lundi 4 avril 2011

Et trois nuits par semaine c'est sa peau contre ma peau...


Cela fait quelque temps déjà qu'on se voit. De temps en temps. On ne parle pas d'avenir, comme si c'était un blasphème. Cela fait quelques temps déjà et comme le temps passe parfois, rarement, on l'évoque avec l'impression curieuse d'avoir un passé entre nous. Impression curieuse que ce passé lorsqu'on a toujours vécu au présent de l'impératif. On reste couverts de nos manteaux, toujours, comme si on ne voulait pas s'asseoir cinq minutes. On hésite à enlever nos chaussures. Chez l'un ou chez l'autre on garde le main sur les genoux, assis bien droit. Juste le temps que l'alcool fasse un peu d'effet. Un effet presque inexistant suffit, juste de quoi nous donner une excuse au laisser aller.
Et puis ça fait quelques temps, et puis ça se passe toujours assez bien. Et puis ça, ça fait vraiment un effet bizarre.
J'avais pris les habitudes d'un soldat en état d'alerte permanente. J'en ai gardé des séquelles. Le syndrome de la guerre du mini-Golf. Au retour, un peu paranoïaque, j'avais fréquemment des réflexes chaotiques de retraite au fond de ma grotte ou encore, je restais parfois pendant des périodes entières dans la méfiance la plus totale. Et puis le temps a passé, et puis un jour elle m'a dit hey... c'est moi. Tu n'es pas en danger, et puis un jour j'ai vu qu'il y avait une différence. Que c'était elle, effectivement. Pas un danger , pas une pieuvre susceptible à chaque instant de m'avaler le cerveau. Le Croque-mitaine n'existe pas, Franck.
Je n'étais plus dans le mini-Golf.
Je devais laisser ma guerre derrière moi. Merci Rambo 3.

Alors j'y travaille. Je sais qu'on peut vivre avec quelqu'un sans se méfier, je sais que l'ennemi n'est pas toujours en son sein. Je sais aujourd'hui qu'un jour je n'aurais plus à me méfier. Autrefois je n'aurais pas conçu la vie de couple autrement. Aujourd'hui je réapprends.

On se voit de temps en temps. Au présent de l'impératif. On évoque de loin nos amants. De loin. Ça ne fait rien. Pas trop. Parfois lorsque vient par hasard sur la table le sujet de notre passé commun on s'arrête un peu hésitant. Ne sachant pas comme agir. Ça fait tout ça? On vit comme ça. Le temps de savoir quoi faire. Le temps de se laisser le temps, et puis peut-être que se presser ne serre à rien quand on est pas en danger.
On ne sait pas mais ce n'est pas grave.

1 commentaire:

  1. (... "et je suis avec elle"... Indochine)

    PS : c'est ma réponse au blind test...
    PS1 : alors j'ai gagné ?
    PS2 : je sais, mon comm n'a aucun intérêt
    PS3 : alors pourquoi le laisser ? (je ne sais pas)

    Bon, sinon (au fait), j'aime bien (ton billet)

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