mardi 15 juin 2010

Comme un loup dans une cage

Alors voilà, parce qu'il faut dire avant de commencer que là, Franck, comme à son habitude est en face du mur.
Et même s'il n'a pas l'air il essaie en vain de ronger les barreaux de sa cage.
Ça doit être à cause de la lumière pâle du matin qui envoie sur lui des photons qui le percutent en plein visage.
Ça doit être à cause de cela. Tu me diras, normal.
Alors voilà j'ai préféré te prévenir parce que des fois les gens on quelque chose d'imprévisible et même moi je ne sais pas vraiment ce qui lui passe par la tête, là.

Depuis qu'il est debout il veut regarder par la fenêtre mais plutôt que ça il est resté à côté. En face du mur.
Parce que ça peut rendre fou de concevoir la fin en toute sérénité. Simplement.
C'est ça qu'il se dit.
Franck est un con. Franck ne conçoit pas la fin des choses. Franck vie naïvement dans une éternité sans nom et que personne ne connait. Sauf Franck.
Et Franck a mal au ventre parce que penser maintenant qu'il a tord ça lui retourne le bide.
Franck a honte aussi, mais là tout de suite il s'en fout parce qu'il y a quelque chose de plus important qui se passe. Les choses se terminent. C'est une réalité maintenant.
Il a honte de sa bêtise. Et à ça non plus il n'y a pas de solution. Il ne reste qu'à attendre que ça passe. Puisque les choses se terminent.

Franck commence par se donner un coup de point. Dans la mâchoire. C'est extrêmement douloureux. Mais il sent encore monter en lui une autre douleur bien plus grande. Il se redonne un coup.
Dans la pièce les coups raisonnent curieusement, dans un bruit un peu obscène de chair contre l'os. Son appartement semble alors plus vide qu'à la normale.
La douleur physique commence à pénétrer à l'intérieur de sa tête. Mais une vague sourde et bien plus douloureuse est proche maintenant. Et un peu à la façon d'une migraine foudroyante, Franck sait très bien qu'une fois qu'elle sera là il sera pris au piège. C'est pour ça qu'il essaie de détourner son attention par le biais d'une autre douleur.

Il s'assène une rangé de coups de points. Des deux mains. Sur ses deux profiles. Sur son crâne aussi et sur les tempes. Parce que ça fait du bien, tu comprends. Ça n'a pas l'air mais je te jure que si. A chaque coup il sent son attention se disperser un peu. Maintenant une certaine distance entre lui et la vague.
Pendant que tu reçois des coups de points, tu ne songes pas qu'à la douleur immédiate. Tu penses aussi énormément au bruit que fait l'intérieur de ton crâne. Et tu l'écoutes. Un bruit sourd. Toum ! Toum...! Toum toum toum toum...! Un bruit qui ne ressemble en rien à ceux que l'on peut entendre dans les séries télévisées. Même que là Franck s'y croirait bien puisqu'il est tout seul chez lui entrain de se battre comme dans le film. Sauf que là ça n'a rien de cool. Non. Là s'il fait ça c'est pour évité d'avoir mal.
Il reprend sa danse des mains quelques instants et il se frappe si fort qu'il crois que ça y est, qu'il est fou. Ça y est maman, je suis complètement taré il se dit dans sa tête. Et même si normalement la tournure de cette phrase le ferait plutôt rigoler, là pas du tout. Et puis juste après ça il se souvient qu'il y a une raison pour laquelle il fait ça. Alors non, ça va. Il n'est pas fou.
Il aimerait quand-même bien qu'on l'arrête.

Il laisse retomber ses bras épuisés. Ses mains sont un peu enflées et elles lui font mal. Sa tête le brûle et ça c'est temps mieux. Il craint un peu s'être vraiment fait mal aux mains parce que si tu le connaissais tu saurais que Franck n'est pas un grand bagarreur. Franck n'a d'ailleurs pas beaucoup d'attributs réellement masculins. Il ne regarde jamais le sport à la télé.
Ses mains sont un peu enflées et sa tête lui fait mal. Mais ce n'est rien parce que pendant qu'il est entrain de se reposer, la vague sourde vient et maintenant c'est trop tard.
Ça n'a donc servi à rien et là Franck a un peu peur de la suite. Il aimerait bien reprendre sa leçon de boxe mais il est las et se résigne. Il va attendre. Le crâne en feu les mains meurtries et le ventre blessé qui à son tour exprime encore une fois toute sa douleur. 

Et à présent c'est dans une pièce vide que Franck s'assoie. Par terre...




Pourquoi je raconte tout ça? T'es pas obligé de le lire si ça te dit rien. Mais faut bien que cette merde serve à quelque chose. Et là, mettre des mots dessus c'est la seule chose que j'ai trouvé à faire.

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