mercredi 9 juin 2010

"I have a dream..."

Alors attends, je me sers un verre pour te raconter ça.
Parce que tu vois, il y des choses qui se passent des fois, et alors qu'elles sont parties elles te laissent un écho très long. Très faible mais long.

Par où commencer d'abord. Déjà ça je ne sais pas trop parce que les détails s'effacent. Bon je vais commencer parce qu'à mesure que je cherche un début je sens que comme pour les rêves j'oublie ce que j'ai vécu.
Déjà ce que je vais te dire là c'est pas un rêve.
J'étais très clairement deux ce soir-là. Et moi j'accompagnais Franck parce que dès fois c'est pas bon. J'en sais quelque chose.
Alors ce soir il a envie de boire juste une bière. Et ce n'est pas le manque d'argent qui m'a arrêté parce que c'est toujours comme ça. En plus tu peux toujours compter sur quelqu'un pour te payer un coup. Quand il faut, il faut, tout arsouille comprend et applique cette règle. Pour lui ou pour un autre.

J'ai fait un rêve cette nuit-là...
Mais je vais trop vite. Attends. Je veux voir des gens parce que ma tête essaie depuis le début de l'après-midi de me dire des trucs que je veux pas entendre juste pour me faire aller pas trop bien. Alors je bouge là-bas, dans un bar, normal. En route je fous mon casque et de la musique à burne juste pour pas m'entendre ruminer des trucs. Mais ça va, je me contiens parce que je sais que ça va aller mieux dans dix minutes.

Arrivé là-bas, pinte. Une autre. Shot. Pinte. Shot shot.
Discussion. Et la première surprise de la soirée c'est quand je reçois une claque à laquelle je ne m'attendais pas parce qu'un pote me parle d'une fille qui est simplement Eloïse. Et même si on parlait dessins animés, avec mon pote dessinateur, là je me suis cru en une seconde dans un film sur les crash d'avions. Là le truc c'est que je pouvais pas mettre mon casque et le son à burne pour pas entendre mon pote vu que j'avais plus de batterie dans mon lecteur et que de toute façon  je discutais avec lui et que ça n'aurait pas été correct. Tu peux comprendre. Je lui dis "passons..." il continue même qu'Eloïse lui dit que... "ouai, passons s'te plais" donc ouai, comme elle disait...
Je lui dis qu'il faut que j'aille pisser.
Et là je sens que Franck commence à être dans un état un peu bizarre. Je crois que c'est à ce moment là que j'ai décidé de rentrer sans les tunes qui étaient dans ma poche ce soir-là.

On termine ici. on va ailleurs. On termine ailleurs. Et j'entends que "Eloïse disait, tu vois..." et j'ai pas mon casque et je veux encore m'altérer l'ouïe. J'explique que est-ce que on peut changer de sujet s'te plait. Explication qui a été très bien comprise.
C'est après ça que je suis tombé sur une espèce d'Omphale qui ne m'a pas attendu pour se faire remarquer dans le bar. Franck le premier m'a dis de laisser, et je l'ai écouté parce c'est vrai que j'aurais bien voulu qu'elle rende ivres mes oreilles presque sourdes en hurlant mon nom les mains sur mes fesses, mais au final, là tout de suite je voulais juste rendre mes oreilles ivres d'alcool.
C'est elle et ses yeux éthyliques qui m'ont incité à proposer à tout le monde de continuer à picoler chez moi. Tout ça parce que quand-même je voyais que Franck ne tiendrais pas droit s'il ne se mettait pas à l'envers.
Bref, mes potes se cassent. Merci pour la soirée. Merci à toi. A bientôt. Ouai, à bientôt...
Et les yeux éthyliques me regardent et au fond d'eux je vois se dérouler le plan de la soirée. Un plan qu'elle connait bien.
Franck et moi on va pas trop bien. Un peu malades d'alcool et ivres de pleins de trucs qui tournent dans notre tête à tout les deux. Et j'avoue que j'aurais fait tout ce qu'il faut pour fermer la gueule de ma migraine verbale.
Alors ouai, vas-y, je te laisse gérer ton plan même si j'aime pas trop tout ce que tu fais là mais tu vois là j'avais envie d'être con. Un peu comme si j'avais injecté à mon intellect une dose mortelle de curare. Et j'ai prié pour que mes connections ne marchent plus. Parce que j'avais plus de batterie dans mon mp3 et que de toute façon j'étais pas seul alors tu vois bien que j'aurais pas pu le mettre sur ma tête.

La fille elle a juste envie de rigoler avec quelqu'un qu'elle ne connait pas et quand Franck me dit qu'il en a marre de se couper l'herbe sous les pieds depuis quelques mois je décide de reprendre pied et les choses en main par la même occasion. Alors ouai, je veux bien faire le triso, mais si tu veux, on fait ce qu'on a dit au début. Aller viens.
Et la petite voyageuse des rues semble s'accorder. C'est qu'en fait, et je m'en rends compte petit à petit, elle a besoin qu'on la respect et qu'on l'écoute. Bref, elle sait que son cul vaut le détour, mais elle trouve que ça fait aussi du bien de voir des mecs faire des détours.
Je te passe les détails de son appartement, parce que c'était ça son plan. Un super truc qu'elle a acheté.
T'as vu ma télé, tu la trouves comment? T'as vu ma déco, ça te plaît? Alors elle te plait ma télé? Tu me trouves jolie, vraiment? Mon appartement, il te plaît? Mets toi à l'aise.

Viens-là. Blotti toi là. On va se mater un film sur ton écran géant et on va juste rester là tranquilou, d'accord? Tu vois, je prends des détours. Sauf qu'en route je me suis perdu et je préfères ça que là où on allait au final.

"Tu aimes mon corps?
- Pourquoi tu me poses cette question alors que tu connais probablement la réponse..."
Elle ne dit rien.
"C'est curieux de toujours me demander ci ça me plaît". Je la blotti dans les bras de Franck parce que ça fait du bien de savoir que non, il se passera rien parce que elle aussi voulait juste être là sans qu'on la juge. Je lui dis qu'on est juste là et que c'est cool. Et c'est cool.
Elle ne dit rien.
On est sur le canapé-lit du salon parce qu'elle a une chambre dans laquelle elle préfère surement dormir seule quand elle va bien.

C'est tôt que j'ouvre les yeux.
Elle ronfle extrêmement fort. Vraiment. Mais c'est pas pour ça que je me réveille.
C'est parce que dans mon rêve ça a sonné à la porte.
Et dans mon rêve elle se lève pour aller ouvrir. Alors j'entends qu'on discute genre on met les choses au clair. Eloïse entre dans le salon parce qu'elle est venu me chercher.

Moi j'essaie de cacher que je suis heureux qu'elle soit venue. Je lui demande comment elle sait que j'étais là et elle me réponds qu'elle était sûr que j'étais ici parce que c'est toujours là que sont les hommes. Ils sont tous ici.
Quand je te dis qu'elle est venue me chercher dans mon rêve, t'y es pas. Elle n'est pas venu me chercher en mode mon amour. Mais en mode viens, on rentre à la maison. Tu vas voir Franck, tout va bien se passer. Une rupture c'est toujours dur mais je vais t'aider et on y arrivera parce qu'on existera toujours pour l'autre et que je t'abandonnerais jamais si t'as besoin.
Et c'est vrai que là j'avais besoin. Et elle est venue.
Des fois on est un peu perdu comme un gosse dans un bois. Et on a envie de se recroqueviller entre les racines d'un arbres et d'attendre qu'on vienne nous chercher. Et dans mon rêve elle est venue.

A mon réveil il n'y avait personne. Juste le corps d'une femme contre moi, blottie comme si elle était contre les racines d'un arbre.
j'ai regardé la porte. Fermée.
On est toujours moins triste quand on pense que quelqu'un va un peu plus mal que nous. Alors je l'ai blotti un peu plus dans mes bras mais juste pour lui dire que tu ne me connais pas mais si t'as besoin, là, tout de suite je suis là parce que moi je vais mieux. Parce qu'on est venu me chercher. Et elle a continuer à dormir.

Et tu vois. Quand je me barre de cet appartement que je trouve pas mal soit rassurée, le lendemain, je veux encore me rendre sourd. Mais je me souviens que j'étais là, quand pendant la nuit on est venu cherché Franck parce qu'il pleurait comme un enfant. Et même si je suis pas cucul, ben là en y repensant ça me fait des choses bizarres dans le ventre.
Parce que c'est pas souvent mais ça se terminait bien au final. Un peu.