mercredi 20 janvier 2010

Une fureur de moucheron... Eloïse.

Franck observait sont bol de céréales.

Durant l'été, lorsque l'on petit-déjeune dehors, il arrive toujours au bout d'un moment suffisamment long qu'une mouche trop curieuse vienne se greffer au tableau calme des céréales molles qui terminent de crépiter dans leur dernier souffle.

Heureuse soit cette mouche qui donne un peu de vie à la peinture qu'il a sous les yeux depuis juste un peu moins d'une heure, maintenant.

Il ne peut détacher ses yeux du blanc lavasse du lait tiède. De nerveuses ondulations serrées perturbent le tableau avec un petit bruit. Bzzzz...! Bzzzz...!
"C'est le buz de tes songes qui tournicotent dans leur petite ronde folle" semble hurler la petite mouche bien mal barrée.
Franck essayerait bien de mettre lui même des mots sur ses troubles, mais il semblerait qu'il ait besoin qu'une mouche lui donne la rime. Dans un premier temps donc : rejet en masse de tout propos venant d'une mouche.
Voilà qui devrait entretenir sa torpeur, le temps d'y voir plus clair.

Bzzz...! Bzzz...!

Il bouge les lèvres de temps à autre. Les mots viennent des fois en bougeant simplement les lèvres.
Là, non.
Saloperie de technique de psychologue.

A qui parler?
Bzzz...! Bzzz...!

Non, Franck ne sais pas à qui parler de cela. La honte le gagne un peu, mais il ne le sait pas. La colère vient plus violente et il la voit venir. La fureur.

Et profitant du silence de l'été touchant à sa fin, Bzzz...! Bzzz...! Franck avale d'un coup son lait tiède, les céréales molles à la consistance d'huîtres, et sa conscience, cette petite voix qui lui chatouillait maintenant l'œsophage.
Bzzz...!
...
A présent il va pouvoir se laisser porter par la douce désinvolture du désenchantement qui ne va pas tarder à venir... qui vient toujours après la honte et la fureur.

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