mercredi 12 mai 2010

Messa Da Requiem

Franck aimerait bien avoir la force de dire merci, quelque fois.
Dire merci à ses rêves. A toutes ces personnes qui malgré tout le mal qu'elles ont tenté de faire en leur qualité de cauchemars, ont passés du temps avec lui pour lui apprendre des choses.
Pour la plupart essentielles.
Doit-on en vouloir à quelqu'un qui ne possède pas la pédagogie adéquate à notre personnalité?
Non.
Le principale c'est l'intention.
C'est le principe sur lequel se repose Franck lorsqu'il a envie de dire merci à tous ces rêves qui ont passé tant de nuits avec lui.
Il a aussi rencontré beaucoup de personnes réelles.
En plein jour.
Des personnes qui lui ont dit des choses.

Et il a compris la Vie, et la Mort avec eux... Alors merci, sans doute.
Mais Franck sombre dans la crainte d'être trop excessif.
Peut-on réellement imputer à tout les autres les choses que l'on est...?

Qu'est-ce que Franck pourrait se venter d'avoir trouver tout seul?
La frontière est mince.
Ce que l'on est on ne l'est que grâce aux autres. Mais sans nous d'un autre côté, rien.
Rien du tout.
Franck pense à Alf.
Une série idiote symptomatique de la pseudo ouverture d'esprit Américaine.
C'est Alf, un extraterrestre à la con qui revient à la mémoire de Franck quand il pense au fait de demander pardon.

Tiens donc... pourquoi demander pardon?
Franck se demande d'où il sort cette extension de la gratitude.
Et pourtant elle lui paraît couler de source.
On dit merci et toujours pour Franck... toujours pardon en même temps.
Le vrai pardon. Pas le "escuse...".
Dire merci pour Franck c'est un peu l'autre façon d'être nu devant l'autre. La première étant de demander pardon.

Franck est assis à la table du jardin.
On est samedi après-midi et heureusement il n'y a personne pour s'occuper de lui.
Lorsqu'une personne voit une autre personne seule et assise, à ne rien faire, où qu'elle soit, dans la rue, sur un ban, dans un bar ou chez soi (encore plus chez soi) elle pense inéluctablement que cette dernière est pestiférée. Elle ira même, comme pour conjurer le sort de cette maladie (et malheureusement pour Franck) jusqu'à lui parler, même si elle s'en fout, juste pour s'assurer que le pestiféré est en fait normal.
Franck a remarqué cela assez tôt dans la vie. Chez lui. Alors qu'il était tranquillement entrain de réfléchir.
C'est pour cela qu'il est bien lorsqu'il n'y a personne pour s'occuper de lui et qu'il a du temps pour ne rien faire.
Il regarde le mur du jardin et se voit au pied du mur. Et il se dit que décidément, oui. La seul chose qu'il voudrait réellement faire in die illa tremenda , le jour de la Colère de Dieu, serait de dire merci.
C'est encore la seule chose qu'il lui a pris l'envie de faire il y a quelque temps et qu'il ne se sent pas la force de faire.
Et il sait bien, là, tout de suite, que c'est un sentiment vrai. Il sait que c'est un sentiment qui perdurera.

Il sait que plus tard dans la vie, quelque fois, il lui prendra encore cette envie émanant du fond de toute son expérience. Cette envie de dire merci.
Le Merci de je vous aime.
Merci. Il a lu un jour une citation de De Balzac. La reconnaissance est une dette que les enfants n'acceptent pas toujours à l'inventaire.
Franck sait cela de son père, sans doute.
Tout enfant sait un jour ou l'autre qu'il doit malgré tout quelque chose à ses parents.

Franck quelque fois le ressent à vif. Et pas que pour ses parents.



C
'est l'heure du goûter et Franck n'a pas le courage de rater son appétit.
Il va dans la cuisine. Plus de céréale.
Franck aime sa mère. Franck aime probablement sa petite sœur aussi. Heureux soit son frère qui n'est pas là pour plusieurs jours puisqu'il n'est pas responsable: il n'y a plus de céréales.
Franck pense en dedans, très loin, enfoui dans les draps de sa colère "quelle connasse" en parlant de sa mère qui n'a pas racheté de céréales. Et il pense à sa putain d'enfoirée de soeur qui les a peut-être finis.
Franck bois son chocolat chaud.
Pendant une seconde, il se demande comment dire merci... ou au moins, comment le penser plus souvent...

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