vendredi 8 juillet 2011

Comme si tu voulais mettre tes oreillettes de casque pour ne pas entendre, mais que les fils étaient emmêlés

Franck attends que j'ouvre l'œil depuis le départ de Rebecca ce matin. Au pied du lit, silencieux et patient. Il va bien finir par l'ouvrir il se répète en lui-même.
Il ne sait pas que je l'ai vu à la dérobée et que je fais tout pour l'éviter. Continuer à dormir par exemple. Même s'il finira par remarqué ma respiration un peu moins profonde. Comme celle de quelqu'un qui se concentre pour retrouver le sommeil.
Je l'entends parfois me parler comme s'il était certain que je ne dors pas. Tu dors encore?... Voyons, ce n'est pas raisonnable. Puis il se tait à nouveau. Respectueux de mon subterfuge.

Il est quatorze heure et aussi curieux que cela puisse paraître, j'ouvrirais bien les yeux officiellement pour profiter pleinement un peu du soleil. Nu dans mon salon. Mon salon où je prends soin de laisser un volet fermé en permanence.
Je prépare le naturel de mon entrée comme si je venais de me réveiller d'une bonne nuit de sommeil, sans laisser penser que Franck et moi nous somment tournés autour depuis tout à l'heure. J'esquisse même le faux sourire du matin au réveil, comme si pour moi une belle journée venait de commencer. Alors qu'avant même de me lever je savais que Franck était là.
Il fait comme si de rien n'était. Par respect pour mon mensonge, encore, sans pour autant marcher dans ma comédie. Il se respect un peu trop pour cela.
Il me rend un sourire un peu passé et me dit Ça y est? Bien dormi j'espère...
Il fait toujours preuve avec moi d'une certaine finesse. Ne remettant jamais en question mon comportement même s'il s'agit d'une piteuse comédie à son intention. Mais sa délicatesse s'arrête là. Il ne m'apportera pas le petit déjeuner au lit. C'est bon? T'es prêt?

Je n'ai pas envie, non. Alors je met en route une série débile pour me faire rigoler exprès. En prenant soin de ne pas croiser le regard de Franck. Franck qui me regarde dépité.
Comme si j'avais un sourire attaché aux lèvres avec des trombones et des punaises j'entame ma journée.

Franck me dit vas-y quand je roule un pétard. Vas-y, éclate toi bien. Je serais là tout à l'heure. Et à mesure que j'écris ces mots, il est à la même place que tout à l'heure. Franck est patient. Et il sait que quand je rentrerais ce soir il sera là. Et il sait que si sors, il n'aura qu'à attendre que je rentre demain matin, de bonne heure. Ce n'est pas grave. Il finira de toute façon par dire ce qu'il a envie de dire. Et je finirais bien par l'entendre. 
Il me dira bien, un jour, ce qu'il m'a déjà dit. Ce que je ne veux pas entendre, souvent.  
Franck est patient. Plus que moi. Parce qu'il y a des gens comme lui pour qui le temps ne passe pas.

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