dimanche 11 juillet 2010

La fille qui n'aimait pas le cirque

"... alors que Franck se sent être un caniche, qui attend devant la porte le retour de sa maitresse."
Ces mots sont la fin de l'histoire que Franck vient de dicter pour lui-même.

Il a peur.
Il a peur parce qu'alors qu'il s'est dit ces mots il craint qu'ils soient les derniers qu'il ne se dira jamais.
Il a peur de cet avenir incertain qui peut encore potentiellement l'amener n'importe où.
Il a peur de devenir cette petite chose minable qui ne vit que dans l'attente. Tout ça parce qu'il ne sait pas dire stop.
Et pourtant il y a quelque chose de noble dans la fidélité. Sauf lorsqu'elle vient de la dépendance. Parce qu'alors elle devient abjecte.
Ou bien les parasites pratiquent ce genre de noblesse.
Franck a peur et ça va durer quelques temps, parce que l'avenir est incertain pour tout le monde, que ces mots s'inscrivent en lettre capitale sur son destin. Franck le caniche. L'homme-caniche que l'on donnerait à voir dans un cirque ambulant et que l'on nourrirait à la gamelle. Au sol. Pour entretenir le mythe de ce caniche d'un mètre quatre-vingt.

… Un caniche qui attend devant la porte le retour de sa maitresse.

Franck ne veut pas vivre comme cela. Personne ne veut vivre comme cela. Et la seule chose qui le fera devenir autrement est de trouver juste un peu de courage. Le courage sur lequel il a disserté tant de fois. Ce courage qui n'est pas vraiment là lorsqu'on en a vraiment besoin.
Il éprouve curieusement un sentiment un peu diffus. Il n'est pas plus courageux que les autres, Franck, et malgré ce pincement au coeur, il est rassuré de pouvoir se rappeler qu'il n'est pas mieux que les autres. Et c'est une cela qu'il craint.
Il a l'impression de voir une ombre partant de ses pied se projeter au sol. Celle d'une sorte de petit chien.

Libre à chacun de se prendre en main quand il est temps. Certains ne le feront jamais. D'autre y arriveront systématiquement malgré la sensation de ne jamais y arriver.
Et d'autres on simplement peur de ne pas y arriver, alors qu'ils n'ont jamais eu à essayer auparavant.
Sans oublié que Franck est un animal fidèle, et que même s'il a beaucoup changé il est certaines réactions qui reviennent sans prévenir. Des réactions du fond des entrailles. Franck le sait. Il sait que rien n'est gagner d'avance. Rien.
Et comme pour se mettre à l'épreuve, il a envie d'aboyer.
S'assurer qu'il est bien un homme. Qu'il relèvera bien la tête. Que c'est juste une passade. Que le temps passe et guéri tout.
Qu'il se remettra debout et que le petit chien qu'il craint aujourd'hui aura une révélation. Peut-être que sa maitresse ne reviendra pas.

Il a hâte de se remettre debout.
Et en même temps, il n'a pas envie d'oublié.

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