samedi 2 octobre 2010

Quelle est la chose la plus terrible que tu ais fait par souffrance?...

Je ne sais pas très bien combien de graduations possède l'immense règle de la souffrance, celle qui est collée au mur, juste là.
Le mur n'est pas haut du sol au plafond. Il n'a pas l'air en tout cas. Deux mètres trente, deux mètres cinquante à tout péter. Alors cette règle graduée qui monte jusqu'au plafond ne peut pas être si grande que ça. En tout cas, pas plus grande... Cette longue règle fine qui monte jusqu'en haut. Cette règle toute noire... ne te méprends pas.
Ne te méprends pas, car si tu t'approches, si tu t'approche suffisamment près, petit à petit tu verras se dessiner ne minuscules espaces blancs.
Tu découvriras alors que cette règle toute noires qui ne voulait rien dire est alors belle et bien graduée. Et le noir qui la recouvre entièrement, tu découvrira qu'il n'est que l'ensemble de toutes ces graduations donnant l'échelle de la souffrance.
Et là, deux mètre cinquante ça va te paraître immense.
Alors quand tu ne sais pas vraiment où tu en es, tu prends un peu peur. tu as peur de n'en être qu'à l'échelon trois. Trois sur les quelques milliers qu'elle possède encore...
Ou bien tu es au milieu. A hauteur des yeux, et tu vois tout le chemin que tu as parcouru... Et tout le chemin qu'il te reste à parcourir.
Et tu as peur aussi...
Tu pourrais perdre toutes tes journées, restant devant cette règle graduée à te rendre malade de ne pas savoir où tu es dans cet amoncellement de petits, tout petits très noirs. Tu as d'ailleurs déjà ressenti cette douleurs violente qui te vient du ventre, qui vient de tes boyaux qui se tordent et se nouent sous l'effet de la peur.
Et après?
Que se passe-t-il après cette douleur? L'intensité va-t-elle augmenter, encore et encore, à mesure que les étapes sont franchies?Cela peut-il ne jamais s'arrêter?
Qu'elle est la chose la plus terrible que tu es faite par souffrance, Franck?...

La chose la plus terrible que j'ai faite par souffrance?
Aimer. Aimer encore plus. Plus que je ne l'ai fait jusque là.
Parce que je ne veux pas mourir, et que je ne peux pas tuer la personne qui m'a fait si mal.
Alors à chaque fois, à chaque instant où j'ai ressenti une souffrance telle que je me suis dit que je perdais la tête, et à chaque fois que je me suis dit "trouve une solution... trouve une solution... trouve une solution, je t'en prie" à mesure que je sentais la souffrance qui ne cessait de monter en moi, à chaque fois il s'est passé quelque chose.
Et encore aujourd'hui j'ai vécu cela.
La chose la plus terrible et la plus vindicative que j'ai fait par souffrance?
J'ai aimé. Parce que je ne saurais rendre coup pour coup.
Et que je ne veux pas mourir.

4 commentaires:

  1. Du point de vue du bourreau, c'est assez magnifiquement exprimé.

    Mais tellement effrayant, une sorte de vertige sous acide, la conviction inébranlable que les simples expirations de mes poumons peuvent lui faire du mal. Parce qu'elle pourrait faire sien chacun des mots que tu as écrits...

    Je crois que les gens comme vous sont une malédiction pour les salauds qui rêvent de devenir des gens biens.

    Il serait bien évidemment assez incongru et déplacé de vous en faire le reproche....

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  2. Si je devient une malédiction alors j'ai tout raté. Au plus haut point.
    Ici il n'est question que de moi et de ce que je peux faire de ce que l'on me donne.
    Point ici de compte à rendre d'un côté ou de l'autre. Je suis juste en face de moi devant la glace à me regarder en me demandant ce que je vais bien pouvoir faire de tout cela. Brûler à l'intérieur dans une souffrance dont tu ne connais pas l'issue? Trop, bien trop risqué. ça me fait peur... énormément.
    Alors mon autre arme est de faire tout autre chose de cette vague incontrôlable. Il n'ai pas question d'amour comme le ferait un psychopathe :). Il ne s'agit peut-être que du fusible de la douleur qui a sauté. D'un coup. Peut-être que c'est une question de survie. Je ne deviendrais jamais un admirateur secret comme les méchants tarés dans ces films américains. Juste que la vie est ainsi faite. Et qu'on peut ou le rejeter ou en faire quelque chose. Et je ne veux pas finir aigrie, ou amère, ou misogyne. Point de mépris pour l'autre ici, juste une façon de penser que si c'est cela qu'il me reste de toi, voilà ce que j'en ferais. Quelque chose de beau. avec ou sans ton aide.

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  3. C'est beau mon futur mari entre les hommes, t'inquiètes, aucun message libidineux je suis sous la forme sage et non sous 666. Donc tu es de la matière récupérable, donc biologique... c'est fort louable.

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  4. Ma remarque n'avait rien de personnel, tu sais (oui, je le reconnais, c'est plutôt étrange vu que je répondais à une de tes notes où tu parlais de toi)

    Disons que je me suis laissé aller, parce que ce texte m'a beaucoup beaucoup parlé et que je connais quelqu'un qui aurait pu l'écrire mot à mot.... sauf ta conclusion (et je le regrette amèrement)

    [en gros, ne change rien, tu es dans le vrai. Je crois même que je t'envie]

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