samedi 6 mars 2010

Le syndrome de Casandre...




Il est des gens qui s'imaginent le meilleur.
Pour se porter vers le haut.
Pour alimenter un espoir qui est sans cesse menacer par les aléas de la vie.
Parce que tout le monde est pareil. Et tout le monde a son lot de mauvaises surprises.
Il est des gens qui préfèrent voir le meilleur que le pire. parce qu'ils mourraient de ne plus avoir d'espoir.

L'espoir...
Il s'alimente de différentes façon.
Par exemple grâce à cette façon-là de voir les meilleurs choses possibles.
Les meilleurs choses. Pour garder confiance.

Et il est des gens qui s'imaginent les pires.
A la façon des premières personnes, ces personnes là logent en cette crainte une sorte de contentement. L'assurance qu'il y a pire et que par bonheur, ils y ont échappés.
Sans arrêt.

Ces gens-là sont tordus, un peu, pense Franck.
Comment peut-on se rassurer à savoir qu'on échappe, qu'on a échappé une fois de plus à son pire cauchemar?

C'est un peu, sans doute, une façon de fuir en avant... comme aller au contact des pires choses pour se protéger d'elles. Pour qu'elles ne nous surprennent pas.
Pour pouvoir réagir sans sourciller, ou s'y préparer.

Ridicule, pense Franck.

Lui s'est retrouvé une fois devant le déroulement de son pire cauchemar. Celui-là même qu'il s'était imaginer pour s'assurer qu'il ne le vivrait jamais et qu'ainsi tout le reste était plus supportable...

Oui mais voilà, le jour où la réalité lui a échappé, ce jour là, la vie lui a donner un cadeau unique (... et précieux, en ce sens): vivre de visu un des pires cauchemars qu'il avait imaginer.
C'est un cadeau singulier comme la vie aime en faire parfois.

Son cauchemar? Se laisser aller à croire à des promesses auxquelles il ne croit pas. Se laisser aller jusqu'à être un peu nu, déshabillé par une femme à qui il donne son corps imberbe.

Franck a peur de la trahison. Plusieurs fois il a pris conscience de l'imminence du danger que représente cette menace... mais sa faculté à appréhender les pires situations lui a permis de s'en tirer toujours indemne.

Et lorsque la nature a décider de lui faire ce cadeau unique, la Surprise, il s'est réellement et pour la première fois retrouvé sans défense.

Le cauchemar pris la forme d'un simple mot de retard :
"J'étais dehors
- où ça?
- à côté, là bas... je voulais rouler des pelles à un mec..."

En se remémorant ces mots, Franck a envie de sourire un peu. Peu crédible comme histoire...
"C'est qui?
- lui, là...
- il a une gueule de con.
- ha bon ?! Non... moi je trouve pas..."

Il a encore envie de sourire.

"Bah qu'est-ce qu'il y a, Franck?
- rien...
- ah, t'as pas l'air d'aller..."

Vraiment peu crédible.

"on y va?
-... ouai... attends, j'arrive."

Franck attend dehors cinq minutes, le temps pour Elisabeth de rouler plusieurs pelles a ce mec qui, de toute évidence n'a pas une gueule de con, effectivement.
Il attend plusieurs minutes.
Elle ferme les yeux...
Pour se donner de la contenance, il s'allume une cigarette et mime à un publique imaginaire que tout va bien.
Elle lui passe la main dans les cheveux pour l'approcher encore, pour coller leurs bouches encore un peu plus. Pour enfoncer encore un peu plus loin leurs langues... Pour baiser un peu plus avec leurs bouches...
Et Franck est devant, qui attend.

Dans une situation comme celle-là, une situation qui nous échappe, un réflexe un peu stupide consiste à détourner les yeux quelques instants puis re-jeter un coup d'oeil... et voyant que la scène a l'indécence de se prolonger, on détourne à nouveau le regard. Et ainsi de suite.
Mais rien à faire, ça continue. Et on n'y croit jamais vraiment tout a fait.
Technique, donc, sans aucune utilité.

Il a vraiment envie de rire... Quelle histoire invraisemblable. Scenaristiquement, une invention un peu pauvre, même. Il y a la Trahison et la Victime. Simpliste.
Alors Franck sourit en se passant le film dans sa tête.

"ça fait longtemps que tu attends? Tu veux fumer une clope? Pardon d'avoir tarder...
- non, je viens d'en fumer une.
- On va chez moi?...
- heu... oui."
(Quoi faire d'autre?
On ne gagne pas contre un cauchemar.)

La Nature nous joue parfois des tours. Et on oublie par moments quel est son pouvoir immense.
Nous doubler dans nos pires élucubrations. Elle le peut et par moment elle le prouve.

Que se passe-t-il?
Franck ne sourit plus. Franck n'a plus envie de rire...

Simplement parce que cette histoire lui est réellement arrivée.

Un cadeau de la vie. Singulier, brutale, mais unique.



De nouvelles céréales ce matin. Merci maman...
Mais il les trouve plus fades que les autres... plus amers.



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