jeudi 30 septembre 2010

Franck!... à la niche!

T'es là, toi... à fouiner dans tes boites mails juste pour savoir si tu ne sens pas avec ta truffe l'odeur de ta maitresse... T'es là, le petit toutou qui reprends ses vieilles habitudes dès qu'il entend quelqu'un siffler. Et t'es là...snif!snif!... à sentir le cul des grand-mères qui t'écrivent sur internet, à sentir les vieilles nouvelles...snif!snif!... qu'on t'a envoyé du frères qui vient d'avoir une fille ou du cousin qui va se marier... alors que tout ça tu t'en branles... comme le petit toutou bien excité par l'odeur de sa maitresse...
Tu t'en branles.
Parce qu'elle t'as sifflé... et que t'as pas eu le courage de fermer ta gueule comme le ferait l'homme que tu aurais voulu être. Bah non. T'as répondu... t'as répondu en aboyant.
Mais du calme toutou. Elle siffle comme ça. Cette fois-ci c'est pas pour toi, t'excite pas. Les gens siffles aussi comme ça. Sans pour autant vouloir te voir ramener ta gueule. 

Et puis en plus, toi t'aboies mais t'as toujours pas compris qu'elle comprends pas quand tu jappes. Alors arrête de jouer au chien. Rentre dans ta niche, et réfléchis encore. T'en as besoin.

lundi 27 septembre 2010

Une after chez Franck ce soir? Non... probablement pas.

Un mégot de joint collé sur le sol fera bien l'affaire. Juste une cigarette pour réchauffer ces poumons froids. Et ces mains.
Un petit bruit de scratch quand je le prends. Il est sec.
La fête a battu son plein, les rires et l'alcool se sont incrustés dans les murs et sont devenus fossiles. Des fossiles glacés.
Aucun souvenir des festivités. Juste une question qui me revient.
Je ne sais pas à quoi tu sers Laurent. Arrête de me poser la question, tu risquerais de découvrir que tu n'as servi à rien. Alors amuse-toi bien. Tu t'imagines qu'elle fait la fête? Fais comme elle. Fais la fête.

Et Laurent y va de son couplet sur les billes qu'il a fait tomber de son sac. Toutes ces billes qu'il a semer, s'allégeant de toute sa personnalité éparpillée aujourd'hui au gré du vent.
C'est un risque à prendre.
Laurent se sent plus léger aujourd'hui. Trop léger. Capable de tout. Il sent qu'il pourrait même sauter et toucher le plafond de l'appartement avec sa tête à cause de son poids trop faible. Son front le percuterait. Son crâne s'ouvrirait et c'est un Laurent mort qui retomberait au sol.
C'est ça aussi de s'alléger.
Les émotions sont diffuses alors Laurent veut les réchauffer. Ces émotions sont profondes, alors Laurent veut aller les chercher très loin au fond de lui.
Ces émotions sont douloureuses alors Laurent voudrait les enrober de quelque chose de doux.

Je passe le mégot à Laurent qui se met à fumer, à peine réveiller de sa nuit un peu trop curieuse. La fumée pénètre dans ses poumons. Voilà la douceur. Un tabac froid fera l'affaire.


Franck pense pareil. De toutes ces émotions, il ne ressort à la fin qu'une grosse bouffée de cigarette.
Franck est un économiste, et lorsqu'il perd toutes ses billes dans une relation, il n'est pas content. Il veut réouvrire le dossier mais ses supérieurs hiérarchiques lui intiment l'ordre de continuer parce qu'on est pas dimanche et que Wall Street est ouvert aujourd'hui, jeune homme. Alors mets-toi au boulot mon petit Franck, y a des billes à placer aujourd'hui!

Franck s'assoie donc à son bureau. Un immense bureau au vingt-septième étage d'une grande tour. Il se recroqueville sur ce grand fauteuil en cuire.
Franck est un économiste. Un grand docteur en économie. Et quand il a perdu ces billes par une opération boursière qui lui a échappé, il a envie de passer les bras autour de ses genoux et de se mettre à pleurer.

samedi 18 septembre 2010

Répète, j'ai pas compris... le sourd qui ne veut pas entendre.

Parce que même en lâchant l'affaire, y a toujours la question de qu'est-ce qui s'est passer qui revient comme une litanie. D'où on passe de l'amour avec le mariage et les gosses au sentiment le plus neutre qui soit, empreint d'une légère amitié pour sauver les meubles?

De toute évidence la roue tourne. Et le couple que nous formions ne se devait qu'à une histoire de cycle, bêtement. Et la roue a tournée. Et voilà.
Ce qui s'est passé? C'est ça.
Si je ne comprends pas, moi, c'est parce que je pensais que les choses avançaient. Comme pour le temps. Pour moi les choses ne faisaient qu'avancer, les causes entrainant des conséquences. Sauf que pour l'autre, un moment il se passe un truc d'un coup et je l'ai vu dans ses yeux, faut plus chercher. Ça y est. Y a plus moyen. C'est la roue, Franck. C'est la roue. Elle a tournée. La roue? Quelle roue?

Et plus de colère. Plus de chagrin. Plus de ces regards. Plus d'amour. Ne cherche plus tout ça Franck. C'est mort on te l'a dit.
On te l'a dit, Franck...
Oui mais ça c'est vachement dur à admettre.





Note pour plus tard: ne jamais reporter au lendemain ce qu'on aurait dû dire le jour même.

mardi 14 septembre 2010

Franck voudrait hurler atroce connasse.

Comment est-ce qu'elle ose se pointer là, encore, après ce qu'elle m'a fait ? Comment est-ce possible...?
Et puis, pour se donner de la contenance, elle, mime le mépris, voir une certaine colère à mon égard depuis. À chaque fois qu'elle me voit. Comme si j'étais, moi, responsable de ce qu'elle a fait.
Quand on fait un jour, sans l'avoir prémédité, quelque chose que l'on trouve terrible, c'est toujours dur de vivre avec. On préfère l'ignorer, souvent, et on se met à vivre dans le déni. Ou bien, quelques fois encore, on rend quelqu'un d'autre responsable de notre atrocité. Classique. Pour vivre avec.
Mais là c'est fort. Quand elle passe chez moi, elle fait la distante, alors qu'avant c'était sourire de miel et regards appuyés. Elle joue l'hautaine, même, un peu. Les gens qui font des crasses qu'ils n'assument pas font souvent ça: ils font comme s'ils ne t'en avaient pas vraiment faite une sous le tout nouveau prétexte qu'on est pas vraiment proches. Du genre “ on se connait pas, alors j'ai pas de compte à te rendre. Je te dois que dalle... ”.
Les gens qui te font une crasse font ça souvent. Ça leur sert à atténuer la culpabilité qu'ils éprouveraient à avoir tromper un proche.
La garce...

Elle pouvait faire autrement, après ça. Elle pouvait faire... je sais pas. Comme si elle m'avait simplement tromper. La jouer tranquilou. L'occasion fait le larron bonhomme, tu peux comprendre... Se comporter en humain. Elle a eu une opportunité, voilà tout. Enfin, on aurait pu lui trouver tout un tas de circonstances atténuantes. Mais non. Sa réaction de rejet témoigne de sa propre impression qu'elle a eu de son horreur. Si abominable qu'elle la rejette. Élevant sa manigance au plus haut degré de l'hypocrisie et de la trahison.
Alors voilà. Elle n'a que ce qu'elle mérite. À elle d'assumer son geste.

Mais qu'elle se pointe, là, devant moi, qu'elle attende à côté, qu'elle passe juste devant moi, avec de temps en temps, dans ses yeux, une étincelle de cette colère factice qu'elle veut garder pour ne pas culpabiliser...
Qu'elle ose se ramener là, à ma caisse, alors que j'ai bien vu moi que cette salope s'est barrée sans payer ses courses il y a une semaine...
Connasse...

“ - Tu fermes ta caisse et vas en pause, Franck...
- Ouai... ”

lundi 13 septembre 2010

Talons Aiguilles

Elle trouve que les talons lui vont bien. Elle n'a pas tord. Ça lui donne l'occasion de modifier très légèrement son maintien. Et ça lui permet surtout de se comporter comme elle n'oserait pas si elle n'avait pas ces dix centimètres au bout des pieds. Dix centimètres qui lui galbe les jambes et courbent sa chute de reins.
Elle voudrait bien avoir l'air comme ça tout le temps sans doute, parce qu'elle se trouve un peu grosse. C'est vrai qu'elle l'est un peu. Boulotte. C'est son amie de longue date qui lui dit ça ainsi.
Elle se trouve un peu grosse mais avec ces dix centimètres supplémentaires et son bassin qui tangue un peu plus, elle trouve que ça lui donne une côté plus sensuelle.
Marie a déjà pensé faire un régime mais comme elle trouve qu'elle n'est pas très bien faite physiquement, elle craint que ça ne fasse que mettre en valeur un corps aux formes trop timides. Un bassin pas très large et une taille qu'elle ne trouve pas très fine.
Lorsqu'elle se regarde parfois dans la glace de sa salle de bain, elle reste assez longtemps sur le bas de son ventre. Elle n'a pas des seins très beaux mais ce qu'elle n'aime pas, mais pas du tout, c'est l'agencement entre les différentes parties de son corps. Différentes parties qui n'aurait pas dû pour elle aller sur un même corps.
Parfois, certains jours, après s'être regarder un moment comme ça, on peut la surprendre lâcher un “ salle patate ” avant de passer sous la douche.
Elle a été plus mince et puis en se rendant compte que la nature dans sa bienveillance lui avait donné de stoker la graisse exclusivement sur ses hanches et ses fesses, elle a décider de se garder comme ça. Plus grosse.
Il y a des femmes qui souffre de voir la taille de leurs jupes augmenter. Elle en fut réjouit la première fois.
Alors faire un régime... ça lui enlèverait ces rondeurs qui apportent tant à son corps. Elle pense qu'à défaut d'avoir un corps aux mensurations parfaitement équilibrées, ce trop de rondeur dans les hanches lui donne un côté pulpeux qu'elle aime beaucoup. Ça la rassure. De temps en temps, même, elle se trouve “ bonne ”.
Une chose est sûre c'est que depuis qu'elle se trouve respectablement séduisante, elle a osé quelques fois regarder les hommes qui passaient à son niveau dans la rue. Pas les trop beaux, simplement, parce que les hommes beaux ne manqueraient de voir en elle une grosse pas très bien foutue qui se croie belle. Elle regarde les hommes qui semblent plus à sa porté.Les hommes moyens. Ces hommes qui pourraient quand-même la rendre heureuse.

Elle n'avouera jamais se préférer grosse (et en vérité il y a plein d'autres choses qu'elle n'avouera pour rien au monde). À personne, même à sa meilleur copine. Pourquoi l'avouerait-elle? Pour expliquer ensuite qu'elle est tellement mal foutue qu'elle préfère cacher cela sous de la graisse? Ça ferait pitié... ça serait un peu faux aussi. Sauf les jours où elle ne va pas très bien. C'est jours-là c'est entièrement vrai. Comme la couleur de ses cheveux ou son regarde qu'elle trouve d'une niaiserie... Les jours où elle ne vas pas bien Marie trouve qu'elle est irrécupérable.

Tout le monde comprendrait Marie si elle parlait franchement, seulement Marie n'est pas à l'aise avec son corps.
Elle a travaillé une démarche sublime pendant très longtemps pour être sûr de son effet. Et elle a raison puisque que même si on voit qu'elle est ronde, Marie, sa démarche délicatement chaloupée aujourd'hui semble la faire flotter juste au dessus du sol, et ne laisse aux hommes intéressés qu'une seule chose à voir pour se bercer le regard.
Elle aime porter des talons parce que ça la rassure. Porter des talons, et son travail. Deux choses que font les femmes selon Marie.
Le travail de Marie l'oblige à faire ses courses le soir. Tard, vers 21h. Les femmes qui ont un vrai travail important font ça. Et elle aime y penser.
Marie pourrait être éreintée de sa journée et passer à la caisse en laissant tomber sur le tapis roulant et ses courses et son maintien, mais non. S'il y a une chose que Marie aime plus que tout, c'est qu'on la regarde s'en aller. Elle et sa démarche chaloupée. Elle se négligera chez elle, ce soir, parce qu'elle est fatiguée. Mais pour le moment il est question de remballer rapidement, pour que personne ne s'impatiente. Et puis après avoir payer, elle dira “ bonne soirée ” négligemment mais pas trop et se tournera pour partir.
Un peu plus loin, elle fera deux ou trois pas plus pressés parce que Marie arrive très bien a courir en talons. Avec grâce. Alors parfois, juste parce qu'elle trouve ça jolie, elle se gratifie de ce genre de départ. Pour ajouter à l'harmonie de sa démarche qu'elle reprendra un peu plus loin... Comme les femmes dans quelques publicités pour du parfum.
Moi je la regarde partir de ma caisse où le client suivant attend d'être servi.
Et elle a raison Marie. C'est très jolie.

samedi 11 septembre 2010

En même temps, si tu sais pas, ne dis rien, c'est aussi bien, non?...

"-... Nan mais tu vois, c'est pas vraiment question de ça en fait. C'est juste, je sais pas... pour être encore là. C'est comme un viole quand-même, je le savais bien, mais des fois je n'arrivais pas, tu vois. Je peux pas. Simplement je pouvais pas me tenir cinq minute. 
-... mais pourquoi tu gueulais? pourquoi tu cherchais pas à parler simplement...? Ça t'aurait permis d'avancer avec elle...
- C'est pas question d'avancer, mec... c'est juste question de rendre supportable quelque chose d'insupportable, tu vois?..."

Franck ne saisi pas très bien ce que Laurent essaie de lui dire. Et son comportement aussi. Rompre c'est pourtant une règle simple de base. Ne plus voir l'autre. Tu vas voir que ça va passer. C'est pas sorcier. Mais Laurent à commencer par rester là, à surveiller les faits et gestes de cette fille. Et Franck se dit que si Laurent ne voulait pas rompre il n'avait qu'à pas le faire. Alors pourquoi chercher à la revoir.
Franck n'est pas un très bon ami.
Laurent explique à Franck qu'au début il aurait bien passé ses journées à espionner son ex. Franck à trouvé ça moche. Ô combien condamnable. Il avait envie de lui dire que putain, garde ta dignité, mec, je sais pas, occupe toi!
Mais il n'a rien dit. Il a continué à l'écouter. Un peu perplexe.
Et Laurent lui a avoué qu'au début c'était insupportable pour lui de supposer tout ce qu'elle faisait et de voir qu'elle existait sans lui. Parce que Laurent est comme ça. Il est entier et impulsif. certains diront un peu stupide. Ceux qui ne savent pas.
Et il y est allé de son couplet sur sa souffrance insupportable. Et que c'est pour ça qu'il a voulu la partager avec elle. Et c'est pour ça encore qu'il a passé toute sa journée à se poser des questions, à lire ses messages. Laurent aurait fait plus, au début, s'il avait pu. Et s'il avait été plus endurant.
Parce que c'est épuisant de vouloir continuer à vivre avec l'autre tout seul. Mais on ne peut pas se résoudre au début.

"... Ce que je veux dire c'est que maintenant j'ai plus qu'à fermer ma gueule et attendre. Mais je ne sais même pas quoi.
-... ça va être plus facile après..."

Franck n'est pas un très bon ami. Il aime beaucoup Laurent, mais il commet l'erreur de ne pas comprendre. Et c'est une erreur impardonnable dans ces cas-là.
Il aimerait bien lui venir en aide, mais comme Laurent le rend parfois mal à l'aise - parce qu'il faut dire que Laurent est le genre de mec un peu taré, du genre à te sortir des trucs de nul part ou à avoir des réactions super viscérales - Franck des fois hésite à dire les choses qu'il voudrait dire. Et puis Franck a toujours eu l'impression que Laurent avait compris plus de truc que lui sur la vie et tout ça. Ce qui fait qu'il a toujours eu l'impression de dire des conneries.

Mais là, Franck aurait juste envie de dire à Laurent que peut-être que c'est dur pour elle aussi. Et que peut-être qu'il n'est pas tout seul à souffrir. Et aussi que si Laurent se rendrait compte de ça, ça serait sans doute plus facile à supporter, juste de savoir qu'on a pas compter pour du beurre. Franck aimerait bien aussi lui dire que tu vois Laurent, t'es quelqu'un d'un peu tordu et tout, mais il ne faut pas penser que pour les autres les choses sont toujours plus simples.
Il aurait envie de lui dire que peut-être qu'elle souffre d'une autre façon. Et qu'il ne le voit pas parce qu'ils ne sont plus ensemble justement.
Il voudrait juste lui dire que peut-être que ce n'est pas plus dur pour lui que pour elle.

Mais à chaque fois que Franck essaie de dire un truc à Laurent, il a toujours l'impression que c'est une bêtise.
C'est pour ça qu'il ne le dit pas.
C'est pour ça et aussi parce qu'il se dit que lui non plus ne la voit pas, son ancienne petite-amie. Et qu'il ne sait pas comment elle se porte.
Et il se dit que Laurent est toujours extrême, mais que peut-être qu'il y a une infime chance pour qu'il ait raison. Et qu'elle s'en foute, elle.  Il y a toujours une partie d'orgueil extrêmement moche dans les ruptures. Parce que ce n'est jamais agréable de savoir que l'autre à compter pour nous alors qu'on ne sait pas vraiment si l'inverse est vrai.
Là, tout de suite, Franck n'aura qu'un cran mitigé et ne sortira à Laurent que des banalités. Il lui conseillera de sortir avec ses copains. De mater des films. Et de ne pas chercher à rentrer en contacte avec elle, c'est plutôt simple, ça, bordel !

Franck n'est pas très courageux avec Laurent. Ca aurait pu aidé Laurent de savoir que l'autre souffre tout autant, que l'autre aussi a mal. De la même façon.
Mais Franck se demande si l'autre souffre vraiment de la même façon...
Et puis de tout manières, Franck n'est même pas sûr que pour cette fille la rupture soit si compliquée à gérer.
Alors Franck se tait.
Il trouve quand-même le comportement de Laurent un peu nul et un peu vil. mais ça...

Franck n'est pas particulièrement stupide.
D'ailleurs, un jour malheureusement, il saura.




Ouai, c'est aussi bien.

mardi 7 septembre 2010

Petit traité sur l'antropologie viscérale.

Le problème à gérer en couple c'est le rapport privilégié.
Sans rapport privilégié, pas de couple, à ma connaissance.
Il est important d'instaurer, assez rapidement, une cellule intime pour solidifier cet union dont on va essayer de faire quelque chose de tout à fait spécial. Si le couple n'a pas cette cellule plus importante qu'une autre pour l'un des deux, ce couple est de fait moins en position d'intimité que dans laquelle l'un des deux partenaires se retrouvera avec quelqu'un d'autre.
Quand l'une des deux personnes du couple n'arrive pas à toucher du doigt le privilège qui lui est fait, ou quand au contraire elle n'arrive pas à garder un privilège pour l'autre personne spécialement, la cellule privilégiée est rompue.

ça donne la sensation d'une inexistence d'une quelconque cellule de couple, d'un quelconque privilège, ce qui a pour effet de noyer la personne qui n'a pas accès à la sensation de privilège dans le sentiment qu'il est aux yeux de l'autre l'opposée de la singularité. Elle se sentira remplaçable. Elle se sentira dénuée d'un intérêt assez fort pour éveiller la particularité. Elle se sentira accéder à l'indifférence.

Peut-être que le privilège auquel on fait référence ici peut-être appelé intimité, peut-être qu'il peut être appelé secret... toujours est-il que pour certaines personnes ce privilège ne semble pas nécessaire. Ou sous des formes différentes.
Des confidences, des secrets, des conversations, des points communs...
Si tout les éléments de l'intimité d'une personne sont trop dispersés spatialement et socialement, on se retrouve souvent sans cellule particulière. D'où, pas de couple.
Le soucis vient quand cette cellule se construit sur des éléments systématiquement incompréhensibles pour l'autre. Qui les verra de fait inexistants.
C'est triste de faire exploser une cellule pour des raisons de langages différents. Il semble que l'on remonte là à la nuit des temps où une simple différence de langues faisait que deux êtres humains se regardaient avec méfiance, avant de reculer chacun de leur côté et de prendre la fuite.

lundi 6 septembre 2010

Soirée

Je serais bien arrivé avec le sourire. Tout le monde m'attend et je suis déjà très en retard, juste parce qu'il y a des soirs où il faut vraiment que des mains extérieures nous sortent du lit. Il est 23h et le bus qui vient me chercher me donne une boule au ventre. Gratuitement. Sans savoir.
Des fois j'ai mal.
Des fois j'ai peur.
Toujours sans savoir.
On me saute au coup. Elle sourit. A moi. Elle m'emmène dans un endroit sombre juste pour qu'on soit tout les deux.
Mes yeux sont vides. Mes envies sont vides. Et j'ai peur. Toujours sans savoir. Je n'ai envie de rien, elle le voit, elle dit "ah..." et on rentre. Je dis bonjour. Je greffe un sourire sur ma bouche.
J'ai peur.
Sans savoir pourquoi.

À l'école de Franck.

À l'école de Franck, Qui aime bien châtie bien. A l'école de Franck point de diplomatie, de  pédagogie. A l'école de Franck l'éducation est dite “ de cœur ”. On insulte, on condamne à l'école. Mais point d'indifférence. Uniquement de la maladresse. De la maladresse et beaucoup d'attention. Beaucoup d'amour.
À l'école de Franck, l'école d'où il vient, on a appris à être très démonstratif par des égards curieux. Mais quand on y entre à l'école de Franck, on se passerait bien de toutes ces démonstrations d'affections.
Franck s'en serait bien passé aussi. Et pendant longtemps il griffonner sa colère sur piles entières de feuille de papier vierge qu'il remplissait d'injures à l'adresse de ses professeurs. Et d'être resté dans cette école trop longtemps, d'avoir appris à lire, à écrire et à compter là-bas, puis d'y être aller pour son collège et pour son lycée, Franck a pris le plie de cette éducation en internat.
Une fois son diplôme en main, il a compris son devoir. Transmettre le savoir de cette école partout dans le monde.
Comme tout les adolescents qui sortent de leurs écoles respectives, Franck est parti sur les routes avec sur son dos le bagage de son enseignement à dispenser sous le regard bienveillant des doyens. Des doyens marqués eux aussi au fond de l’œil par la virulence de leur éducation de cœur.
Plus il a voyagé dans la vie, plus il a dû jouter contre beaucoup de jeunes promus infiniment plus carriéristes que lui, dans le seul but de savoir quelle enseignement était numéro 1. Avec toujours la même envie secrète, cachée au fond de lui. Vider un peu son sac à dos, estampillé de l'écusson de son École pour y mettre à la place les jolies pierres précieuses qu'il trouva en chemin dont il ne connaissait pas l'existence.

jeudi 2 septembre 2010

Le masque africain.

Franck est assis sur son lit, les yeux grand ouverts. Le regard dans le vide.
Il ne bouge pas.
Depuis un long moment.
Le dos contre le mur, les jambes en tailleur, bras ballants.

Moi je suis son côté qui cherche un peu d'aide à l'extérieur. Assis pas loin. À la fenêtre.
Et je l'observe, depuis tout à l'heure.

Le bouquet de pissenlits dans le vase est mort depuis quelques jours. Un vase un peu design qui ressemble à ces trucs dont le but est d'apporter à l'intérieur d'un appartement un peu de moderne mais toujours dans l'intention de rendre reposant la pièce dans laquelle il se trouve.
Les pissenlits ont eu le temps d'y moisir sans que Franck n'ai eu la force de faire quoi que ce soit. Il est comme ça depuis quelques jours aussi. Avant même que les pissenlits ne soient morts, en fait.

Moi je reste là à le regarder, songeant à ce qu'il était ces dernières semaines. Ce qu'il a essayé d'être. De faire. De comprendre. Son faux optimisme auquel il a essayé de croire, sa toute nouvelle alimentation et ses nouvelles occupations, pour une vie plus saine. Et je regarde autour de moi pour voir ce que l'on avait essayé de faire de cet appartement.
Je regarde les pot-pourris dans les étagères... les cadres où l'on a glissé quelques photos médiocres montrant les moments simples mais heureux de notre existence, des amis, un peu de famille. Deux cadres.
Et là, le livre sur cette fameuse Zen-attitude étalé sur le sol ouvert à une des pages centrales. Combien on a payé ça déjà...?
La seule lampe qui éclaire la pièce est une petite lampe de chevet. On en a acheté deux. Il trouvait que ça rendait l'endroit plus chaleureux. Elle est à l'autre bout de la pièce. Elle doit être brûlante parce qu'elle est allumée depuis au moins quinze heures.
Franck ne bouge pas. Il est dans la même position que lorsqu'il s'est arrêté de parler. Après ses derniers mots. “ Des fois on arrive pas... ”. Il ne soupir pas. Il ne souffle pas. Pas un geste non plus. Il s'est arrêté sur ces mots et puis rien. Il ne réfléchi peut-être même pas. Comme s'il s'était éteint à la fin de ses dernières paroles.

Ses yeux ne regarde rien. Un rien qui est en face de lui. À à peu près cinquante centimètres au dessus du sol, parce qu'il est assis sur le lit qui est à même le parquet flottant. Et il est un peu avachi. Alors oui, c'est à peu près ça. Cinquante centimètres. C'est à cette hauteur que son regard va bien au delà du mur d'en face.

Il se tient comme s'il était un torchon usé jusqu'au plus profond de ses fibres par des années de bons et loyaux services, des années de lessives à quatre-vingt-dix degré, abîmé par la passion de sa fonction. Essuyant tout et le pire parce qu'il n'est pas une serviette. Non. Un torchon. Un torchon qui ne tient entier,aujourd'hui que par le fait du hasard. Alors quand on le pose quelque part, il s'effondre sur lui-même en disant à son propriétaire excusez-moi pour mon allure peu distinguée. Un torchon qui puera dans pas longtemps mais qu'on ne lavera pas parce qu'il est mort. On laisse toujours ces torchons à la dernière place où on en a eu besoin. Et si un jour, des années après on tombe dessus en revenant sur les lieux, couvert de poussière depuis, on le balayera d'un revers de main et il tombera doucement par terre. Un torchon sec, gris et moisi sur les bords.

Franck semble s'être mis en pause. Une pause d'une longueur indéterminée, en attendant de savoir s'il va ou non se relever.

Moi je suis à la fenêtre. Je suis à l'écoute. Je passe le temps comme si je me trouvais petit garçon dans la salle d'attente d'un dentiste pas commode. Je ne bouge pas. Je ne fais aucun bruit. Je ne veux pas parler non plus. Les mots ricocheraient contre les murs, s'amplifiant dans un brouhaha qui deviendrait terrifiant. Je suis assis à la fenêtre et je réfléchi pour deux. Je ne suis pas loin, pas comme lui. Et pourtant sans sa volonté, sans son envie, moi je ne suis pas grand chose. Je reste là en silence à regarder autour de moi dans cette salle d'attente parce que maman m'a dit doucement la première fois que j'ai ouvert la bouche “ chute ”. Et si même maman parle doucement c'est que la sentence est sans appelle.
Cet appartement semble, tout de suite, avoir été traversé par un typhon qui est bien loin aujourd'hui.  Les vestiges d'un appartement qui a vécu. Et avant cela, si vous l'aviez vu. Un appartement ranger de façon harmonieuse pour, encore une fois, être bien dans sa tête.
Je me doutais que ça ne marcherait pas.
Et Franck devait s'en douter aussi.
Mais à partir d'une période, il y a quelques semaines, il a craint beaucoup pour sa santé. Mentale, aussi. Alors il a essayer la vie en mode Ikea.
Moi je pensais bien que ça ne marcherait pas. Et lui aussi, sans doute. Mais il a essayé. Et ça, essayer de faire ça, de changer sa vie par crainte pour soi-même, en venir là, ça doit être effrayant.
Alors j'espérais quand même un peu que ça marche. Pour lui, au moins.
Mais aujourd'hui, cette fois, j'admets que j'ai un peu peur.

Franck tourne doucement la tête vers moi pour me regarder dans les yeux. Il a bougé sa tête sans bouger une quel qu’autre partie de son corps. Immobile. Et ses yeux plongent au fond de moi pour me parler.
À présent, tout ce qu'il est, tout ce qu'il veut est dans ce regard. Ce que je lis c'est un Au Secours muet. Rien d'autre. Il me regarde juste longtemps. Moi.
Pourquoi moi? Il pense peut-être que je peux l'aider. Mais je ne peux rien pour lui et j'aimerais qu'il me foute la paix et qu'il arrête de me regarder.
Mais non. Il insiste. Silencieux. Son âme qui ne me lâche pas alors que je n'ai pas la réponse. C'est cela que j'ai envie de crier. Que je n'ai pas la réponse.

Il a dû m'entendre. Il vient de passer sur son visage le masque de l'amertume. Une profonde amertume à mon égard. À l'égard du monde et de tout ceux  qui ne sont pas ici, dans cette pièce pour lui dire comment faire maintenant.
Moi aussi je veux des réponse, même s'il ne le sait pas. Et moi non plus ne vais pas très bien. Et je n'ai comme seul ami que le regard amer d'un fantôme avachi sur son lit. Alors pris à la gorge par l'atmosphère irrespirable d'ici, je descends de ma fenêtre et je quitte la pièce.
Le fantôme-Franck me suis un instant du regard, puis repart très loin on ne sait où, quelque part à côté de lui-même. Les yeux replongeant dans le mur d'en face.
Moi je me réfugie dans la seule autre pièce existante ici. Les toilettes.
Je m'y assoie pour attendre. Et j'entends qu'à côté quelqu'un pleure doucement.
Comme dans ces cas-là on fait tous comme on peut, je le laisse pleurer. Parce que je n'ai pas la solution.
Je me mets à sourire. Dans le noir de mon placard, je souris, sans les yeux. Seulement avec mes lèvres. Un grand sourire distendu. Parce que je ne sais pas quoi faire. Alors je souris gravement.
Et j'attends. Amer.
Et en même temps, je sens sur mes pied la douceur de la couverture qui est sur mon lit.