jeudi 15 juillet 2010

Accompagnée

... un jour tu accepteras de me revoir.
Je te demanderais du regard... qui c'est, mais déjà tu me feras comprendre qu'on en est plus là.

mercredi 14 juillet 2010

Lis ça.

Parce que tu peux me fustiger autant que tu veux, tu peux me trouver aussi vil et minable que tu veux, tu peux être aussi exécrable que tu veux, je pourrais toujours être plus insultant que toi.
A mon encontre.
Parce que je sais ce que je fais. Parce que je sais que je n'aime pas. Je serais toujours meilleurs que toi pour me cracher au visage, je serais toujours meilleurs que toi pour être vexant. Pour m'humilier, si des fois tu as besoin, tu sais que là aussi, tu ne fais pas le poids. Tu sais que je suis fort à ça.Tu le sais parce que tu as goûté à ma méchanceté. Tu sais comme je suis habile des lames de mon rasoir. Tu sais comme je peux prendre du plaisir à salir, insidieusement. En faisant semblant de gagner la confiance de mon interlocuteur. En l'aimant. Juste pour le noyer dans la fange, à la fin de la dernière phrase de ma diatribe. Tu sais que dans l'ignominie je suis fort.
Et me concernant, laisse. Je suis plus fort que toi. Alors garde ta salive, garde des condamnations, garde tout ce que tu veux m'envoyer au visage.
Les mots que tu voudras m'envoyer dans le ventre ne m'abimeront jamais autant que ceux que je me suis déjà envoyé.

Me trouver minable, me trouver médiocre, me trouver merdique, me trouver beau ou brillant, même... tout ce que tu veux. Les mots ne m'abimeront jamais. Je serais toujours meilleurs que toi pour être méchant.
Même contre moi. Alors t'inquiète. Justice sera rendu, mais laisse faire les professionnels. Occupe toi de toi. Ne perds pas ton temps.

Seulement, si l'envie t'en prend, le crachoir est juste là, tu vois. A côté de ma main droite, sur la table. Et sortant les glaires du plus profond de ta gorge, cette gorge que tu m'as offert autrefois pour d'autres raisons, si l'envie te prends de cracher ton mépris, sache que je resterais impassible, me contentant de crier distinctement "a voté !". Avant de te faire signer juste là. A côté de ton nom.

Et si tu n'as rien dit ce soir, si tu as gardé le silence, c'est bien que tu sais que je serais toujours meilleurs que toi dans l'abjecte. Tu as raison de partir sans dire au revoir.
Puisqu'après tout, il y a des gens que tu as connu qui ne sont pas réellement doués de parole.

dimanche 11 juillet 2010

La fille qui n'aimait pas le cirque

"... alors que Franck se sent être un caniche, qui attend devant la porte le retour de sa maitresse."
Ces mots sont la fin de l'histoire que Franck vient de dicter pour lui-même.

Il a peur.
Il a peur parce qu'alors qu'il s'est dit ces mots il craint qu'ils soient les derniers qu'il ne se dira jamais.
Il a peur de cet avenir incertain qui peut encore potentiellement l'amener n'importe où.
Il a peur de devenir cette petite chose minable qui ne vit que dans l'attente. Tout ça parce qu'il ne sait pas dire stop.
Et pourtant il y a quelque chose de noble dans la fidélité. Sauf lorsqu'elle vient de la dépendance. Parce qu'alors elle devient abjecte.
Ou bien les parasites pratiquent ce genre de noblesse.
Franck a peur et ça va durer quelques temps, parce que l'avenir est incertain pour tout le monde, que ces mots s'inscrivent en lettre capitale sur son destin. Franck le caniche. L'homme-caniche que l'on donnerait à voir dans un cirque ambulant et que l'on nourrirait à la gamelle. Au sol. Pour entretenir le mythe de ce caniche d'un mètre quatre-vingt.

… Un caniche qui attend devant la porte le retour de sa maitresse.

Franck ne veut pas vivre comme cela. Personne ne veut vivre comme cela. Et la seule chose qui le fera devenir autrement est de trouver juste un peu de courage. Le courage sur lequel il a disserté tant de fois. Ce courage qui n'est pas vraiment là lorsqu'on en a vraiment besoin.
Il éprouve curieusement un sentiment un peu diffus. Il n'est pas plus courageux que les autres, Franck, et malgré ce pincement au coeur, il est rassuré de pouvoir se rappeler qu'il n'est pas mieux que les autres. Et c'est une cela qu'il craint.
Il a l'impression de voir une ombre partant de ses pied se projeter au sol. Celle d'une sorte de petit chien.

Libre à chacun de se prendre en main quand il est temps. Certains ne le feront jamais. D'autre y arriveront systématiquement malgré la sensation de ne jamais y arriver.
Et d'autres on simplement peur de ne pas y arriver, alors qu'ils n'ont jamais eu à essayer auparavant.
Sans oublié que Franck est un animal fidèle, et que même s'il a beaucoup changé il est certaines réactions qui reviennent sans prévenir. Des réactions du fond des entrailles. Franck le sait. Il sait que rien n'est gagner d'avance. Rien.
Et comme pour se mettre à l'épreuve, il a envie d'aboyer.
S'assurer qu'il est bien un homme. Qu'il relèvera bien la tête. Que c'est juste une passade. Que le temps passe et guéri tout.
Qu'il se remettra debout et que le petit chien qu'il craint aujourd'hui aura une révélation. Peut-être que sa maitresse ne reviendra pas.

Il a hâte de se remettre debout.
Et en même temps, il n'a pas envie d'oublié.

jeudi 8 juillet 2010

Minuit sonne...

Et c'est dans une rue presque vide, chauffée par les pierres brûlantes qui ont pris le soleil toute la journée qui rendent l'aire irrespirable que Franck reste debout devant une vitrine, le corps tout entier attentif à ce qui se déroule à l'intérieur.
Je pourrait être sa conscience à cet instant, j'en suis presque sûr, parce qu'à son regard je devine malgré la fascination qu'on peut y lire qu'il aimerais bien être dix mètres plus loin. Là où je suis moi, d'où on ne voit rien. Le regard immobile boit chaque mouvement des lèvres qui lui racontent la scène qu'il voit.
Je l'appelle. Il ne m'entend pas. Je n'existe plus.
Franck voit une jeune femme travailler... la sensualité des corps, avec un beau jeune homme, dans un bar aux lumière éteintes. Les lumières de la rue pénètrent dans l'endroit par de multiples chemins détournés pour voir, elles aussi, ce qui se trame à l'intérieur.
À l'intérieur. Quelque chose que Franck n'avait jamais vu. D'aussi loin. Une bouche qui va chercher sur le torse d'un homme la saveur du désir. Et cet homme qui aurait pu être Franck se délecte simplement du spectacle. Ce sont les yeux fermés de cette femme qui crient que non, c'est évidemment bien plus qu'un exercice . C'est... bien plus... c'est... un bonheur.
Et Franck reste là, interdit, pour une raison qui lui échappe encore, à cet instant. Un mauvais goût dans la gorge est pourtant là en même temps qu'il profite de cette scène sublime. Alors qu'il regarde cette langue largement humide et désireuse descendre vers le nombril, il regarde le mouvement des mains. L'homme est en alerte mais il ne fait rien, expérimenté qu'il est, il a décidé que non, ses mains ne gâcheraient pas le ballet pour le moment. Il regarde juste puisque c'est de toute évidence le rôle qui lui est attribué maintenant.
Il sent les mains de cette femmes remonter sur ses flans. L'une d'elles revenant sur son torse.
Franck est jaloux. Comme le serait tout homme, peut-être.

J'essaie de l'appeler...
Je le vois dans une espèce de torpeur, il ne m'entends pas. Alors je lui cris d'une voix qui sent le mauvais vin Roméo ! Roméo, viens ! Sors de ta stupeur !...
Et j'ignorais la portée de mon pouvoir puisque d'un coup Franck baisse les yeux. Comme s'il avait été pris en faute. Il a l'air d'avoir honte de lui.
Il tourne les talons et me rejoins.
On marche lentement et il regarde la route.
« C'était Amandine... je suis resté trop longtemps. Je l'ai reconnu... »

Amandine. Cette fille. Encore...
Je ne sais pas très bien où s'est trouvé Franck pendant tout le chemin du retour.

Pris en faute.

mardi 6 juillet 2010

La liberté de l'esclavage

Alors que Franck est assis sur son plumard, il se prends à se réveiller de son cauchemar.
Elle est là.
Elise, qui vient lui rendre visite quelques fois est arrivée depuis au moins cinq minutes. Et elle le regarde, l'esprit occupé semble-t-il à tout autre chose.
Si elle est ici cette nuit ce n'est pas pour lui parler. Pour le dénigrer ou pour le haïr. Elle est là en jeune femme, pour lui montrer qu'elle prend du plaisir. Sans lui. Et son absence dans les yeux lui parle. Elle lui dit que regarde Franck comme je te... je te fous la paix... Ho oui, regarde...
C'est un silence de mort qui s'installe alors. Juste parce que Franck attend là le moment où elle va jouir. Il reste ainsi, intimidé, pris sur le fait d'une déroute qu'il n'a pas encore connu.
Il n'avait encore jamais imaginé Elise le perdre par le biais de quelque chose qui ne le concernait pas lui directement. Alors que là, il doit admettre que ce n'est pas lui ou sa chute qui procure du plaisir à Elise. C'est bien quelqu'un d'autre.
Il s'était habitué à ces remontrances.
Il s'était habitué à ses insultes à peine dissimulées.
Il a connu Elise dans ses pires états, au travers les pires insultes qu'elle ait pu lui faire. Mais ce soir, Franck la découvre sous un nouveau jour.

Elle s'invente tout les jours Elise. Et c'est un peu pour cela qu'il l'aime.
Et c'est parce qu'il l'aime qu'elle pourra toujours le surprendre. Parce qu'il l'écoute encore. Et qu'elle le sait.

Ce soir elle prend un plaisir inconnu avec quelqu'un d'inconnu, juste devant ses yeux grands ouverts, juste parce que c'est une nouvelle étape qu'elle a franchie dans sa méthode. Sa méthode pour surprendre Franck. Et c'est assise qu'elle regarde Franck comme si elle regardait au travers. Assise sur le lit, juste à côté de lui qui ne l'avait pas entendu venir.
Comme d'habitude.
Si elle est venue ce soir, ce n'est pas pour lui parler. C'est pour lui montrer le plaisir qu'elle prend sans lui. Parce que c'est nouveau pour Franck d'être évincé. Évincé de façon parfaitement ostentatoire. Juste pour qu'il sache qu'il ne sert à rien si Elise en a décidé ainsi. Et c'est un peu pour cela qu'il l'aime. Et c'est un peu pour cela qu'il sera rassuré lorsqu'il mourra. Jamais il n'arrêtera prématurément de vivre ainsi, mais il a hâte que ça s'arrête. C'est tout.
Et Elise jouie. Avec un immense plaisir.
Elle le regarde enfin. Réellement.
"Tu vois, tu es encore à moi Franck..."
Oui, c'est vrai qu'il est encore à Elise. Son rêve.
Elle sourit en lui demandant d'arrêter d'être égoïste.
"Arrête d'être égoïste. Arrête de ne vivre que pour toi, tu vois que tu peux être inutile..."
Arrête de t'accrocher à des choses qui n'existent pas, Franck.

Franck le sais. Mais Franck n'aime pas se résigner. Franck aime bien la forteresse de ses émotions et pour tout l'or du monde il ne lâchera l'une d'entre elles pour vivre mieux.
Parce que Franck vie pour elles. Pour ces émotions. Et Elise essaie de l'empêcher de rester un enfant.

C'est pour cela qu'elle a jouie devant lui. Pour lui montrer qu'il n'était pas le centre du monde.

Franck n'ira pas en cours le lendemain. Juste parce qu'il n'a pu dormir qu'au levé du jour. Lorsque la lumière a enfin caché dans l'ombre ses cauchemars. Quand il a pu enfin entendre la vie qui le rappelait.
Parce qu'après le départ d'Elise, il s'est senti inexistant. Et c'est dur de vivre lorsqu'on se sent inexistant. C'est pour cela qu'il est resté tout le restant de la nuit les yeux ouverts. La voyant jouir.
Elise cette petite fille parfaitement juvénile, qui se comporte comme si elle était seule.
Franck a gardé les yeux grand ouverts attendant une bonne raison pour continuer à fonctionner.

Une leçon comme aime en donner la nature. Belle, forte et terrible.