lundi 27 septembre 2010

Une after chez Franck ce soir? Non... probablement pas.

Un mégot de joint collé sur le sol fera bien l'affaire. Juste une cigarette pour réchauffer ces poumons froids. Et ces mains.
Un petit bruit de scratch quand je le prends. Il est sec.
La fête a battu son plein, les rires et l'alcool se sont incrustés dans les murs et sont devenus fossiles. Des fossiles glacés.
Aucun souvenir des festivités. Juste une question qui me revient.
Je ne sais pas à quoi tu sers Laurent. Arrête de me poser la question, tu risquerais de découvrir que tu n'as servi à rien. Alors amuse-toi bien. Tu t'imagines qu'elle fait la fête? Fais comme elle. Fais la fête.

Et Laurent y va de son couplet sur les billes qu'il a fait tomber de son sac. Toutes ces billes qu'il a semer, s'allégeant de toute sa personnalité éparpillée aujourd'hui au gré du vent.
C'est un risque à prendre.
Laurent se sent plus léger aujourd'hui. Trop léger. Capable de tout. Il sent qu'il pourrait même sauter et toucher le plafond de l'appartement avec sa tête à cause de son poids trop faible. Son front le percuterait. Son crâne s'ouvrirait et c'est un Laurent mort qui retomberait au sol.
C'est ça aussi de s'alléger.
Les émotions sont diffuses alors Laurent veut les réchauffer. Ces émotions sont profondes, alors Laurent veut aller les chercher très loin au fond de lui.
Ces émotions sont douloureuses alors Laurent voudrait les enrober de quelque chose de doux.

Je passe le mégot à Laurent qui se met à fumer, à peine réveiller de sa nuit un peu trop curieuse. La fumée pénètre dans ses poumons. Voilà la douceur. Un tabac froid fera l'affaire.


Franck pense pareil. De toutes ces émotions, il ne ressort à la fin qu'une grosse bouffée de cigarette.
Franck est un économiste, et lorsqu'il perd toutes ses billes dans une relation, il n'est pas content. Il veut réouvrire le dossier mais ses supérieurs hiérarchiques lui intiment l'ordre de continuer parce qu'on est pas dimanche et que Wall Street est ouvert aujourd'hui, jeune homme. Alors mets-toi au boulot mon petit Franck, y a des billes à placer aujourd'hui!

Franck s'assoie donc à son bureau. Un immense bureau au vingt-septième étage d'une grande tour. Il se recroqueville sur ce grand fauteuil en cuire.
Franck est un économiste. Un grand docteur en économie. Et quand il a perdu ces billes par une opération boursière qui lui a échappé, il a envie de passer les bras autour de ses genoux et de se mettre à pleurer.

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