mercredi 13 juillet 2011

Perdre la raison pour redevenir normal

Je suis dans un demi sommeil, dans la plus haute pièce la plus haute tour du chateau quand Eloise est venue me rendre visite.
J'entends l'écho lointain de quelques bruits que je n'arrive pas à distinguer dans tout ce silence. Ici, on peut réellement ouvrire ses oreilles et écouter. C'est peut-être pour cela qu'ici, même éveillé, on entend ce que la nuit garde normalement pour elle.
Je me serais attendu à voir arriver Elise mais sans doute ne faisait-il pas assez nuit, ou sans doute ne dormais-je pas assez.

Je ne sais plus comment tout à commencé. Je ne sais pas pourquoi je suis dans un était végétatif proche d'une ivresse neuroleptique que je ne m'explique pas. je suis allongé sur le matelas au sol. Rien ne bouge et Eloise me parle. Elle me raconte comment elle était toute tourbillonnée après une soirée qu'elle a passé chez une de ses amies il y a longtemps, à l'époque où nous nous entendions bien.
Elle me parle avec entrain et moi allongé je l'écoute. Elle n'est jamais venu ici, dans cette campagne profonde. Pourquoi la situation ne me surprend pas? La drogue qui coule dans mes veine de façon inexplicaple sans doute. Je ne l'ai jamais vu maquillée de façon ridicule. Et pourtant je me souviens pendant qu'elle me raconte comment nous nous sommes retrouvé après sa soirée. je me souviens comme elle me raconte quand nous sommes rentrés chez mes parents. A toulouse.
Nous n'y sommes jamais allé mais sur ce matelas, flottant comme je suis, je la crois. Je m'en souviens.

Et je l'écoute. Avec un pincement au coeur que poliement je ne lui montre pas. Sous l'effet de la drogue fantôme je profite de cette parenthèse dans la vie de chacun. Il y a des moments dont on sait qu'ils seront uniques. Alors quel qu'il soit, je ne veux pas qu'il s'envole tout de suite. Je veux en profiter.

Je suis encore dans un demi sommeil, les yeux ouverts tournés vers la petite fenêtre carrée au sol, la seule de la pièce, quand je commence à me rendre compte du surréalisme de la situation. Et puis j'ai une montée d'extase.
J'ai déjà vécu cela en rêve, l'impression qu'une montée puissante comme si j'avais fumé un joint d'une herbe puissante et inconnue me gagne inexplicablement, alors ni alcool, ni drogue n'ont touchés mes doigts depuis plusieurs jours.
Mais voir Eloise ainsi, détendu, amicale, c'est si rare. Un rale sort de ma gorge alors que ma tête se disperse grâce à la drogue.
J'ai encore les yeux ouverts.

Et puis la sensation s'en va un peu. C'est décidement un peu dur pour moi. Je suis désolé Eloise, je vais devoir arrêter là notre conversation. Elle me demande pourquoi. Je ne lui réponds pas mais je regrette déjà de ne pas avoir profité de ça.

Je crois avoir réellement posé mes mains sur mon visage pendant la montée. Je crois m'être réellement tourné vers elle pour lui dire de s'en aller. Et je suis sûr de m'être après ça posé la question de savoir comment elle s'est trouvé là.
Je réfléchis.
A mesure de ma réflexion, Eloise semble s'évaporer. A mesure que je me rend compte que c'était un mirage, elle disparait. A mesure que la réalité revient pudiquement, je me souviens que rien de tout cela n'a existé.

J'ouvre les yeux, je chasse délicatement le sommeil qui rôde autour de moi.
Je pense. Je me demande si elle songe à gagner mes jours après avoir gagner certaines de mes nuits. Je songe que je dois devenir un peu fou pour parler à des apparitions.

Je descends de la plus haute pièce de la plus haute tour du chateau pour regagner la terre ferme.

Je pense que ma vie me pousse à manquer de sommeil. Je pense que ma façon de vivre m'a trop fait perdre conscience de la réalité certaine. Et je pense que j'ai toujours voulu que mon cerveau me joue des tours. Pour me perdre un peu entre les deux. Alors aujourd'hui d'une certaine façon je remercie mon cerveau pour cette folie.

Lorsque mes pieds foulent l'herbe du jardin, je me mets à chanter comme une petite rengaine ...qui veut gagner... le droit... de nous reprendre,
... qui veut gagner... le droit de nous reprendre...

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