mercredi 2 juin 2010

L'Horloge qui retardait toujours d'une minute.





"... parce que tu comprends Amandine, ça va être difficile. Ô oui. Je vais te manquer viscéralement dans un premier temps. Et si je t'ai dis toutes ces choses c'est parce que je te respect et que je tiens à toi. Il faudra m'oublier. Tu rencontreras des hommes extraordinaires dans ta vie, j'en suis sûr et un jour tu trouveras notre histoire ridicule. Mais moi je ne t'oublierais jamais. Et jamais je ne considérerais que t'avoir connu était une erreur. Toi peut-être mais je comprends. Ce n'est pas grave. Je préfères que tu me détestes. Ça rendra les choses plus faciles pour toi. Même si je penses que tu es incapable de détester quelqu'un...
Dans un deuxième temps tu..."

Amandine quitte la lettre des yeux. Ses deux copines gloussent. Un jolie garçon vient d'entrer dans le bar. De ces mecs qui ont une gueule. Et Amandine elle aime les mecs qui ont une gueule. Franck?... Oui, Franck est gentil. Il est adorable, même. Elle fourre la lettre dans la poche de son jean. Elle a suivi le garçon du regard. Il s'est assis. Seul.
"Bon, les filles... en tant que célibataire, il faut me refaire une santé." Ses copines gloussent.

C'est une autre Amandine qui entre dans le bar. Celle qui lisait la lettre avait les épaules lourdes. Lourde d'ennui. De gêne. D'un léger cafard que l'on contient facilement et qui s'envole vite avec l'alcool. Il s'envole aussi très vite quand elle voit un beau garçon.
Lorsqu'on lit une lettre un peu désagréable, on ne fait pas attention au regard que l'on a. Un peu préoccupé mais surtout suggérant un manque total de facultés intellectuelles. Lorsqu'on lit un texte qui n'est pas réellement important, on a toujours l'air de s'ennuyer énormément. Et c'est un peu cela qu'était Amandine lorsqu'elle lisait cette lettre. C'est ce qu'elle était lorsque le jeune homme est passé devant elle. D'ailleurs, il ne l'a sûrement par vu à cause de ça. De son air malade. Parce que lorsqu'elle entre dans le bar, forte de sa poitrine qu'elle-même trouve très jolie et de son regard qui lui vaut un certain succès (ce que Franck ignore parfaitement, comme beaucoup d'autres choses) ce même jeune homme la regarde avec un air neuf.
Elle va commander une pinte puisque ce petit côté masculin qu'on les femmes qui boivent des pintes de bières lui va très bien et elle fait semblant d'hésiter un instant.
Alors, c'est d'une démarche nonchalante un brun lascive qu'elle se dirige, après ces deux seconde d'attente, à la table du jeune homme qui n'a pas manqué d'un coup de feindre l'indifférence.
"Excuse-moi, ça t'ennuie ?...
- hein...? non. Vas-y..."
Ses deux amies sont rester dehors comme de fidèles petites pimbêches pour observer leur amie faire son numéro.

Franck lui a écrit une lettre dans la journée, emporté par un élan de romantisme condamné. Une lettre qui porte d'ailleurs les stigmates d'un élan personnel. Il a rompu. Mais en homme droit qu'il est (il ne voudrait pas que l'on dise le contraire de lui) il a pris soin de tout lui expliquer dans la lettre et d'ajouter en un paragraphe des conseils pour qu'Amandine vive mieux leur séparation.
Et il a bien fait, Franck, de lui écrire cette lettre puisque même chiffonnée à présent à la fin d'une soirée bien arrosée dans un bar ça rendra bien service à Amandine lorsqu'elle la tendra au joli garçon pour qu'il lui laisse son numéro.

Franck cette même nuit s'endort sans avoir eu le coeur de manger. Trop triste. Et s'il s'endormira difficilement parce que ce n'est jamais facile de rompre, c'est avec un sentiment de noblesse, la conscience légère du devoir accompli. Après tout, il a écrit une lettre à Amandine pour lui rendre les choses plus faciles...

Connard.



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire