dimanche 16 mai 2010

Le dernier combat

-... tu comprends? C'est pas toi, c'est moi... c'est moi qui ais un un problème.
- Mais...

Un soupir de désarroi échappe a Élisabeth.
Élisabeth qui ne comprend pas.
Et alors qu'Antoine lui raconte la scène, Franck sait très bien d'où a pu venir le malaise qu'elle a ressenti.

Les plus grandes blessures ne résident pas dans la douleur mais dans l'incompréhension.
Et c'est cela qui se passe dans la tête d'Élisabeth alors qu'Antoine lui explique par A+B que c'est mieux pour elle s'ils rompent (Ô... lui souffrira aussi, oui, mais il pense à elle avant tout...).
Elle ne comprend pas. Non pas les phrases d'Antoine. Non pas les raisons à proprement parlé mais la sensation de vice caché dans la rhétorique de son très pochain ex qui lui explique grosso-modo qu'il l'aime mais qu'il doit partir.

Elle a bien essayer de comprendre. Et à la question de savoir s'il ne ressentait plus rien pour elle (ce qui est somme toute avec la trahison les deux motifs valables de rupture pour Elisabeth, ainsi que pour une bonne partie des gens en général) Antoine a affirmé que si. Il en a même fait plus. Il en a rajouté.
Elisabeth n'a pas été jusqu'à parlé d'Amour puisqu'Antoine l'a déjà gratifié d'une formidable théorie là-dessus.
Mais voilà, tout de même. Pour Élisabeth on ne rompt pas quand on éprouve des sentiments pour quelqu'un qui ne veut pas rompre non plus.

Antoine est comme cela. Il aime bien anoblir certains de ces élans.
La vérité c'est qu'il ne l'aime peut-être pas. Soit. Et il ne veut plus être avec elle, à cet instant.
Alors pourquoi ne pas le dire...
Pourquoi se lamenter parce qu'il ne sait pas pourquoi Élisabeth et lui ne peuvent pas être ensembles...
Pourquoi son air douloureux de victime. De jeune homme torturé qui porte le fardeaux de la conscience...
Parce que la vérité c'est qu'il tient trop au jeu de la séduction et du succès... Et qu'il veut encore séduire, Antoine. Il veut encore draguer dans les soirées. Il veut encore vivre les baises orgasmiques.
Ce doit être difficile de se dire que la seule raison pour laquelle on passe à côté d'une belle histoire, c'est qu'on veut encore s'amuser.
C'est cette vérité, qui n'a pas échappé à son inconscient, qu'Élisabeth a logé dans son ventre et qui ressort maintenant.
Toutes les raisons d'Antoine ne lui conviendront pas. Quelles qu'elles soient. Parce qu'aucune des raisons dont Antoine parlera ne sera la bonne.
Élisabeth serait la fille qui lui conviendrait, et c'est en ça qu'il souffre Antoine. Il souffre d'être trop accroché à des bonheurs éphémères. Mais surtout, il souffre d'être seul responsable de sa condition. Il souffre du courage qu'il n'a pas d'assumer ses choix.

Parce qu'il aurait bien voulu vivre quelque chose avec Élisabeth s'il n'y avait pas ce terrible fléau qui s'abattait sur lui.
C'est dur de se rendre compte qu'on est une victime de pacotille. C'est toujours un peu humiliant de se dire que nos démons mystérieux son une aubaine. Parce que lorsque l'on veut se déresponsabiliser on s'invente un Ennemi. Et on lui donne un nom. Et cet ennemi devient une grande cause contre laquelle on est seul à se battre.
C'est dur de se dire qu'en fin de compte, on est un imposteur. C'est moins noble. C'est moins beau. C'est moins torturé.
Bref, c'est moins fun.

Si Franck voit tout cela avec discernement, c'est parce qu'il connait Antoine. Il le connaît d'extérieur, comme un ami qui ne juge pas.
Sauf que là il pense à Élisabeth. Cette fille est courageuse. Il n'y a qu'à la regarder pour savoir qu'elle est ce qu'elle dit.

C'est bête pour Antoine. Il passe à côté de quelque chose. Mais il ne dit rien. Il sait qu'Antoine ne changera pas tant qu'il n'admettra qu'il a menti sur sa noblesse.
Tout ça pour ne pas être vu tel quel.

"J'ai faim, pas toi? On va le prendre ce petit dej'?
Ironiquement, Franck lui réponds en bon ami que c'est pour ça qu'il a accepter le rendez-vous.

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