dimanche 7 mars 2010

La mécanique du soleil



La lumière du matin filtre au travers les volets, éblouissant
Franck de ses rayons.
Il referme ses yeux quelques secondes parce qu'il n'était pas prêt à se réveiller.

Ça y est.
Il l'est.

Son corps est inerte.
Rien en lui ne bouge que ses paupières qui se soulèvent lentement.
Sans bruit.
A ses yeux se dévoile une pièce noire. Les rayons lumineux lui brûlent quelques instants la rétine mais il se force à garder les yeux ouverts.
Il aime bien voir disparaître les détails de sa chambre, logés dans les coins sombres, dans une obscurité de plus en plus opaque à mesure que ses yeux s'habituent au jour.

Cet instant n'a duré qu'une seconde mais il suffit à
Franck pour songer à toutes ces choses qui disparaissent de sa vue, à tout instant.

Tout ces détails, dans l'ombre, qui
bouillent d'une vie échappant à tout contrôle... C'est d'acuité dont Franck aurait besoin, pense-t-il, dans ces matins-là.

Il y a cette amie qui a pleuré, cherchant à se loger dans des bras amicaux alors qu'elle avait rejeté les siens...
Il y a tout ses mots, limpides pourtant, qui lui avaient échappés à l'époque, et qu'il a mis des années à comprendre...

Et ce regret d'être décidément un peu stupide. De cette stupidité que certains pourraient trouver charmante. Charmante pour ceux qui aiment rire de ce clown qui chute depuis dix ans qu'il joue son numéro, toujours au même instant, toujours de la même façon, lui faisant des écorchures au genou qui ne s'en iront peut-être plus...

Quand il a vu un peu plus clair dans les mots de cette amie (comme pris d'une subite intelligence qui se dissipa tout de suite après) il n'a trouver qu'un mot à lui dire, un jour qu'elle repartait après lui avoir rendu visite. Il formula les choses ainsi: "J'avais un ami il y a longtemps, et quand il a eu besoin de moi je ne l'ai pas vu. Du coup je ne l'ai pas aidé. Je ne le vois plus et je regrette...". Marjolaine est clairvoyante, ça la rend très agréable pour ceux qui ne parlent qu'à demi mot. Elle dit simplement "Je sais,
Franck... Ne t'inquiète pas, tu seras toujours Franck pour moi".

Franck n'aime pas voir disparaître dans l'obscurité tout ces détails... essentiels.
Et c'est lorsque les rayons du soleil sont clairs et francs, maintenant, qu'il regrette de ne pas avoir regarder encore un peu plus dans l'ombre, lorsqu'il pouvait encore voir.
Histoire d'enregistrer encore un peu plus de détails...

Pour le jour où il sera un peu plus perspicace.


Le lait est trop froid.
Le réfrigérateur est
sûrement trop fort.
Sans doute que quelqu'un l'a déréglé.

Il faudra le re-régler, plus tard.
Franck
est satisfait. Comme c'est bon de tout comprendre, des fois...

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