lundi 14 février 2011

Le rêve

Franck en est déjà à sa septième clope depuis une demi heure. Le papier se plie un peu alors il est obligé de s'y reprendre à deux fois pour la rouler. L'alcool l'aide un peu dans sa débâcle. Les clopes est toujours moins propres si tu les fais pas en un trait. Il écoute son pote qui lui parle d'un morceau qu'il ne connait pas. D'ailleurs il va brancher son téléphone sur l'ampli pour lui faire écouter et Franck se dit cool. Il tasse son embryon de cigarette sur son téléphone portable, une habitude qu'il a, et il l'allume. Le son monte à ses oreilles. Une pétasse que ni l'un ni l'autre ne supportent en général. Mais Paul est toujours sûr de son effet quand il met une chanson à burne. Encore une fois il a raison. C'est en se disant cela que Franck prend une grosse bouffée de sa clope à deux balles.
Il jauge son verre qui se remplie au fur et à mesure d'alcool en tout genre. Peu importe ce qui s'y loge, son verre est un excellent allié. Il se rassoit sur le simili fauteuil de bureau qui grince à chaque fois qu'on s'enfonce dans le dossier. Il repose sa tête. Le présent disparaît peu à peu. La soirée avait déjà commencée curieusement.
Une fin de pétard qu'un mec inconnu lui a proposé à la sortie d'un bar dans lequel il avait rendez-vous avec un autre mec. Juste pour parler de choses et d'autres. Entre autre des merdes que produit Franck parfois. Même qu'il s'en doutait Franck et même qu'il y est quand-même allé les mains dans les poches, et même que comme un bleu il a prit plaisir à se faire surprendre.
T'as fait le con Franck. C'est ça l'ordre du jour semble-t-il. Franck n'a rien trouvé de génial à dire pour se défendre. Alors un ouaip, mec, d'un certain point de vu semble être une bonne réponse standard. Son pote a continuer en le rassurant de différentes façons assez efficaces mais pour Franck ça ne fait pas grande différence.
C'est donc à la sortie de ce bar, quand ils se disent au revoir que Franck et son pote se voient remettre en main propre une fin de joint qu'un autre a ramené du pays. Et tu comprends mec, c'est du gâchis de jeter ça, mais comme je dois aller boire ma bière je te le laisse. Alors merci et à bientôt.
Le mec rentre en ajoutant que tout excès est dangereux, ce à quoi Franck répond que hé tu sais mec, c'est ce que je dis tout le temps. Mais le mec s'en branle, il est déjà rentré.
Sur la route, il dépose chez une fille un ou deux truc. Des répliques déliquescentes de tremblements de terres datant de jadis.
Chez lui Franck se rend compte qu'il a fait de la merde dans son travail. Mais il est content quand-même puisqu'il s'est quand-même remis à travaillé. C'est toujours ça de pris.
On sonne. Paul est en bas.

Après une bouteille de vin, plusieurs bières "d'ivrogne" selon Franck, à fort taux alcoolique et quelques bières plus décentes, Franck commence à ramasser dans son cendard les mégots de vieilles clopes pas finies. Un réflexe qu'il a pris de quand il a pas de tunes pour s'acheter des clopes et qu'il est obligé de faire les fonts de cendriers. Il a de la chance, dans le tas il y en a un qui doit dater d'aujourd'hui. Il l'allume en pensant que c'est du gâchis d'éteindre une clope à la moitié (et il se souvient de la promesse qu'il s'était faite, pendant cette même période de disette tabacologique, de garder au maximum de mégots le plus long possible dans son cendrier, des fois que les temps se durcissent. Alors il se pardonne son gâchis qui part d'un bon fond). Il le fini complètement et l'écrase vraiment cette fois-ci - non sans avoir réfléchi à deux fois, du coup, des fois qu'il y aurait deux dernières lattes à en tirer la prochaine fois.

Et puis à force de parler peut-être que je finirais la gueule dans le trou des chiottes. Ouai, c'est bien possible. Ou alors bouffer par les moisissures qui gagneront mon appartement, parties de ma conserve de ravioli froid que j'aurais oublié de foutre au frais. Je sais pas. Finir n'importe comment, mais pas connu, pas célèbre. Mort avec mon talent qu'on se cherche tous. Avec juste des gens autour de ma dépouille pour dire qu'au fond bah j'étais quand-même sympathique.
Pas mal déjà. 

Franck va décuver. Mais avant, il espère qu'il n'aura pas à dormir sur un matelas de merde toute sa vie. Et en même temps, avoir un super matelas, de beaux vêtements et des restos chics, il s'en fout aussi si c'est pour finir comme une merde quand-même.


ps: la pétasse en question c'est Diana Krall et la chanson c'est Temptation.

2 commentaires:

  1. Il est question ici d'accomplissement. D'une envie, ou besoin plutôt de réel accomplissement. Se trouver en somme. Ou ne pas se trouver d'ailleurs. Parfois cette menace d'être perdu à jamais est presque palpable.
    Mais je ne saisi pas la teneur de ce "bien reçu" qui sonne comme une vérité qui se cristalliserait.

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