jeudi 11 août 2011

Qu'on me rende mon inconscience qui la rendait supportable.

Quand j'étais adolescent je racontais que je voulais qu'on m'écorche vif. Parce que l'intérieur de ma peau me brulait.
J'avais la sensation qu'un feu sauvage et sourd consumait l'intérieur de ma tête. Et comme si ma peau l'empêchait de s'évader en dehors, j'attendais que cette peau sale qui me servait de rempart contre l'extérieur me soit arrachée. Juste pour pouvoir enfin respirer.
Je racontais ensuite que je voulais encore frais dégoulinant de sang être plonger au milieu des eaux de l'océan arctique pour qu'enfin la fraicheur me gagne l'intérieur du corps.

Quelques années plus tard, on m'apprenait que ça s'appelait des migraines. Je suis rassuré. C'est une pathologie. Ça porte un nom. Et aujourd'hui je dis juste que je suis migraineux.
Aujourd'hui je peux me plaindre. J'ai le droit de faire le malade. Cette douleur lorsque j'étais plus jeune faisait partie intégrante du monde dans lequel je vivais. Elle était alors objectivement supportable. Mais elle devint après ça une complainte en dehors de moi-même. Quelque chose de gênant et d'étranger.

J'ai commencé à vivre la chose plus mal alors qu'en même temps on venait de m'enlever toute la sensualité relative qu'elle contenait avant. Ça n'était plus qu'une douleur "intolérable parfois". Une douleur que "ah oui, je connais un mec qui est migraineux, il a très mal". Elle devint un simple regard entendu un peu compatissant de "je sais ce que tu vis mon vieux".

Plus de sensation de brûlure par des flammes insidieuses en mon sein. Plus de rêve d'océan. Plus de thérapie par le froid. Ce froid qui au contraire aujourd'hui me brûle la tête lors des crises.

J'ai toujours parfois la sensation de brûler de l'intérieur de tout mon corps. J'ai toujours parfois envie de m'ouvrir le ventre et le crâne pour y mettre des glaçons. Mais que je me rassure. Je suis migraineux.
Et j'ai une crise de migraine. Tout est normal.

3 commentaires:

  1. Hello Franck, je t'écris pour mon anniversaire. Je commence ma 55 ème année, et je souhaite en vivre au max toute la substance chaque jour sans laisser une miette. Alors je pensais comme ça que j'ai moi aussi eu "mon éloïse", comme aurait dit Piaf "ça m'rentrait par le bas par le haut" ... impossible de marcher dans la vie sans cette ombre scotchée à moi dans la cinquième dimension de ma passion à sens unique - Ce truc là m'a pourri treize ans de ma vie après qu'il m'ait quitté, ou plutôt que je ne l'aie plus laissé se servir de moi comme d'un p'tit extra ect ect... Et voilà qu'à cinquatre ans, je regarde ma vie un peu comme le chat sa soucoupe de lait et je me dis que tiens, au fond ça fait déjà vingt ans révolus (après les treize ans) que cet être néfaste n'a plus aucune consistance pour moi, même en pensée, tellement plus que même ce fait n'a plus d'importance ...
    Je ne sais pas s'il y a un rapport avec tes écrits, mais j'avais envie de te le dire Franck.

    Au plaisir de te lire bientôt, Merci pour ton blog ... plein plein de smacks affectueux.

    ~@~ Rayondargent

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  2. Je ne sais pas exactement s'il y a un rapport, mais j'ai envie de dire merci.
    (toutefois, cette fille ne s'est pas "servie" de moi. C'est juste aujourd'hui moi et moi-même. Mais merci du com)

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  3. ah oui, je connais un mec qui est migraineux, il a très mal.


    PS : "Cette douleur lorsque j'étais plus jeune faisait partie intégrante du monde dans lequel je vivais". Foutrement vrai.

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