mardi 17 mai 2011

Qui veut changer le droit de nous reprendre...




Une chanson pas très jolie au titre ambiguë. mais elle m'a tuée.
Il est quatre heure du matin et je me réveille le ventre noué en même temps que je pense merde... merde...! Après avoir laisser passer quelques instant pour me remettre j'ai envie de crier que Fous-moi la Paix nom de Dieu! … et aussi que "Tu m'emmerdes connasses, mais dégages donc!". Et comme je suis un peu à bout je pense même à un sempiternel Va donc au diable, bordel...!
Je suis à moitié à bout de souffle étouffé par ma ceinture abdominale qui ne fait pas vraiment ce que je veux sous le coup de l'émotion.
Je repense merde... merde... en enfonçant ma tête dans mes mains. Je vais pisser et assis sur la cuvette, mon ventre se ressert. Je repense merde... et je tente un Tu n'avais pas le droit qui m'a l'air ridicule à l'instant où j'écris ces lignes. Mais qui m'a tout de même l'air de contenir une sorte d'émotion véritable. Je ne moquerais plus jamais des films américains et des exclamations impossibles à contenir qu'à le héros, du genre ça. Du genre "Tu n'avais pas le droit", parce que ce soir je l'ai pensé. Vraiment.
Je viens de passer une soirée avec Éloïse. Mais attends, j'allume une cigarette et je te raconte...


Je suis dans un bar, légère ambiance squatte avec videur. Curieux. Je suis assis à côté d'une amie et d' Éloïse. Tu l'auras compris, c'est un rêve, mais lorsque le sommeil te prend par surprise tu n'as pas le temps de t'y attendre. Dans ces moments-là, les rêves sont plus réels que tout autres.
La situation me met un peu mal à l'aise parce que jamais je n'aurais laisser une telle chose se produire. Une situation bien trop inutile pour en tirer quoi que ce soit. Elle est souriante. Je les ai surprises en arrivant et je me suis donc joint à elles pour ne pas rendre plus bizarre la situation avec un snobage volontaire qui ajouterait le ridicule à la singularité de cette rencontre. Je suis un peu inquiet parce que je ne vais pas très bien. C'est pour ça que je suis venu. Pour me noyer dans des ti-punch qui me rendent fou et qui, je l'espère à l'instant, me feront faire n'importe quoi ce soir. Éloïse est en forme. Elle est même joyeuse. Je me dis que ça va pas le faire, là, tout de suite. C'est le genre de situation où tu ne veux pas être vu à ton désavantage. Réflexe stupide des fins de couples misérables.
Je suis là, assis en fasse d'elles, j'ai apparemment passé donc un moment de la soirée avec elles attendant poliment le moment de me casser parce que cette rencontre m'a gâcher l'envie de me mettre minable ce soir alors finalement je vais peut-être plutôt rentrer. Juste avant de leur fausser compagnie on entame la conversation avec Éloïse. Comment ça va... ouai ça va et toi... ouai, ça va... Elle et moi ne nous sommes pas vu depuis longtemps et d'une certaine façon on attend elle et moi beaucoup de cette première rencontre. Alors elle va bien, elle me dit, et puis depuis qu'elle est avec ce mec ça se passe trop bien et... là je l'arrête. Je lui dis que ce n'est peut-être pas utile pour moi d'assister à cette dérive de la conversation, euphémisme pour dire que non mais arrête de me parler de ton putain de petit enfoiré de copain. Que c'est pas très délicat (je te l'ai dit, les fins de couples misérables, ou les fins de couples miséreux, je ne sais pas). Je me lève pour m'éclipser à la hâte et je vois son air qui change. Du mépris maintenant. Elle vient de voir en moi, et apparemment la pitié que je lui inspire à présent n'est pas du tout à son goût. Ça ne serait d'ailleurs du goût de personne. Elle me regarde à présent et, m'attendant bien comme il faut à une attaque insidieuse de sa part, je cherche à récupérer vite mes affaires, mon sac à dos et le reste quand elle enchaine comme une litanie de petite fille mauvaise "J'ai un copain!... j'ai un copain...! et il est meeeerveilleux!...". Elle me suit de prêt en continuant par me dire que j'ai du mal à supporter mais que c'est pourtant vrai et que si je suis si dégoûté, sans doute, c'est parce qu'elle s'est trouvé un copain ELLE. Devant mes demandes répétées d'arrêter ça elle s'enflamme me regardant au fond des yeux pour savourer un peu de son mal... et peut-être un peu pour essayer de conjurer son propre malaise aussi, je crois. Je me dirige alors vers la sortie et elle me suis encore un peu pour me dire que je dois bien être dégoûté qu'elle soit maqué à nouveau. À cette instant j'aurais giflé une petite fille se comportant comme cette peste depuis une minute déjà, sans remord, mais là, la pédagogie n'a rien eu à voir. J'ai juste perdu pied en même temps ma dignité. Et je lui en veux de me mettre si mal, alors je me retourne et je la gifle. Pas comme on gifle une petite fille, oui. La fureur en plus. Et je repars.
Là, esclandre. Elle hurle après moi, demande qu'on m'arrête, se révolte de ce que je viens de faire. J'ai déjà honte de moi et je vois le barre fourmiller de geste et de regard concentriques. C'est moi que tout le monde regarde et accuse. Je tiens la main qui l'a giflé comme pour montrer aux gens que ça va, je me puni moi-même, mais la colère de mes amis dans ce bar que je connais bien achève de me jeter aux lions. Je sens alors une poigne de fer m'agripper par le col, c'est la sécu. Il me soulève violemment. J'entends Éloïse qui continue à hurler à la façon d'une poissonnière, vindicative. J'entends aussi mon amie qui était avec nous crier à l'attention de tout les autres et du vigile, crier que attendez, ce n'est pas de sa faute! Mais déjà je sens mes pieds quitter le sol et je valdingue contre la porte d'entrée que je m'apprêtais à ouvrir avec une violence qui me surprend. Je n'ai même pas eu le temps de lui signifier que t'inquiètes, mec, j'allais partir. Non. Parce que cet homme, c'est en quelque sorte le courroux d' Éloïse que je ressens. Mon amie lui demande d'arrêter, il ouvre la porte et s'apprête à me jeter dans les escaliers. Je me tiens au chambranle de la porte, mais qu'à cela ne tienne, il la ferme sur moi. J'entends mon amie qui hurle dans la cohue générale de ne pas me casser es doigts, surtout pas les doigts. Je les prends dans ma main avant qu'il ne soit trop tard et je sens, pour la deuxième fois, le sol se dérober sous mes pieds...

Le lendemain, je reviens sur les lieux. L'endroit semble avoir été le théâtre d'une gigantesque fête et tout le monde s'affaire au nettoyage. Mon amie est là je crois, qui me dit que Éloïse est partie il y a peu, mais qu'elle m'a laissé un message. Une chanson. Sur l'écran géant du bar je la vois dans un clip de sa composition. Elle est nue, se baladant dans un appartement qui n'est pas le sien, dansant, sur un air quelconque... et elle chante d'un air narquois Qui veut changer le droit de nous reprendre?... Qui veut changer le droit de nous reprendre?...
Alors c'est cela que tu as cru Éloïse? Tu as cru que je voulais te reprendre? Tu as pensé que je trouvais que j'en avais le droit?
Je suis triste. Et si elle avait raison. En tout cas, maintenant, je sais que non. Je suis devant cet écran et je reste là. Je regarde. Je regarde tout le mépris de moi qu'elle doit avoir pour avoir eu la force pendant la nuit de composer cette chanson, et d'en faire un clip, vite, vite... pour être sûr que je le reçoive au petit matin.

Ça n'arrive que quelques fois dans une vie, le moment où personne d'autre que la famille ne peut vous aider. Là j'ai besoin d'aide et je ne sais pas où en trouver, je me retrouve donc vers le milieu d'après-midi, à leur côté pour aller voir un match de rugby apparemment, avec un panier de pic-nique. On est assis dans l'herbe des gradins, puisqu'ici tout est doux et le soleil brille. Je ne vois dans le stade, qui ressemble plus à un parc d'ailleurs, des gens heureux et détendus. La chaleur de mes frères et de mes parents me réconforte, et on profite juste de l'instant d'être ensemble.
Pour nous faire tous patienter, l'écran géant se met à jouer une chanson. Une chanson que je connais. Que je trouve très belle. Et je fonds en larme et enfouis mon visage dans mes bras. Je fonds en larme. Sans pouvoir m'arrêter. J'ai l'impression que je ne le pourrais plus jamais. Je songe un instant à toute cette eau qui coule le long de mes joues, je songe à Éloïse, je songe à ce qui m'a conduit là aujourd'hui... ma mère me demande très affectueusement ce que j'ai. Je lui dis que c'est la chanson. Que je la trouve jolie... et je pleure. Et à cet instant je déteste Éloïse plus que jamais.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire