lundi 4 juillet 2011

Le premier souvenir de moi entrain de voler dans un rêve, c'est quand j'ai sauté d'un balcon pour mourir

Ça paraît pourtant si naturel se se retrouver baignant dans le sang d'un autre.

Franck continue à penser que le cerveau ne peut pas nous faire rêver de quelque chose qu'il ne peut pas conceptualiser. Lorsqu'il a rêvé il y a des années qu'il se suicidait en se jetant d'un balcon, il a très clairement senti son crâne se briser et s'ouvrir en percutant le sol. Et il a senti une douleur sourde et chaude irradiant tout son corps. Une sensation qu'il a déjà connu grâce au truchement de diverses sensations qu'il connaissait bien.

Après avoir expérimenté son premier cunnilingus, ses rêves érotiques se sont trouvés être un peu plus intéressants. Il se mettait à faire... des cunnis, et dès qu'il fallait passer aux choses sérieuses, sont rêve s'arrêtait. Chier. Mais il faut avouer que la douceur d'une pénétration n'est comparable avec rien d'autre.
Ceci étant, Franck se pose fréquemment la question de ses rêves oppressant en lieu clos, poursuivit par un être malfaisant qui est constamment sur le point de le trouver. Une pression latente insupportable quand il y pense. Là encore, selon la théorie de Franck, son cerveau n'a rien inventé.

Une certaine éducation des gestes médicaux à avoir en cas d'urgence lui a inculquée. Des réflexes qui se sont avéré profondément encrés en lui lorsqu'il en a eu besoin dans la vraie vie. Il sait aussi aujourd'hui qu'il n'a pas peur du sang, et qu'il analysera probablement assez froidement l'importance d'une blessure sans se soucier du décorum, s'il lui était demandé d'agir. C'est comme ça dans l'urgence.
L'éducation.

Je ne me pose pas la question de pourquoi la fille descend sur la voie. On est dans un rêve, c'est normal. Dans un rêve, les choses qui se passent se passent. Point.
Le métro est bondé et cette fille étrangère avec sa grosse valise et moi sommes tout devant, dans la première rame. Lorsque les portes s'ouvrent la fille sort et sa grosse valise l'encombre. C'est sans doute par timidité qu'elle descend sur la voie, juste devant le métro, pour laisser la foule qui est sur le quai de monter dans train, pour laisser la foule qui est dans le train descendre sur le quai. Pour laisser tout le monde sortir d'ici.
Je la vois se coller au pare-choc du train et poser ses bras sur le quai pour attendre, comme on poserait ses coudes sur un bar. Sur l'instant, ce qu'elle fait a du sens. Je lui  aurais bien signaler qu'il se peut que son comportement soit dangereux mais je me tais, en saluant son altruisme. Elle vient tout juste d'arriver à Paris semble-t-il.
Le conducteur ne l'a pas vue. C'est donc avec cette douceur que j'ai déjà remarqué parfois que le métro relance ses machines pour repartir. Tout doucement.
Très lentement la jeune fille se retrouve poussée en même temps que le train avance, délicatement, sur quelques centimètre. Je la vois se retourner machinalement pour signifier au poussant qu'elle est là, mais son regard change d'un coup. Le mien aussi.
Un métro fait plusieurs tonnes, ça se sent, même lorsqu'il avance à moins d'un kilomètre à l'heure. J'ai parfois la sensation de sentir dans ces moments là particulièrement cette force surpuissante et primaire qui meut l'engin. Une formidable force d'inertie irréfrénable à laquelle on est obligé de céder.
La jeune fille se fait pousser lentement au niveau de l'épaule si bien qu'en perte d'équilibre elle se déporte sur sa valise. Elle ne peut pas prendre appuis sur ses pieds donc elle ne peut pas vraiment bouger. Je vois à ses yeux qu'elle se rend compte, comme nous tous de ce qui est entrain de se passer. Elle va passer sous sous le train.
Plusieurs personnes sur le quai commencent à hurler à l'attention du conducteur. Des cris aussi inintelligibles qu'inefficaces.
Et puis tout va si vite. Comme si l'émotion nous demandait plus de temps pour réfléchir.
Pendant la fraction de seconde qu'il me faut pour choisir entre une multitude de scenrii - la tirer de là en m'appuyant sur le métro en mouvement, perdre l'équilibre et tomber à mon tour, sauter sur la voie et entraîner la jeune fille avec soi pour la plaquer au sol en espérant que cet héroïsme fonctionne (pas assez de courage), et actionner immédiatement le système d'alarme qui neutraliserait le métro - j'entends les cries de la fille qui raisonnent comme la crainte animale absolue. Lorsque la mort est toute proche. Je la vois chuter sur sa valise puis être poussée un très court instant. Elle disparaît sous le pare-choc en acier et malgré le bruit assourdissant de la mécanique, ses hurlements continus sont audibles.
Je cours vers le signal d'alarme en même temps que je me pose la question d'attendre ou non que le train ne parte complètement. J'entends qu'on me cri justement d'arrêter. D'attendre. Si on arrête tout ici, on ne pourra pas la secourir, et elle sera bloqué plusieurs minutes sous le métro or pour l'instant, elle est encore vivante alors que le train continue à lui rouler dessus. Calcule de probabilité aussi aléatoire que rapide. Dans la précipitation, il faut toujours prendre une décision très vite. J'ai pour moi de ne pas être un héros, et j'ai pour moi de ne pas du tout savoir quelle est la réponse la meilleurs dans cette situation. Je suis le plan du plus grand nombre. Elle est vivante, on peut attendre encore une seconde.
Dès que ce qu'il reste de la jeune fille reparaît, signal d'alarme. Le train se bloque violemment et je saute sur la voie. Elle se traine par je ne sais quel moyen puisqu'elle a les bras et une jambe sectionnés, la majeur partie de l'autre jambe arrachée juste au dessus du genou.

Ça paraît pourtant si naturel de se retrouver baignant dans le sang d'un autre parfois.

Je la sers contre moi, je lui dis qu'elle est là, avec nous. Elle tourne la tête prise de spasmes, les yeux agars. Je ne crois pas à ce que je dis puisqu'il me semble que je ce que je vois là est pire que la mort.


Je me réveille et cherche une cigarette. Je ne sais pas pourquoi.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire