mardi 19 octobre 2010

Franck à l'Actor Studio

Franck a réalisé quelque chose il y a quelques jours. Ça arrive souvent, oui, mais comme à chaque fois, il se demande dans quelle mesure cette nouvelle donne va influer sur son comportement. 

Il se demande dans quelle mesure il calcule la portée de ses actes, leur répercutions et dans quelle mesure il laisse place à une certaine spontanéité.
Franck sait assez vite parfois ce qu'il est de bon ton de dire et de ne pas dire. Franck souvent a la sensation de savoir exactement ce qu'on attendrait du garçon modèle ou du provocateur. Et s'il ne le fait pas parce qu'il n'en a pas envie, et alors il est souvent sous le joug de la question de savoir s'il ne le fait pas simplement pour surprendre...
Comme s'il voulait de façon un peu subtile et insidieuse frimer devant une assemblée déroutée par ce comportement qu'elle n'avait pas prévu. Est-ce lui qui est surprenant ou bien n'est-il que le pantin de son orgueil qui se flatte de paraître original?
Surprendre. C'est facile quand on sait ce que l'autre attend.
Parfois Franck a la sensation de lire l'envie des gens. Alors il leur donne tanto ce qu'ils veulent, et tanto l'invers. Pour les surprendre...

Mais il a la sensation d'être malgré tout d'une confondante banalité derrière cette maitrise partielle des situations. Il sait que souvent on a la possibilité de choisir ce que les autres pensent de nous. Pas toujours, mais souvent. Alors il se dit parfois que ce que les autres pensent n'a pas d'importance. Oui... parce qu'il a la sensation de choisir ce qu'ils vont penser. Et il se dit un peu bête, alors, que ça n'apporte pas d'information sur ce que l'on est... Il se demande dans quelle mesure il montre à son entourage sa vrai personnalité et dans quelle mesure il se joue d'eux de façon méprisante.
Méprisante, oui...
Le jeux de la séduction, en quelque sorte...

Il se souvient avoir simplement résumé les choses ainsi, disant que oui, on joue avec le vocabulaire que l'on a et les armes que l'on apprend mais que la seule chose à faire est d'essayer de bien faire...

Maigre résumé.
Parce que Franck est devant son petit déjeuner et qu'il est sept heure du matin. Et Franck qui est entrain de sentir son bol de chocolat chaud refroidir se dit à l'instant qu'il avait prévu tout ce qui vient de se passer.
Le fait de réfléchir de bon matin. Le fait de savoir qu'il utilise du temps pour cela. Le fait que le temps passe mais que malgré tout il est assez égocentrique pour utiliser son temps pour s'enorgueillir plutôt que pour se dépêcher pour ne pas être en retard à l'école...
Il se souvient le goût de cette petite pensée en trame de fond, lui rappelant pendant qu'il était dans ses pensées que son chocolat refroidissait et qu'il serait obligé de le boire presque froid à la fin. Mais ce n'est pas tout. Est passée dans la tête de Franck l'idée, également, qu'il s'en enorgueillirait de boire un chocolat froid, conséquence si possible de sa capacité d'abstraction... Son chocolat froid comme témoignage de son intelligence.  De sa faculté à se poser des questions que (espère-t-il) personne ne se pose à son âge...
Pendant qu'il réfléchi, ou juste pendant un court instant, il s'est vu réagir exactement comme il l'a fait à l'instant de façon pourtant semble-t-il tout a fait spontanée. Il met un doigt dans son bol et il fait la moue parce qu'il est froid, son chocolat. Mais voilà, du coup, sa moue spontanée est gachée par la sensation de jouer la comédie, de fait.
Il se demande pourquoi il fait quelque chose qu'il savait qu'il allait faire. Il se demande pourquoi il n'a pas pris le contrepied de cette réaction qui rend le scénario de sa vie si ennuyeux. Si Franck savait la fin d'un film, n'en chercherait-il pas une autre...?
Pourquoi réagit-il comme ça?

Franck pense qu'on ne peux pas dire d'un comportement prévu qu'il est spontané, et c'est tout son problème. D'un point de vu tout à fait interne à soi. Si l'on agit comme on sait qu'on allait agir, on se singe. Ni plus ni moins.
Franck a la sensation de se singer. Souvent.
Et de la même façon, Franck ne sait pas comment retrouver une spontanéité dans une situation dont il peut voir la mécanique.
Parce qu'on ne peut pas oublier une impression nouvelle que l'on vient d'apprendre. Alors comment ne pas devenir un salaud d'esprit calculateur.

Franck a déjà pris le contrepied de tout ceci, en agissant différemment de tout ce qu'il avait déjà fait, lors de situations données. Il a fait ça il y a longtemps.
Il s'est arrêté pour une question de santé mentale, mais il sait que l'on peut, simplement avec une volonté toute intellectuelle aller à l'inverse de tout ce qu'on a déjà fait. Alors on apprend d'autres choses. Que l'on ingurgite. Et encore... et encore.
Franck se dit qu'on a beau aller à l'inverse de nous même, on fini toujours par se singer. Et Franck qui voulait répondre spontanément à des questions sur lui même en faisant comme les sportifs qui se dépassent se retrouve avec une somme de question plus importantes que celles qu'il avait au départ.

Et après...?

Après...? Franck se retrouvera probablement dans quelques années, devant un bol de chocolat froid entrain de faire semblant de râler spontanément sur son bol qui a refroidi le temps de sa réflexion. Et il fera probablement ce qu'il a déjà fait alors. Il se parle tout seul à haute voit. Pour se dire d'arrêter de jouer la comédie, qu'il a vu son bol refroidir pendant qu'il réfléchissait et qu'il n'est pas un acteur, alors qu'il assume d'avoir laisser son bol refroidir juste pour le plaisir de boire un chocolat froid.
Symbole de la sublime intelligence de Franck.
Un calculateur.

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