mardi 13 septembre 2011

Une petite mort. Par inadvertance.


je crois que je vais avoir un accident de voiture. Je roule un peu vite.
Je devrais peut-être prendre cinq minutes pour faire mes adieu. Mais je surveille la route.
Ce n'est pas tout d'éviter les gendarmes pour ne pas se faire arrêter, il faut redoubler de concentration, ma voiture file de plus en plus sur l'asphalte.
Pendant tout ce temps, je ne comprends pas. Ça va trop vite.
Parfois je frôle d'un peu trop près le bord de la chaussée et dans l'habitacle monte un gros bruit sourd à cause des bandes blanches qui bordent la route. Ça me rend nerveux. Ce bruit rend tout le monde nerveux.
Contrôle rétro.
Contrôle angle mort.
Correction subtile de la trajectoire. Et me revoilà lancé au milieu de la route.
Les paysages défilent trop vite.
Garder ses mains à dix heure dix.
J'ai de plus en plus peur des virages à cause de la vitesse, même des longs et très larges.
Police. Mais personne ne rattrape Franck quand il est ainsi lancé comme un boulet de canon.
Personne.

Si ne suis pas obliger d'aller si vite. Si seulement je pouvais comprendre.
Je souris en pensant au début, il y a longtemps. Transcendé par l'ivresse de la vitesse. C'était il y a longtemps. Et je pédalais souvent pour aller plus vite.
À chaque accélération, une ivresse surprenante. À chaque changement de véhicule, la sensation du dépassement de soi. On pense qu'on va se planter. Et puis ça passe toujours. Plus je suis allé vite, plus il est devenu nécessaire de ralentir aux carrefours.

Aujourd'hui, je suis un peu victime de la vitesse. J'admets que devant un carrefour je n'ai aucun recours. Je vais trop vite. Je souris parce que je pourrais ralentir mais entre cent cinquante et cent soixante-dix kilomètres à l'heure, ça ne fera aucune différence sur ce qui va m'arriver. Ça me fait un peu peur. Je ne contrôle que très partiellement. Ma voiture tremble un peu. Oh, mais je peux encore accélérer. C'est une voiture puissante.
Seulement il devient impératif que je comprenne.
Je dois comprendre que les gens ont le choix. Il faut que je l'accepte.
C'est impératif que je comprenne, parce que je passe doucement la cinquième j'ai l'impression. Et ce n'est pas très bon. 

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