mercredi 21 avril 2010

L'oraison funèbre

La nuit s'est posée comme un nuage sur le petit jardin. De la fenêtre de la chambre de Franck, on voit que le ciel phosphorescent révèle le contour des arbres.
C'est le ciel de la ville qui ne laisse jamais vraiment entrevoir les étoiles.

A cette heure silencieuse, au beau milieu d'une nuit sans lune,
Franck a la visite de quelqu'un, dans sa chambre.
C'est assis adossé au mur qu'il l'attendait sur son lit.
Et c'est encore la douce
Elise qui lui rend visite.

"Tu ne dors pas, je vois...
- Non, je t'attendais. "
Il dors. Et comme ça arrive quelque fois, quand il dors ses rêves lui parlent.

Il a découvert l'amour avec elle.
C'est avec elle qu'il a dit pour la première fois "je t'aime" avec cette élan du coeur qui donne
envie de pleurer juste après cet aveu.
C'est a un rêve qu'il a dit la chose la plus belle qu'il ait dite avec sincérité.

Bien sûr, ses rêves se moquent de lui, et il le sait.
Et c'est probablement grâce à cela que sa colère s'est dissipée au fur et à mesure. On ne peut pas en vouloir indéfiniment à ceux qui nous font du mal.
Franck se dit que la colère n'est au fond qu'un outil.
Quand un outil est inutile, on le pose pour en prendre un autre.
Il y en a toujours pour s'acharner avec la certitude d'utiliser le bon outil, mais pas de la bonne façon.

Franck a fait ça longtemps. Aujourd'hui il regrette un peu de temps en temps de voir le peu de persévérance qu'il met dans ses actes. Il regrette le courage un peu fou qu'il avait autrefois, lorsqu'il était encore révolté par les rêves qui lui parlaient.
Aujourd'hui,
Franck vit dans un simple conciliabule avec eux. Il n'y a plus de combat puisque rien ne pourra les faire changer. Et on ne peut pas être une victime toute sa vie, n'est-ce pas Franck?

"Non... c'est certains. mais ça ne veut pas dire que j'approuve. ça ne veut pas dire que je suis ce que tu dis que je suis."

Franck respecte ses rêves.
En réalité, plutôt que de rêves, il est plus souvent question de cauchemars. Mais pour
Franck cela ne fait aucune différence. Il n'en souffre plus aujourd'hui. Il a admis leur nature. Il n'y a plus de raison de se battre.
Il respecte ses rêves pour toutes ces choses qu'il y a à en dire.
Il ne veut pas mourir sans ne rien avoir à dire de sa vie. C'est quelque chose qui l'effraie énormément et il trouve que toutes les souffrances qu'il endure valent la peine si c'est grâce à
Elise, un simple rêve, comme un personnage d'une nouvelle dont il se serait épris, qu'il a pu dire un jour que ce n'est pas grave parce que lui l'aime...
Avoir penser ça une fois vaut toutes les visites
d'Elise. Passées, présentes et futurs.

Franck a envie de lui dire que quelque fois c'est vraiment beau l'Amour.

"Oui,
Franck, ça le serait si tu n'étais pas aussi indécis. Si tu n'étais pas aussi lâche... si tu étais simplement un peu honnête avec toi-même.
"Tu as raison
Elise. merci encore..."

A chaque fois que
Franck remercie Elise, ce n'est jamais pour ce qu'elle vient de lui dire.


Franck ce matin est dans les nuages.
Il voudrait bien retrouver la révolte qui l'animait avant.
Il se dit que la mort ce doit être ça fois mille. Se mettre à tout accepter. Jusqu'à fondre dans tout.
S'il disparaissait dans son bol de céréales, à cette instant même, s'il devenait lui, ne serait-il pas considéré par les vivants comme mort? Mort d'une mort mystérieuse, mais mort...
Il sent les insectes qui essaient de lui grignoter l'intérieur des entrailles.

1 commentaire:

  1. Tiens, je n'avais pas fait attention à la date ! Du coup, je décide de prendre ce post comme un cadeau d'anniversaire - même si le contenu est un peu trop sombre pour un jour de fête...
    Alors merci Francky !

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