dimanche 20 décembre 2009

Ainsi soit il... de lui aussi.

"Bien sûr que si...! Un fois..."

Bien sûr que si Franck avait déjà embrassé une fille. Il l'avait même eu pour petite copine, bravant sa timidité et toutes ses craintes d'enfant parce qu'elle lui avait donné envie de faire le sacrifice de sa pudeur avec des mots tendres.

Bien sûr qu'il connaît les filles, Franck. Il a été le petit copain de l'une d'elles. Il sait donc de quoi il parle.
Non, il ne soulèvera pas la question de la trahison...
Non il ne soulèvera pas la question du jeu cruel de la tromperie.
Il est question tout de suite de savoir comment tourner sa langue dans la bouche de la fille.

Comment?
Franck le sait.

Franck est effectivement déjà sorti avec une fille. Il l'a gardé comme petite copine pendant une semaine...
Et puis il lui a tourné autour pendant longtemps après cet échec.

Il ne faut pas tourner trop vite. Sauf si c'est bien. Et puis tu mets pas la langue trop loin dans la bouche...

Cette bouche si douche, dont il n'évoqua jamais l'amertume au fond de sa gorge, encore maintenant.

"N'importe quoi ! Tu mets la langue seulement le lendemain ou en tout cas pas la première fois... il faut la laisser avoir confiance! lui montrer que tu embrasses bien avant d'aller plus loin..."
Il y a pourtant des gens qui vont très loin même s'ils embrassent bien pense Franck, souvent.

Et le goût de la douceur en cache beaucoup d'autres.

"vas-y, raconte comment tu fais..."
Franck se tait, interdit.
Une crainte intangible le fais hésiter.
Il n'est pas tout a fait près, encore. Et puis, il semble que de tout les souvenirs qu'il ait, celui-ci ne soit pas le plus exacte.

Il se sent inexplicablement dépossédé de lui-même un instants. Une sensation assez connue lui fait discrètement perdre pied.
Parce qu'avant les baisers, et avant l'impudeur des langues qui se caresses il y a la pudeur et la fragilité que l'un va prendre à l'autre. Que l'autre va sacrifier pour une histoire de plaisirs bien étranges. Étrangers, même...

Elle n'avait pas menti, cependant. Ce fût très agréable. Très bon...
Quelque chose de parfaitement indécent et d'incroyablement accessible. Un plaisir nouveau au creux de la main.

De sa main à elle.

Franck hésite un peu alors la conversation repart. Échange de point de vu. Enflammades...
Lui ne trahit pas son secret. Sa gêne d'impuissant.
il lui semble qu'il n'a jamais contrôlé quoi que se soit. D'ailleurs, à avoir pris l'initiative de rompre avec elle, il a l'impression qu'il n'a fait que lui prouver, à elle - ainsi qu'au monde entier - qu'elle pouvait parfaitement se passer de lui. Qu'il n'était pas l'irremplaçable Franck dont il était le seul à avoir entendu parler.
C'est pour cela qu'il lui a couru après si longtemps, par la suite.

La douceur des baisers rend l'amertume vraiment très supportable, en fin de compte.

Il n'aime pas repenser à ces douces paroles qui l'ont mises en confiance lorsqu'il ne voulais pas troquer sa pudeur contre quelque chose d'inconnu.
Il se dit encore parfois qu'il avait eu raison de résister.

Mais elle semblait tellement bien le connaitre. Comment aurait-il pu se douter? Lui qui n'avait jamais embrassé de fille. Elle qui avait déjà embrassé trois garçons...

Elle avait raison, c'était délicieux. Elle a raison, encore maintenant. Ça vaut vraiment le coup, tu vas voir.
Elle avait raison...
Sauf peut-être lorsqu'elle disait qu'il ne le regretterait jamais.



C'est parce que c'était le petit matin d'un jour férié que le lait resta dans l'obscurité d'un réfrigérateur peut-être un peu trop froid.

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