lundi 17 octobre 2011

La femme de plastique

Le sexe permet une libération d'endorphine dans le cerveau. Qui permet de lutter contre la dépression.
C'est aussi une grande source de plaisir. Facile à prendre. À porté de main.
Mais la libido est une petite fleur fragile sous ses airs menaçant avec toutes ses petites épines. Le désire peut marquer la peau de n'importe qui si on le prend à bras le corps. Mais lorsqu'on pose sa libido dans un coin un peu trop longtemps, les épines sont inefficaces. Et on a tout le temps d'observer sa libido de loin. De la détailler sous toutes les coutures.

Il y a toujours un moment au début de l'abstinence où la petite fleur te griffe hystériquement les doigts quand elle voit que tu vas la lâcher. Alors tu sens tout son poids sur tout tes faits et gestes.
Tu as une envie de baiser qui devient pressante.
Toujours.
N'oublions pas que le sexe est une source de bien-être à plusieurs degrés. N'oublions pas, comme on le ferait pour un "devoir de mémoire". Parce que posée dans un coin, et après l'avoir observé durant plusieurs jour, cette petite libido innocente perd tout son attrait. Et elle devient un de ces petits objets qui meublent ton appartement et qui ne servent à rien.
On a tous plus ou moins vécu une période d'abstinence plus ou moins longue entrainant la perte momentanée du "besoin" de baiser.

Le devoir de mémoire, Franck.
J'ai toujours veiller à ne jamais la laisser poser trop longtemps. C'est pour ça qu'on se masturbe. Pour ne pas oublier et ne pas s'éloigner trop de la réalité. Cette réalité si stimulante.
J'en fait mon principe plus que tout autre. Sans plaisir, rien.
Donc je me masturbe.

Mais voilà qu'aujourd'hui j'ai fait face à une impression nouvelle.
(Penses au devoir de mémoire, Franck. Ne te laisse pas distraire.)

Je m'apprêtais à jouir sur les gros seins d'une femme étrange aux sourcils et à la bouche tirés à quatre épingles, qui effectuait assez grossièrement une fellation sur un homme dont seul le pénis en érection témoignait de l'excitation qui devait probablement l'assaillir. Sans doute.
Et puis j'ai vu que cette femme était en plastique. Un plastique imitation chair. Des seins gonflés à l'hélium prêts à s'envoler au premier dégrafement de soutiens-gorge XXL, un bouche pleine de cette matière injectée à la seringue, qui permet aux lèvres d'être pulpeuses tout en étant le plus naturelles possibles, un sexe béant qui attend en bon professionnel devant la pointeuse l'heure de badger pour rentrer chez lui...
… et des yeux qui rappellent ces deux petits organes ronds dont on se serre pour capter la lumière des objets et l'envoyer dans le cerveau. Deux yeux qui bougent frénétiquement à l'intérieur de deux globes oculaires. Ces yeux qui tentent parfois de sourire de plaisir en exprimant plutôt un malaise effrayant sous les coups de queue de ce cet homme si raffiné qui lui dit qu'elle aime ça sa grosse queue plait-il.
Deux être vivants se collant avec des bruits de chairs moites et qui cherchent semble-t-il, avec leur bouche et leurs yeux, à expliquer à la caméra à quel point ils prennent du plaisir.

J'ai jouis.
Sur ses deux gros seins, en imagination.
Pour le travail de mémoire. Parce que la libido est une petite chose fragile qu'il ne faut pas laisser de côté. Parce qu'à quoi ça sert de vivre si on éprouve plus le besoin de baiser. À rien.

On a pas le droit d'oublier le plaisir. Et parce qu'on a pas le droit j'ai jouis sur une femme en plastique.

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