'il est spontané, et c'est tout son problème. D'un point de vu tout à fait interne à soi. Si l'on agit comme on sait qu'on allait agir, on se singe. Ni plus ni moins.
Franck a la sensation de se singer. Souvent.
Et de la même façon, Franck ne sait pas comment retrouver une spontanéité dans une situation dont il peut voir la mécanique.
Parce qu'on ne peut pas oublier une impression nouvelle que l'on vient d'apprendre. Alors comment ne pas devenir un salaud d'esprit calculateur.

Franck a déjà pris le contrepied de tout ceci, en agissant différemment de tout ce qu'il avait déjà fait, lors de situations données. Il a fait ça il y a longtemps.
Il s'est arrêté pour une question de santé mentale, mais il sait que l'on peut, simplement avec une volonté toute intellectuelle aller à l'inverse de tout ce qu'on a déjà fait. Alors on apprend d'autres choses. Que l'on ingurgite. Et encore... et encore.
Franck se dit qu'on a beau aller à l'inverse de nous même, on fini toujours par se singer. Et Franck qui voulait répondre spontanément à des questions sur lui même en faisant comme les sportifs qui se dépassent se retrouve avec une somme de question plus importantes que celles qu'il avait au départ.

Et après...?

Après...? Franck se retrouvera probablement dans quelques années, devant un bol de chocolat froid entrain de faire semblant de râler spontanément sur son bol qui a refroidi le temps de sa réflexion. Et il fera probablement ce qu'il a déjà fait alors. Il se parle tout seul à haute voit. Pour se dire d'arrêter de jouer la comédie, qu'il a vu son bol refroidir pendant qu'il réfléchissait et qu'il n'est pas un acteur, alors qu'il assume d'avoir laisser son bol refroidir juste pour le plaisir de boire un chocolat froid.
Symbole de la sublime intelligence de Franck.
Un calculateur.

jeudi 14 octobre 2010

Dieu dans son infinie mansuétude...

Franck, fort de sa grandeur d'âme, tint les propos suivant à l'auditoire:
"Tu m'as fais beaucoup souffrir... mais je suis disposé à te pardonner. Reprenons où nous en étions pour que je te prouve ma bonne foi...".
Le ton sentencieux de sa proposition témoignait de la noblesse de sa largeur d'esprit. Largeur d'esprit qui manquait malheureusement d'à propos.
"Je te propose d'oublier tout mes maux et de repartir... à zéro." [note au lecteur, ç'aurait dû être un poème en vers, mais le talent, parfois, se crispe au moment d'agir. Considérons cela comme il se doit, donc: un poème qui n'a pas voulu se mettre en forme. Le salaud]

La réponse ne se fit pas attendre. Mêlant une gêne à demi et une douce certitude:
"... "oublier", Franck...? Hm... non. Bien sûr que non. C'est gentil mais non.
A plus tard, Franck... Je pense qu'il ne faudrait pas se voir pendant un certain temps...
- Ha?..."
Franck reparti. Bredouille. avec dans sa poche une petite leçon bien à lui ( :"je suis sûr que c'est mon pull. Elle a pas kiffé la couleur").

Cette histoire s'appelle "Dieu dans son infinie mansuétude" et c'est une fiction. Parce que Dieu dans son infinie mansuétude lui a épargné cette débâcle...

mercredi 6 octobre 2010

Le sincère écueil...

Franck pensait vivre les choses avec sincérité.
Le plus possible, en tout cas.
Il avait des qualités et des défauts. Parfois il faisait des erreurs, aussi. Et des fois il les voyait viscéralement.
Franck avait mal au ventre d'autres fois, tordu par les douleurs normales d'un certain quotidien. Comme tout le monde. Franck s'est demandé aussi parfois jusqu'où on est sincère en amour et ou commence la fierté...
Franck a eu le coeur dans un étau d'autres fois, écrasé par le poids du regard de cette fille.
Mais cette fille a parlé.
Franck est Entier... en opposition aux gens qui sont Sincères. Et elle, elle ne supporte pas ça, les gens qui sont entiers. Entiers/sincères: probablement qu'il se trompe, alors, sur le fait d'avoir ressentir tout cela.
Non. Tout ce qu'il a vécu n'existe pas. Pas avec sincérité en tout cas. Les seules choses qu'il a vécu sont la fidélité et la loyauté semble-t-il. Et il s'est contenté de vivre tout cela honnêtement apparemment.
Mais pas sincèrement.
Parole d'évangile, selon Franck, qui croit beaucoup ce que lui dit cette fille.


Franck est blessé.
Franck a dit des horreurs aussi. D'ailleurs, fait curieux pour lui qui est entier, quand il a dit ces choses, elles n'étaient ni honnêtes, ni loyales, ni fidèles.
Par contre elles étaient sincères. Dans leur erreur, dans leur cruautés et dans leur tourments.
Franck est parfois rigide, intransigeant ou borné, mais il est sincère

Comme Franck sait ce que c'est que de dire des horreurs, ça lui permet d'essayer de se rappeler que ça ne compte pas, des fois. Il voit en revanche que ça fait mal. Même si ce n'est pas vrai. Même si ces choses n'existent pas.
Alors parce que ce sont pour lui des horreurs comme les siennes, il se dit que ces horreurs qu'on lui a dites n'existaient peut-être pas non plus finalement.
On juge les autres comme soi-même. Des fois ça sauve.
Juste ça, peut-être...
Mais Franck suppose aussi quand-même un peu que ce qu'on lui a dit est juste, parce que Franck est comme ça. Quand il décide d'être Entier il choisi aussi de croire tout ce qu'on lui dit.
Mais... tu confonds, Frank. C'est être naïf, ça. Pas être Entier.
Hé merde lui répond l'orgueil.

Des fois on souhaite juste s'endormir avec le seul souvenir d'une bonne leçon... juste pour ne pas l'oublier.
Parce qu'on aimerait bien simplement pouvoir se dire qu'on a réussi à faire de belles choses avec toutes ce qui va devenir des souvenirs le lendemain.
Ça rendrait les choses tellement plus faciles.
Et des fois on s'endort juste. La belle leçon s'est faite trop attendre. C'est juste de l'amertume à la place qui est venue.

C'est quoi la prochaine étape? ... la prochaine étape, tu l'as dans le cul.

Je suis déjà là, à me morfondre, et juste pour pousser le vice de mes réflexions je me rappelle que si t'as été avec quelqu'un, c'est aussi pour quelques excellentes raisons.
Et merde...

Des fois je me dis que ça l'aurait fait si je me l'étais joué le genre de mec qui assure parce qu'il considère qu'une rupture c'est pas la fin du monde. Que ce n'est pas la fin de tout et la personne avec qui on a été n'en est pas moins tout à fait intéressante et qu'il serait dommage de se priver de sa compagnie après la séparation...
Tout ça est un peu vrai, alors j'aurais pu me la jouer comme ça. Comme ce mec là.

Mais non.

Je lui est dis au début pour lui expliquer mon état affectif que ça serait pour le moment très dur pour moi de la voir, ou de lui parler les quelques fois où l'on serait amené à se croiser.
Puis (pour être sûr) je l'ai harcelé avec des messages lui demandant prestement de ne plus jamais de la vie re-rentrer en contact avec moi.
Et enfin, pour ne pas abuser (?!...), j'ai fini en lui écrivant à nouveau. Juste pour lui expliquer Pourquoi je ne voulais plus jamais de la vie la contacter et que bref je ne voulais plus la voir alors qu'elle m'oublie.
Ce qu'elle fit.
Merde (encore, oui...).

Je revois le gosse qui casse son jouet, des fois que ce dernier décide un jour de ne plus jouer avec lui. Je serais bien tenté d'expliquer à ce gosse, fort de ma profonde sagesse, que le seul  qui sera puni par cet acte sera lui-même. Le gosse. Et que le jouet, lui, se fera assez rapidement à sa nouvelle condition de jouet cassé. Je me vois bien lui dire un truc comme ça avant de lui dire pour finir "...aller, va t'amuser petit bonhomme...".
Je rougis. Parce que quelqu'un va profiter sans doute de toutes les petites qualités de cette personne que je ne verrais plus, quelqu'un verra toutes les petites choses qui font d'elle une personne à part. Mais ça ne sera plus jamais moi. Parce que je le lui ai demandé. Parce que je ne suis pas le mec qui assure de tout à l'heure, parce que moi j'en serais tout simplement incapable.

C'est là que j'en suis à présent. Mon intellect qui se la ramène tranquillement me dit que c'est quand-même con, parce qu'au delà de tout ça, elle avait tout de même une certaine personnalité mon petit Franck...
Salaud d'intellect.

Et...! mais c'est quoi la solution?
Le reste a aussi existé. Tu te souviens que t'as aussi vomi tes tripes, mec? Plusieurs fois... Alors c'est quoi maintenant la solution pour toi?

La solution?
Franck... il n'y en a pas. C'est ça oublier quelqu'un. Pas "arranger" une relation ou... "changer" ou je ne sais quoi encore.
Oublier.
Quand t'as rompu avec quelqu'un que tu avais dans la peau, c'est con.
C'est tout.
...
J'espère au moins que mon intellect aura la décence de fermer un peu sa gueule. Mon orgueil, merde...

mardi 5 octobre 2010

Appelez-le Franck La Bite

Elle se demande souvent pourquoi il est avec elle. Il a bien essayé de lui dire tout plein de choses mais fort heureusement elle a fini par comprendre tout ce qu'il n'arrivait pas à dire et qu'il ressentait.
C'est beau.
Elle qui avait une faculté toute différente à communiquer n'a jamais cessé de lui dire ce qui l'attirait chez lui.
C'est ainsi que lorsqu'à son tour il se posa la question (une fois qu'il fut trop tard) et après avoir répondu lui-même à cette question par un laconique "pour rien, j'imagine", il entrepris de reprendre sa réflexion, jugeant qu'il n'était pas allé assez loin pour répondre correctement.
Les réponses qu'il trouva ont successivement été qu'il était sexy, qu'il était super sexy, qu'il avait l'intelligence des rapports humains en société, qu'il était sexy et que oui, il était sexy (ce qu'il a fini par croire d'ailleurs).
Un instant, le peu de richesses que lui apportent ces réponses fruit de son investigation rétroactive le mènent à penser qu'il aurait bien, lorsqu'il était temps, joué un peu à la gonzesse et posé la question fatidique de qu'est-ce que tu me trouves.
Il a manqué d'à propos. Ou il a eu peur de la réponse.
Enfin bref, poursuivant un peu plus loin sa réflexion, il en vint à l'amour. L'amour, qu'ils faisaient très bien. Au début. Et aussi, quand il parlait, elle l'écoutait.
Franck en déduit qu'il ne devait pas être inintéressant, donc.
Parfois elle regrettait qu'il ne soit pas assez démonstratif verbalement, jusqu'au jour (trop tard, encore) où elle a accepté que simplement il l'aime. Curieusement mais certainement.
Lui aujourd'hui se demande finalement pourquoi elle, elle était là au lieu de préférer être ailleurs.

Mouai... il a une certaine intelligence de la conversation. Mais bon. Il est pas capable de dire en temps voulu pourquoi il est avec quelqu'un.
A part ça, tout va bien. Il est sexy.

samedi 2 octobre 2010

Quelle est la chose la plus terrible que tu ais fait par souffrance?...

Je ne sais pas très bien combien de graduations possède l'immense règle de la souffrance, celle qui est collée au mur, juste là.
Le mur n'est pas haut du sol au plafond. Il n'a pas l'air en tout cas. Deux mètres trente, deux mètres cinquante à tout péter. Alors cette règle graduée qui monte jusqu'au plafond ne peut pas être si grande que ça. En tout cas, pas plus grande... Cette longue règle fine qui monte jusqu'en haut. Cette règle toute noire... ne te méprends pas.
Ne te méprends pas, car si tu t'approches, si tu t'approche suffisamment près, petit à petit tu verras se dessiner ne minuscules espaces blancs.
Tu découvriras alors que cette règle toute noires qui ne voulait rien dire est alors belle et bien graduée. Et le noir qui la recouvre entièrement, tu découvrira qu'il n'est que l'ensemble de toutes ces graduations donnant l'échelle de la souffrance.
Et là, deux mètre cinquante ça va te paraître immense.
Alors quand tu ne sais pas vraiment où tu en es, tu prends un peu peur. tu as peur de n'en être qu'à l'échelon trois. Trois sur les quelques milliers qu'elle possède encore...
Ou bien tu es au milieu. A hauteur des yeux, et tu vois tout le chemin que tu as parcouru... Et tout le chemin qu'il te reste à parcourir.
Et tu as peur aussi...
Tu pourrais perdre toutes tes journées, restant devant cette règle graduée à te rendre malade de ne pas savoir où tu es dans cet amoncellement de petits, tout petits très noirs. Tu as d'ailleurs déjà ressenti cette douleurs violente qui te vient du ventre, qui vient de tes boyaux qui se tordent et se nouent sous l'effet de la peur.
Et après?
Que se passe-t-il après cette douleur? L'intensité va-t-elle augmenter, encore et encore, à mesure que les étapes sont franchies?Cela peut-il ne jamais s'arrêter?
Qu'elle est la chose la plus terrible que tu es faite par souffrance, Franck?...

La chose la plus terrible que j'ai faite par souffrance?
Aimer. Aimer encore plus. Plus que je ne l'ai fait jusque là.
Parce que je ne veux pas mourir, et que je ne peux pas tuer la personne qui m'a fait si mal.
Alors à chaque fois, à chaque instant où j'ai ressenti une souffrance telle que je me suis dit que je perdais la tête, et à chaque fois que je me suis dit "trouve une solution... trouve une solution... trouve une solution, je t'en prie" à mesure que je sentais la souffrance qui ne cessait de monter en moi, à chaque fois il s'est passé quelque chose.
Et encore aujourd'hui j'ai vécu cela.
La chose la plus terrible et la plus vindicative que j'ai fait par souffrance?
J'ai aimé. Parce que je ne saurais rendre coup pour coup.
Et que je ne veux pas mourir.